Deuxième Dialogue.


Plaisirs de la masturbation solitaire,
Sodomie, Tribaderie.

Séparateur


Justine. – Tous les détails dans lesquels tu es entré cette nuit, sur la conformation de l’homme et de la femme, m’étaient en grande partie parfaitement inconnus. Jusqu’ici j’avais fait usage de la différence des sexes avec mon mari sans approfondir cette différence. Mon mari a fort peu de tempéramment, il ne me faisait celà que très médiocrement, il se bornait à se placer entre mes cuisses, mettre son vit assez mou et mince dans mon con, sans l’avoir caressé le moins du monde, il se secouait sur moi sans l’ombre de ta passion, déchargeait sans s’occuper de savoir si j’en avais fait autant, de façon qu’il me plantait là souvent sans que j’eusse déchargé, il me laissait ainsi comme une enragée, mordre mes draps de désirs dont il ne s’appercevait même pas et que j’adoucissais en me grattant du doigt le clitoris en sournoise à ses côtés. Il évitait tout discours sur les plaisirs de Vénus et en résumé, me foutait comme il prenait une prise de tabac, sans ardeur, et comme on satisfait le besoin de pisser. Juge quelle différence j’ai dû trouver dans tes bras, où il n’est pas une fibre de mon être qui n’éprouve du plaisir ? C’est cette différence qui m’a rendue curieuse et m’a fait demander des détails. Continue donc à m’expliquer la théorie de ces séduisans plaisirs, que tu sais si bien procurer à tous les sens par la pratique.

Charles. – Tu sauras donc mon ange, que l’homme et la femme conformés comme je te l’ai dit, arrivent au monde avec le germe d’une propension naturelle à se joindre charnellement. Ce germe qui n’est autre chose que la disposition de se soulager de la surabondance du foutre élaboré dans les reins, se développe plus ou moins vite avec la croissance, selon la force physique et la constitution plus ou moins vigoureuse des sujets, le climat et mille autres causes trop longues à détailler. Dans notre climat, c’est ordinairement vers quatorze ans que le garçon ou la fille (un peu plus tôt même pour cette dernière) commence à sentir bouillonner dans ses veines un feu jusque là inconnu, les parties sexuelles commencent à se couvrir de poils, et ce feu nouveau n’est que le foutre qui, formé dans les reins, vient se porter de là aux parties génitales. Bientôt le garçon éprouve le désir de s’approcher de la femme, et celle-ci souhaite la présence du mâle, s’ils n’ont pas été instruits par gens plus avancés qu’eux, ni l’un ni l’autre ne sait pourquoi ces désirs, mais la nature agit, elle les pousse l’un vers l’autre. Si les occasions se présentent, cette même nature leur apprend bien vite à se caresser, d’abord d’une manière innocente, mais bientôt ils se rapprochent plus intimement, s’apperçoivent qu’ils ne sont pas faits l’un comme l’autre, et, les sens excités par le foutre brûlant qui ne demande qu’à s’élancer, ils foutent, sans savoir ce qu’ils font.

Mais si les occasions de se trouver seuls ont manqué, ou s’ils ont été instruits par d’autres, l’imagination travaille, le foutre bouillonne plus énergiquement, et poussés par ce qu’ils éprouvent sans en deviner la cause, ils portent leurs regards et leurs mains sur les parties génitales où se manifestent des sensations inconnues ; ils y provoquent par leurs attouchements d’abord involontaires, puis avec plaisir, l’émission de la liqueur séminale. Bientôt ils renouvellent en pleine volonté ces attouchements qui lui ont procuré des titillations si douces, et les voilà masturbateurs, manuéliseurs, ce sont les noms qu’on donne entr’autres à qui se branle, c’est-à-dire se procure avec la main ou autrement mais solitairement, et sans ressource de personne l’émission du foutre. Je dis : ou autrement, car il arrive par exemple qu’un garçon dans les conditions ci-dessus, s’agitant dans son lit par des inquiétudes que lui donne la naissance du foutre dans ses couilles, ou par les rêves qui excitent ces inquiétudes, se frotte contre son lit, et se procure par ce frottement suffisamment réitéré, qu’on nomme pollution une décharge complète sans avoir employé l’usage de ses mains, de même une fille dans le même cas, se remue tant dans son lit, que son traversin, ou toute autre chose analogue se trouve entre ses cuisses, qu’elle frotte contre son clitoris gonflé, qu’elle s’agite jusqu’à ce qu’elle se pâme en répandant son foutre. Dans l’un comme dans l’autre cas, ils recommencent ce jeu qui leur a causé des plaisirs divins, et finissent par trouver l’endroit qui, ainsi frotté, leur renouvelle les douceurs de la décharge, ils y portent la main et la nature leur enseigne le reste. Alors le garçon se fait un con factice de sa main ou de tout autre objet la fille se fait un vit de son doigt, d’un étui ou de tout ce qu’elle peut faire pénétrer dans son conin.

