Journal (Eugène Delacroix)/13 juillet 1855

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 54-55).

13 juillet. — Je sors le matin par le plus beau soleil. Je fais un croquis, près du pont de pierre, de la rivière fuyant au loin, un bouquet d’arbres très pittoresque sur le devant. Je me promène avec bonheur, je vais jusqu’aux rochers où le souvenir de M… me suit en dépit que j’en aie.

Je remarque dans les rochers à formes humaines et animales de nouveaux types plus ou moins ébauchés ; je dessine même une espèce de sanglier et une sorte d’éléphant, nombre de corps, de contours, de têtes de taureau, etc. ; on trouverait là d’excellents types d’animaux fantastiques ; ces formes bizarres prennent là une vraisemblance. Étrange coïncidence ! Quel caprice a présidé à la formation de ce rocher qui est tout alentour le seul de son espèce ?

Dans la journée, promenade en bateau ; Berryer s’obstine à vouloir nous faire passer en remontant sous le pont de pierre. Cela nous vaut un excellent exercice, qui nous met en nage et nous prépare au dîner. Nous arrivons quand il est servi déjà. Nous avons à peine le temps de changer de chemise.

Le soir, en tournant autour du château après dîner, Cadillan[1] me parle de Berryer, de sa manière de travailler, etc.

  1. M. de Cadillan, secrétaire de Berryer.