Identification anthropométrique, instructions signalétiques/38

a) Analyse détaillée des parties de l’oreille.

51. — Il suffit de s’attacher à la notation des saillies qui délimitent les dépressions, pour avoir en même temps une idée de ces dernières ; la description s’en trouvera abrégée de moitié.

Les saillies sont au nombre de cinq :

52. — I. La BORDURE de l’oreille ou hélix, éminence demi-circulaire qui, prenant son point d’origine en A (Fig. 27), au milieu de la dépression centrale de l’oreille, appelée conque, au-dessus du conduit auditif, gagne la périphérie et borde comme d’une gouttière les deux tiers supérieurs de l’oreille.

53. — II. Là où elle prend fin, commence le LOBE, éminence molle, arrondie, qui termine en bas la circonférence du pavillon.

54. — Citons ici pour mémoire le tragus non-mentionné sur la fiche signalétique. C’est une petite saillie cartilagineuse, aplatie, triangulaire, placée en dehors et en avant du conduit auditif, dont la forme présente peu de variations individuelles ; le tragus est plus ou moins déjeté en avant, pointu et quelquefois même bifurqué.

Fig. 27. — Oreille schématique.
Fig. 27. — Oreille schématique.
Fig. 27. — Oreille schématique

Bordure ABCDE décomposée en partie Originelle AB, Supérieure BC, Postérieure CD et inférieure DE.

Lobule EFGH considéré sous le rapport contour EF, de l’adhérence à la joue FH, du modelé G et de sa Dimension.

Antitragus HI examiné au point de vue de son inclinaison, de son profil, de son degré de renversement et de sa Dimension.

Plis internes séparés en branches inférieure IK, supérieure KL, et médiane KM. }}

55. — III. Vis-à-vis, séparé par le conduit auditif, se trouve L’ANTITRAGUS, mamelon plus petit que le précédent, mais de valeur signalétique bien supérieure.

56. — IV. Enfin, au-dessus, les replis de l’anthélix que nous appelons abréviativement PLI, lequel, après s’être élevé d’un centimètre environ, se bifurque en deux branches, la supérieure et la médiane, cette dernière venant rejoindre l’hélix au-dessus du sillon originel.

57. — La branche montante, dite supérieure de l’anthélix, délimite en arrière la dépression appelée par les anatomistes fossette naviculaire (c’est-à-dire en forme de nacelle, de pirogue), et en avant la dépression que nous appelons fossette digitale (intercrurale des anatomistes). Ces deux creux sont indiqués sur la figure 27 par des lignes ponctuées : la fossette naviculaire en avant des lettres D et C, et la fossette digitale au-dessus de la lettre M.

58. — Remarquons que l’ordre d’énumération que nous venons de suivre et qui est celui observé sur les fiches signalétiques, savoir : bordure, lobe, antitragus et pli, permettrait de dessiner les multiples contours de l’oreille sans avoir, pour ainsi dire, à lever la plume, en partant du point A (Fig. 27), pour finir au point M (en supposant que l’on omette le tragus et que l’on revienne d’un pas en arrière pour la branche supérieure de l’anthélix).

Ce trajet est indiqué sur notre figure par l’ordre alphabétique des lettres capitales qui séparent chacune des sous-divisions, dont nous allons faire l’énumération en en décrivant les variations morphologiques les plus caractéristiques[1].

59. — I. La BORDURE peut être décomposée en trois portions : [1] le sillon d’Origine AB,[1] la portion antéro-Supérieure BC et [1] la Postérieure CDE.

Chacune de ces divisions peut varier indépendamment en dimension, c’est-à-dire être petite, moyenne ou grande (voir Pl. 52, nos 1, 2 et 3). Il arrive même assez fréquemment que la portion Originelle AB manque complètement. On exprime cette particularité par le mot nul, tandis que l’absence absolue de la portion Supérieure BC et de la Postérieure CDE devra être relevée au moyen du terme plus figuratif de plat. D’autres fois la portion Postérieure est plus développée que la Supérieure (Pl. 52, no 9), ou c’est l’inverse (Pl. 55, no 6). Enfin nous verrons à la partie LOBE, que la partie finale DE de la bordure postérieure est quelquefois exagérée au point de se continuer à travers le lobe jusque contre la joue (Pl. 58, no 9).

60. — Rien de plus caractéristique que les irrégularités de contour, élargissements ou diminutions, que présente, d’une partie à la suivante, cette espèce de gouttière que nous appelons la bordure de l’oreille. Elles sont exprimées sur nos fiches par l’alternance des qualificatifs de dimension adjoints à la rubrique. Ainsi la BORDURE du no 6 de la planche 52 sera représentée ainsi : Originelle-moyenne, Supérieure-grande, Postérieure-petite ; celle du no 12 qui est égale et régulière sera notée : Originelle-petite, Supérieure-grande, Postérieure-grande ; tandis que celle si caractéristique du no 9 sera exprimée par les adjectifs alternés : Originelle-moyenne, Supérieure-nulle, Postérieure-très grande.

