Décarie, Hébert & Cie (p. 241-253).

XXII


Nous ferions mieux de ne rien dire pour le moment, dit Totty à George le lendemain. Cela n’amènerait que des complications : ce sera beaucoup plus facile quand nous serons rentrés en ville. »

Tous deux étaient assis dans le petit boudoir, discutant l’avenir et revenant sur ce qui s’était passé. George était dans un état d’esprit qui l'étonnait ; il se trouvait risible à ses propres yeux, mais il était loin d’être malheureux. Sa surprise causée par le tour qu’avaient pris les événements n’était pas encore passée et il ne pouvait s’empêcher de rire à ses dépens de n’avoir pas mieux connu la disposition de son esprit. En même temps, dans sa reconnaissance envers Totty pour le rôle qu’elle avait joué, il était prêt à céder à tous ses désirs. Pour ne pas encore annoncer le mariage, elle lui disait, entre autres raisons, qu’il était plus convenable aux yeux du monde de ne publier les bans qu’après le retour de Sherry. En outre, si les fiançailles devenaient officielles, l’usage voulait que George quittât la maison et trouvât un logement dans la ville la plus proche.

« Je ne peux vraiment pas dire pourquoi, dit Mme Trimm, mais cela s’est toujours fait ainsi et je serais désolée si vous nous quittiez maintenant.

— Et je serais bien fâché de m’en aller, » répondit George d’un air rêveur.

La chose fut donc décidée sans que George en éprouvât trop de déplaisir. Dès que le temps le permettrait, ils retourneraient tous à la ville et feraient d’actifs préparatifs pour le mariage. Totty ne voyait pas de raison pour que le jour ne fût pas fixé en novembre. Les longues fiançailles étaient odieuses, affirmait-elle, et en somme, il n’y avait aucun motif pour reculer le mariage. Elle assura à Mamie qu’avec un peu d’activité tout pourrait être prêt à temps.

Quinze jours se passèrent avant que George songeât à tenir sa promesse d’aller faire visite à Grâce. Au bout de ce temps, il se décida cependant, par charité, à s’informer de sa santé. Il traversa la rivière et se rendit à la vieille maison par la grande avenue. En traversant le jardin, il tomba inopinément sur Constance qui se promenait nonchalamment dans les allées désertes.

« Il y a bien longtemps que nous nous sommes rencontrés ? s’écria-t-elle avec une intonation de joie, en lui tendant la main.

— Effectivement, répondit George. Je suis venu une fois voir votre sœur, mais vous étiez absente. Comment va-t-elle ?

— Elle va bien… aussi bien qu’on pouvait l’espérer. Mais elle ne veut pas partir d’ici et je suis convaincue qu’il est mauvais pour elle d’y rester.

— Pourtant, l’automne est déjà commencé… et bientôt l’hiver…

— J’avoue, répondit Constance, que pourvu que Grâce soit satisfaite, je m’inquiète peu de passer l’hiver ici ou à la ville.

— Il faudrait aussi penser à vous. Vous paraissez un peu fatiguée, et vous devez vous ennuyer dans cette lugubre solitude.

— Pas plus qu’ailleurs. Mais c’est perdre son temps que de parler de tout cela. Venez à la maison. Grâce sera bien aise de vous voir ; il y a longtemps qu’elle attend votre visite.

— Tout à l’heure, dit George. Je désire vous dire quelque chose… quelque chose qui va vous surprendre.

— À propos de vous ?

— Oui… Ce n’est pas encore annoncé, mais je désire que vous le sachiez… Je vais me marier. Rien entendu, ne le dites à personne.

— Vraiment ! s’écria Constance avec un léger tressaillement.

— Oui. Je vais épouser ma cousine, Mamie Trimm. »

Constance avait déjà l’air si malade qu’on n’aurait pu dire si l’annonce de cette nouvelle l’avait fait pâlir. Elle continua de marcher tranquillement, les yeux fixés devant elle comme si elle regardait un objet éloigné.

