Traduction par P.-J. Stahl, Lermont.
Bibliothèque d’éducation et de récréation J. Hetzel (p. 283-285).


CONCLUSION


Imaginez-vous qu’il s’est écoulé dix ans depuis ce joyeux pique-nique dans l’Ile Verte. Cette vie, cette éducation en commun dans ce petit cercle de familles unies entre elles par le lien de services réciproques eut pour conséquence naturelle, quand les enfants furent en âge de s’établir, que la pensée ne vint à aucun d’eux d’aller chercher au loin le bonheur qu’il avait sous la main. L’union des cœurs, des esprits et des habitudes devait conduire successivement nos jeunes amis au mariage. Chacun se trouva, presque sans le savoir, avoir fait son choix quand l’heure fut venue. Cependant, aucune des trois petites filles que nous connaissons le mieux ne mène la vie à laquelle elle se croyait destinée.

Merry n’est plus occupée à embellir la vieille ferme de ses parents. Elle est en Italie avec un jeune sculpteur de talent, qu’elle est heureuse et fière d’appeler son mari, et qui n’est autre que Ralph.

Molly ne fait pas le tour du monde, comme elle l’avait rêvé. Elle soigne son père infirme et complète l’éducation de Boo, en attendant que Frank, devenu un ingénieur distingué, ait achevé la grande ligne de chemin de fer dont il a été chargé. Dans un an, ils seront mariés. C’est arrêté.

Jane n’est pas célèbre, mais elle est « reine » dans son intérieur. Ses deux mères, son frère Frank quand il est là, et son mari Jack, qui ne la quitte jamais, ne voient rien au-dessus d’elle. C’est une fille, une sœur et une épouse comme on en rencontre peu. Elle est si dévouée, si pleine d’abnégation, que tout le monde l’adore et qu’elle semble être le rayon de soleil qui illumine la grande maison de Madame Minot.

Que vous dirai-je encore ?

Gustave a épousé Juliette, et Édouard une des petites sœurs de Gustave.

Joë est en passe de devenir un vieux garçon égoïste et désagréable.

Grif s’est corrigé. Lui et Susy font très bon ménage ensemble.

Bob Walker possède la ferme du capitaine Skinner. Il est le plus riche fermier des environs, et ce qui vaut mieux encore, l’un des hommes les plus estimés d’Harmony. C’est son travail et sa bonne conduite qui l’ont amené là, mais serait-il ce qu’il est sans Édouard et Jack ? Il est probable que non, et il a le mérite assez rare de s’en rendre compte. Il leur est très reconnaissant à tous les deux de ce qu’ils ont fait pour lui, et sa femme Annette ne l’est pas moins.

Le système d’éducation de Mme Minot a produit des résultats excellents. Ses élèves sont devenus des hommes et des femmes de grand mérite. Jane est tout à fait guérie, et ils ont tous une santé inaltérable. Enfin, Jack et Jane ont plusieurs enfants qui leur ressemblent, et ils sont si heureux, qu’ils prétendent que leur bonheur date du jour même où ils ont failli se tuer en faisant ensemble leur terrible culbute dans la neige. — À quelque chose malheur peut être bon quand on est assez sage pour tirer des événements les enseignements qu’ils contiennent.