Identification anthropométrique, instructions signalétiques/63

CHAPITRE PREMIER

Description de la marque à relever.

a) nature. — b) forme et sens. — c) dimensions. — d) direction.

a) Nature ou désignation

1. — Une cicatrice peut provenir d’un coup de couteau, d’un abcès, d’une blessure d’arme à feu, etc., ou plus simplement d’une coupure, d’un furoncle, etc.

2. — Quand l’origine de la cicatrice, telle qu’elle est expliquée par le sujet, semble vraisemblable, elle doit être notée sur le relevé signalétique. Mais, pour plus de rapidité, on supprime alors le mot cicatrice. Exemple : abcès sous (le) milieu (de la) mâchoire droite, au lieu de cicatrice d’abcès sous le milieu de… ; furoncle sur (la) poitrine etc… en place de cicatrice de furoncle

3. — La considération qui doit primer toutes les autres dans le choix des cicatrices et signes à relever, est celle relative à leur durée, à leur permanence. Le pis que puisse faire un observateur serait de noter comme marque indélébile, un signe de reconnaissance susceptible de disparaître.

4. — En cas de doute sur la permanence d’un signe qui, sous d’autres rapports, présenterait quelque intérêt signalétique, on ajoute à la notice le mot passager suivi d’un point d’interrogation entre parenthèses ; quand il s’agit d’une cicatrice non encore fermée, on emploie le mot fraîche, et si, tout en étant fermée, elle ne semble pas encore avoir revêtu son aspect définitif, celui de récente.

5. — Les indications d’envies sont accompagnées du qualificatif que leur donne leur possesseur et qui, généralement, en définit bien l’aspect : envie de café, de vin, de couenne, mouches, fraises, etc. Les grains de beauté que les anatomistes appellent nævus pigmentaires punctiformes et qu’en style signalétique nous désignons abréviativement par nævus, tout court, doivent être relevés et localisés avec soin. Leur nombre sur quelques individus dépasse les bornes de toute description. On choisit alors les principaux, et on ajoute la formule générale et beaucoup d’autres. On relève, quand il y a lieu, leur aspect, leur diamètre, etc. Exemple : nævus poilu de 1 c. sur…

6. — Tatouages. La circulaire ministérielle du 23 octobre 1849 recommandait déjà de relever les objets représentés par le tatouage et de ne pas les signaler seulement par l’expression générale de tatoué.

7. — Mentionnons parmi les objets les plus fréquemment représentés : une ancre, une ancre cordée, un cœur {transpercé, enflammé ou saignant, c’est-à-dire avec larmes rouges), un poignard, un buste de femme de profil droit (ou gauche) ou de face, une femme nue, debout ou couchée, en maillot, en telle ou telle position obscène ; des personnages historiques, en tête, buste, mi-jambes ou en pied ; un mousquetaire, etc., ou encore : une ancre, un cœur, un profil incomplets, un tatouage informe, un mousquetaire inachevé, etc.

8. — En cas de doute sur la signification d’une scène ou d’un personnage ou d’une inscription, interroger le détenu et consigner ses explications. On relèvera le texte des inscriptions exactement, en imitant sur la fiche le dessin des lettres et les fautes d’orthographe, s’il y en a. Ainsi les mots du tatouage de la planche 63 seront mentionnés : Pour la dessinés en caractères italiques, et VIE en capitales de corps maigre ; et on ajoutera : en dessous un cœur ombré surchargeant le mot MARIE.

9. — Au point de vue de l’identification, les tatouages présentent l’inconvénient de pouvoir être facilement dénaturés par des surcharges ou même complètement effacés. Aussi, quels que soient leur nombre et leur importance, ne doivent-ils jamais faire négliger le relevé des autres marques et signes particuliers, nævus et cicatrices, etc., énumérés précédemment.

10. — On reconnaît qu’un tatouage est en surcharge à ses ombres plus épaisses et à ses traits élargis et en trop grand nombre. Souvent l’ancienne inscription subsiste et peut encore être lue sous la nouvelle ; on les mentionne alors toutes les deux, comme dans l’exemple précité. Lorsque la noirceur du dessin laisse supposer un dessous masqué que l’on ne peut néanmoins arriver à déchiffrer, on ne doit jamais négliger d’ajouter la mention : vraisemblablement eu surcharge.

Exemple : tatouage ombré vraisemblablement eu surcharge représentant Jean Bart en pied (étendant) la main droite sur un tonneau de poudre.

11. — L’effacement des tatouages, lequel ne peut être obtenu que par la destruction superficielle d’une partie de la peau, laisse toujours subsister un tissu cicatriciel dont l’aspect rappelle celui d’une ancienne brûlure et dont la forme reproduit, plus ou moins exactement, le dessin primitif. Très souvent des grains ou des plaques de tatouage non détruits restent comme témoins au milieu de la cicatrice.

Des marques de ce genre doivent être relevées avec le plus grand soin, en se conformant scrupuleusement, en ce qui regarde la forme, le sens, les dimensions et la localisation, aux prescriptions des sections suivantes. On aura soin en pareil cas de mentionner l’origine probable de la cicatrice ; exemple : cicatrice de brûlure masquant vraisemblablement un tatouage, en ajoutant, toutes les fois que cela sera possible, le genre ou la forme du tatouage que l’on supposerait avoir été effacé en tout ou en partie.