« C’est un peu subit, peut-être, dit George d’un ton qui résonna désagréablement à ses propres oreilles comme une apologie.

— Un peu, répondit Constance avec effort. J’avoue que j’en suis étonnée. Recevez toutes mes félicitations. »

Elle s’arrêta, éprouvant dans tout son être une bizarre émotion qu’elle essaya de repousser.

« Si vous êtes heureux, j’en suis très contente, ajouta-t-elle. Ce n’est pas ce que j’espérais, mais je suis enchantée.

— Merci. Mais, Constance, qu’espériez-vous donc ?…

— Rien… rien… c’est très naturel, après tout. Quand vous mariez-vous ? »

Toute sa froideur avait reparu dans sa voix en prononçant ces derniers mots.

« En novembre, je crois, mais en tout cas, avant Noël. On attend M. Trimm demain ou après. Il a envoyé son consentement par le télégraphe.

— Vraiment ! C’est très heureux que tout cela se soit fait si vite. J’ai froid… Ne trouvez-vous pas qu’il fait glacial ici ? Rentrons et allons trouver Grâce. »

Ils n’échangèrent pas d’autres paroles jusqu’à la maison. Au moment d’entrer, elle se tourna vers son compagnon.

« Grâce est dans le salon, lui dit-elle. Elle désire vous voir seule… ainsi donc, adieu. J’espère de tout mon cœur que vous serez heureux… mon cher ami. Adieu. »

Elle s’éloigna et le laissa seul dans le grand vestibule. Il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle eut disparu dans l’escalier.

Il s’était imaginé qu’elle accueillerait différemment sa nouvelle. Elle l’avait, en apparence, reçue avec une très grande froideur. Cela, du moins, était une satisfaction. Mais il ne savait, pas si elle était réellement contente ou fâchée d’apprendre qu’il allait se marier.

Quand il entra dans le salon, Grâce se leva et alla à sa rencontre. Elle paraissait plus grande et plus majestueuse depuis la mort de son mari et son visage portait l’empreinte d’une volonté énergique et d’une tristesse qui ne s’y trouvait pas autrefois.

« Je suis très contente de votre visite… c’est bien bon à vous d’être venu, dit-elle.

— En dehors du plaisir que j’éprouve à vous voir, je ne pouvais faire moins, puisque j’avais promis… J’ai rencontré votre sœur dans le jardin. Elle m’a dit qu’elle avait tenté en vain de vous éloigner d’ici pendant quelque temps. »

Grâce hocha la tête.

« Pourquoi m’éloignerais-je ? demanda-t-elle. Je suis moins malheureuse ici que je ne le serais ailleurs.

— Pourtant cela vaudrait mieux pour vous deux. Votre sœur a très mauvaise mine et j’ai été frappé de son changement.

— Vraiment ? Pauvre enfant ! Ce n’est pas gai pour elle. Je suis une si triste société. Je finirai tout de même par partir à cause d’elle.

— Je crois que vous lui rendrez ainsi un grand service, » observa George.

Il trouvait très difficile de causer avec cette jeune veuve au cœur brisé, et, bien qu’il admirât sa douleur, il ne pouvait s’empêcher de se demander quel temps elle laisserait passer avant de prendre un autre mari.

« Non, répondit Grâce. Ce ne sera pas suffisant. Elle m’inquiète en ce moment. Si elle continue ainsi, elle deviendra une de ces femmes maladives, névrosées, craintives, qui s’imaginent sans cesse avoir commis de grands péchés et ne sont jamais satisfaites de leur repentir.

— Elle est trop sensée pour…

— Non, elle n’est pas sensée pour ce qui concerne sa conscience. Je voudrais qu’il se trouvât quelqu’un qui pût la faire sortir d’elle-même,… quelqu’un de fort, d’enthousiaste, qui débarrasserait son esprit et son cœur de toutes ces sottises-là.

— En d’autres termes, dit George en souriant, vous voudriez que votre sœur se mariât.

