Grasset (p. 65-87).

VII

Il s’appelait Augustin ; elle s’appelait Augustine.

Eux aussi s’étaient retrouvés, ayant été séparés l’un de l’autre, étant morts loin l’un de l’autre, dans l’autre vie ; mais, de nouveau, ils étaient réunis.

Il lui avait fallu venir de loin, il lui avait fallu venir depuis tout là-bas, sur les bords d’un lac, et c’était plusieurs jours de marche ; mais à présent l’amour est appelé par l’amour. Et, quand il eut sorti sa tête, dans l’éloignement d’elle, tout là-bas, et sur le bord des eaux qui ont brillé d’abord pour lui au lieu des glaciers et des neiges ; — sitôt qu’il eut sorti sa tête, il s’est entendu appeler, et elle l’appelait déjà.

Il n’a pas hésité, il ne pouvait pas se tromper, elle l’appelait, il s’est mis debout.

Il a d’abord sorti sa tête, puis tout son corps dans la lumière, mais en même temps qu’il sortait son corps, son corps se tournait de lui-même dans la direction qu’il fallait.

Il n’aurait pas eu besoin de voir, il aurait pu être aveugle comme Bé. Il y avait une main qui le tenait, et elle le tenait par le haut du bras, le tirant sans cesse à elle. Il n’aurait pas voulu venir qu’il serait venu ; il ne savait pas s’il voulait venir ou non ; il n’a pas eu à se le demander. Il a longtemps suivi la route qui va le long de l’eau vers l’est et les levers de soleil, et vers où est Jérusalem. Le ciel s’est habillé de blanc, puis de rose. Il marchait dans le matin, il marchait à midi, il marchait encore le soir ; et le ciel à présent s’habillait de vert devant lui. Les hommes étaient partout heureux et beaux dans le grand vignoble, ayant leurs épis de maïs qui séchaient devant les maisons, et, en dessous de l’avant-toit de l’écurie, sur une sorte de galerie à claire-voie, leurs noix bien étalées sur les lattes dans le courant d’air. Les femmes, debout sur les portes, lui disaient : « Voulez-vous entrer ? » On lui faisait un lit. On ne lui demandait point d’argent. On ne lui demandait même pas son nom ; on n’a plus de noms.

On lui faisait un lit. Il couchait dans un bon lit. Il se levait de grand matin, il recommençait à marcher, il se levait en même temps que les gens de la maison ; et ainsi peu à peu il a quitté le lac, il est entré dans la grande vallée qui y fait suite ; là, il est remonté le fleuve, qui en occupe le milieu, coulant entre deux hautes chaînes de montagnes toujours plus hautes.

Et les deux chaînes se sont rapprochées toujours plus ; elles ont fini par se rapprocher tellement qu’il n’y a plus eu devant lui qu’une étroite porte entre des rochers ; mais il marche toujours et c’est midi et il passe la porte ; tout aussitôt la vallée s’est élargie : et c’était dans le bout, sur un de ses versants.

Elle l’attendait, elle savait qu’il devait venir, elle n’était pas pressée.

Il allait vers elle, et, elle, elle avait été l’attendre dans le bois des Ciernes ; elle savait qu’il allait venir, lui savait qu’elle l’attendait.

Maintenant on ne peut pas ne pas être réunis et on ne peut pas ne pas être ensemble, quand on est fait pour être ensemble ; — et c’était dans le bois des Ciernes, où la pente pierreuse et très raide avait été entaillée à deux places, l’une pour y faire passer le canal, l’autre pour y faire passer le chemin.

C’était juste au-dessous du bisse, qui est le nom qu’on donne à ces canaux d’irrigation qu’il y avait dans l’autre vie et qui allaient chercher très haut dans la montagne de quoi rester pleins tout l’été. Et le bisse était toujours là, avec son eau toujours la même ; tout était comme autrefois sous les pins ; les pins eux non plus n’avaient pas changé avec leurs troncs rouges nus jusqu’à une grande hauteur et ne montrant qu’à leur fin bout un petit plumet de branchage.