Justine. – Détaille-moi en peu de mots les jouissances que chaque sexe peut ainsi se procurer seul, ou au moins donne-moi une idée de quelques unes des manières qu’ils employent.

Masturbation masculine, solitaire.

Charles. – Je connais fort peu par la pratique les plaisirs de la masturbation mais je l’ai entendu vanter par des amis au collège et vais te raconter ce qui m’a été dit par un pauvre diable qui s’y livrait tant qu’il en est mort.

Tu connais la manière la plus usitée c’est d’empoigner son vit de la main droite, le serrer légèrement, et faire-aller la main en haut et en bas, avec des mouvements lents d’abord, puis plus accélérés, à mesure qu’on sent le plaisir s’emparer des sens. On coiffe et décoiffe le gland, et on tire le prépuce du côté de la racine du vit, de manière à tendre beaucoup le filet, en secouant légèrement et à coups pressés par le bas. Cette tention du filet et ces secousses, procurent une grande jouissance, et lors de l’éjaculation, le foutre s’élance fort loin en donnant un plaisir double, pour le chatouillement d’abord, qui est excessif, et ensuite par la vue de ces jets furieux de foutre.

Si l’on veut augmenter son plaisir la main gauche doit se promener en dessous des couilles, les presser doucement, les agiter, en tirailler les poils, aller le long du périné, chatouiller le trou du cul, y enfoncer même un doigt, après l’avoir mouillé de salive ; tout ces épisodes donnent au plaisir un aiguillon et des redoublements d’extase, qui hâtent l’émission du foutre et lui font acquérir les plus grandes douceurs.

Quelquefois le masturbateur prend à deux mains son vit qu’il agite de haut en bas découvrant et recouvrant le gland avec son prépuce jusqu’à décharge.

D’autrefois il découvre d’une main la tête de son vit, en tirant le prépuce du côté de la racine, de l’autre main il mouille de salive un doigt qu’il porte au filet tendu, et frotte doucement de haut en bas, surtout proche de la tête du vit, et tout autour de ce filet. La décharge est fort prompte et fort agréable de cette manière.

Une autre fois il prend son vit proche de la tête, entre ses deux mains ouvertes à plat, il les remue à contre sens pour rouler son vit comme on fait du manche d’une chocolatière afin de faire mousser le chocolat, les tortillements que ce genre d’exercice procure à ce vit ne tardent pas à lui faire lancer son foutre.

Une autre fois, couché sur le dos, il place son vit sur son ventre, et passe et repasse en haut et en bas ses mains sur ce vit ainsi couché, comme on fait sur le dos d’un chat qu’on caresse, il continue jusqu’à ce qu’il ait déchargé.

Une autre fois, il se couche sur le ventre le vit relevé entre le lit et son ventre, il se frotte par un mouvement de bas en haut et de haut en bas, comme s’il foutait une femme. Pour rendre son illusion plus complète, il prend son traversin, le met sous lui, comme il y mettrait une femme et se livre aux mêmes mouvements quand il a placé son vit entre son ventre et le traversin, il arrive bien vite aussi à décharger.

Ou bien encore, couché sur le ventre, il fait passer son vit couché entre ses cuisses du côté de ses pieds, il passe les mains derrière lui, mouille un doigt de chacune, s’en plante un dans le cul, et de l’autre frotte le filet de son vit qu’il a décalotté. Par ce moyen, le vit étant plié, le foutre en sort avec plus de difficulté, et le plaisir de la décharge passe moins vite.

Une autre fois pour arriver au même résultat, le masturbateur se branle debout ou assis, mais en passant la main dessous sa cuisse pour secouer son engin, qui est aussi plié, car il n’en prend que la tête, qu’il attire en arrière de manière à décharger derrière lui.

Dans tous des cas où le masturbateur en se branlant emploie une main à cet exercice ; l’autre doit être occupée autant que possible à se chatouiller la racine du vit, les couilles, le periné, et le trou du cul, on y fourre le doigt si la position le permet.