— Oui, si elle pouvait épouser l’homme qui lui conviendrait… un homme comme vous, par exemple.

— Comme moi ! s’écria George très surpris.

— Oui… puisque cela m’a échappé. J’aurais voulu qu’elle vous épousât, en définitive. Vous allez peut-être trouver que je change facilement d’avis. J’en conviens. Je me suis trompée. Je vous avais mal jugé. Si l’on pouvait revenir en arrière, au lieu de me désintéresser de ce qui se passait l’année dernière, je vous aurais aidé. Cela eût beaucoup mieux valu. J’ai des regrets à présent.

— Je ne me serais jamais attendu à vous entendre dire cela, dit George en observant les grands yeux noirs de la jeune femme pour essayer de lire dans ses pensées.

— Je vous ai déjà dit une fois que ma seule vertu était la franchise. Ce que je pense, je le dis, lorsque l’occasion se présente. Je vous ai assuré que je n’avais jamais eu de haine contre vous, c’est parfaitement vrai. Je n’avais pas de sympathie pour vous et ne vous désirais pas pour beau-frère. Voilà tout. Autrefois, il y a plus d’un an de cela, nous nous disputions souvent, Constance et moi, à propos de vous. Elle admirait tout ce que vous faisiez et j’étais loin de l’imiter. C’était avant la publication de votre premier ouvrage, quand vous n’écriviez encore que des articles pour les petits journaux. Elle les trouvait tous des chefs-d’œuvre et, pour moi, la plupart n’étaient que du bavardage. Depuis, vous avez écrit plusieurs choses que j’ai trouvées bonnes et vous vous êtes fait un nom. Mais ce n’est pas pour cette raison que mon opinion sur vous a changé. Si vous écriviez encore vos petits articles, je penserais tout autant de bien de vous que j’en pense à présent. Je vous croyais… un être intelligent, un peu faible et sans énergie. J’ai découvert que vous étiez fort, brave, et raisonnable. Je ne m’attends pas à ce que vous songiez jamais à épouser ma sœur, mais si vous le faisiez, j’en serais bien aise, et si vous ne le faites pas, je regretterai toujours de ne pas avoir usé de toute mon influence pour que Constance vous acceptât. J’ai fini et je suis bien contente d’avoir eu l’occasion de vous dire ce que je pensais. »

George garda le silence pendant quelques minutes. Tout ce qu’il venait d’entendre confirmait ses idées sur le caractère de la jeune femme. Mais il restait satisfait de sa franchise.

« Moi aussi, répondit-il enfin, j’ai changé d’avis à votre égard. Je m’étais toujours figuré que vous étiez un obstacle entre votre sœur et moi, et que sans vous il y a longtemps que nous aurions été heureusement mariés. Je vous détestais donc cordialement. Quand vous êtes venue m’apporter sa décision, j’ai d’abord cru à votre sincérité : mais, une fois hors de la maison, j’ai commencé à penser que tout avait été combiné entre vous et votre sœur et que vous étiez la main dirigeante. Cependant, petit à petit, cette idée s’est effacée et j’ai fini par croire réellement à votre franchise.

— Nous nous comprenons enfin, dit Grâce en s’appuyant dans son fauteuil, tout en observant le visage du jeune homme de dessous ses paupières alourdies. C’est étrange. Je n’aurais jamais pensé que nous en arriverions là, et jusqu’à ces derniers temps je n’aurais jamais supposé que cela pût être aussi agréable. »

George fut frappé de la familiarité de son ton. Elle l’avait toujours traité froidement et avec la politesse la plus réservée. Il s’était même demandé autrefois quel serait le son de sa voix si elle avait à dire quelque chose d’aimable.

« Vous êtes bien bonne, répondit-il aussitôt. Quant au reste… à ce que vous avez dit au sujet de votre sœur… j’ai fait de mon mieux pour éloigner le passé de mon esprit et j’ai réussi. Quand je l’ai rencontrée dans le jardin tout à l’heure, je lui ai annoncé mon prochain mariage. Mon intention était de n’en faire, part à personne, excepté à Mlle Constance, avant que ce ne fût officielle : mais je ne puis m’empêcher de vous en parler après ce que vous venez de me dire. J’épouse ma cousine dans deux mois. »

Grâce ne changea pas de position et ne parut pas étonnée. Elle s’attendait depuis longtemps à cette nouvelle.

