Joies errantes/Chanson joyeuse

Alphonse Lemerre (p. 19-20).

CHANSON JOYEUSE

À Georges Montorgueil.

Le Vin dort encore aux vignes nouvelles ;
Et les jeunes Blés aux gerbes vierges
Dressent leurs lames fières que le ciel peint en bleu :
Vagues d’azur mouvant sur l’horizon d’azur.

Chaque matin nouveau au Bois renouvelle
La symphonie des tendres voix mêlées :
Hautbois roucouleurs, petites flûtes ailées,
Et, dans la mare indolente qui près des joncs repose,
Les guitares des grenouilles virtuoses.

Les arbres, parés de feuilles nouvelles,
Semblent s’enlacer pour des courses folles —
Au bord des allées qui rient de soleil.


Juin, tout en vert, porte la nouvelle
Des fruits de demain aux oiseaux gourmands ;
Et, mieux que de vin, mieux que de soleil,
Tous les cœurs sont ivres de sève nouvelle.