Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne/Année 1582


ANNÉE 1582


« Maison de la Royne de Navarre. — Estat des gaiges des dames, damoiselles, gentilshommes et aultres officiers de sa maison, etc.[1]

DAMES
Mme de Candalle, dame d’honneur 
333 éc. 1 l.
Mme la comtesse de Gurson 
100 éc.
Mme de Curton 
100
Mme de Duras 
100
Mme de Gondrin 
100
Mme la comtesse de Chasteau-Villain 
133 éc.
Mme la mise de Canillac 
100 éc.
Mme d’Estissac 
100
Mme la Chastre 
100
Mme Mioxain 
100
Mme la cesse de Carmain 
100
Mme Tournon 
133 éc.
Mlle d’Estiac 
100 éc.
Mme d’Arpajon 
100
Mme de Béarn 
100
Mme de Saignes 
100
Mme de Tignonville 
100
Mme de Béthune 
100
Mme de Béthune, sa fille 
100
Mme de Cheverny 
100
Mme de la Chapelle 
100
Mlle de Saignes 
100
Mlle du Rézé 
100
Mlle de Vermont 
100
Mlle de Fredeville 
100
Mlle de Gerponnite 
100
Mlle de Picquot 
100
Mlle de La Marcillière 
100
FILLES DAMOISELLES
Cléophile Béthune 
83 éc. 1 l.
Fauceuze 
83
De Villesavin 
83 éc. 2 l.
De Bais 
83
De Romefort 
83
Mlle de La Vernay, gouvernante desdites filles 
100 éc.
AULTRES DAMES ET DAMOISELLES
Mme de Riberac 
01 éc. 2 l.
Mme de Sainte-Gemme 
83
Mme de Bourgon 
83
Mme du Lys 
83
Mlle de La Martome 
83
Mlle d’Épernay 
83
Mlle de Myron 
83
FEMMES DE CHAMBRE
En plus
Marie Chausson 
50 éc.
Loyse du Verger 
50
Marguerite Barthe 
50
FEMMES DES FILLES
En plus
Françoise de Raine 
33 éc. 1 l.
MAISTRES D’HOTEL
Le sieur d’Antherac remplace le sieur de Maspa-rault 
01 éc. 1 l.
PANNETIERS
Le sieur du Plessis 
100 éc.
Le sieur de La Lieve 
100
à la place des sieurs de Saint Pons et Beaumesnil
ÉCHANSONS
Le sieur de Montifaut 
100 éc.
Le sieur de Matha 
100
Le sieur de Tuty 
100
Le sieur de St-Germain 
100
Le sieur de Montigny 
100
à la place des sieurs Miliorin et La Bussière.
ESCUYERS TRANCHANTS
Le sieur de Cadena 
100 éc.
Le sieur de Maniquet le jeune 
100
Le sieur de Saint Pont le jeune 
100
Le sieur de Boissac 
100
Le sieur de Beaumesnil le jeune 
100
Le sieur de Cotes 
100
Le sieur de Courtigner 
100
ESCUYERS D’ÉCURIES
Le sieur de Montigny 
100 éc.
Le sieur de Fredeville 
100
à la place du sieur de Matha.
AULMONIERS
En plus :
Guillaume de Lys, abbé de Saint-Martin 
01 éc. 2 l.
N. de Chavagnac 
10
CLERCS DE CHAPELLE
En plus :
Symon Dauvergne 
20 éc.
à la place de Nicolas Coquelet.
CHANCELIER
La place de chancelier occupée par Guy du Faur de Pibrac
est supprimée.
SECRÉTAIRE DES FINANCES
M. Odet de Mazelière 100 éc.
à la place de Jacques Biart.
AUTRES SECRÉTAIRES
En plus et comme remplaçants :
M. François Lardes 
56 éc. 2 l.
M. Loys Denis 
56
M. Martin Denis 
56
M. Jehan Gosselin 
56
M. Martin Jouyn 
20 éc.
M. Isaac Olier 
56
M. Jules Gassot 
06 éc.
M. Barthélemy Guy 
56
M. Antoine de Legendre 
56
M. Sainct Nicolas 
56
M. Laurent Symon 
56
M. Jacques Tannier 
56
M. Symon Bousquet 
56
M. N. Sieurac 
01 éc. 2 l.
M. Bernard Codoing 
56
M. Arnaut de la Nusse 
56
M. Loys Ressard 
56
CONTREROLLEUR ET CLERCS D’OFFICE
En plus :
Bonald Charpentier 
56 éc. 1 l.
Jehan Gaussin 
56
Pierre Chardon 
56
Noël de Villeronde 
56
à la place de Symon Huguerie et de Jehan Bourgeois
MARÉCHAUX DE LOGIS
N. Le Meignan à la place de Jacques Crochut.
Peu ou pas de changements pour les autres offices
subalternes.
TRÉSORIER ET RECEVEUR GÉNÉRAL
M. Antoine Charpentier 
500 éc.
GENS DU CONSEIL
Pour Paris : 10 conseillers
Pour Toulouse : les mêmes qu’en 1579.
Pour Bordeaux : les mêmes.
Pour l’Agenais :
Me Antoine Boissonnade, advocat 
08 éc. 1 l.
Me N. de Laville, procureur 
08
Pour le Quercy : les mêmes
Pour le Rouergue : les mêmes

Janvier 1582

Du lundy premier jour de janvier au 28, ladicte dame Roine et tout son train audict Nérac.

Tout le mois de janvier de cette nouvelle année 1582 se passa, de la part de la Reine de Navarre, en atermoiements, en hésitations et finalement en préparatifs de départ. Marguerite brûle en effet du désir de revenir à la Cour et de revoir Chanvallon. Elle sait de bonne source que le duc d’Anjou, à ce moment dans les Flandres où il l’avait amené, vient de lui confier une mission auprès du Roi et qu’il se trouvera à Paris dans les derniers jours de février ou les premiers jours de mars. Il s’agit d’y arriver en même temps et d’obtenir d’abord de sa Sibille, puis de sa mère, que son frère consente à la rappeler auprès de lui. Il faut aussi que le Roi de Navarre se décide à se séparer de Fosseuse qu’elle amène avec elle et s’embarque dans quelque nouvelle aventure. Mais laissons parler Marguerite elle-même, qui dans les deux dernières pages de ses si intéressants Mémoires, tout en cherchant à nous donner le change sur ses véritables sentiments, nous explique à sa façon sa manière d’agir à cette époque et celle de tout son entourage :

« À quoy pour parvenir, le Roi me fit écrire par la Royne ma mère qu’elle désiroit me voir ; que c’estoit trop d’avoir esté cinq ou six ans esloignée d’elle ; qu’il estoit tems que je fisse un voiage à la Cour ; que cela serviroit aux affaires du Roy mon mary et de moy ; qu’elle cognoissoit que le Roy estoit désireux de me voir ; que si je n’avois des commoditez pour faire ce voiage, que le Roy m’en feroit bailler. » Le Roy m’escrivit le semblable, et m’envoyant Manniquet, qui estoit mon maistre d’hostel, pour m’y persuader (pour ce que depuis cinq ou six ans que j’estois en Gascogne, je n’avois jamais pu me donner ceste volonté de retourner à la Cour), il me trouva lors plus aisée à recepvoir ce conseil pour le mescontentement que j’avois à cause de Fosseuse, lui en ayant donné advis à la Cour. Le Roy et la Royne m’escrivent encore deux ou trois fois coup sur coup, et me font délivrer quinze mil escus[2], afin que l’incommodité ne me retardoit. Et la Royne ma mère me mande qu’elle viendra jusques en Xaintonge ; que si le Roy mon mary me menoit jusques là, qu’elle communiqueroit avec luy pour luy donner asseurance de la volonté du Roy ; car il désiroit fort de le tirer de Gascogne, pour le remettre à la Cour en la mesme condition qu’ils y avoient esté aultrefois mon frère et luy ; et le maréchal de Matignon poussoit le Roy à cela pour l’envie qu’il avoit de demeurer seul en Gascogne[3].

Marguerite ajoute toutefois, et ici elle est bien peu sincère, qu’elle ne fera à la Cour qu’un voyage de quelques mois pour y accommoder ses affaires et celles du Roy son mary ; « estimant qu’il serviroit aussy comme de diversion pour l’amour de Fosseuse que j’emmenois avec moy ; que le Roy mon mary, ne la voyant plus, s’embarqueroit possible avec quelqu’aultre qui ne me seroit pas si ennemie. J’eus assés de peine à faire consentir le Roy mon mary à me permettre ce voiage, pour ce qu’il se faschoit d’esloigner Fosseuse et qu’il en fust parlé. »

Néanmoins, elle arrive à ses fins, son mari se laissant plus facilement persuader qu’elle ne veut bien l’écrire, et, de part et d’autre, le voyage est décidé.

« Ma Sibille, écrit Marguerite au comble de la joie à la duchesse d’Uzès, votre lettre me sera comme saint Elme aux mariniers, me promettant, sous vos asseurances, autant de contentement à mon retour, qu’en mesme lieu j’y ay aultrefois esprouvé du contraire… Je croiray donc vostre conseil et advanceray mon partement, aultant qu’il me sera possible[4]. »

Quant au Roi de Navarre, une fois son parti pris, il n’a plus qu’une idée, de hâter le voyage de sa femme et de l’entourer du plus grand éclat possible. À cet effet, il écrit lettres sur lettres à la plupart des gentilshommes ses amis, leur ordonnant de l’accompagner et les priant de lui en faciliter l’exécution par tous les moyens en leur pouvoir :

« M. de Lardimalie, écrit-il déjà le 7 janvier de Nérac, d’autant que ma femme fait estat de partir dans le vingt-cinquiesme de ce mois pour faire son voiage de la Cour et que j’ay délibéré de la conduire jusques à Sainct-Jehan d’Angely, je desirerois pour ceste occasion estre accompaigné de quelques-uns de mes bons amis[5]. »

Et à M. de l’Estelle, le 19 janvier, toujours de Nérac : « Estant résolu de partir le xxvi de ce mois pour aller accompaigner la Royne, ma femme, jusques à Sainct-Jehan d’Angely, lorsqu’elle s’acheminera en Court, je vous en ay volu advertir par ceste mienne, etc.[6]. »

Et encore de Nérac, à M. de Scorbiac, le 27 janvier : « J’envoie ce porteur à Montauban pour y recouvrer huict mulletz de bast, et iceulx amener pour la commodité de mon voiage, allant conduire la Royne, ma femme, jusques à Sainct-Jean d’Angely…[7] »

Marguerite quitta Nérac le lundi 29 janvier.

