Décarie, Hébert & Cie (p. 23-35).

III


Le regard ébahi avec lequel Grâce Fearing accueillit cette singulière façon de commencer une conversation décontenança un peu George, bien qu’il s’y fût à moitié attendu. Il avait fait cette question encore sous l’impression du bizarre conseil de Totty, incapable de résister plus longtemps à l’envie de communiquer ses sentiments à quelqu’un.

« Vous semblez surprise, dit-il. Je vais m’expliquer. Toutes ces choses me sont complètement indifférentes, mais, en venant ici, ma cousine m’a fait une conférence sur la conversation mondaine.

— Et elle vous a conseillé de nous parler de chevaux ? demanda Grâce en commençant à sourire.

— Non. Pas à vous. Elle m’a donné à entendre que vous étiez toutes deux fort instruites ; mais elle m’a donné une liste des choses dont un homme doit parler dans le monde et je me flatte d’avoir assez bien retenu le catalogue.

— Oui, certes. »

Cette fois Grâce rit de bon cœur.

« Eh bien, à présent que nous avons mis de côté les chevaux, les yachts et les modes, d’un consentement mutuel, allons-nous parler de choses moins importantes ?

— Certainement. Par où commencerons-nous ?

— Par ce que vous préférez. Qu’aimez-vous le plus au monde ?

— Ma sœur, répondit vivement Grâce.

— Cela répond à la question : Qu’aimez-vous le mieux au monde ?…

— Parfaitement ; et vous, monsieur Wood, qu’aimez-vous le mieux ?

— Moi-même, naturellement. C’est ce que nous aimons tous le plus, excepté ceux qui ont des sœurs comme vous.

— Vous êtes donc égoïste ?

— Pas par intention. La faute en remonte à la destinée qui a négligé de me donner une sœur.

— N’avez-vous pas de proches parents ? demanda Grâce.

— J’ai mon père.

— Et vous ne l’aimez pas plus que vous-même ?

— C’est ce que j’avais d’abord pensé. Mais comme mon père, qui est un excellent homme possédant une grande expérience, prétend que je m’aime plus que n’importe qui, je suis bien obligé de le croire. Du reste, comment savez-vous que vous aimez votre sœur plus que vous-même ?

— Je sens que je sacrifierais plus pour elle que pour moi.

En vous sacrifiant pour elle, vous ne feriez que satisfaire votre sentiment d’affection : c’est encore une sorte d’égoïsme. Dans ce cas et dans d’autres l’égoïsme est une vertu.

— Une vertu mortelle, rétorqua Grâce.

— Peut-on appeler mortel ce qui procure à l’homme de quoi vivre ? demanda George.

— Tout cela est du sophisme… du galimatias de sophistes, et rien de plus.

— Les sophistes primitifs gagnaient très largement leur vie, objecta George. Ne vaut-il pas mieux gagner sa vie comme sophiste que de mourir de faim ?

— Est-ce ainsi que vous gagnez votre vie ?

— Non, je ne suis pas avocat et les temps sont changés depuis Gorgias.

— J’aime mieux vous dire tout de suite, ajouta Grâce, que Mme  Trimm m’a calomniée. Je ne suis pas savante et j’ignore ce qu’était Gorgias.

— Je vous demande pardon d’en avoir parlé. Je voulais sottement faire parade de mon savoir. Il n’a aucune importance…

— Si, il doit en avoir : puisque vous avez parlé de ce personnage, dites-moi ce qu’il était.

— Un des premiers sophistes. Il a cherché à prouver qu’Hélène de Troie fut un ange de vertu, et s’est ainsi engraissée des produits de ses discours et de ses écrits jusqu’à l’âge de cent ans. Cela ne réussirait plus maintenant. Plusieurs individus ont récemment défendu Lucrèce Borgia, sans s’engraisser beaucoup. C’est pour cette raison que je voudrais être avocat. Les avocats défendent des clients vivants et sont bien payés. Voyez Sherry Trimm, le mari de ma cousine. Le connaissez-vous ?