« Je pensais que cela arriverait, dit-elle. Je suis très heureuse de l’apprendre. Mamie est bien mieux que Constance, la femme qui vous convient. Je voudrais que ma sœur fût moitié aussi naturelle. aussi enthousiaste, et aussi sensée. Elle a beaucoup de qualités, mais elle n’a pas celles-là.

—Pas enthousiaste ? demanda George qui se souvenait de ses encourageantes appréciations.

— Non. Elle a beaucoup changé depuis le temps où vous la voyiez tous les jours. Vous aviez une bonne influence sur elle, vous aviez touché son esprit, si vous n’aviez pas suffisamment réussi à toucher son cœur. Elle ne se soucie plus de rien, ne parle pas, ne lit pas, ne fait rien qu’écrire de longues lettres au Docteur Drinkwater sur ses charités… ou sur son âme, je ne sais au juste. Votre énergie lui faisait du bien. Elle a bien un cœur, je crois, et beaucoup de tête, mais qu’elle étouffe avec son âme.

— Elle prendra le dessus, dit George. Cela ne durera pas. Ce n’est qu’un moment à passer.

— Elle ne prendra jamais le dessus, à moins qu’elle ne se marie, répondit Grâce d’un ton convaincu.

— C’est très singulier. Vous parlez maintenant comme si vous étiez sa mère au lieu d’être sa sœur cadette.

— Sa sœur cadette ! s’écria Grâce en soupirant. Je suis plus vieille de cent ans, maintenant que je connais la signification de ces deux mots… bonheur et souffrance.

— Vous avez, effectivement, fait l’expérience des deux, répondit George à voix basse.

— Je pense quelquefois que ce sont les deux seuls mots au monde qui aient une signification. »

L’immuable expression de douleur s’accentua sur son visage, pendant qu’elle parlait, sans en altérer ni changer la régularité des contours, mais leur prêtant quelque chose de solennel et de noble. George la regarda avec une sorte d’admiration et la grande question de la signification de la vie et de la mort se dressa devant lui, au souvenir de l’étreinte suprême de John Bond. Ils étaient ensemble sous l’eau. L’un s’était noyé et avait emporté avec lui le bonheur de la femme qu’il aimait. Lui, avait été sauvé, et la vie d’une autre femme s’était éclairée de rayons de soleil. Pourquoi l’un plutôt que l’autre ?

« Vous avez raison, je pense, dit-il après une longue pause. Bonheur et souffrance sont les seuls mots qui aient ou devraient avoir une signification. Le reste… est affaire d’opinion, de goût, de mode, de tout ce que vous voudrez, excepté de cœur.

— Constance vous dira que le bien et le mal sont les deux mots importants, dit Grâce. Elle vous dira que le vrai bonheur consiste à pouvoir distinguer entre les deux et que la souffrance vient de ce que l’on confond le mal avec le bien.

— La religion ne nous impose pas de ne rien sentir ? dit George.

— Non, pourtant c’est en quoi semble consister la religion pour ceux qui n’ont jamais rien éprouvé. Méprisez vos chagrins et vos joies, qui sont sans aucune importance à côté du salut de votre âme. Peu importe qui vit ou meurt, qui se marie ou est trahi, pourvu que vous preniez soin de votre âme, de votre misérable, indigne et égoïste petite âme et que vous la conduisiez saine et sauve au ciel ! Mais je ne sais pas pourquoi je vous dis tout cela, peut-être à cause du soulagement que j’éprouve à pouvoir parler avec quelqu’un qui me comprenne. Quand vous mariez-vous ?

— En novembre, j’espère.