Ils avaient été s’asseoir ensemble au bord du bisse ; Augustine avait trempé les doigts dedans : « L’eau est aussi froide, avait-elle dit, que dans le temps. »

Il avait dit :

— Ce n’est pas étonnant, quand on sait d’où elle vient.

Les beaux glaciers étaient toujours sur les sommets ; en arrière du bois, au delà des croupes herbeuses, des forêts de plus haut, des pâturages et des rochers, ils continuaient de briller pour nous ; ils étaient toujours dans le ciel avec leur belle couleur : tour à tour roses, jaunes, bleus, tout en or ou tout en argent, entre les branches, selon les heures ; et Augustin, les montrant :

— Tu vois, c’est depuis tout là-haut, et on allait tout là-haut pour les réparations à faire, mais même tout là-haut on pensait à toi.

Il lui avait pris la main, il disait :

— On voyait les routes comme des fils, les maisons comme des grains de sable ; les toits des villages étaient seulement une nuance dans le vert ; mais, moi, je visais quand même la place, et, à force de me dire : « Elle est là », il me semblait que je te voyais.

Il lui tenait la main ; l’eau coulait à pleins bords, sans le plus petit bruit ; ils mirent une marguerite dessus pour la voir s’en aller ; elle s’en alla très vite, comme un petit bateau s’en va.

Ils mirent un brin d’herbe sur l’eau ; à ce brin d’herbe, une fourmi qui était en train de se noyer s’est raccrochée.

Ils mirent un message sur cette eau, le message fut emporté ; ils voyaient qu’il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour aller jusqu’au village ; le message était : « Bonnes pensées de ceux qui sont heureux à ceux qui sont heureux. »

L’eau allait bien toujours, mais le temps n’allait plus. On pouvait maintenant sans crainte laisser l’eau suivre son chemin ; ce n’était plus un peu de notre vie qu’à chaque nouvelle seconde elle emportait dans son courant, — fausse image, aujourd’hui, de la vie que cette eau, parce que la vie immobile et elle s’écoulant toujours.

Oh ! non, à présent rien ne changeait plus, rien n’allait plus jamais changer. Ils ont retrouvé ici toutes les choses qu’ils avaient aimées, et les choses qu’ils avaient aimées, n’allaient plus jamais les quitter. Ils se rappelaient une fois où ils avaient gravé dans un tronc au couteau les initiales de leurs noms : ils avaient été chercher l’arbre, ils n’avaient pas eu besoin de chercher longtemps.

De nouveau, quand ils prêtaient l’oreille, le bruit de l’écureuil, adroit à grignoter la fève sous l’écaille, venait en imitation à une petite pluie sur les feuilles ; de nouveau, dans le grand silence, ils ont entendu le bruit de leurs cœurs.

Et ils voyaient que la différence était ailleurs ; il disait :

— Te rappelles-tu ?

Ils voyaient que la différence était en dedans d’eux, parce qu’ils se disaient l’un à l’autre :

— Ah ! comme on était tourmentés !

Et lui :

— Je te cherchais sans te trouver.

Elle :

— Je t’attendais et tu ne venais pas.

Elle était assez petite, toute ronde, la figure couverte de taches de rousseur ; elle s’appelait donc Augustine.

Et, lui, donc Augustin ; alors, quand dans leur vie d’avant ils avaient été pour graver leurs noms dans l’écorce, ils s’étaient aperçus qu’ils n’en avaient qu’un pour les deux.

Elle disait ; « Comment est-ce qu’il faudra faire avec ces deux A pour le linge ? » Il disait : « Tu n’en mettras qu’un ; ce sera de l’ouvrage de moins… »

Ô vilaine figure, vilaine petit figure ! Il savait bien qu’Augustine n’était pas belle ; il l’aimait mieux comme elle était que si elle avait été très belle.