— Oui.

— Il est gros et gras. Et John Bond… le connaissez-vous aussi ?

— Naturellement, répondit Grâce avec un froncement de sourcils presque imperceptible. Il va bientôt être l’associé de M.  Trimm.

— Eh bien ! quand il aura quarante ans, il sera aussi rond et aussi frais que Sherry Trimm.

— Vraiment ? demanda la jeune fille avec une certaine froideur.

— Probablement, puisqu’il sera riche et heureux. La rotondité morale et physique est l’attribut naturel de la richesse et du bonheur. Ce sera même regrettable pour Johnnie qui est un très bel homme.

— Il y a des choses qu’on ne peut éviter, dit Grâce avec indifférence. Mais qu’entendez-vous par la rotondité morale ?

— L’art spirituel d’avoir toujours raison. »

À cet instant Totty, qui avait dit tout ce qu’elle avait à dire à Constance et ne désirait plus que le répéter à Grâce, fit un mouvement et un signe de tête à son cousin.

« Venez prendre ma place, George, dit-elle, je prends la vôtre. »


George se leva bien à contre-cœur et traversa le salon. Il y avait quelque chose dans les manières de Grâce qui lui donnait du courage et il s’était senti tout de suite à l’aise avec elle. Il fallait cependant aller rompre de nouveau la glace avec l’autre sœur. Différent de Mme  Trimm, il n’éprouvait pas le besoin de se répéter et était un peu embarrassé de la façon dont il allait entamer la conversation. À sa grande surprise, cependant, sa nouvelle compagne le soulagea de toute responsabilité à cet égard.

« Que faites-vous, monsieur Wood ? demanda Constance Fearing lorsqu’il fut assis auprès d’elle.

— Rien… » et pas même gracieusement.

Constance ne se mit pas à rire en le regardant, car il y avait quelque chose de sérieux et d’amer dans la façon dont il parlait.

« Pourquoi ne faites-vous rien ! demanda-t-elle.

Tout le monde travaille aujourd’hui. Vous n’avez pas l’air cependant d’un oisif. Vous avez probablement voulu dire que vous étudiez encore pour entrer dans une carrière !

— Pas précisément. Mes études peuvent, je crois être considérées comme terminées. Quelquefois j’écris un peu.

— Est-ce là tout ? Ne publiez-vous jamais rien ?

— Oh ! si, une infinité de choses.

— Vraiment ? Je crains de ne pouvoir me rappeler avoir vu…

— Mon nom imprimé ? Non. Il n’existe qu’un unique exemplaire de mes œuvres et il est en ma possession. Les pages ont une apparence assez irrégulière et sentent la colle. Vous ne comprenez pas ? Mes précieux travaux paraissent de temps à autre dans un journal. Je les découpe quand je ne suis pas trop paresseux et je les conserve dans un album.

— Alors vous êtes journaliste ?

— Non pas ; au point de vue du journaliste, je ne suis qu’un collaborateur.

— Je ne comprends pas. Si vous pouvez être ce que vous appelez un collaborateur, pourquoi ne pas être journaliste. Quelle est la différence ?

— L’un est professionnel, l’autre amateur. Je suis l’autre.

— Pourquoi ne pas être professionnel, alors ?

— Parce que je n’aime pas la profession.

— Qu’aimeriez-vous être ? Vous devez certainement avoir une ambition.

— Aucune, je vous l’assure. »

Il y avait dans les yeux de George une singulière expression qui n’était pas tout à fait d’accord avec sa réponse.

« Je préférerais vivre de la vie d’un étudiant puisqu’il faut vivre d’une vie quelconque. Je voudrais être toujours mon seul maître et, si on me donnait le choix, il y a une foule de choses que j’aimerais. Mais je ne puis les avoir.

— Ne sommes-nous pas presque tous dans les mêmes conditions ? dit Constance d’un air un peu rêveur.

— Il existe donc au monde quelque chose que vous désirez et ne pouvez avoir ?