Indépendamment de la masturbation manuelle, appelée le péché d’Onan, et dont je viens de te donner une idée suffisamment étendue celui qui a le goût des plaisirs solitaires et égoïstes, ou qui ne veut pas de femmes, soit par timidité, par peur pour sa santé, ou pour toute autre raison, emploie d’autres moyens artificiels pour se procurer la bienheureuse décharge, il fourre son vit dans des trous de matelats, de traversin, ou autres meubles rembourés, dans des manchons, des peaux avec ou sans poil, dans des cuisses, des fesses, ou autres ouvertures de statues ou mannequins &a. Enfin partout où le pousse son imagination, et où il peut par frottement ou pression arriver à se faire décharger. Il y en a même qui placent leur vit tout simplement allongé entre leurs cuisses qu’ils serrent et remuent jusqu’à ce que le foutre les inonde.

En voilà je crois bien assez pour te faire connaître les ressources du masturbateur ou au moins en donner un aperçu quand à l’homme.

Arrivons à la femme :

Masturbation féminine, solitaire.

Elle n’a pas besoin de mouiller son doigt, soit pour se frotter le clitoris (qui ressemble nous l’avons dit, à la tête du filet du gland de l’homme et qui est encore plus chatouilleux) soit pour se l’enfoncer dans le con, car ces parties sont toujours naturellement un peu humectées. Aussi, la femme qui se masturbe a bientôt fait, elle retrousse ses vêtements ou même passe simplement sa main par la fente de ses poches, si elle en a et son doigt fait son office, tantôt s’agitant sur le clitoris, tantôt s’insinuant plus ou moins dans le con, où il entre et sort par des mouvements plus ou moins accélérés suivant la gradation du plaisir qu’elle éprouve jusqu’à ce qu’elle parvienne à la décharge dont les preuves sont rarement abondantes, puisque même plusieurs médecins ont douté que la femme déchargeait réellement ; prétendant que ce que l’on prend pour une émission de semence, n’est qu’une émission d’humeurs qui ne vient point de canaux séminaux, mais seulement des prostates, et qui ressemble à celle qui part aussi des mêmes parties chez l’homme, soit à la suite d’une érection vénérienne non satisfaite soit quand ces organes ont quelque faiblesse ou échauffement, humeur qui n’est pas de la semence et n’a aucune vertu prolifique. Quoiqu’il en soit, que la femme ait du véritable foutre ou seulement l’humeur des prostates, quand elle s’en décharge par suite d’une action vénérienne quelconque, elle le fait avec autant et plus de plaisir que l’homme, comme elle en perd beaucoup moins à la fois que ce dernier, elle peut recommencer plus souvent sans se fatiguer autant. C’est aussi ce qui fait que les femmes passent pour être, en général plus en état que l’homme de résister à des assauts réitérés en peu de temps.

Ajoutons à celà que l’homme ne peut s’y livrer quand il n’est pas en érection. Quand il ne bande plus comment son vit entrerait-il dans le con ? Tandis que la femme est toujours prête à recevoir le vit, elle n’a besoin pour cela d’aucune préparation d’érection et une fois qu’elle le sent dedans, le frottement et l’imagination font le reste.

La femme peut comme l’homme, se procurer autrement qu’avec la main, le plaisir de la décharge solitaire ; elle a aussi la ressource du traversin, et de toutes choses analogues qu’elle peut serrer entre ses cuisses, les colonnes de son lit contre lesquelles elle peut, comme Thérèse philosophe, frotter son con et son clitoris. Elle trouve aussi dans tous corps d’une certaine dimension analogue à celle du vit, un simulacre de ce membre dont elle peut faire usage, c’est un étui, un navet, une carotte, un cervelat, une chandelle ou bougie &a, &a.

Insistez davantage serait perdre du temps pour expliquer ce que tu comprends, j’en suis sûr parfaitement parce que je t’en ai dit ; n’est-ce pas ?

Justine. – Je crois en effet que tu m’as donné une image suffisante des plaisirs que chaque sexe peut prendre sur lui-même et sans le secours non seulement de l’autre sexe, mais même du sien propre, et cela solitairement, en égoïste, selon ton expression vraie. Fais-moi aussi à peu près le tableau des plaisirs que peuvent prendre ensemble deux individus du même sexe, deux hommes seuls entr’eux sans femme et ensuite deux femmes seules entr’elles sans homme :

Sodomie entre hommes.