On se moquait de ses cheveux rouges : pour lui, il n’y avait rien de plus magnifique au monde que des cheveux rouges.

Et, sur cette peau comme du petit-lait, étaient ces taches qui se touchaient toutes, mais le cœur devant elles se sent tout remué de tendresse ; l’œil, qui cherche à les compter et n’y arrive pas, s’en amuse.

Il tenait entre ses deux mains cette figure : « Petite ! si on donnait tout ce son aux lapins ?… Mais non, ils deviendraient trop gras ! »…

Et il souriait, et elle souriait ; mais ensuite il leur fallait se quitter. C’était sur la terre ; c’était au temps de leurs rendez-vous, sur la terre ; il ôtait son chapeau, elle, elle se signait, parce qu’ils passaient devant la croix. Elle prenait à droite, lui à gauche : c’était sur la terre ; ils se consolaient en se disant que leurs chemins finiraient bien quand même par se réunir.

Hélas ! ils ne savaient pas quelles difficultés on rencontrait alors à vivre. Son père à elle n’avait pas voulu de ce mariage ; on ne lui avait plus permis de sortir seule. Et lui venait, la nuit, rôder autour de la maison, mais il avait beau venir. Il venait, il se mettait sous un arbre, il était sous le branchage de l’arbre et de là son cœur appelait : personne ne répondait. C’est quand ils étaient dans l’ancienne vie : il lui avait bien fallu finir par voir que tout y était tromperie. On était comme quelqu’un qui aurait eu une tasse à la main, et se serait arrêté à toutes les fontaines, mais la tasse était sans fond. Tout vous parlait de bonheur : on ne le trouvait nulle part. Dans l’autre vie, dans la fausse vie ; et une grande amertume pour finir était venue à Augustin ; il s’était dit : « Tant pis ! qu’elle souffre, puisque je souffre ! » Il se disait aussi : « Si elle tenait vraiment à moi, elle aurait bien trouvé moyen de venir. » Mauvais cœur qu’on a tout à coup ! un mauvais cœur vous pousse dans le bon. Et une nuit : « C’est la dernière fois ! » On était déjà en automne, quand il y a ce triste grand brouillard qui est contre les pentes comme une aile cassée. Elle non plus, ne dormait pas cette nuit-là, seulement il ne le savait pas. Elle l’attendait ; il ne le savait pas. Aucune lumière à sa fenêtre ; comment aurait-il pu se douter qu’elle ne connaissait pas plus que lui le sommeil ; qu’elle l’appelait, elle aussi, à travers l’épaisseur des murs, et toute cette couche d’air sourde, se désespérant comme lui…

Et, tout à coup, elle s’était levée. La porte avait été ouverte par elle, l’escalier descendu par elle, le gros verrou rouillé, tiré. Il y avait une force qui la faisait aller sans qu’elle y fût pour rien. Personne ne l’avait entendue. Et à présent la nuit, tout le glacé de l’air et cette grande humidité, et elle nue sous sa chemise, sans souliers, ni bas dans la boue, — mais jamais pourtant si bon air, jamais si belle nuit, jamais légèreté pareille ! Et comme elle courait ! Prends-moi, emmène-moi, fais de moi ce que tu voudras, je n’ai plus ni père, ni mère, il n’y a plus personne, il n’y a plus que toi !… Et ainsi. Et puis rien, car il n’était déjà plus là. Il avait dû se décourager d’attendre. Inutilement, avait-elle cherché partout dans l’ombre avec ses mains s’il y était : il n’y était pas. Et le lendemain non plus il n’avait pas été là, ni le surlendemain, ni le mois d’après, ni l’année d’ensuite : ni toutes les grandes longues années qui étaient venues, l’une après l’autre, tandis qu’elle se faisait vieille, et elle pensait : « Fini pour toujours ! »

Mais non, ce n’était pas fini. Ce qu’elle avait cru une fin n’était qu’un commencement.