— Oui. Bien des choses…

— Je n’entends pas parler, bien entendu, reprit George en insistant, des aspirations morales et intellectuelles que vous devez forcément avoir. Vous aimeriez à être une héroïne, une sainte, la présidente d’une grande œuvre de charité ; vous aimeriez à être une savante, une historienne, une romancière, et vous seriez certainement heureuse d’être un grand poète. Vous aimeriez évidemment à conduire la mode d’une façon recherchée, car je vous accorde bien un peu de vanité avec tant de vertu. Oui, mais tout cela n’est pas ce que je veux dire. Quand je parle de désirs, je parle de désirs se rapportant à la vie réelle. N’avez-vous pas tout ce que vous désirez, ou ne pourriez vous pas tout avoir ? Si vous n’aimez pas New-York, ne pouvez-vous aller vivre en Sibérie ? Si vous n’aimez pas votre maison, qui vous empêche de la mettre sens dessus dessous et de la décorer d’ailes de perroquets verts, si cela vous plaît ? Si vous avez des besoins, ils sont moraux et intellectuels.

— Mais toutes ces choses dont vous parlez ne dépendent uniquement que de l’argent, dit Constance d’un air un peu timide. Ce ne sont là que des besoins matériels…, même pas… des caprices.

— Mon désir de mener la vie tranquille d’un étudiant n’est ni un caprice ni un besoin matériel ; cependant l’accomplissement de mon désir dépend beaucoup de l’argent et de très peu d’autre chose. »

Constance lança un regard furtif sur son visiteur, assis devant elle les mains croisées, paraissant contempler ses chaussures. Il avait parlé très tranquillement, mais son ton marquait un profond dédain, soit pour lui même, soit pour la richesse qu’il était assez faible pour désirer. Constance sentait qu’elle était en présence d’une nature qu’elle ne comprenait pas, mais qui, jusqu’à un certain point, l’intéressait et l’attirait. Il est très difficile à ceux qui possèdent tout ce que peut donner la fortune, et qui ont toujours possédé cette fortune, de comprendre l’effet de la pauvreté sur une nature délicate. Constance n’avait, en réalité, aucune idée de la situation de fortune de George Wood. Il pouvait être véritablement pauvre ou seulement dans une position relativement médiocre. Et c’est vers cette dernière hypothèse qu’elle inclinait en partie, parce qu’il n’avait pas cet air malheureux qu’on suppose appartenir à un homme pauvre, et en partie à cause de son empressement à parler de ce qu’il désirait. Une personne d’intuitions moins fines eût été probablement repoussée par ce qu’elle aurait pu prendre pour du mécontentement vulgaire ou de la cupidité. Mais Constance avait plus de délicatesse dans ses observations. Elle comprenait instinctivement que George n’était pas ce qu’il affectait d’être, qu’il n’était ni faible, ni égoïste, ni paresseux. Elle ne répondit cependant pas à ses dernières paroles, et il y eut un silence de quelques instants.

Alors George se mit à parler du retour de Constance à New-York et tomba dans la conversation banale, qu’il soutint avec effort et une certaine sensation d’embarras.

Totty, ayant terminé la seconde édition de sa petite causerie, se leva bientôt et commença à faire longuement ses adieux, pendant lesquels George, son chapeau à la main, attendait, prêt à partir.

« On vous reverra, j’espère ? demanda Constance en lui donnant la main.

— Vous êtes bien aimable, mademoiselle, dit-il.

— Nous sommes généralement chez nous à cette heure-ci. »

Totty finit enfin par s’arracher à ses amies et sortit, suivie de son cousin. Washington Square s’empourprait des flots de lumière qui l’inondaient.

« Eh bien, George, quelle est votre impression ? dit Mme  Trimm quand ils furent arrivés au coin de l’Avenue.

— Elle est profonde.

— Dans quel sens ? Voyons, faites-moi vos confidences.