Charles. – Je ne pourrai te parler des plaisirs de deux ou plusieurs hommes entr’eux, sans femme que par oui dire, car je me suis jamais livré à ce genre qui ne m’avait jamais plu, quoique je l’aie entendu vanter par des amateurs. Jamais une main ou toute autre partie masculine n’a touché à aucune partie de ma personne à nud, pas plus que je n’ai moi, touché, soit de la main, soit du vit une partie masculine à nud. Chacun son goût, parlons de ceux qui en ont un autre que le mien :

Deux hommes peuvent se branler mutuellement de toutes sortes de manières, ils peuvent se frotter en tous sens, l’un contre l’autre, et se procurer ainsi cette évacuation de semence qui, de quelque manière qu’elle arrive, cause toujours plus ou moins de sensation voluptueuse. Mais la façon la plus usitée entre les chevaliers de la manchette, les bougres, socratiseurs enculeurs ou sodomites, noms qu’on donne à ceux qui aiment à se livrer entre hommes aux plaisirs de Vénus, c’est de se mettre l’un à l’autre ; à tour de rôle ou en gardant toujours le même ; le vit dans le trou du cul. Je dis à tour de rôle, pour ceux qui aiment à être tantôt agent (c’est celui qui met son vit dans le cul de l’autre ; on l’appelle aussi bardache, enculeur, fouteur en cul &a) tantôt patient (c’est celui qui reçoit le vit dans son cul on l’appelle aussi mignon, giton &a. Et je dis, ou en gardant le même rôle pour ceux qui aiment à être, soit toujours agent, soit toujours patient.

Ces hommes peuvent prendre entre eux toutes les postures où l’on peut présenter le cul à l’autre ; soit debout, soit assis, soit couché. Je t’en ferai une description plus étendue en te parlant des fouteries en levrette entre hommes et femmes, il ne faut pas s’appesantir ici sur ce qui doit t’intéresser fort peu, car tu n’as certes pas l’envie d’enculer personne.

Dans tous les cas l’homme qui encule passe ordinairement une main par devant son giton, lui prend le vit, le branle, lui chatouille les couilles et le périné, de façon que tous deux déchargent en même temps, l’un dans le cul de l’autre qui lui en fait autant dans la main. Pendant tous ces actes les deux hommes se baisent, se caressent sur toutes les parties du corps qu’ils peuvent atteindre de la bouche et des mains, ils font langue fourrée, et se traitent enfin comme s’ils étaient de sexe différent. Quelquefois l’un baise le cul de l’autre, ou le branlant il lui enfonce les doigts ou la langue dans le trou du cul, ils se palpent les couilles, et toutes les parties environnantes, se les mordillent, se les sucent, &a. D’autres fois ils se mettent tête-bêche ; se sucent mutuellement le vit, se le pressent des lèvres, des dents, et promènent leur langue sur le gland décalotté, jusqu’à ce qu’ils se soient réciproquement déchargé dans la bouche, ils se servent en même temps de leurs mains pour s’exciter par tous les attouchements imaginables surtout les parties respectives de leur corps, mais toujours principalement aux couilles, à la racine du vit, au périné et au trou du cul dans lequel ils fourrent un ou plusieurs doigts à la fois. Ils se foutent aussi en aisselles et autres parties du corps, imitant entr’eux autant que possible tout ce que peuvent faire un homme et une femme, ainsi que je te l’expliquerai plus tard.

Il y a de ces hommes là, qui prennent un grand plaisir à se faire rendre dans la main. ; ou même dans la bouche, le foutre qu’ils ont lancé dans le cul de leur giton. Il y en a qui vont jusqu’à se pisser et même se chier soit dans la main, ou même dans la bouche ou toute autre partie du Corps de l’autre. Ils se sucent quelquefois le vit de préférence au moment où il sort du cul et qu’il est ainsi encore couvert d’excréments car un des agréments de l’enculade c’est de retirer du cul, son vit tout empreint de merde, il y a même beaucoup d’enculeurs qui n’aiment à enculer qu’un homme qui a envie de chier, ils disent que celà procure au vit un bourrelet moëlleux et que le vrai plaisir de l’enculeur est de plonger son vit dans un étron chaud qui obstrue l’anus, et est prêt à en sortir, aussi avant de se livrer à l’acte sodomite, ils s’assurent avec le doigt, si le patient ou giton a l’œuf, c’est à dire si son cul est plein et prêt à pondre. En un mot ces hommes dépravés se livrent entr’eux à tout ce que l’imagination peut trouver de plus sale, de plus dégoûtant, ils appellent cela du plaisir.