Le lundi 29 janvier, ladicte dame et son train disne à Laussignan, souppe et couche à Casteljaloux.

Lausseignan est un tout petit village, à neuf kilomètres au nord-ouest de Nérac et à trois de Barbaste, ce dernier lieu célèbre par son beau moulin à quatre tours, de la fin du xiiie siècle, à ce moment propriété du roi de Navarre. Il se trouve sur la route qui mène de ce joli site à Durance, rendez-vous habituel de chasse d’Henri de Bourbon.

Sans doute que Marguerite, qui connaissait, pour les avoir parcourues si souvent, la route de Nérac au Port-Sainte-Marie et la vallée de la Garonne, préféra cette fois pénétrer dans la forêt des Landes et prendre cette direction qui lui était inconnue.

Le mardi 30 janvier et le mercredi 31, séjour à Casteljaloux, avec tout le train.

(Total des dépenses pour le mois de janvier : 2 664 écus, 15 sols, 4 deniers. Le tout payé.)

Février 1582

Du jeudi 1er février au dimanche 4, séjour à Casteljaloux.

Pour aussi pressée qu’elle fut de rentrer à la Cour, la reine de Navarre semble s’être quelque peu oubliée dans cette jolie petite ville des bords de l’Avance. Quelque partie de chasse, organisée en son honneur par son mari, fut-elle la cause de ce retard volontaire ? Tout porte à le croire, Henri se trouvant encore le 5 février à Casteljaloux, d’où il écrit à M. de Scorbiac une lettre, relative à la reddition de la petite ville de Varen, en Rouergue, près de Saint-Antonin[8].

Marguerite dut loger à la maison Labails, cette élégante demeure, dont la belle frise Renaissance, ornée de médaillons célèbres qui passent pour représenter les sires d’Albret, fait encore l’admiration de tous les archéologues[9].

Le lundi 5 février, ladicte Reine disne à Casteljaloux, souppe et couche à Bazas.

Le mardi 6 février, tout le jour audict Bazas.

Le mercredi 7 février, la dicte dame disne à Langon, souppe et couche à Cadillac.

Le jeudi 8 février, tout le jour à Cadilhac avec tout son train.

Le chanoine Syrueilh, dans son Journal, n’a garde d’oublier, à cette date, le passage de Marguerite à ce château de Cadillac, qui lui rappelait de si doux souvenirs.

« Le roy et la reyne de Navarre, écrit-il, se rendirent le jeudy, viiie febvrier à Cadilhac, audict an 1582. M. le président de Villeneufve, MM. de Lestonnac et Dandrault, conseillers en la Court de Parlement de Bourdeaulx, les allarent trouver et saluer de la part de la Cour. Ung aussi de MM. les conseillers de la Chambre de justice se rendit devers eulx de la part de ladicte Chambre, comme aussi fit M. de Montaigne, maire de Bourdeaulx, accompagné de… juratz de ladicte ville[10]. »

« Ledict jour de jeudy au soir qu’ils arrivarent audict Cadilhac, la Royne de Navarre tint à baptesme une fille de M. le comte de Gurson[11], fils de M. le marquis de Trans, et avec ladicte dame fust aussi marrine Madame de Candale, mère de l’accouchée, et M. de Gondrin fust parrin au lieu de M. de Candale, evesque d’Ayre, qui se trouva mal. Ladicte filhe eust à nom Marguerite du nom de ladicte Reyne[12]. »

Le vendredi 9 février, ladicte dame et son train disne à Cadilhac, souppe et couche à Créon.

« Le vendredy, après disner, ajoute le journal de Syrueilh, le Roy et la Royne de Navarre partirent de Cadilhac et allarent coucher à Créon, et de là allarent à Coustras où M. le prince de Condé estant venu au devant d’eux les attendoit et dans deux ou troys jours après partirent pour aller à Cougnac et de là à Sainct-Jean d’Angely. »

Le samedi 10 février, ladicte dame disne à Créon, souppe et couche à Barraulx[13].

Le dimanche 11 février, tout le jour audict chasteau de Barraulx.

Le lundi 12 février, ladicte dame disne au Port de Branne, souppe et couche à Coutras.

Le mardi 13 février, ladicte dame et son train tout le jour audict Coutras.

Le mercredi 14 février, ladicte dame et son train disne à Coutras, souppe et couche à Montguyon.

Le jeudi 15 février, ladicte dame et son train tout le jour audict Montguyon[14].

Le vendredi 16 février, ladicte dame et son train disne à Montguyon, souppe et couche à Baigne[15].

Le samedi 17 février, ladicte dame et son train disne, souppe et couche à Barbezieux.

Le dimanche 18 février, ladicte dame et son train disne à Chattauneuf[16], souppe et couche à Jarnac.

Du lundi 19 février au samedi 24, séjour à Jarnac.

Quelle cause retint si longtemps la Cour de Navarre en cette ville ? Ce fut, croyons-nous, une entrevue entre Henri de Navarre et le prince de Condé d’un côté, Matignon et Bellièvre de l’autre, à l’effet d’accorder « de nouveaux articles pour une entière assurance de paix. » Deux lettres du roi de Navarre, l’une à M. de Scorbiac, l’autre aux consuls de Bergerac, semblent en effet indiquer que ce prince cherchait de tout son pouvoir à calmer les esprits et à asseoir définitivement la paix[17]. Marguerite, durant ce temps, ne s’occupait, ainsi qu’on va le voir par le passage suivant de ses livres de comptes, que de passer le plus agréablement son temps.

Le dimanche 25 février, ladicte dame et son train audict Jarnac « où ladicte dame a faict festin, disne et souppe pour le mariage de Loyse de Verger, l’une de ses femmes de chambre. Dépenses, ce jour-là seulement, 123 écus, 47 sols, 3 deniers. »

Les lundi 26 et mardi 27 février, séjour à Jarnac.

Le mercredi 28 février, ladicte dame et son train disne à Burye[18], souppe et couche à Brisenbourg[19].

Le château de Brisambourg appartenait à cette époque à la sœur du maréchal de Biron, Jeanne de Gontaud, mariée en premières noces à Pierre Poussard, baron de Brisambourg, et en secondes noces à Jean de Caumont, seigneur de Montpouillan. Son frère, dans sa disgrâce, aimait à s’y retirer.

« Je m’en vais à Brisambourg, quy est de mon despartement, » écrit-il dans une de ses lettres, du 1er mai 1581[20].

D’un autre côté, dans les Dépenses extraordinaires du Roi de Navarre, nous lisons à cette date : « À Guillaume Gobinet, sommelier en l’office d’eschansonnerie, 15 l. t. pour une pipe de vin qui a esté prinse pour février, en la maison de Mme de Brizambourg, lequel vin n’est tiré à argent, d’autant que ladite dame n’en voulut point, dont S. M. a depuis fait don audit Gobinet[21]. »

(Total des dépenses pour ce mois de février, 2 413 écus, 56 sols, 3 deniers, le tout payé.)

Mars 1582

Le jeudi 1er mars, ladicte dame disne à Brisenbourg, souppe et couche à Sainct-Jehan d’Angely.

Le vendredi 2 mars, séjour à Sainct-Jehan d’Angely.

Le samedi 3 mars, ladicte dame disne à Sainct-Jehan d’Angely, souppe et couche à Xainctes.

Le dimanche 4 mars, ladicte dame et son train, tout le jour à Xainctes.

Dans ses Études et Documents relatifs à la ville de Saintes[22], M. le baron Eschasseriaux, ancien député de cet arrondissement, constate également, d’après les livres de Jurades, la présence de la Reine de Navarre dans cette ville, à la date du 3 mars 1582. Le 28 février déjà, la municipalité lui avait envoyé une députation au château de Brizambourg.

« Ce faict, ledit jour troisième du mois de mars, est venue ladite dame Royne de Navarre, de ladite ville de Sainct-Jehan en ceste ville, en l’abbaie de Notre-Dame, hors les murs de la présente ville, où lesdits officiers, maire, eschevins, manans et habitans de ladite ville, toute la jeunesse, avec armes, tambours, phifres et enseignes déploiées, furent au devant de ladite Majesté Royne, environ une petite lieue distante de ladite ville, où il lui fut faict deux harangues, par ledit sieur Eschassériaux pour lesdits officiers, etc. » Marguerite fut reçue devant le grand portail de l’abbaye par l’abbesse de Notre-Dame « qui lui bailla la croix, laquelle elle baisa dévotement. »

Puis « le lendemain, dimanche, 4 dudit mois, ladite dame s’est « descendue en sa chaise pour s’en venir en ladite ville. » Arrivée sur le pont, les officiers lui présentèrent les clefs et le poèle. Elle monta dans sa litière qui fut portée par les sieurs Jehan Relyon, de Prahec, Senné et Dominique du Bourg, entra en ville et se rendit à Saint-Pierre, où elle fut reçue par Monseigneur l’Évêque et entendit la messe. Elle se rendit de là au château, où elle eut une longue conférence avec le gouverneur, le sieur de Belleville ; d’où, toujours « avec ses damoiselles », elle s’en retourna à l’abbaye de Notre-Dame.

Le lendemain 5 mars, elle reçut en grande pompe toutes les autorités ; qui lui exposèrent leurs remonstrances. Puis elle partit pour Saint-Jean d’Angély avec tout son train[23].

Était-ce la première fois que la Reine de Navarre venait à Saintes ? Dans son livre sur les Entrées royales dans cette ville, M. Louis Audiat donne à entendre qu’elle y était déjà passée, lors de son premier voyage en Gascogne, avec la Reine-Mère, à la date du 2 septembre 1578. Elle y aurait même séjourné jusqu’au 9 de ce mois. Le livre des Jurades nous apprend bien qu’on fit à ce moment à Saintes de grands préparatifs pour recevoir les deux Reines, encore à Cognac[24]. Mais nous n’y voyons aucune relation de leur entrée, ni de leur séjour dans la capitale de la Saintonge. En tous cas, le livre des Comptes de la Reine de Navarre, toujours si exact, n’indique à cette époque, comme séjour des deux Reines, que la ville de Cognac, du 1er au 5 septembre, et la ville de Pons, du 6 au 9 du même mois. Les deux Reines ne seraient-elles dès lors venues à Saintes que quelques heures et le scribe aurait-il jugé inutile de consigner cette simple excursion ? Ou plutôt, comme nous le croyons, un empêchement subit les aurait-il contraintes, au dernier moment, de renoncer à leur projet ?

