Œuvres de Platon,
traduites par Victor Cousin
Tome quatrième


NOTES
SUR L’ION.

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Jai eu sous les yeux l’édition générale de Bekker, les éditions particulières de Müller et de Nitzsch (Leips. 1822) ; Ficin, Sydenham et Schleiermacher, ainsi que les deux traductions françaises de Grou et de l’abbé Arnaud (Mémoires de l’académie des inscriptions, tom. XXXIX). Arnaud, dans sa traduction et dans toutes ses remarques, suit et copie Sydenham sans jamais le citer, et se moque à tort de la traduction de Grou, moins élégante que la sienne, il est vrai, mais plus exacte. J’ai pris cette dernière comme base de la mienne.

Bekker, Schleiermacher et Ast rejettent l’authenticité de l’Ion ; Socher et Nitzsch la défendent. Sydenham, et d’après lui Arnaud, Morgenstern (dans son Traité sur la République de Platon, pag. 296), Socher et Nitzsch ont très bien vu que l’ironie de Platon s’étend des rapsodes aux poètes : Müller et Ast le nient et ne reconnaissent à l’Ion d’autre but que la critique des rapsodes, et ce point de vue étroit devient pour Ast un argument contre l’authenticité de ce dialogue. Après avoir un peu hésité dans une première édition, Schleiermacher dans la seconde déclare se ranger tout-à-fait à l’avis de Ast. L’édition de Nitzsch est le dernier mot et selon nous le plus sage de la critique allemande sur l’Ion. Dans ses Prolégomènes, Nitzsch examine les opinions de ses devanciers sur l’authenticité ou la non-authenticité de l’Ion, et dans les notes qu’il a jointes au texte il combat en détail les assertions particulières de Ast et de Schleiermacher et conclut en faveur de l’authenticité. Presque partout il nous a persuadé, et nous y renvoyons avec confiance.

Tant de mains habiles en passant sur l’Ion en ont aplani toutes les difficultés ; et nous avouons que, malgré toute notre attention, nous n’avons trouvé à glaner, après tant de savans hommes, aucune remarque nouvelle qui méritât la peine d’être ici mentionnée.