Quelques uns de ces hommes abrutis par ces débauches crapuleuses, se livrent à la prostitution avec des animaux, chien, chat, bouc, chèvre, vâche, bœuf, &a ; ceci s’appelle la bestialité. Le déréglement des idées de ces hommes est inimaginable, et tu ne peux te figurer jusqu’où les passions les égarent. Ils se réunissent plusieurs ensemble pour s’exciter par l’émulation à inventer du nouveau, ils se mettent quelquefois trois en action, celui qui est choisi encule un camarade qu’il branle, tandis qu’un autre l’encule lui-même. Ils disent que celui qui tient ainsi le milieu entre les autres éprouve double plaisir, parcequ’il est en même temps agent et patient, et qu’il reçoit dans le cul le foutre d’un ami pendant qu’il lance le sien dans le cul d’un autre ami qui lui inonde la main du sien au même moment. Ils se mettent quelquefois une douzaine d’hommes en rond, le cul de chacun tourné vers le vit d’un autre, à un signal convenu chacun enfile le cul qui se trouve devant son vit, de façon que chacun a, à la fois, un vit dans le cul et son propre vit dans le cul d’un autre, et ils sont tous en même temps, chacun agent et patient. Ils se palpent, ils se caressent, ils s’agitent, se font langue fourrée en se présentant le visage et enfin le cercle ne se rompt que quand chacun a perdu son foutre. Ils appellent cela le rosaire ou chapelet de Caravage (peintre qui en a fait un tableau).

Tribaderies entre femmes.

Ne crois pas que les femmes soient moins extravagantes dans leurs plaisirs entr’elles sans hommes. Celles qui redoutent les approches du mâle, ou préfèrent leur propre sexe sont encore plus folles et plus déréglées que les hommes entr’eux dans leurs écarts. Elles mettent à contribution toutes les ressources de leur corps, et des corps étrangers, pour se procurer cette bienheureuse décharge, le seul objet de tous les vœux des libertins et libertines ; rien n’est épargné par eux pour arriver à ce résultat. Elles se branlent mutuellement, se frottant le clitoris du doigt qu’elles s’introduisent aussi réciproquement dans le con, en se baisant, se patinant les tètons, les fesses et toutes les parties du corps ; se donnant le postillon, tu sais que c’est fourrer un doigt mouillé dans l’anus, elles se mettent l’une à l’autre dans le con tout ce qui a une forme analogue à celle du vit, elles se mettent l’une sur l’autre, entrelacent leurs cuisses et se frottent con à con, se pressant, s’étreignant comme si elles étaient de sexe différent, et se remuant d’importance et convulsivement jusqu’à ce qu’elles obtiennent le suprême bonheur de la décharge. Que ce soit du foutre ou de cette liqueur des prostates dont parlent les médecins, car le résultat est le même pour leurs plaisirs ; elles recommencent jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus par épuisement. Quelques unes s’affublent de godemiché, c’est une petite machine faite à l’image du vit de l’homme, avec ses couilles et son poil, fabriqué avec plus ou moins d’art et d’une matière quelconque, offrant la consistance et le poli doux convenable, qui s’adapte au moyen de rubans ou cordons y tenant, au bas ventre, et à la place où serait un vit chez l’homme, dont celle qui se l’attache entre les cuisses et aux reins, remplit les fonctions vis-à-vis d’une amie, dans le con de laquelle elle introduit cette machine, qui est un canal creux en bois, os ou fer blanc de la grosseur et de la longueur qu’on veut, et recouvert en peau ou en velours, il est fendu à la tête comme celle du vit de l’homme et a un trou dans cette fente. On l’emplit de lait tiède ou autre liquide analogue, et un piston comme celui d’une seringue sert à lancer ce liquide dans le con, au moment propre, c’est-à-dire à celui où la femme qui l’a dans le con va décharger elle même.

On en fait en caoutchouc, avec les couilles de même matière et après les avoir empli de liqueur, il suffit d’en presser les couilles par secousse au bon moment, pour en faire élancer la liqueur par la fente et le trou de la tête ou gland du godemiché absolument comme s’élancerait le foutre d’un vit véritable. On en fabrique même de doubles, c’est-à-dire qui ont deux vits en longueur séparés au milieu par de doubles couilles ; deux femmes peuvent avoir ainsi en même temps chacune un simulacre de vit dans le con, ou dans le cul, à leur choix, et jouir en même temps comme si elles étaient hermaphrodites, c’est-à-dire mâle et femelle ; en pressant chacune les couilles factices qui tiennent au bout dont elles jouissent, chacune reçoit de son côté, en même temps si elles veulent, ou séparément, à leur volonté, l’émission de la liqueur qu’elles y ont mise, pendant qu’elles mêmes lâchent la leur propre.