Le lundi 5 mars, ladicte dame et son train disne à Saint-Hilaire, souppe et couche à Saint-Jehan d’Angely.

Du mardi 6 mars au dimanche 11, séjour à Saint-Jehan d’Angely.

Henri de Navarre se prépare à l’entrevue qu’il va avoir avec la Reine-Mère. Il est venu dans cette ville pour voir son cousin le prince de Condé, qui en a fait sa principale résidence. Il groupe autour de lui ses plus fidèles, ses conseillers et il demande avis à Théodore de Bèze, afin qu’il l’éclaire de ses lumières et de son expérience.

« J’espère, lui écrit-il le 6 mars de Saint-Jehan d’Angély, que nous verrons dans dix jours la Reyne, ce que j’ay pensé estre nécessaire pour le bien de la paix et le repos de nos Églises. Ce ne sera plus loin que de cinq ou six lieues d’icy. Je vous prie, Monsieur de Bèze, asseurer tout le monde que je ne feray rien qui nous porte préjudice[25]. »

Et à Monsieur de la Lardière, toujours de Saint-Jean d’Angély : « J’envoye le sieur de Beauvais dans vos quartiers pour semondre ceux qui paraissent m’avoir aimé de me venir voir à Saint-Maixant où se doibt trouver la Reine Mère du Roy ; et pour plusieurs occasion je désire y estre bien accompagné ; ce qui faict que je vous prie vous y trouver avec le meilleur nombre que pourrez de vos amys ; et ce faisant me ferez connaistre l’affection qu’aurez à moy[26].

La Reine-Mère désirait que l’entrevue eût lieu le plus près possible de la Loire[27]. Dans une de ses lettres elle fixe même le lieu de Champigny. Mais Henri de Navarre a décidé qu’il n’irait pas si loin. « Je suis venu jusques icy (Saint-Maixent), écrit-il à M. de Scorbiac le 19 mars, pour avoir ce bien de communiquer avec la Reyne, mère du Roy mon seigneur, résolu de ne passer oultre, bien que par les lettres qu’elle m’a escript de Chenonceau, elle désirait que je donnasse jusques à Champigny[28]. Je lui ai envoyé le sieur de Lésignan pour faire mes excuses si je ne puis aller si avant, ayant une si belle et grande troupe de noblesse près de moy, avec mon oncle de Rohan et mon cousin le comte de La Rochefaucauld[29]. »

Est-ce au lieu de Champigny que l’ambassadeur Toscan fait allusion lorsqu’il écrit à son maître que « le Roy de Navarre a refusé de se réunir avec la Reine-Mère dans le château de M. de Lansac[30]. » Toujours est-il que Catherine dut cette fois encore faire une concession à son gendre et se rapprocher de lui plus près qu’elle ne l’aurait désiré.

L’entrevue toutefois ne se fit pas à Saint-Jean d’Angély, comme l’écrit M. de Saint-Poncy, toujours si mal informé ; pas même à Saint-Maixent, comme le voulait Henri de Navarre et comme presque tous les historiens l’ont relaté ; mais à La Mothe Saint-Héray, ainsi que nous allons le prouver.

Le lundi 12 mars, ladite dame et son train disne à Dampierre[31], souppe et couche à Chizay[32].

Le mardi 13 mars, ladite dame et son train disne à Brion, souppe et couche à Mesle.

Le mercredi 14 mars, ladite dame et son train disne à Mesle, souppe et couche à Saint-Maixant.

Du jeudi 15 mars au samedi 24, séjour à Saint-Maixant.

C’est là qu’Henri de Navarre, entouré de ses meilleurs lieutenants, attendit huit jours la Reine-Mère qui toujours ne venait pas. Le prince de Condé, avec lequel il était au mieux pour le moment, l’avait accompagné « jusqu’à quatre lieues d’icy, d’où il s’en est retourné à Saint-Jehan[33]. »

D’Aubigné était parmi les conseillers du prince ; mais il se trouvait mal en Cour et en butte aux colères et à la vengeance de la Reine Marguerite. C’est du moins ce qu’il raconte dans ses Mémoires, auxquels nous ne devons, comme toujours, ajouter que médiocrement foi. L’épisode est néanmoins trop curieux pour que nous ne le laissions pas parler ici lui-même.

« La Reine-Mère étant venue faire un voyage en Languedoc, donna en s’en retournant un rendez-vous à Saint-Maixant au roi de Navarre, et la Reine, sa femme, qui s’en allait avec sa mère à la Cour de France, l’y accompagna. Dans ce lieu, cette princesse qui depuis quelque temps m’avait pris en grande aversion, tant pour le peu de complaisance que j’avais eue à ses volontés que parce qu’elle me soupçonnait d’être l’auteur d’une malice faite à Madame de Duras, sa confidente et favorite, ou du moins d’avoir induit Clermont d’Amboise à la faire, dans ce lieu, dis-je, la Reine de Navarre se jeta aux pieds de son mari, et ayant engagé la Reine, sa mère, de la seconder dans son dessein, le pria avec larmes de vouloir bien pour l’amour d’elle me bannir de sa cour et ne me plus jamais voir ; ce qu’il lui promit. Cette princesse, entre autres choses, ne me pouvoit pardonner quelques bons mots que j’avois proférés, surtout celui-ci : La maréchale de Retz avait donné à d’Entragues, son amant, un cœur de diamants ; la reine de Navarre, ayant rendu ledict d’Entragues inconstant, exigea de lui pour rendre son triomphe encore plus beau qu’il lui donnât ce cœur de diamants. Or, comme j’étais partisan de ladite maréchale contre la reine de Navarre et qu’elle se vantait à tous propos d’avoir ce cœur de diamants : « Elle l’a en effet, dis-je, parce qu’il n’y a que le sang des boucs qui puisse graver et faire impression dessus. »

« Mon maître donc, en vertu de sa promesse, me congédia en public ; mais il me dit en particulier de rester et de me tenir caché pendant le jour, afin que je pusse venir passer toutes les nuits dans sa chambre. Ce qui me donna lieu, à la faveur de cette feinte disgrâce, de connaître mes vrais ou faux amis. »

D’Aubigné raconte ensuite comment, à ce moment, il fit la cour à Suzanne de Lezay, et bientôt après l’épousa[34].

Le dimanche 25 mars, à Saint-Maixant, lequel jour ladicte dame a faict festin, a disné et souppé pour le mariage de Loyse le Bel, l’une de ses femmes de chambre. (Dépenses totales pour ce jour seul, 138 écus, 58 sols, 1 denier.)

Les lundi 26 et mardi 27 mars, séjour à Saint-Maixant.

Ce fut à ce moment qu’après d’interminables négociations entre le Roi de Navarre et la Reine-Mère pour choisir le lieu de la conférence, il fut décidé de part et d’autre, les villes de Mirebeau et Parthenay ayant été écartées, qu’elle se tiendrait à La Mothe Saint-Héray[35].

Le mercredi 28 mars, ladicte dame et son train disne, souppe et couche à La Mothe Saint-Éray.

Catherine de Médicis avait la veille quitté Mirebeau, où elle se trouvait depuis quelques jours retenue par la maladie pour aller coucher à Sanxay, d’où elle repartit le matin du 28 pour arriver en même temps que son gendre et que sa fille à l’endroit indiqué[36].

Le château de La Mothe Saint-Héray appartenait, à ce moment, à Louis de Saint-Gelais de Lusignan, seigneur de Lansac et de Pressy-sur-Oise, chevalier de l’ordre du Roi, conseiller d’État, et ce qui était pour la Reine-Mère la meilleure des garanties, surintendant de ses finances. Il devait passer plus tard entre les mains des fastueux seigneurs de Baudéan de Parabère, dont l’un d’eux, Jean, y reçut superbement Louis XIII et toute sa Cour en l’année 1620[37]. Il venait d’être entièrement réparé par son propriétaire, ayant été en partie démoli lors du siège récent qu’il avait eu à subir le 26 mars 1569[38].

Le jeudi 29 mars et le vendredi 30, séjour à La Mothe Saint-Éray.

Le mercredi soir, jour de leur arrivée, le maître de céans, le seigneur de Lansac, « le bonhomme Lansac, » comme l’appelle Brantôme, offrit à la Reine-Mère, au Roi et à la Reine de Navarre, au cardinal de Bourbon, au duc de Rohan, au maréchal de Matignon, au comte de La Rochefoucauld et aux principaux personnages des deux Cours, un magnifique dîner, « à l’issue duquel la Reine-Mère, le roi de Navarre et le duc de Rohan, allèrent en un coin de la salle, séparés des autres, où ils parlementèrent par l’espace de deux à trois heures ensemble[39]. » Ce ne fut qu’une escarmouche, le roi de Navarre et ses compagnons s’en retournant coucher à Saint-Maixant.

Le lendemain, les négociations s’engagèrent. Elles durèrent deux longs jours. Aucun auteur contemporain ne nous en a transmis les détails. Seul, Michel Le Riche paraît assez bien informé. « On dit, écrit-il dans son journal, que le Roi de Navarre se plaignait surtout qu’en son gouvernement de Guienne il n’était obéi. À quoi lui fut répondu que tenant le parti contraire du Roi de France, il ne pouvait avoir ce qu’il demandait qui ne lui serait refusé, s’il se rejoignait, selon le désir et affection dudit Roi de France, et qu’il y avait incompatibilité d’être pour et contre ladite majesté ; ce qui fut ce dont on parla principalement[40]. »

Duplessis-Mornay, dans ses Mémoires, confirme également ce grief du Roi de Navarre, ainsi que celui, tout aussi vif, d’après lequel ledit prince aurait reproché à Henri III de n’avoir pas reçu, depuis de longues années, un denier de la pension de 48 000 livres, que ses prédécesseurs et lui-même devaient servir aux Rois de Navarre, « en considération qu’ils avaient perdu ledit royaume de Navarre pour le service de la couronne de France[41]. »

Il y fut question également des chambres de justice établies exceptionnellement en France en cette année 1582, et notamment de celle de Guienne, en conflit ouvert avec le Parlement de Bordeaux[42].

Si le roi de Navarre ne fut qu’imparfaitement écouté sur cette réclamation, il obtint quelque compensation à propos de la question toujours en suspens des places de sûreté, l’édit de Fleix n’ayant été que très irrégulièrement observé à cet égard. Si les catholiques s’obstinaient à garder indûment les places qui ne leur appartenaient pas, Henri de Navarre avait reçu mission de ses coreligionnaires, réunis à Montauban, de n’abandonner aucune des leurs. Ce à quoi consentit Catherine, du moins provisoirement.

