Introduction à la vie dévote (Brignon)/Exercice spirituel durant la Sainte Messe

Texte établi par Jean BrignonCuret (p. 447-454).


EXERCICE SPIRITUEL

DURANT
LA SAINTE MESSE.


JE vais, mon doux Jésus, avec vous au Calvaire ; faites-moi participant de la charité qui vous y conduisoit. Donnez-moi le ressentiment que les filles de Sion, vous rencontrant chargé de votre Croix, la corde au cou et la couronne d’épines sur la tête. Accordez-moi une résignation de ma volonté à la vôtre, telle qu’étoit celle de votre bienheureuse Mère au pied de la croix, par les mérites de vos douleurs, et. de votre sainte constance en votre amour : pour nous. Ainsi soit-il.


En entrant dans l’Église, dites :

SEIGNEUR, j’approcherai de votre saint Autel, j’y verrai le Saint des Saints, et louerai votre saint Nom.

Vous direz devant le saint Crucifix :

O amour crucifié ! qui vous a porté à souffrir tant de peines et une mort cruelle : pour moi, misérable pécheur ?

O Dieu de mon âme ! attachez-moi à vous, et me détachez de moi-même.

Faites-moi cette grâce, mon doux Jésus ; que ma croix soit jointe à la vôtre, et que je la porte volontiers. Je présente à vos pieds mes intentions, à votre côté mes affections, désirant de tout mon cœur que vous soyez à jamais l’unique objet de mon âme ; mon Dieu, faites-moi miséricorde. Ainsi soit-il.


Au commencement de la Messe.

TRès-doux Jésus ! je me prosterne en toute humilité à vos pieds, désirant les arroser et laver de mes larmes pour le déplaisir des péchés que j’ai commis contre votre divine Majesté ; vous suppliant d’avoir pitié de cette pauvre et chétive créature rachetée par votre précieux Sang : ne la punissez pas selon ses mérites.

Seigneur, je reconnois mes fautes et m’en repens de bon cœur. Je vous en demande très-humblement pardon me proposant, moyennant votre sainte grâce, de me garder mieux à l’avenir de retomber en de telles offenses, de tâcher avec toute diligence d’être mieux sur mes gardes, et de vous aimer de toutes les forces de mon âme. Ainsi soit-il.

Puis vous direz le Misereatur et le Confiteor, après le Prêtre.


A l’Introït de la Messe.

O Dieu Éternel ! je me réjouis de ce que vous êtes seul celui qui est, et que pas un n’ait l’être que par vous. O grandeur infinie ! vous savez bien ce que vous êtes et ce que je suis ; vous êtes tout et je ne suis rien, et cependant vous me cherchez.


Au Kyrie eleison.

O Très-miséricordieux Sauveur ! je vous demande humblement pardon pour tous ceux qui sont en péché mortel, et vous supplie par votre précieux Sang, Mort et Passion, de leur inspirer une parfaite douleur et repentance de leurs péchés, afin que votre saint Nom soit loué en eux et par eux.


Au Gloria in Excelsis.

JE me réjouis, ô mon Dieu, de vous voir adoré des Anges, et il me déplait grandement que vous soyez si méconnu et oublié des hommes. Seigneur, je vous adore avec ces esprits bienheureux, et souhaite extrêmement que tout le monde vous connoisse et vous adore. O Roi de gloire ! élevez mon cœur en haut, afin qu’il glorifie votre S. Nom en terre, comme les Anges le glorifient au Ciel. Tout ce que je dirai et ferai sera pour votre gloire, sans rechercher la mienne, j’aurai toujours en ma bouche : Gloire soit à Dieu.


Quand le Prêtre dit Dominus vobiscum, dites :

MOn Dieu, demeurez toujours avec moi, et jamais ne vous en éloignez.


A l’Épître.

O Doux Sauveur ! donnez-moi la lumière pour connoitre et accomplir toujours votre sainte volonté, et me faites la grâce de porter patiemment, pour votre amour, les adversités qui m’arriveront. Ainsi soit-il.


A l’Évangile.

O Dieu de mon cœur ! illuminez les yeux de mon entendement, et enflammez mon cœur et mes affections, afin que je puisse exécuter et garder vos commandemens, vos conseils et vos saintes inspirations. Ainsi soit-il.


Au Credo.

O Souveraine Majesté ! je crois fermement que vous êtes un Dieu en trois personnes, Père, fils et Saint-Esprit, qui de rien a créé toutes choses…

Je crois que votre seconde personne, qui est votre Fils, s’est fait homme, et est né de la bienheureuse Vierge Marie, par l’opération du Saint-Esprit ; qu’il est mort pour moi, qu’il doit juger le monde. Je crois les sept Sacremens de la Ste Église Catholique, Apostolique et Romaine. Finalement, je crois tout ce que la méme Église enseigne, et je veux vivre et mourir en cette foi, encore qu’il fut besoin d’endurer plusieurs tourmens, à l’imitation des saints Martyrs.


