Alphonse Lemerre (p. 33-34).

LA PARURE

À Antoine Périvier.

Un peu de l’âme somptueuse et barbare
De nos primitifs aïeux
Passe en nous avec les feux des pierres rares
Et l’éclat du métal précieux.

L’or ciselé en bagues alliantes
Et en bracelets nous enchaîne
D’une fidèle tendresse où s’enchante
La tendresse de nos grand’mères lointaines.

Les perles rient en colliers
Sur notre cou qu’elles caressent
Licencieuses comme au beau temps
Des mouches, des paniers
Et des galantes paresses.


Les mousselines légères
Nous font
Un cœur de papillon,
Et les fraîches toiles à fleurettes suggèrent
Un cœur de bergère.

Dans la soie murmurante et cäline
C’est l’amoureuse qui veut qu’on devine
Ses abandons et ses langueurs, toutes.

Les plis souples de la dentelle
Sont d’aimables routes
Fleuries, vers la fantaisie fière qui s’y recèle.

Le riche apparat des velours
Nous fait un peu reine,
Un peu châtelaine aux fastueuses amours.

Mais en l’asile discret des sombres laines
Une âme de nonnain
Nous vient ;

Tant l’Art et le Rêve sont les vrais vainqueurs
De nos faibles cœurs.