Enfin la Reine-Mère déploya toute son habileté, toute son astuce, pour amener avec elle Navarre à la Cour. Là était le but véritable poursuivi par elle, le plus secret désir de son fils Henri III. Cette fois encore, malgré les séductions de Mme de Sauves, de tout l’escadron volant, et surtout le regret de se séparer de Fosseuse, l’adroit Béarnais sut tenir tête à la fille des Médicis, et resta assez fort pour écouter les conseils de ses amis. Catherine ne put leur cacher son dépit et lorsque ces derniers, venant la saluer, lui demandèrent « si elle avait quelque chose à leur dire et commander ». « Ce que j’ai à vous dire, leur répondit-elle, c’est que vous perdez le Roi de Navarre, mon fils, votre maître, et vous-mêmes[43]. »

Malgré cette boutade, l’entrevue de La Mothe Saint-Héray aplanit bien des difficultés pendantes. Des deux côtés, en se quittant, on se montra fort satisfait.

« Messieurs, écrivait quatre jours après le Roi de Navarre aux membres de la chambre de justice de Guienne établie à Bordeaux, estant assez persuadé de la bonne volonté et affection que vous avez à l’édit de pacification, pour lequel vous avez esté envoyés par le Roi mon seigneur en ce pays de Guienne, il m’a semblé estre convenable que, sur la diversité des opinions que plusieurs peuvent avoir eues de mon voiage et acheminement en ces quartiers, je vous depvais escrire la présente pour vous dire que, ayant accompagné la Royne ma femme jusques au lieu de Saint-Maixant, la Royne sa mère nous a voulu tant honorer et favoriser qu’elle s’est peinée en son aage et indisposition de s’approcher de nous de deux lieues, et s’est rendue à La Mothe Saint-Éray, où nous la sommes aller trouver, y aiant demeuré trois jours, et nous estant despartis avec une telle démonstrance d’amitié et bienveillance que nous pouvons désirer les uns des autres, comme aussi avec une asseurance que ladite dame Royne m’a aussi donné de la bonne volonté et intention du Roy mon seigneur à l’establissement de la paix et nous faire jouyr du bénéfice d’icelle en tout ce qui concerne l’exécution de son dict édict ; qui est cause que, avec son advis, j’ay escript aux Églises réformées des provinces de m’envoier de leurs députés pour leur faire entendre la volonté et intention du Roy mon seigneur et la mienne, conforme à la sienne, etc.[44] »

Et le même jour, 4 avril, de Melle, à M. de Scorbiac : J’ay enfin veu la Reyne Mère du Roy, mon seigneur, et l’ay conduicte jusques à trois lieues de Poictiers. Je suis demeuré très satisfaict de son entrevue, et croy-je qu’elle produira beaucoup de fruicts… Je m’en revay à Sainct-Jehan et de là à La Rochelle, résolu de séjourner en ces cartiers de deça jusques à la fin du moys prochain, affin d’oster le plus qu’il me sera possible les occasions de deffiance[45].

La Reine-Mère quitta La Mothe Saint-Heray le samedi matin 31 mars. Elle emmenait avec elle sa fille Marguerite dont les coffres et les bahuts, qui emplissaient plusieurs charrettes, avaient été expédiés de Saint-Maixent dès le 17 mars[46]. » Le Roi de Navarre les accompagna jusqu’au château de Montreuil-Bonnin, où il coucha.

Le samedi 31 mars, ladicte dame et son train disne à Sanxay, souppe et couche à Montreuil[47].

Ce fut le lendemain, 1er avril, que le Roi de Navarre se sépara de sa femme et de sa belle-mère. Il leur laissait à entendre qu’il n’était pas éloigné d’avoir une entrevue prochaine avec le Roi de France, mais à condition que ce dernier consentît à se rendre soit en Touraine, soit en Poitou. Catherine ne se le fit pas dire deux fois. Elle chercha dès ce moment à attirer son fils, ou à Blois, ou à Chenonceaux. Mais elle se heurta contre l’apathie du monarque et peut-être aussi ses craintes dissimulées[48].

Le Roi de Navarre, lui, revint à Sain-Maixant, puis à Melle, puis à Saint-Jean d’Angély et enfin à La Rochelle, tandis que Marguerite accompagna sa mère non à Paris, comme tous les auteurs l’ont écrit et où elle ne rentra que dans les derniers jours de mai[49], mais dans ces belles résidences des bords de la Loire, qu’affectionnait tout particulièrement la fille de Médicis, à Chenonceau d’abord, puis à Fontainebleau.

(Total des dépenses pour ce mois de mars, 2 695 écus, 5 sols, 7 deniers ; le tout payé.)

Avril 1582

Le dimanche 1er avril, ladicte dame et son train disne à Montreuil, souppe et couche à Vouillé.

Le lundi 2 avril, ladicte dame et son train disne à Vendeuvres[50], souppe et couche à Chastelleraut.

Le mardi 3 avril, ladicte dame et son train disne à Chastelleraut, souppe et couche à La Guerche[51].

Le mercredi 4 avril, ladicte dame et son train disne à La Guerche, souppe et couche à Loches.

Le jeudi 5 avril, ladicte dame et son train disne aux Roches-Saint-Quentin[52], souppe et couche à Chenonceau.

Les vendredi 6 avril, samedi 7 et dimanche 8, séjour à Chenonceau avec tout son train.

Le lundi 9 avril, ladicte dame disne à Chenonceau, souppe et couche, avec partie de son train, au Plessis-les-Tours.

Le mardi 10 avril, séjour au Plessis-les-Tours.

Du mercredi 11 avril au mercredi 18 avril, séjour à Chenonceau avec tout son train.

À cette date, doit se reporter, croyons-nous, la mort de Mlle de Rebours, Marguerite ne devant faire, du moins d’après ses livres de comptes, d’autre séjour à Chenonceau, de toute cette année 1582, ni l’année suivante 1583. Voici, à cet égard, ce que nous apprend Brantôme :

« Rebours, une de ses filles qui mourut à Chenonceau, luy avait faict quelque grand desplaisir ; elle ne luy en fit plus cruel traictement ; et, venant à estre fort malade, la visita ; et ainsi qu’elle voulut rendre l’ame, elle l’admonesta, et puis dit : “Ceste pauvre fille endure beaucoup, mais aussy elle a faict bien du mal, Dieu luy pardoint comme je lui pardonne !” Voilà la vengeance et le mal qu’elle lui fit. Voyla aussi comme ceste grande Reyne a esté, par sa générosité, fort lente en ses vengeances, et a esté toute bonne[53]. »

Brantôme est le seul des contemporains qui ait annoncé la mort de Rebours. Encore est-ce bien moins pour s’apitoyer sur le sort de la pauvre fille, qui eut cependant son heure de célébrité à la Cour de Nérac, que pour louer la bonté de la Reine Marguerite. Nous allons voir, sous peu, que cette Reine ne se montra pas aussi indulgente à l’égard de Fosseuse, à qui elle ne pouvait pardonner les actes de complaisance que lui avait imposés naguère la volonté souveraine de son mari.

Le jeudi 19 avril, ladicte dame et partie de son train disne et souppe à Veret[54].

Le vendredi 20 avril et samedi 21, séjour à Chenonceau.

Le dimanche 22 avril, ladicte dame disne à Pontlevoy[55], souppe et couche à Cheverny[56].

Le lundi 23 avril, ladicte dame disne à Villesavyn, souppe et couche à Saint-Laurent des Eaux[57].

Le mardi 24 avril, ladicte dame disne à Clery[58], souppe et couche à Orléans.

Le mercredi 25 avril, séjour à Orléans.

Le jeudi 26 avril, ladicte dame disne à Boigny[59], souppe et couche à La Cour-Dieu[60].

Le vendredi 27 avril, ladicte dame disne au Hallier, souppe et couche au Bois-Mallesherbes.

Le samedi 28 avril, ladicte dame disne à La Chapelle, souppe et couche à Fontainebleau.

Les dimanche 29 avril et lundi 30, séjour à Fontainebleau avec tout son train.

(Total des dépenses pour ce mois d’avril, 2 409 écus, 39 sols, 11 deniers, le tout payé.

Mai 1582

Du mardi 1er mai au dimanche 27, ladicte dame Royne de Navarre avec tout son train à Fontainebleau.

Il ne faut pas croire que ces déplacements incessants de la Reine de Navarre lui aient fait perdre de vue ses obligations d’épouse et le souvenir de son infidèle mari. Loin de là, elle entretient avec lui une correspondance suivie, et elle a soin de le mettre au courant de ce qui peut l’intéresser.

À peine eut-il quitté les deux Reines, qu’Henri de Navarre tomba assez sérieusement malade à La Rochelle où nous le trouvons dès le 13 avril. Il l’écrit lui-même, le 21 de ce mois, et toujours de ce lieu, à son cousin, M. le prince Daulphin : « Je m’en vay à présent faire ung tour jusqu’en Béarn et aux Eaux-Chauldes, à cause de l’indisposition en quoy je me trouve[61]. »

Marguerite, de son côté, apprenant la maladie de son mari et sachant qu’il est en ce moment sans médecin, lui dépêche cette jolie lettre :

« Monsieur, je vous escrivis hier come m’estant trouvée si mal que je ne me pouvais passer de Monsieur de Sainct-Pons, que je vous envoirois Monsieur Lefaivre[62] ; mes m’estant avisée qu’avant qu’il fust là, vostre mal pourroit estre pasé et qu’il vous peut de jour à aultre survenir de mesmes actidans et qu’il seroit pour cete occasion resonable que vous eusiés d’ordinaire un mesdesain avecque vous, j’ay pansé de vous envoier Monsieur de Merdisis, qui est fils de Monsieur de Sainct-Pons et fort sufisant et qui vous a desia servi : je vous suplie très humblement, Monsieur, de retenir pour tousiours et commander que l’on l’apointe telemant qu’il y puise demeurer ; car il n’a point d’aparanse que tele personne que vous soit sans medesain. J’ai su presque aussitost vostre guérison et vostre arrivée à La Rochelle… Toutefois, craignant qu’il ne vous an feut resté quelque chose, j’ai despaiché se porteur par lequel je vous suplie me mander des nouvelles de vostre santé que je souhète meilleure que la mienne, que je panse que vous aves amportée ; car despuis vous avoir laisé, je ne l’ai eue qui me fera, estant prise ancore d’une fort grande douleur. Je vous baise humblement les mains. M.[63]. »

Il est probable que les soins du jeune protégé de Marguerite eurent vite raison de l’indisposition d’Henri de Navarre, car peu après il se rendit à Pau, en passant par Gurson, Sainte-Foy, Nérac et Casteljaloux. Il se trouvait dans la capitale de son petit royaume le 6 mai, où il resta toujours un peu indisposé jusqu’au 27[64]. Mit-il à ce moment à exécution son projet d’aller faire une cure à ses eaux favorites ? Nous ne le pensons pas. Aucun document ne l’indique ; et toutes les lettres au contraire qu’il écrivit en ce mois de mai sont datées de Pau[65]. Après quoi, il revint à Nérac, puis encore en Saintonge.