C’est ensemble, en effet, qu’ils sont rentrés au village ; c’est ensemble qu’ils ont passé sous la croix.

On les a regardés venir, il reconnaissait tout ; et, elle, elle disait aux gens : « Ç’en est un que je vous amène, l’ami de mon cœur, qui est revenu, et il va rester avec nous. »

À présent on est où on veut, à présent on est où on aime.

Le soir venait, les gens étaient partout assis sur les bancs devant les maisons.

C’est ces réunions du soir, c’est ces belles réunions du soir, ô vieille coutume, vieille habitude des villages, après qu’on a bien travaillé, et la fraîcheur conseille de ne pas s’enfermer tout de suite chez soi ; les vaches ont été gouvernées, les petits enfants ont été mis au lit, on vient de manger la soupe, — ô vieille douce habitude des villages qu’ils avaient gardée, et, comme autrefois, les uns étaient assis, les autres étaient debout, ceux qui aimaient à fumer fumaient, ceux qui aimaient à chiquer chiquaient, les oiseaux changeant de place faisaient un bruit sous les avant-toits.

Il y avait, bas dans l’air, toutes ces chauves-souris qui semblent voler sur des béquilles ; il y avait Maurice le chercheur d’or qui continuait son histoire, alors Augustin et Augustine se sont arrêtés encore pour l’écouter, parce qu’il disait : « On était deux frères pourtant, deux vrais frères par l’amitié, seulement l’or nous séparait… Vous vous rappelez qu’il était venu m’épier pendant que je travaillais dans la paroi ; je n’avais pas eu l’air de me douter de rien ; je travaille jusqu’au soir. Je redescends au fenil. Le panier était dans un coin. Mon frère était déjà venu. Et, soulevant la miche, je trouve un papier où il y avait quelque chose d’écrit. Jean me disait qu’il avait dû aller au village et qu’il avait déposé le panier en passant. Ça voulait dire qu’il ne reviendrait pas. Moi, ce n’est pas le panier qui m’étonne, c’est le papier. On n’écrit pas chez nous, sauf pour tenir ses comptes. Si on peut encore quelque chose aux chiffres, les lettres ne sont guère notre affaire. Et longtemps après que je m’étais couché, je n’étais pas arrivé à m’endormir, réfléchissant à ce papier et le rapprochant dans ma tête de ce qui s’était passé pendant la journée. Il n’y avait pas de lune cette nuit-là, mais extraordinairement d’étoiles comme souvent à la fin de l’été, parce qu’il semble que le bon Dieu ne compte plus alors avec elles, voulant faire bonne mesure avant de nous les supprimer tout à fait. Cette lumière entrait par toutes les fentes, comme, quand on balaie, une poussière qui entrerait. J’ai dû m’endormir pour finir, je ne sais plus. À un moment donné, il me semble qu’on pousse la porte. J’ai cru d’abord avoir rêvé, n’ayant ouvert l’œil qu’à demi. Mais la porte tourne un petit peu sur elle-même, puis un tout petit peu plus ; on entre ; je continuais à ne pas bouger. On s’est alors avancé tout doucement. On a été à mes habits, on les a pris, on est sorti, on est rentré ; on a été à mon panier, on a été à mes souliers, on les a secoués, on les a retournés ; on a été voir dans les coins ; on a été passer la main sur une planchette qui était clouée dans le mur ; à la suite de quoi, c’est vers moi qu’on s’est tourné, mais décidément on n’osait pas. Et on a hésité encore, puis on a haussé les épaules, puis on est sorti. On n’a pas fait plus de bruit qu’en entrant, parce qu’on était pieds nus. J’ai vu se rouvrir la porte ; la lumière des étoiles a fait un petit tas par terre. Mais, dans le même moment, je m’étais mis debout. J’ai à mon tour amené la porte à moi. J’ai vu qu’on était déjà loin, alors j’ai poussé ma voix dans la nuit :

— Jean !