— Eh bien, je crois que les parents de ces jeunes filles devaient être très riches, très ennuyeux, et très respectables. Je n’ai jamais rencontré une pareille solidité de mobilier. »

Totty ne savait jamais si George était sérieux ou s’il se moquait d’elle.

« Avez-vous passé votre temps à contempler les fauteuils ? demanda-t-elle un peu vivement.

— Presque. En tout cas, je n’ai pu m’empêcher de les voir. Mais j’ai causé un peu aussi, je crois.

— J’espère que vous n’avez pas dit de sottises. De quoi avez-vous parlé ? Je ne pense pas que les Fearing soient capables d’apprécier beaucoup le genre d’esprit dont vous me favorisez généralement.

— Il est inutile de me faire des reproches, cousine Totty, j’ai la conviction d’avoir été convenablement agréable.

— Oh ! s’écria Mme  Trimm.

— Vous pensez que je me flatte, n’est-ce pas ? Je le crois aussi. L’opinion de ces demoiselles aurait du reste plus de valeur que la mienne. Dans tous les cas, ma conscience ne me reproche pas d’avoir été plus ennuyeux que de coutume, et quant au mobilier, vous admettez bien qu’il était très capable de me faire beaucoup d’impression.

— Allons, soupira Totty, vous avez une étrange manière de voir les choses. »

Elle ne savait pas exactement ce qu’elle aurait désiré de lui entendre dire, mais elle était certaine qu’il ne l’avait pas dit, et que ses réponses étaient peu satisfaisantes, Ils marchèrent un moment en silence.

« Je suis fatiguée, dit-elle enfin quand ils furent arrivés au coin de Brewoort House. Je vais rentrer en voiture. Adieu. »

George ouvrit la portière de l’un des nombreux coupés stationnés devant l’hôtel et aida sa cousine à y monter. Elle lui fit un signe de tête presque indifférent en s’éloignant et le laissa un peu interloqué de sa mauvaise humeur subite. Dans n’importe quelle autre circonstance elle l’eût certainement engagé à monter en voiture jusque chez elle pour le rapprocher de son quartier. Le jeune homme resta immobile un moment, puis tourna dans Clinton Place et se dirigea rapidement du côté du Métropolitain.

C’était en toute sincérité qu’il venait de dire que cette visite avait produit sur lui une profonde impression, mais il était conforme à son caractère de garder cette impression pour lui. Il ne se sentait pas attiré par l’une des deux sœurs plus que par l’autre, n’était pas devenu amoureux à première vue, et n’avait pas perdu son cœur dans une vision de béatitude qui venait de prendre un nom. Mais, tout en marchant, il voyait constamment devant lui les deux gracieuses jeunes filles en simples robes noires, pleines de la fraîcheur et de la beauté de la première jeunesse, dans le contraste vigoureux de leur courage suranné. C’était tout ; mais ce tableau éveillait en lui cette inquiète et troublante aspiration à quelque chose d’indéfini, comme la continuation logique de deux existences entrevues, qui n’appartient qu’aux imaginations supérieures, et qui, tôt ou tard, les pousse à écrire des livres, comme la seule satisfaction possible à un besoin impérieux.

Tout en marchant, George Wood continua ses méditations, et le vivant souvenir de Constance et de Grâce Fearing ne le quitta pas jusque chez lui.

La petite maison qu’il habitait avec son père était des plus simples. À l’intérieur, rien qui ressemblât à du luxe ou à un embellissement. Les tapis bien balayés montraient la corde, les meubles soigneusement époussetés étaient très communs ; contre les murs aux teintes neutres, nul tableau. On y voyait peu de livres, sauf dans la chambre de George, contrastant avec le reste de la maison, surtout par son désordre qui, dans l’opinion de celui nui l’occupait, semblait l’ordre le plus parfait. Là, tout était en bois blanc : le plancher sans tapis, les chaises, des tablettes garnies de livres, une immense table, sur laquelle s’empilaient de nouveaux volumes aux reliures brillantes, et couraient épars des imprimés, des feuillets de manuscrits, des épreuves, et des coupures de journaux. Un porteplume usé était posé en travers d’une page à moitié écrite et, au milieu de cette confusion, émergeait, écarlate, le bouchon d’une bouteille d’encre rouge.