C’est durant ce séjour à Pau que commencèrent de s’engager les négociations au sujet d’un projet de mariage entre sa sœur, Catherine de Bourbon, et le prince Emmanuel de Savoie ; projet qui n’aboutit pas plus que les précédents, la fille de Jeanne d’Albret refusant absolument d’abjurer la religion protestante.

Marguerite continue sa correspondance avec son mari. Dès qu’elle est installée à Fontainebleau elle lui écrit :

« Monsieur, le soin qu’il vous plaist avoir de ma santé et la souvenance qu’il vous a pleu avoir de moy, me font esprouver tout l’heur et le contentement qu’esloignée de vostre présence je puis recevoir, n’en pouvant en une si fascheuse absence esprouver en aultre chose. Mais si j’ay reçeu quelque plaisir en cela, j’ay bien autant eu du contraire sachant vostre maladie et vostre partement, contre l’asseurance qu’il vous avait pleu me commander d’en donner au Roy et à la Royne. »

Marguerite est en effet fort embarrassée. Elle a mission de la part de son mari de faire croire à son frère Henri III que le Roi de Navarre est toujours décidé à se rendre auprès de lui. Et elle voit bien à présent que plus que jamais il veut fuir la capitale. Que faut-il qu’elle leur dise ?

« Si vous fallés encores à revenir, au jour que vous avez donné pour l’assemblée, je ne scays pas ce que je pourray dire ; je ne vous oserois supplier de n’y fallir pas, encore que je le congnoisse très necessaire ; mais bien vous supplierai-je que je sois advertie de vostre dessein afin que par ignorance je ne manque à vostre service. Je ne vous puis rien dire de la Court. Car ce porteur m’en a trouvé encore à quatre jours près, Dieu merci ! Et la Royne qui s’estoit opiniastrée de faire venir le Roy à Blois, à la fin le Roy l’a gangné, qui partoit de Paris à fort grand’regret ; et voyant qu’elle ne le pouvoit attirer pour Blois, elle le faict venir à Fontainebleau où nous le verrons dans quatre jours ; et dès le lendemain je vous despescherai un gentil-homme, pour vous advertir quelle aura esté mon arrivée ; et cinq ou six jours après, je vous en envoilray ung aultre, pour vous mander ce qu’après les premières biens venues, où la contraincte et la dissimulation sont ordinaires, ce que je pourrai recongnoistre de la vérité de leurs volontés envers nous. »

Suivent de longs détails sur les diverses missions dont Marguerite s’est chargée pour faire réussir la politique de son mari, soit en Languedoc, soit en Guienne, et aussi sur les bruits divers qui courent dans ce personnel de désœuvrés et de femmes qui s’ennuient. « Puisque pour ne vous rendre mes lettres d’une longueur trop ennuyeuse, vous m’avez commandé de faire comme les grossiers, qui vendent de toutes marchandises ; je vous diray toutes sortes de nouvelles. La Vernaie n’aime que sa femme ; Sétanaie est à Madame de Sauve. Il l’est venu voir à Chenonceaux et y a esté deux jours caché ; mais ce n’a esté si finement que la Royne ne l’ait sceu et ait voulu faire croire que c’estoit pour nostre tante. Personne ne luy a contredict. Je vous laisse à penser en quel estat l’on s’est reduit, de servir de couverture à cela. Elle me faict pitié ; mais de secours, il ne faut pas que personne que vous en attende de moy. Le lendemain qu’il est party, sa maistresse a feint d’estre malade et est allée à Paris. Elle m’a promis de vous y faire de bons offices, et Sétanaie aussi autant qu’elle pourra, etc. »

Et enfin, comme cri du cœur, sincère ou non, mais en tous cas à signaler : « Vostre mal m’a mise en si grande peine que j’en ay faict faire une consultation à tous mes médecins, qui m’ont baillé ceste ordonnance ci-enclose ; vous en userez s’il vous plaist, et me permettrez, après vous avoir très humblement supplié de me continuer l’honneur de vostre bonne grâce, de vous baiser très humblement les mains. » Et en post-scriptum : « S’il vous plaist de bruler ceste recette en latin, et ne la laisser veoir à personne[66]. »

Un incident cependant, que nous devons signaler à cette date, vint refroidir les bons rapports qui existaient depuis leur séparation entre les deux époux, et jeter entre eux un ferment de discorde qui ne fera que grandir avec le temps. Nous voulons parler du renvoi de Fosseuse.

Depuis en effet que son royal protecteur n’était plus auprès d’elle, cette fille d’honneur de Marguerite, qui l’avait suivie à Fontainebleau, se trouvait en butte à la jalousie de ses camarades, aux plaisanteries de toute la Cour, à la sourde animosité de sa maîtresse elle-même qui ne pouvait lui pardonner le rôle humiliant qu’elle avait été forcée de jouer auprès d’elle à Nérac. Fosseuse de son côté le prenait de haut, croyant sa situation inattaquable. Cet état de choses ne pouvait durer. Aussi, cédant aux remontrances de la Reine-Mère, Marguerite prit-elle le parti de la renvoyer, « chassant publiquement, écrit Renieri à Venta, ceste fille raccomandatole del marito, che segretamente ha auto do lei un figlio[67]. »

Fosseuse en appela au roi de Navarre, qui, outré de cette disgrâce imprévue, envoya à Marguerite Antoine de Frontenac, plus tard son premier maître d’hotel, porteur d’une lettre des plus hautaines et des plus impertinentes. La Reine de Navarre cette fois bondit sous ce nouvel outrage, et très dignement lui répondit :

« … Quant à vostre fille (on sait que son mari appelait ainsi Fosseuse), je vous en ai mandé ce qu’à mon grant regret j’en ai oui et en ois tous les jours. Vous dites, Monsieur, que ce ne me sera jamais honte de vous complaire. Je le crois ainsy, Monsieur, vous estimant si raisonnable que ne me commanderez rien qui soit indigne de personne de ma qualité ny qui importe à mon honneur où vous avez trop d’interest ; et si vous me commandiez de tenir une fille avec moi à qui vous eussiez faict un enfant, au jugement de tout le monde, vous trouveriez que ce me serait une honte double pour l’indignité que vous me feriez et pour la reputation que j’en acquerrois. Vous m’escrivez, Monsieur, que pour fermer la bouche au Roy, aux Roynes ou à ceulx qui m’en parleront que je leur dise que vous l’aimiez et que je l’aime pour cela : ceste response seroit bonne, parlant d’un de vos serviteurs ou servantes, mais de vostre maistresse ! Si j’étois née de condition indigne de l’honneur d’estre vostre femme, ceste response ne me seroit mauvoise ; mais estant telle que je suis, elle me seroit très mal seante ; aussi m’empescherai-je bien de le faire.

« Vous dictes, Monsieur, que vous vous doubtiez bien de ce que vous voyez, mais que je vous doibs plus contenter que ses ennemys. Vous aviez bien raison, Monsieur, de juger que son malheur estant divulgué partout comme il l’est, je ne la pourrois pas tenir estant chose qui ne s’est jamais veue. Car les Roynes en ont eu à qui cet accident est arrivé ; mais elles les ont soudain ostées. Ce n’estoit aussy sans sujet que vous croiez que je vous debvois contenter, en ayant les preuves que vous avez : ayant souffert ce que, je ne dirai pas princesse, mais jamais simple damoiselle ne souffrit, l’ayant secourue, caché sa faute et toujours depuis tenue avec moy. Si vous n’appelez cela vous vouloir contenter, certes, je ne sais pas comme vous le pouvez entendre.

« De ses parents, je ne vous en ay rien escript que ce que elle, M. de Chastellerault et ung de ses oncles m’en ont dict. S’ils sont offensés de vous et s’ils en ont occasion, je m’en rapporte à ce qui en est. Sy vous ne luy faictes du bien, je lui en feray pour la marier et auray soin qu’elle soit à son aise et qu’elle ne reçoive aucun desplaisir, pour le desir que j’ay de servir à vos vollontés, non pour crainte que j’aye des menaces de vostre lettre, où vous dictes que qui fera desplaisir à vostre fille vous en fera ; car fesant ce que je dois, j’auray toujours asseurance en la vérité et en la raison qui seront pour moy, et qui, pour le temps et ma patience, vous feront quelque jour congnoitre combien une affection et une fidelité, telle que je l’ay à vostre service, se doibt priser.

Je congnois bien mon incapacité, à quoy mon bon zèle ne sçauroit assez suppléer, et sçois qu’en affaires d’État une femme ignorante et sotte comme moy y peut faire beaucoup d’erreurs. Pour ceste cause, s’il vous plaisoit envoier icy quelqu’un de vos serviteurs de la suffisance duquel vous eussiés plus d’asseurance, il vous sauroit trop mieux representer toutes choses ; aussy bien n’ay-je que trop d’empeschement pour mes affaires particulières que j’avance comme pour moy qui en ay grant besoin. Je vous baise, Monsieur, très humblement les mains. »

« Marguerite[68].