Il ne s’était pas arrêté. Il faisait comme un qui n’entendrait pas. J’ai poussé ma voix plus encore :

— Écoute, Jean ; es-tu bien sûr que je dormais ?

Cette fois, il avait fait demi-tour ; c’est le mauvais amour-propre qu’on avait, dans cette autre vie.

Et voilà qu’il me dit :

— Si tu ne dormais pas, c’est donc que tu faisais semblant.

Je n’ai plus pu me tenir :

— Jean, est-ce que tu n’as pas honte ?

Je m’étais rapproché encore, si bien qu’on n’était plus qu’à quelques pas l’un de l’autre ; on était deux frères sous la lune, il tendait la tête en avant comme le taureau qui va corner.

Il m’a dit :

— Répète-le !

— Je le répéterai, parce que c’est la vérité…

J’ai reçu le coup en pleine figure, j’ai failli tomber sur le dos. Je lui saute dessus, C’est lui qui tombe. Je lui saute dessus, je l’empoigne des deux mains par le cou ; et on était deux frères sous la lune. J’ai vu qu’il ouvrait la bouche, parce que l’air n’entrait plus. Il faisait un mouvement comme pour mâcher et tâcher d’attraper quelque chose qui était trop loin. Vous savez, comme quand la chèvre est attachée à son piquet et elle tend le cou vers l’herbe. À ce moment, j’ai eu peur… Juste au bon tout dernier moment, et heureusement pour moi, m’étant levé, et puis qui me sauvais à présent droit devant moi, de toutes mes forces ; — mais depuis lors jamais plus, mon frère et moi, on ne s’est parlé. Et il est mort. Et où est-il ? Et comment est-ce qu’on était fait, dites ?… »

Maintenant la nuit était venue tout à fait. Pierre Chemin avait remis sa pipe dans sa poche ; Adèle Genoud avait été coucher son enfant ; les chauves-souris avaient été se coucher aussi, qui sont des bêtes vite fatiguées.

Et ceux qui étaient encore là se souhaitèrent le bonsoir.

On entendit les portes se fermer l’une après l’autre, mais on n’avait plus besoin de tourner la clé dans la serrure.

Il n’y avait plus non plus une seule de ces lumières, comme autrefois. Dans le temps d’autrefois, toujours une fenêtre ou deux restaient éclairées toute la nuit.

Est-ce qu’on se souvient ? Quand on entrait dans les villages il y avait toujours ces deux ou trois points de feu à des maisons qu’on ne distinguait pas, et ils faisaient penser à des étoiles tombées.

On se disait ; « C’est pour un malade. » On regardait ces lampes, on se disait : « C’est quelqu’un qui se meurt » ; on se disait : « C’est un accident » ; on se disait : « C’est la vache qui fait le veau ». Et, quelquefois, les nuits d’orage, voilà qu’elles s’allumaient toutes à l’imitation des éclairs, et tout le monde s’habillait, parce qu’il n’y avait de sécurité pour personne, et la vie de chacun de nous pouvait lui être reprise à chaque heure, comme ses biens.

Le veilleur de nuit faisait sa tournée avec sa lanterne ; c’était une lumière de plus, et celle-ci se promenait.

L’homme chargé de distribuer l’eau cheminait le long des rigoles, déplaçant les planchettes qui servent d’écluses ; encore une lumière qui allait et venait.

Par les nuits les plus tranquilles, il fallait qu’on fût sur ses gardes.

Par les plus belles nuits d’étoiles. Sous les étoiles, sous point d’étoiles. En tout temps, en toute saison, parce qu’on ne savait jamais.

À cause de l’inquiétude continuelle où on vivait ; — d’où aussi ces retournements sans fin sur l’oreiller, ces malaises, ces mauvais rêves. Et toujours la peur quant à l’avenir, le regret quant au passé…

Tandis qu’il n’y a plus ni passé, ni avenir ; — il n’y a plus autour de nous qu’une grande immobilité de temps, comme quand on regarde toujours un même tranquille paysage.