— À propos, que pensera M. Craik de ce mariage ? Il fera probablement quelque chose pour Mamie.

M. Craik est mon ennemi, dit George. Je n’ai jamais songé à ce qu’il pouvait faire ou ne pas faire.

Mme Trimm doit le savoir, en tout cas. Qu’a dit Constance quand vous lui avez annoncé vos fiançailles ?

— Très peu de chose. Ce qu'elle vous dira sans doute. Qu’elle espère que je serai heureux et qu’elle est bien aise d’apprendre mon mariage.

— Je voudrais bien savoir ce qu’elle pense, » dit Grâce d’un air pensif.

George jugea qu’il serait plus discret de ne pas donner son opinion sur cette question.

« Nul ne saurait dire, continua Grâce, elle moins que tout autre. J’ai cru une ou deux fois qu’elle vous regrettait et qu’elle eût désiré que vous fissiez une nouvelle demande. Et puis, d’autres fois, je me suis convaincue qu’elle n’était qu’ennuyée… ennuyée à mourir, de moi, de son entourage, du Docteur Drinkwater, des pauvres, et de son âme. Pauvre enfant, j’espère qu’elle se mariera bientôt !

— Je l’espère aussi, dit George en se levant pour prendre congé. Voulez-vous être assez bonne pour ne rien dire de ce mariage avant qu’il soit annoncé ? Cela sera dans une quinzaine environ.

— Certainement. Venez me voir en ce moment, si vous ne venez plus tôt. Ce sera bien bon à vous. Adieu. »

Il sortit et traversa le jardin, se dirigeant vers le petit bois et pensant beaucoup plus à Grâce et à sa conversation qu’à Constance. En dehors de son aspect qui excitait sa sympathie, il se sentait séduit par la franchise peu commune de la jeune femme, qui, cependant, lui semblait plutôt de la brusquerie masculine que de la sincérité féminine. On eût dit qu’elle avait pris et retenu quelque chose des manières de son mari. George était absorbé dans ses réflexions quand il se trouva en face de Constance au tournant d’une allée.

« Je vous croyais dans la maison, » dit-il en jetant un coup d’œil sur son visage, comme s’il s’attendait à y voir quelque signe de récente affliction.

Mais si Constance avait versé des larmes, elle avait réussi à en effacer les traces. La vérité c’est qu’elle avait peur de s’être laissée aller à trop d’émotion dans l’entrevue du jardin et maintenant, pour effacer toute fâcheuse impression sur l’esprit de George, elle avait résolu de se montrer de nouveau à lui.

« Êtes-vous dans votre bateau ? lui demanda-t-elle. Comme il fait un peu frais, je pensais que, si cela ne vous faisait rien, je vous demanderais de me conduire dix minutes au soleil. Voulez-vous !

— J’en serai enchanté, » dit George en se demandant ce que pouvait cacher ce subit désir de canotage.

Quelques minutes après, elle était assise à l’arrière et George ramait tranquillement en remontant le courant. À sa grande surprise, elle se mit à causer, sans embarras, de toutes sortes de sujets, lui faisant des questions sur son livre, comme autrefois, mais sans jamais faire aucune allusion au passé, ni à son mariage, jusqu’au moment où, sur sa demande, il l’eut reconduite au débarcadère. Elle insista pour qu’il la laissât retourner seule à la maison.

« Adieu, dit-elle, et bien des remerciements. J’ai chaud à présent : je suis très, très contente de votre mariage et vous remercie de me l’avoir annoncé. J’espère que vous m’inviterez à la cérémonie ?

— Naturellement, » répondit George imperturbablement.

Puis, tandis qu’il s’éloignait sur le fleuve, il suivit des yeux sa mince silhouette qui gravissait l’allée tournante conduisant du débarcadère à la terrasse. Lorsqu’elle fut arrivée en haut, elle lui fit signe de la main en souriant.

« Je ne voudrais pas qu’il pût penser que cela me fait de la peine… non, pour rien au monde ! » se disait-elle en faisant ce geste amical et en s’éloignant.