Peut-être Henri de Navarre aurait-il compris la justesse de ces observations et oublié son moment de mauvaise humeur, si Catherine de Médicis n’était venue fort cavalièrement, il faut en convenir, aviver la querelle par la lettre suivante, si curieuse à tant de titres, datée de Saint-Maur-des-Fossés, du 12 juin 1582 :

« … Vous n’êtes pas le premier mari jeune et non pas bien sage en telles chouses ; mais je vous trouve bien le premier et le seul qui face, après un tel fet advenu, tenir un tel langage à sa femme. J’ay eu cet honneur d’avoir espousé le Roi, mon seigneur et le vostre souverain et de qui avez espousé la fille ; mais la chouse du monde de quoy il estoit le plus mary, c’estoit quand il sçavoit que je seusse de ces nouvelles-là ; et, quand Madame de Flamin fust grosse, il trouva très bon quant on l’an envoya ; et jamės ne m’en fest semblant ni pire visage et moins mauvais langage. De Madame de Valentinois c’estoit, comme de Madame d’Estampes, en tout honneur… Ce n’est pas la façon de traicter les femmes de bien et de telle maison, de les injurier à l’appétit d’une putain publique ; car tout le monde, non seulement la France, sçait l’enfant qu’elle a fet, et par un petit galant outrecuidant et imprudent d’avoir accepté de son maistre un tel commandement, et luy mander un tel langage, lequel je ne puys croire qu’il vienne de vous ; car vous estes trop bien né et de la méson dont elle est ysue pour ne pas savoir comment devés vivre avec la fille de votre Roy et la sœur de celuy qui à présent commande à tout ce royaume et à vous, et qui oultre cella, vous ayme et honore comme doibt faire une femme de bien. Et si je conoissois aultrement, ne la vouldrois supporter ni rien mander pour vous faire reconoistre le tort que vous vous êtes fet… »

Et plus loin : « J’ay faict partir ceste belle beste (Fosseuse) ; car tant que je vivroy je ne souffriray de voir chouse qui puise empecher ou diminuer l’amitié que ceulx qui me sont si proches, comme elle m’est, se doyvent porter l’un à l’aultre ; et vous prie que, après que ce beau messager de Frontenac vous aura dict le pis qu’il aura peu pour vous altérer contre vostre femme, de revenir en vous-même et considérer le tort que vous aystes fet de avoir creu leur conseil et retourner au bon chemin come quand vous l’aviés…[69]. »

Henri ne pardonna jamais à la Reine-Mère cette verte mais juste mercuriale, pas plus qu’il n’oublia à l’égard de sa femme ce brusque renvoi de Fosseuse. Nous verrons combien l’année suivante, malgré encore quelques protestations réciproques d’amitié, il le lui fit cruellement sentir.

Marguerite, toutefois, disons-le bien vite à sa louange, tint la promesse qu’elle avait faite. Elle s’occupa de l’avenir de son ancienne fille d’honneur et la maria à François de Broc, baron de Saint-Mars. « Il n’est plus question nulle part, ajoute M. de Lescure, à la fin du chapitre qu’il lui a consacré, de cette jolie pécheresse, enterrée dans le mariage, où tant d’autres ressuscitent[70]. »

C’est aussitôt après lui avoir signifié son congé que les deux Reines quittèrent brusquement Fontainebleau le 28 mai et rentrèrent à Paris.

Le lundi 28 mai, ladicte dame et partie de son train disne à Corbeil, souppe et couche à Paris.

Les mardi 29 mai, mercredi 30 et jeudi 31, séjour à Paris.

(Total des dépenses pour ce mois de mai : 2 149 écus, 52 sols, 3 deniers ; le tout payé.)

Juin 1582

Du vendredi 1er juin au vendredi 8, ladicte dame et partie de son train à Paris, le reste à Fontainebleau.

Marguerite est enfin arrivée à Paris. Elle est rentrée à la Cour, après une absence de près de quatre années. Elle a revu le Louvre. Elle a repris contact avec ce milieu raffiné, corrompu, après lequel elle soupirait et qui lui avait tant manqué en Gascogne. Et elle revient toute triomphante, encore jeune, élégante, adulée, et pas le moins du monde démodée. Ses toilettes font loi dans tout son entourage ; son esprit est plus apprécié que jamais ; son appui, sa protection recherchés comme aux plus beaux jours d’antan.

Et sa joie est grande, sincère. Elle ne la cache point à son mari, à qui elle continue d’envoyer le bilan de toutes les conversations, le résumé de tous les bavardages de la Cour. Elle lui dit aussi comment elle a retrouvé Henri de Guise…

« Ils m’ont tenu beaucoup d’honneste langage et pour vous et pour moy. Quant à M. de Genevois, je n’ay point parlé à luy. Il s’en faut beaucoup qu’il soit ce que l’on nous avoit dict de Monsieur du Maine. Il est si étrangement engraissé qu’il en est difforme. Monsieur de Guise est fort enmaigri et vieilli. Ils sont pour l’humeur tels que les avez vus, sinon qu’ils sont un peu plus estonnés. Ils sont peu suivis et font souvent des parties de paume, de balle, de pale malle pour attirer la noblesse ; mais ceux qui y vont deux fois se peuvent assurer d’avoir la réprimande, qui fait congnoistre qu’il y a de la jalousie entre les ducs et eux. »

Et commençant d’insister, fidèle en cela aux instructions de sa mère et aussi du Roi son frère, pour que son mari revienne à la Cour, elle continue, insidieuse et fort éloquente :

« Si vous estiez icy, vous seriez celuy de qui les uns et les aultres dépendroient ; car chacun s’y offre ; et de craindre ceux de Guise, croyez qu’ils n’ont nul crédit ni moyen de vous faire mal ; et du Roy, je mettrai toujours ma vie en gage que vous n’en recevrez poinct de luy. Vous regagnerez les serviteurs que vous avez par la longueur de ces troubles perdus, et en acquerrez plus en huict jours, estant ici, que vous ne feriez en toute votre vie, demeurant en Gascogne. Vous y pourrez avoir des dons du Roy, pour accomodé vos affaires et pourrez plus faire pour ceux de vostre party par une parole, estant, comme vous y serez, bien auprès du Roy, que tous ceux qui s’y emploieront ne sauraient faire par leurs sollicitations. Il est très nécessaire pour toutes ces raisons que vous y fassiez au moins un voyage, ce que vous pouvez sans hazard. Je vous supplie très humblement prendre cecy comme de la personne du monde qui vous aime le plus et désire le plus vostre bien, ce que j’espère que l’expérience vous fera connaistre[71]. »

Mais Henri ne l’entend pas ainsi ; il a juré à ses amis de ne plus exposer inutilement ses jours, et, plutôt que de courir de nouvelles aventures, il préfère rester à la tête de son parti, dans son petit royaume de Béarn, en plein air, loin des roueries de la Cour et des embûches que peut lui tendre le fantasque monarque qui préside si tristement à cette heure aux destinées de la France.

En attendant qu’elle réussisse, Marguerite cherche un logis digne d’elle et de sa situation de Reine de Navarre. Son hôtel d’Anjou que lui avait donné son père en 1578, elle l’a vendu, on le sait, l’année précédente, par l’entremise de Pibrac, à la duchesse de Longueville, pour la somme de quatorze mille écus d’or. Et comme il ne lui convient pas de résider toujours au Louvre, « elle achete à ce moment, nous apprend l’Estoile dans son Journal, la maison du chancellier Birague à La Couture de Sainte-Catherine pour la somme de vingt huict mil écus. » Mais soit qu’elle l’ait fait aménager à sa convenance, soit que son humeur voyageuse lui fasse préférer à ce moment les résidences royales des environs de Paris, elle ne s’y installa, et encore momentanément, qu’au commencement de l’hiver. D’ici là, nous allons la suivre dans ses multiples pérégrinations, nous contentant d’énumérer simplement, d’après toujours ses livres de comptes, les lieux où elle résida durant tout cet été de 1582[72].

Le samedi 9 juin, ladicte dame et partie de son train, disne et souppe à Paris, couche à Saint-Maur des Fossés[73].

Le dimanche 10 juin et lundi 11, séjour à Saint-Maur-des Fossés.

Le mardi 12 juin, ladicte dame disne à Saint-Maur-des-Fossés, souppe au… Saint-Anthoine, couche à Saint-Maur des Fossés.

Les mercredi 13 juin, jeudi 14 et vendredi 15, séjour à Saint-Maur.

Le samedi 16 juin, ladicte dame et son train disne à Coupvray[74], souppe et couche à Monceaulx[75].

Le dimanche 17 juin, séjour à Monceaulx.

Le lundi 18 juin, ladicte dame disne à Crouy[76], souppe et couche à Villers-Costeretz[77].

Le mardi 19 juin, ladicte dame disne à Villers-Costeretz, souppe et couche à Acy.

Le mercredi 20 juin, ladicle dame disne, souppe et couche à Monceaulx.

Le jeudi 21 juin, ladicte dame et son train disne à Monceaulx, souppe à Jouarre, couche à Monceaulx.

Du vendredi 22 juin au lundi 25, séjour à Monceaulx.

Le mardi 26 juin, ladicte dame disne à Loigny, souppe et couche à Saint-Maur-des-Fossés.

Le mercredi 27 juin, ladicte dame et son train disne à Saint-Maur-des-Fossés, souppe à Saint-Anthoine, couche à Saint-Maur.

Les jeudi 28 juin et vendredi 29, séjour à Saint-Maur-des Fossés.

Le samedi 30 juin, ladicte dame disne à Villeneuve-Saint-Georges, souppe à Chailly[78], couche à Fontainebleau.

(Total des dépenses pour ce mois de juin, 2 363 écus, 55 sols, 4 deniers ; le tout payé.)

Juillet 1582

Du dimanche 1er juillet au mardi 31, ladicte dame, avec tout son train, à Fontainebleau.

(Total des dépenses pour ce mois de juillet, 2 363 écus, 41 sols, 22 deniers ; le tout payé.)

Par lettres patentes du 1er juillet, datées de Fontainebleau, la Reine de Navarre charge son conseiller et secrétaire Choisnyn de l’administration de tous ses biens[79].

Août 1582

Du mercredi 1er août au lundi 6, séjour à Fontainebleau.

Le mardi 7 août, ladicte dame disne et souppe à Fontainebleau, couche à Couldray[80].

Le mercredi 8 août, ladicte dame et son train disne à Corbeil, souppe et couche à Saint-Maur-des-Fossés.

Le jeudi 9 août, ladicte dame disne à Saint-Maur-des-Fossés, souppe et couche au faulbourg Saint-Honoré, à Paris.

Du vendredi 10 août au lundi 13, séjour au faulbourg Saint-Honoré.

Le mardi 14 août, ladicte dame et son train disne, souppe et couche à Saint-Maur-des-Fossés.

Du mercredi 15 août au vendredi 31, séjour avec tout le train à Saint-Maur-des-Fossés.

(Total des dépenses pour ce mois d’août : 2 092 écus, 5 sols, 5 deniers ; le tout payé.)

