Joies errantes/Les endroits

Alphonse Lemerre (p. 61).

LES ENDROITS

À Henri Oulevay.

C’est bien un peu de nous-même —
Du nous-même d’autrefois —
Qui reste épars aux coins oubliés
Où nos cœurs ont palpité.

Mais aux décors bénis où vécut notre joie,
Où les riantes Avenues d’Espoir s’ouvraient, divines —
Erre une ombre douloureuse, comme d’une âme orpheline —
Et l’aile funèbre de la Mélancolie, s’y déploie.

Tandis que les endroits jadis désertés
Par nous, en pleurant d’irréparables malheurs,
Revêtent à nos yeux résignés
Une miraculeuse douceur.