George entra dans ce sanctuaire, et avant de faire quoi que ce soit, il quitta les habits qu’il portait et les remplaça par des vêtements râpés de différentes époques. Puis il alla à la fenêtre avec quelque chose qui ressemblait à un soupir de soulagement. La vue n’avait rien pourtant qui pût l’inspirer, mais l’aspect des choses familières évoquait sans doute dans son esprit un courant de pensées agréables. Il ne resta, du reste, qu’un moment en contemplation devant cette perspective de l’étroite cour briquetée derrière laquelle s’étendaient les étages supérieurs d’une grande maison et une rangée de toits à la Française que rougissaient les derniers rayons du soleil d’hiver. Lorsqu’il se retourna, il alluma une lampe à essence, et la vision de Constance et de Grâce Fearing se dissipa pour faire place à des réflexions plus pratiques. Il s’assit et prit un livre nouveau, en cherchant instinctivement de l’autre main son couteau à papier parmi le fouillis désordonné qui l’entourait.

Après avoir coupé une vingtaine de pages, il se mit à chercher la lettre du rédacteur en chef du journal dans lequel il écrivait. Les volumes lui étaient envoyés pour en faire le compte rendu, accompagnés du billet habituel fixant avec un cynisme odieux le nombre de mots qu’il devait consacrer à la critique de chaque ouvrage.

« Environ cent mots par volume, » écrivait le rédacteur de la partie littéraire ; « et renvoyez-les-moi avec les notices pour lundi à midi au plus tard. »

On était au jeudi, et il y avait dix volumes qu’il fallait lire, digérer, et dont il fallait parler. George fit un rapide calcul. Il fallait qu’il en fît deux par jour, le vendredi, le samedi, et le dimanche, afin de se garder la marge du lundi matin en cas d’accidents. Six volumes, six cents mots, ou plutôt une demi-colonne du journal. Cela représentait cinq dollars, car ce travail était bien payé, comme exigeant du jugement et du goût. Il n’y avait, dans ce tas de reliures éclatantes, rien d’important, rien qui justifiât un article sérieux, et rien que George se souciât de lire deux fois. Néanmoins les exigences de la librairie devaient être satisfaites, les notices devaient paraître et les rédacteurs en chef des journaux devaient trouver des personnes désireuses et capables d’écrire ces notices à des prix variant de cinquante cents à un dollar le volume.

Là n’était pas la difficulté, car George savait qu’il y avait des douzaines de vieilles filles mourant d’inanition et de jeunes gens affamés qui auraient fait cette besogne pour moins et l’auraient peut-être faite aussi bien que lui. Il n’était pas non plus disposé à discuter les conditions qui lui laissaient un temps si court pour l’accomplissement d’une pareille tâche. Au contraire, il considérait cette fournée de publications avec une grande satisfaction, car la régularité avec laquelle de semblables paquets étaient arrivés pendant les quelques derniers mois était une preuve qu’il faisait bien et lui donnait l’espoir que, dans le cours de l’année suivante, on pourrait lui confier des travaux plus importants. Une ou deux fois déjà on lui avait donné des instructions pour écrire une colonne, et c’étaient là des jours marqués de blanc dans ses souvenirs. Il sentait qu’avec un engagement permanent de produire une colonne par semaine, il se tirerait très bien d’affaire, mais il savait combien la chose était difficile à obtenir.

George Wood compta trente pages du volume qu’il tenait à la main, puis il alla à la fin et coupa en revenant en arrière, il retourna ensuite à l’endroit où il était arrivé la première fois, et coupa au milieu du volume. C’était son système invariable et il s’en trouvait bien.

« Ce n’est pas bien fait, se dit-il à lui-même, mais c’est fait tout de même. En tout cas, c’est suffisant pour cinquante cents. »