Malgré ce qui s’est passé entre le Roy et la Reine de Navarre au sujet de Fosseuse, Henri III ordonne à sa sœur d’écrire de nouveau à son mari pour l’engager le plus vivement possible à venir à la Cour. Marguerite obéit : « … Bèn le Roy a-t-il commandé à M. de Clervau, et à moy encore plus expressément, de vous escrire l’envie qu’il avoit que vous vinssiez, assurant que vous feriez beaucoup plus aisément vos affaires vous-mesme que par aultrui ; et pour ce qu’il s’en va aux bains où il ne veult avoir compaignie, il m’a commandé vous escrire que vous trouverez la Royne ma mère et toute la Cour à Saint-Maur. J’espère qu’il sera de retour dans trois sepmaines pour le plus tôt[81]. »

Malgré ces instances et peut-être aussi son secret désir de retourner à la Cour de France, Henri de Navarre fit encore la sourde oreille, ne voulant point déplaire aux chefs de son parti[82].

Septembre 1582

Du samedi 1er septembre au dimanche 23, ladicte dame et tout son train à Saint-Maur-des-Fossés.

Le lundi 24 septembre, ladicte dame et partie de son train à Paris, le reste du train à Saint-Maur-des-Fossés.

Le mardi 25 septembre, ladicte dame avec partie de son train disne à Paris, souppe et couche à Saint-Maur-des-Fossés.

Du mercredi 26 septembre au dimanche 30, séjour à Saint-Maur-des-Fossés, avec tout le train.

(Total des dépenses pour ce mois de septembre, 2 196 écus, 44 sols, 8 deniers ; le tout payé.)

Octobre 1582

Du lundi 1er octobre au dimanche 7, ladicte dame et tout son train à Saint-Maur-des-Fossés.

Le lundi 8 octobre, ladicte dame et partie de son train à Paris.

Le mardi 9 octobre, ladicte dame au Louvre avec tout son train.

Du mercredi 10 octobre au jeudi 25, ladicte dame et tout son train au Louvre, à Paris.

Du vendredi 26 octobre au mercredi 31, ladicte dame et son train audict Paris.

(Total des dépenses pour ce mois d’octobre, 2 231 écus, 15 sols, 6 deniers ; le tout payé.)

Novembre 1582

Les jeudi 1er novembre et vendredi 2, ladicte dame et son train à Paris.

Le samedi 3 novembre, ladicte dame à l’hostel de Navarre, à Paris.

C’est sans doute ce jour-là que Marguerite prit possession, du moins momentanément, de son nouvel hôtel, l’hôtel de Birague, à qui elle donna le nom d’Hôtel de Navarre ?

Du dimanche 4 novembre au mardi 27, ladicte dame et son train à l’hostel de Navarre, à Paris.

Du mercredi 28 novembre au vendredi 30, ladicte dame et son train au Louvre, à Paris.

(Total des dépenses pour ce mois de novembre, 2 417 écus, 6 sols, 5 deniers ; le tout payé.)

Décembre 1582

Du samedi 1er décembre au vendredi 21, dernier jour du mois[83], ladicte dame et tout son train au chasteau du Louvre, à Paris.

(Total des dépenses pour ce mois de décembre, 1 930 écus, 6 deniers ; le tout payé.)

L’idée fixe d’Henri III est de faire revenir le roi de Navarre à sa Cour. Nous avons déjà vu qu’au mois d’août, et avant d’aller aux bains, il avait ordonné à sa sœur de lui écrire dans ce sens. N’ayant obtenu aucune réponse favorable, il renouvelle ses instances et use du même moyen.

C’est de cette fin d’année 1582 qu’il faut en effet dater, croyons-nous, la lettre de Marguerite à son mari, où cette princesse s’excuse de ne pas lui écrire plus souvent, l’assure toujours de son respect, de sa fidélité, de son amitié et donne sur la Cour de si intéressants renseignements :

« Monsieur, si les moiens m’estoient aussi commodes comme ma vollonté disposée à m’acquitter de mon debvoir, je ne demeurerais si longtemps sans envoier savoir de vos nouvelles. Je vous supplie donc très humblement, Monsieur, en rejetter la faulte sur ce seul empeschement, et croire que je n’ay contentement au monde si grant que d’en sçavoir de bonnes, louant Dieu de ce que, par vostre dernière lettre, il vous plaist recongnoistre et avouer que le tems et la disposition des affaires font naistre infinies raisons pour me lier encore plus estroitement au service que je vous doibs, et pour vous convier, Monsieur, à m’honorer aussy de vostre bonne grâce. Tous les jours j’en acquiers quelque nouvelle congnoissance, ce que je m’asseure que le temps vous fera encore plus paroistre. Et sur l’asseurance qu’il vous plaist, Monsieur, me donner de vostre volonté, je vous supplie très humblement la vouloir prendre semblable à la mienne, croiant que, lorsque je manqueray à la fidélité que je vous juray, je perdray le sens et l’amitié de moy-mesme. »

Quelle sincérité faut-il voir en ces paroles, prononcées au moment où plus que jamais Marguerite s’abandonne à sa folle et coupable passion ?

Et, l’entretenant de quelque affaire particulière, elle continue, cherchant à faire revenir son mari sur les dispositions du Roi son frère, « tout disposé à l’aimer et se servir de lui, et souhaitant fort qu’il vienne. Il me commanda vous escrire, et me dict qu’il vous escriroit incontinent qu’il seroit revenu de la chasse, où il est allé pour trois jours, non sans vous y souhaiter infiniment, et à une musique qui s’est faicte dans le Louvre, qui a duré toute la nuit et tout le monde aux fenestres à l’ouïr, et luy qui dansoit en sa chambre, se plaisant beaucoup plus à tels exercices qu’il n’a accoustumé. Le bal et la table se tiennent deux fois la semaine ; et semble que l’hyver et caresme prenant qui s’approche ramene le plaisir à la Cour. Et si j’osais dire, si vous estiez honneste homme, vous quitteriez l’agriculture et l’humeur de Timon pour venir vivre parmi les hommes. Le temps n’y fut jamais si propre pour les raisons que j’escris à Monsieur de Segur, de quoy je craindrais rendre ceste lettre trop longue et pour ne tomber en ceste importunité, aveq vostre permission, je vous baiserai, Monsieur, très humblement les mains. M.[84] »

Henri III écrivit en effet, dès son retour de la chasse, une lettre des plus pressantes à son beau-frère, où il lui renouvelait son amitié et insistait pour qu’en venant de suite à la Cour il reprît le rang et la position qui lui étaient dus.

Le Roi de Navarre lui répondit cette jolie lettre, où, sous les marques de sa plus vive gratitude et de son profond respect, se cachent sa prudence, sa finesse, son habileté consommées, qualités qui allaient lui être d’un si précieux secours :

« Monseigneur, je ne pourrois représenter à vostre Majesté le contentement que j’ay eu des lettres qu’il vous a pleu m’escrire du xxiiie du mois passé ; esquelles me faictes ceste faveur de m’asseurer de plus en plus de vostre bonne grace et bienveillance, et de me desirer auprès de vous pour m’en faire plus vivement sentir les effects… Le plus grand honneur que je puisse avoir, c’est d’estre près de vostre Majesté pour pouvoir desployer mon cœur devant Elle par quelques bons services. Mais une chose me retarde d’avoir cest heur si tost, qui est que je desirerois, premier que partir d’icy, suivant les précédentes de vostre Majesté, emporter ce contentement avec moy d’avoir esteinct en ceste province toute semence de troubles et altérations, pour n’avoir ce malheur et regret, quand je serois près de Vostre Majesté, qu’il y advint encore quelque folie. Et pour parler franchement quelque peine que nous y ayons prinse, Monsr le mareschal de Matignon et moy, je ne voy encor cela si bien et si seurement accompli qu’il seroit à souhaicter. » Et entrant dans de longs et minutieux détails, il lui expose l’état des provinces méridionales de la France et lui fait espérer que, s’il arrive à les pacifier complètement, il répondra enfin à ses désirs[85].

Nous croyons devoir signaler ici que le mois de décembre de l’année 1582 n’eût que vingt-un jours au lieu de trente-un. Rien d’étonnant par suite à ce que le 21 de ce mois se trouvant un vendredi, la nouvelle année 1582 ait commencé par un samedi.

Voici comment l’explique le chanoine Syrueilh dans son si intéressant Journal :

« Soit mémoire que en l’an 1582, par auctorité de Nostre Sainct Père le Pape, fust decidé que par toute la chrétienté on retrancherait dix jours du moys d’octobre dudit an, de sorte que ledict moys, qui est ordinairement de 31 jours n’en aurait que 21, et que le jour de Pasques prochainement venant 1583, qui devoit estre le dernier jour de mars, ne sera que le dixième d’apvril. Et cella le Sainct-Père a faict pour faire tomber à jamais ledict jour de Pasques à certain jour dont Sa Sainteté en a adverti tous les princes chrétiens, affin que tous les fidèles chrestiens célébrassent ledict jour et feste de Pasques à mesme jour, temps et saison[86].