On a imaginé aussi des simulacres de cons, qui en effet y ressemblent et servent à certains hommes, soit en les tenant à la main, soit en les appuyant entre les cuisses des statues ou mannequins.

Les enculeurs emploient aussi les godemichés simples ou doubles dans leurs orgies soit pour remplacer les vits épuisés, soit par pur libertinage, et pour se faire branler pendant que ces simulacres agissent.

Les femmes se mettent aussi tête bêche pour se gamahucher réciproquement et en même temps, elles se sucent le clitoris, font frétiller leur langue dessus, tout autour et dedans le con, où elles fourrent la bouche, le nez, le menton, elles se chatouillent aussi le trou du cul, y mettent le nez, la langue, le doigt, se pincent, se baisent les fesses, se mordillent partout. Quelques fois l’une d’elles se met à cheval soit sur les tètons de l’autre qui lui chatouille le clitoris avec la fraise de son sein, soit sur la bouche qui travaille alors les appas à sa portée comme dans le tête-bêche, et pendant tout cela les mains ne sont pas oisives, et vont partout exciter la volupté par les titillations les plus douces, les plus variées et les plus réitérées. Enfin il n’est pas de postures d’attouchements qu’elles ne pratiquent ; toutes les parties de leur corps sont visitées, baisées, palpées, pincées, sucées, mordillées, elles cherchent à s’incorporer l’une dans l’autre par toutes les ouvertures et s’épuisent l’imagination à trouver de nouveaux moyens de s’épuiser elles-mêmes par des décharges réitérées et de plus en plus voluptueuses et libertines.

Ces femmes se traitent d’amant et maîtresse ou de mari et femme, il y en a ordinairement qui préfèrent jouer le rôle de l’homme, alors elles sont les amants ou maris, quelque fois elles changent de rôle &a. On appelle ces femmes Tribades, Amandrines, mots dérivés du grec qui signifie femme qui n’est pas pour homme ou qui préfère les femmes ; on les appelle aussi Lesbiennes, gamahucheuses, suceuses, parcequ’elles se livrent particulièrement à la succion des parties génitales, goût particulier des femmes de Lesbos.

Il y a aussi des femmes qui dressent des chiens ou autres animaux à leur lécher le clitoris et le con jusqu’à ce qu’elles déchargent, d’autres s’amusent de ces animaux, soit les branlant pendant qu’elles se branlent elles mêmes, soit en s’en faisant foutre. Elles vont jusqu’à employer des ânes, qu’elles suspendent par les pieds de devant au moyen de cordons pendus au plafond ou à une solive, elles se glissent ensuite dessous ses pieds de devant soit ventre à ventre, le dos appuyé sur une caisse ou des bottes de feuilles, soit se mettant à quatre pattes les fesses tournées vers le vit de l’âne qu’elles branlent dans l’un ou l’autre cas, et dont elles dirigent le bracquement dans leur con, par devant ou en levrette, le tenant toujours pour l’empêcher d’entrer plus avant qu’elles ne pourraient le supporter sans danger d’être éventrées ; elles laissent faire ensuite l’âne qui les traite bientôt comme ânesse, et déchargent plusieurs fois pendant que l’âne leur darde avec vigueur au fond de la matrice son foutre brûlant qui les inonde, ressort du con par son abondance et leur coule le long des cuisses et des jambes.

Que te dirai-je de plus sur cet article ? Je ne vois guère ce qui me resterait à t’apprendre. Il se fait tard. Si tu n’as envie de dormir un peu avant de nous lever, habillons-nous de suite, déjeunons et allons faire un tour de promenade ; nous reviendrons vers trois heures et pourrons jusqu’au diner à six heures, reprendre nos leçons.

Justine. – Levons-nous donc et déjeunons. Je m’y sens toute disposée et n’ai nulle envie de dormir.

On s’habille en effet, on déjeuna fort bien et on alla faire faire un tour au bois de Boulogne, dans une voiture de remise bien fermée contre les regards indiscrets. Pendant cette absence la portière accoutumée à servir Charles dans ces occasions mit ordre à tout et prépara les choses pour le diner commandé d’avance pour six heures par notre héros qui avait donné ses ordres dès la veille.

Les amants rentrèrent à trois heures et après s’être mis à l’aise, ils s’assirent sur un bon canapé côte à côte et reprirent le dialogue abandonné le matin pour déjeuner.