A l’Oblation de l’Hostie.

PÈre Éternel en l’union de votre S. Amour et en mémoire de ce divin Sacrifice qui vous fut offert sur l’Arbre de la Croix par mon Sauveur Jésus-Christ, représenté par celui-ci, je vous offre tout moi-même, toutes mes pensées, paroles et euvres, suppliant votre bonté infinie de les dresser toutes à votre honneur et gloire. Ainsi soit-il.


Au Sursum corda.

SEigneur, que vos tabernacles sont désirables ! mon âme souhaite de s’unir à vous plus ardemment que le Cerf lassé ne cherche les eaux de rafraîchissement.

Tirez-moi après vous, ô mon tout ! et je courrai après les odeurs de vos parfums ; car sans vous je ne prétends plus rien au Ciel ni en la terre. Oh ! si la mémoire de vos biens éternels demeuroit toujours empreinte dans mon âme, je ne tiendrois plus compte des biens périssables de ce monde ! O mon Dieu ! quand vous irai-je voir clairement en votre gloire ? quand aurai-je ce bonheur de me prosterner devant vous visiblement ?


Au Sanctus.

O Saint des Saints ! donnez-moi à connoître ce que vous êtes, et votre être éternel, afin que mon âme illustrée de votre lumière, vous loue, vous glorifie et vous bénisse en l’éternité. Ainsi soit-il.


A l’Élévation de l’Hostie.

O salutaris hostia, quæ cœli pandis ostium, bella premunt hostilia, da robur, fer auxilium.


Ou autrement.

O Dieu tout-puissant ! ô bonté suprême ! ô grande miséricorde ! Ô justice ! ô charité infinie ! ô Père Éternel ! voilà mon Sauveur Jésus-Christ votre Fils bien-aimé, que je vous offre en satisfaction de toutes mes offenses, négligences et ingratitudes.


A l’Élévation du Calice.

TRès-précieux Sang de mon Sauveur ! lavez-moi, purifiez-moi par l’excès de l’amour par lequel vous fûtes répandu, et pénétrez-moi de la douleur par laquelle vous fûtes tiré des veines de mon doux Rédempteur. Ainsi soit-il.


Après l’Élévation.

1. O Père très-saint, qui habitez les hauts cieux ! je me réjouis de votre sainteté ; donnez, je vous supplie, la lumière de la Foi aux infidèles, la grâce et la charité à tous les Chrétiens, et un fervent amour à tous les justes, afin que tous sanctifient votre nom en la terre, comme les bienheureux.

2. O très-sainte Trinité ! entrez dedans nous, demeurez et régnez en ceux qui vivent en la terre, comme vous régnez dans les Saints qui vivent au Ciel, afin que nous vous servions comme eux.

3. O grand Dieu ! enseignez-moi à faire votre volonté, entièrement, sans faillir, avec une pure intention de plaire à vous seul, avec promptitude, sans aucune répugnance, avec force et persévérance jusqu’à la fin, par amour et avec un amour fervent.

4. O pain de vie, qui descendîtes du Ciel pour donner la vie au monde ! donnez-vous à moi, afin que je vive pour vous, et continuellement uni avec vous.

5. O Père très-libéral ! je pardonne volontiers les offenses qu’on m’a faites, afin que vous me remettiez celles dont je vous suis débiteur.

6. O Père céleste ! voyez comme je suis combattu de plusieurs ennemis ; je ne refuse pas le combat puisqu’il vous plaît ; mais aidez-moi à remporter la victoire, qui retournera à votre gloire.

7. Seigneur, délivrez-moi de tous péchés, de votre colère, de l’esprit de fornication et de tout mal. Ainsi soit-il.


Au premier Agnus Dei.

TRès-doux Agneau, pardonnez-moi, s’il vous plaît, tous mes péchés, et particulièrement celui auquel je suis le plus enclin.


Au second.

Très-innocent Agneau, je vous demande, par le mérite de votre sainte Passion, le pardon général de tous mes péchés.


Au troisième.

O très agréable Agneau de Dieu ! donnez-moi votre paix, le repos de mes passions intérieures, et votre gloire en l’autre vie. Ainsi soit-il.

Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere nobis. Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, dona nobis pacem.


Quand le Prêtre communie, il dit trois fois :

DOmine Jesu Christe, non sum dignus ut intres sub tectum’meum ; sed tantum dic verbum et sanabitur anima mea.


Pendant le dernier Évangile.

Dites un Ave, Maria, à la Mère de Dieu pour la prier, et avec elle tous les Anges qui ont assisté au saint Sacrifice de la Messe, et spécialement votre Ange Gardien, ceux des assistans et du Prêtre, qu’ils louent et remercient Dieu pour vous, étant trop insuffisant pour le faire. ·


Bénédiction.

LE Seigneur Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit nous bénisse, nous défende de tout mal, et nous conduise à la vie éternelle. Ainsi soit-il.


FIN.