« Et pour ce que le Roy en fust tard adverti, par son édict, il ordonne que par tout son Royaume lesdicts dix jours seroient retranchés du mois de décembre dudict an 1582, de sorte que le jour de Noël, qui tombe ordinairement au 25 dudict moys, a esté célébré le 15 et ledict moys n’a eu que 21 jours. Et le lundy qui n’estoit vraiyement que le 10e dudict moys de décembre fut compté pour le 20e jour[87]. »

  1. Archives nationales, série KK., volume 169.
  2. Guessard, dans son édition, page 181, écrit en note quinze cents écus.
  3. Mémoires de Marguerite.
  4. Lettres de Marguerite, édition Guessard, p. 215. (Collection Béthune, t. 8890, folio 46.)
  5. Lettres missives, t. i, p. 433.
  6. Idem, p. 436.
  7. Lettres missives, t. i, p. 437.
  8. Idem, p. 438.
  9. Dans sa bonne Monographie de la ville de Casteljaloux, Samazeuilh ne fait aucune mention à cette époque du passage de la petite Cour de Navarre.
  10. C’était Michel de Montaigne, le propre auteur des Essais.
  11. Louis de Foix, comte de Gurson, fils de Germain-Gaston. Il fut tué, avec ses deux frères, au combat de Moncrabeau. Il avait épousé en 1579 Charlotte-Diane de Foix-Candalle (Note Clément Simon).
  12. Archives historiques de la Gironde, t. xiii, p. 342.
  13. Le château du Barrault, à trois kilomètres au nord-est de Créon, datait du xive siècle. Il appartenait, à la fin du xvie siècle, à François Jauberi de Barrault, tout dévoué à la cause du roi de Navarre. Son fils, en 1611, devint maire de Bordeaux. Il est possédé actuellement par M. le comte de Fumel, qui l’a restauré en conservant ses caractères architectoniques d’autrefois. (Voir : Léo Drouyn, La Guienne militaire ; Ribadieu, Les Châteaux de la Gironde ; Édouard Guillon, Les Châteaux historiques et vinicoles de la Gironde ; etc.)
  14. Chef-lieu de canton, arrondissement de Jonzac (Charente-Inférieure).
  15. Baignes-Sainte-Radegonde, chef-lieu de canton, arrondissement de Barbezieux (Charente).
  16. Châteauneuf-sur-Charente, chef-lieu de canton, arrondissement de Cognac (Charente).
  17. Lettres missives, t. i, p. 440.
  18. Burie, chef-lieu de canton, arrondissement de Saintes (Charente-Inférieure).
  19. Brisambourg, canton de Saint-Hilaire de Villefranche, arrondissement de Saint-Jean d’Angély (Charente-Inférieure).
  20. Archives historiques de la Gironde, t. xiv, p. 185.
  21. Archives départementales des Basses-Pyrénées, B. (1582).
  22. Saintes, 1876, in-8o.
  23. Voir aussi le travail de M. Louis Audiat : Les Entrées royales à Saintes. (Paris, Dumoulin, 1875.)
  24. Études et Documents sur la ville de Saintes, par M. le baron Eschasseriaux, p. 291.
  25. Lettres missives, t. i, p. 443.
  26. Idem, t. viii. Supplément, p. 220.
  27. « Mon cousin, écrivait-elle le 20 février au maréchal de Matignon, à cause d’une fluxion qui m’est tombée sur les jambes, je ne puis partir d’icy plus-tôt que le premier jeudi de Caresme, pour estre à Chenonceau le mardy d’après, où vous direz à ma fille que j’attendrai de ses nouvelles ; et seray bien ayse de veoir mon fils le Roy de Navarre, pour l’asseurer de la bonne volonté que le Roi mon filz lui porte ; mais je ne veulx pas aller loin ; car je ne puis plus porter les courvées comme j’ay autrefois faict. » (Bibl. nat., fonds français, no 10240, folio 71. — Cf. Lettres de Catherine, t. VIII, p. 6.)
  28. Champigny-sur-Vende, arrond. de Chinon, en Touraine, château à Louis de Bourbon, duc de Montpensier.
  29. Lettres missives, t. i, p. 444.
  30. Négociations diplomatiques avec la Toscane, t. iv, p. 419.
  31. Canton d’Aulnay (Charente-Inférieure). Le château de Dampierre est de la belle époque Renaissance. On y remarque d’élégantes cheminées et de curieux caissons de plafonds à la française.
  32. Chizé sur la Boutonne, arrondissement de Melle (Deux-Sèvres.)
  33. Lettres missives, t. i, p. 445.
  34. Mémoires de d’Aubignė (1582).
  35. Journal de Michel Le Riche, 1846.
  36. Lettres de Catherine à Matignon. Fonds français, 3351, p. 77.
  37. Voir Dupleix, Histoire de Louis XIII, p. 167.
  38. Voir les intéressants détails que nous fournit sur ce château M. Ch. Sauzé, dans sa remarquable brochure : Les Conférences de La Mothe Saint-Héray. Paris, Ém. Lechevallier, 1895. in-8o de 63 pages.
  39. Journal de Michel Le Riche.
  40. Journal de Michel le Riche.
  41. Mémoires de Duplessis-Mornay.
  42. Voir : Le Parlement de Bordeaux et la Chambre de justice de Guienne en 1582, par É. Brives-Cazes. Bordeaux, 1866.
  43. Journal de Michel le Riche. — Voir pour plus amples détails sur cette conférence le travail de M. Ch. Sauzé, Les Conférences de La Mothe Saint-Héray.
  44. Archives historiques de la Gironde. Lettres publiées dans les Actes de l’Académie de Bordeaux, 1865, p. 458. — Cf. Lettres missives, Supplément, t. viii, p. 223.
  45. Lettres missives, t. i, p. 446.
  46. Journal de Michel Le Riche, p. 364. — Cf. : Les Conférences de La Mothe Saint-Héray, par M. Ch. Sauzé.
  47. Montreuil-Bonnin, canton de Vouillé (Vienne.)
  48. Lettres de Catherine de Médicis. Fonds français, 3350.
  49. L’Estoile, dans son Journal, donne bien à tort la date du 8 mars 1582.
  50. Vendeuvre, canton de Neuville, arrondissement de Poitiers (Vienne). On y voit encore les ruines d’un vaste château, ayant appartenu, dit-on, au commencement du XVIe siècle, au général Bonnivet.
  51. La Guerche, arrondissement de Loches, célèbre par le beau château que Charles VII avait fait construire pour Agnès Sorel.
  52. Sans doute Saint-Quentin, canton de Loches, où se trouve un vieux château, habité dit-on également par Agnès Sorel.
  53. Brantôme. Vie des Dames illustres. Art. Marguerite.
  54. Ce lieu de Veret devait devenir plus tard célèbre par le fastueux château qu’y firent construire les ducs d’Aiguillon et l’existence princière qu’ils y menèrent au temps de leur splendeur. Démoli de fond en comble à la Révolution, il n’en reste plus, comme souvenir, que deux gouaches magnifiques de van Blarenberghe, de 0m 44 de hauteur sur 0m 70 de large, où le célèbre miniaturiste nous le présente, dans l’une, vu de la rive droite du Cher avec ses terrasses superposées et le brillant cortège du ministre de Louis XV ; dans l’autre, vu des prairies de derrière, avec des groupes de paysans chargeant du foin et des troupeaux qui paissent.
  55. Pontlevoy, canton de Montrichard (Loir-et-Cher), célèbre par sa magnifique abbaye, où Marguerite dut ce jour-là entendre l’office divin.
  56. Cheverny, canton de Contres (Loir-et-Cher), vieux château du commencement du XVIe siècle, rebâti à neuf en 1634 par le comte de Cheverny et remarquable surtout par son ornementation intérieure.
  57. Canton de Bracieux (Loir-et-Cher).
  58. Clery-sur-Loire (Loire), célèbre par la dévotion établie par Louis XI.
  59. Boigny (Loiret), ancien chef-lieu de l’ordre de Saint-Lazare en France.
  60. Sans doute La Cour-Marigny (Loiret).
  61. Lettres missives, t. I, p. 449.
  62. Nous savons par l’état de sa maison que le sieur de Saint-Pons et le sieur Lefebvre étaient déjà en 1578 deux de ses médecins.
  63. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy. t. 217, fol. 18. Lettre inédite.
  64. Dans ses Dépenses extraordinaires, nous lisons en effet : « À un messager que S. M. a envoyé de Nérac à Agen pour faire venir des médecins à Pau, 30 sols t. » (Archives départementales des Basses-Pyrénées. Mai 1582).
  65. Lettres missives, t. I, p. 451-455, et t. viii, Supplément, p. 227.
  66. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy. t. 217, fo 12. — Cf. Guessard, p. 283.
  67. Négociations diplomatiques avec la Toscane, t. iv, p. 421.
  68. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy, t. 217, fol. 24. — Cf. : Guessard, p. 288. »
  69. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy, vol. 211, fol. 15. Cette lettre si curieuse a été publiée pour la première fois en partie par M. le comte H. de La Ferrière dans son livre Trois Amoureuses au XVIe siècle, p. 205. Elle a été donnée ensuite in extenso par M. le comte Baguenault de Puchesse dans le numéro de Mai-Juin 1900 de la Revue Historique. Le savant éditeur des Lettres de Catherine de Médicis l’accompagne de spirituelles et piquantes réflexions sous ce titre : Les idées morales de Catherine de Médicis. — Cf. : Lettres de Catherine de Médicis, t. viii, p. 36.
  70. Les Amours d’Henri IV, par M. de Lescure. Paris, Ach. Faur, 1864.
  71. Bibl. nat. Autographe, Fonds Dupuy, t. 217, fol. 22. — Cf. : Guessard, p. 284, lequel date faussement cette lettre « des premiers jours de mars 1582, aussitôt, dit-il, après l’arrivée de Marguerite à la Cour, » alors que nous savons par ses livres de comptes que cette princesse n’y rentra que tout à fait à la fin de mai.
  72. Archives nationales, KK. 169.
  73. Le château de Saint-Maur-les-Fossés, sur la Marne, canton de Charenton (Seine), avait été construit par Philibert Delorme pour le cardinal Du Belley ; il venait d’être agrandi par Catherine de Médicis. (Voir Histoire de Saint-Maur-des-Fossés, par Z. J. Pierart, 2  vol. in-8o, Paris, Claudin, 1876.)
  74. Entre la Marne et le Grand Morin, canton de Lagny (Seine-et-Marne).
  75. Montceaux (Seine-et-Marne), où Catherine venait de faire construire un superbe château qu’Henri IV donna plus tard à Gabrielle d’Estrées.
  76. Crouy-sur-Ourq, canton de Lizy, Seine-et-Marne.
  77. Le château, bâti par François Ier, est un superbe spécimen de l’architecture de la première Renaissance.
  78. Sans doute Chailly en Bière (Seine-et-Marne), sur la lisière de la forêt de Fontainebleau.
  79. Archives nationales, KK, vol. 169.
  80. Canton de Malesherbes (Loiret).
  81. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy, t. 217, fol. 9.
  82. Voir le curieux discours de Duplessis-Mornay, ayant pour titre : Si le roi de Navarre doit aller en Cour ou non ? dans ses Mémoires.
  83. Voir à la fin de ce chapitre l’explication de cette anomalie.
  84. Bibl. nat. Autographe. Fonds Dupuy, vol. 217, fol. 15. — Cf. : Guessard, p. 291.
  85. Bibl. nat. Supplément du Fonds Français, vol. 1009-4. — Cf. : Lettres missives, t. i, p. 484. Duplessis-Mornay s’attribue la rédaction de cette longue lettre.
  86. Voir pour la réforme du calendrier faite par Grégoire XIII l’Art de vérifier les dates.
  87. Archives historiques de la Gironde, t. xiii, p. 352. — Cf. : Journal de L’Estoile.