Introduction à la vie dévote (Boulenger)/Première partie/10

Texte établi par Fernand Boulenger,  (p. 24-26).


CHAPITRE X

Méditation II
DE LA FIN POUR LAQUELLE NOUS SOMMES CRÉÉS


Préparation

1. Mettez-vous devant Dieu.

2. Priez-le qu'il vous inspire.

Considérations

1. Dieu ne vous a pas mise en ce monde pour aucun besoin qu’il eût de vous, qui lui êtes du tout inutile, mais seulement afin d’exercer en vous sa bonté, vous donnant sa grâce et sa gloire. Et pour cela il vous a donné l’entendement pour le connaître, la mémoire pour vous souvenir de lui, la volonté pour l’aimer, l’imagination pour vous représenter ses bienfaits, les yeux pour voir les merveilles de ses ouvrages, la langue pour le louer, et ainsi des autres facultés.

2. Étant créée et mise en ce monde à cette intention, toutes actions contraires à icelle doivent être rejetées et évitées, et celles qui ne servent de rien à cette fin doivent être méprisées, comme vaines et superflues,

3. Considérez le malheur du monde qui ne pense point à cela, mais vit comme s’il croyait de n’être créé que pour bâtir des maisons, planter des arbres, assembler des richesses et faire des badineries.

Affections et résolutions

1. Confondez-vous, reprochant à votre âme sa misère, qui a été si grande ci-devant qu’elle n'a que peu ou point pensé à tout ceci. Hélas ! ce direz-vous, que pensais-je, O mon Dieu, quand je ne pensais point en vous ? de quoi me ressouvenais-je quand je vous oubliais ? qu’aimais-je quand je ne vous aimais pas ? Hélas ! je me devais repaître de la vérité, et je me remplissais de la vanité, et servais le monde qui n’est fait que pour me servir.

2. Détestez la vie passée. Je vous renonce, pensées vaines et cogitations inutiles ; je vous abjure, o souvenirs détestables et frivoles ; je vous renonce, amitiés infidèles et déloyales, services perdus et misérables, gratifications ingrates, complaisances fâcheuses.

3. Convertissez-vous à Dieu. Et vous, o mon Dieu, mon Sauveur, vous serez dorénavant le seul objet de mes pensées ; non, jamais je n’appliquerai mon esprit à des cogitations qui vous soient désagréables : ma mémoire se remplira tous les jours de ma vie, de la grandeur de votre débonnaireté, si doucement exercée en mon endroit ; vous serez les délices de mon cœur et la suavité de mes affections. Ah donc, tels et tels fatras et amusements auxquels je m’appliquais, tels et tels vains exercices auxquels j’employais mes journées, telles et telles affections qui engageaient mon cœur, me seront désormais en horreur ; et à cette intention j’userai de tels et tels remèdes.

Conclusion

1. Remerciez Dieu qui vous a faite pour une fin si excellente. Vous m’avez faite, o Seigneur, pour vous, afin que je jouisse éternellement de l’immensité de votre gloire : quand sera-ce que j’en serai digne, et quand vous bénirai-je selon mon devoir ?

2. Offrez. Je vous offre, o mon cher Créateur, toutes ces mêmes affections et résolutions, avec toute mon âme et mon cœur.

3. Priez. Je vous supplie, o Dieu, d’avoir agréables mes souhaits et mes vœux, et de donner votre sainte bénédiction à mon âme, à celle fin qu’elle les puisse accomplir par le mérite du sang de votre Fils répandu sur la Croix, etc.

Faites le petit bouquet de dévotion.