61. — Aux qualificatifs de dimension on ajoute[1], mais pour la partie postérieure de la bordure seulement, l’indication du degré de son ouverture. On en distingue trois degrés : la forme ouverte, la forme intermédiaire et la forme à la fois fermée et adhérente. La première, représentée par le no 10 de la planche 52, se passe de définition. La forme adhérente est caractérisée par ce fait que la peau de la bordure, au lieu de recouvrir finement le creux du cartilage, y forme un bourrelet charnu qui, vu de loin, pourrait paraître creux, mais qu’un examen plus attentif fait reconnaître plein et formé par deux peaux qui apparaissent collées l’une contre l’autre, pour peu qu’on y porte la main. La bordure de l’oreille no 12 appartient à cette forme.

62. — II. Le LOBE ou lobule (Pl. 53) doit être considéré sous trois rapports :

1) Le contour de son bord libre E F, qui peut se terminer en pointe descendante, et collée le long de la joue, ou en équerre, ou enfin en ellipsoïde arrondi ; cette dernière forme est subdivisée à son tour en deux, suivant que l’ellipsoïde est encore partiellement adhérent (contour intermédiaire), ou en est complètement séparé par un espace libre (contour à golfe).

2) Le degré d’adhérence à la joue F H, laquelle peut être tellement complète, que la peau du lobe se réunisse à celle de la joue sans former à leur point de jonction le moindre sillon, la moindre ride, ce qui est exprimé par le mot fondu ; ou partiellement séparé, ce qu’on exprime par le mot intermédiaire ; ou enfin en être complètement séparé par un sillon arrondi formé par la peau même du lobe. — L’adhérence d’un lobe à contour golfe est naturellement toujours séparé.

3) Le modelé de sa surface antéro-externe G, laquelle peut être traversée par le prolongement de l’hélix, unie ou en éminence mamelonnée,

4) La Dimension en hauteur, laquelle peut être petite, moyenne ou grande.

63. — III. L’ANTITRAGUS (Pl. 54) présente une ligne générale de direction dont :

1) L’inclinaison peut varier de l’horizontalité (la tête étant supposée dans sa situation normale) à une obliquité de 45°, en passant par une inclinaison intermédiaire.

2) Par rapport à cette ligne figurée sur le dessin de la page 68 par un pointillé HI, l’antitragus peut se profiler en ligne à (con)cavité supérieure, forme très rare (Pl. 56, no 10), ou rectiligne, ou légèrement sinueuse, ce qu’on exprime par intermédiaire, ou franchement saillante.

3) Enfin l’antitragus, et notamment son extrémité libre, doit être considéré sous le rapport de son degré de renversement en avant, d’où les trois qualificatifs sériés : versé, intermédiaire et droit. Les cas intermédiaires sont naturellement de beaucoup les plus nombreux. En absence d’antitragus, répondre à la rubrique du renversement par un tiret (—).

4) Toutes les questions de forme mises à part, l’antitragus peut varier encore sous le rapport de sa Dimension absolue, petite, moyenne ou grande.

64. — IV. Le PLI, ou repli de l’anthélix (Pl. 55), est décomposé en trois parties que nous allons analyser dans l’ordre où elles se présentent à l’observateur, dont le regard remonte au-dessus de l’antitragus, savoir :

65. — l’inférieure I K, Elle n’est envisagée que sous le rapport du degré d’inclinaison, ou de torsion, que présente la totalité de ce que l’on pourrait appeler la bande postéro-inférieure de l’oreille DEKI, comprise entre les parties homologues du repli et de sa bordure.

En pratique, la méthode de description est basée sur le degré de saillie du repli IK par rapport à une droite idéale horizontale qui, partant de la face antérieure du tragus, irait, d’avant en arrière, effleurer la partie postéro-antérieure de l’oreille.

66. — Devront être notés comme plis inférieurs (con)caves, les replis assez effacés pour que la tangente en question, partant du tragus et se dirigeant horizontalement vers le derrière de la tête, soit rejetée en avant de l’anthélix par la saillie plus considérable de la bordure postérieure (Pl. 55, no 1).

Dans le pli inférieur intermédiaire, la tangente partant du tragus effleurera à la fois les deux sillons anthélix et bordure (Ib., no 2).

Dans le pli dit (con)vexe la tangente horizontale touche le sillon inférieur de l’anthélix seul, laissant la bordure correspondante à un ou plusieurs millimètres en arrière du côté de l’occiput (Ib., no 3).

Ainsi donc, c’est moins la branche inférieure de l’anthélix que l’on examine sous cette rubrique, que la forme générale que présenterait une coupe horizontale be l’oreille au niveau du tragus.

67. — Les employés anthropomètres du service d’identification de la Préfecture de police de Paris se servent, pour distinguer la sériation tripartite ci-dessus, d’un petit instrument qu’il est facile de confectionner soi-même, et que l’on peut, au besoin, remplacer par un porte-plume ou n’importe quelle tige rigide. L’instrument se compose, en effet, uniquement d’un gros fil de laiton rectiligne, de 2 millimètres de diamètre, d’une longueur de 10 centimètres, portant à 4 millimètres de son extrémité un petit butoir de 4 millimètres de haut, formé d’un fil d’un diamètre moitié plus petit, soudé perpendiculairement au premier.

Fig. 28. — Tige directrice pour oreille.
Fig. 28. — Tige directrice pour oreille.
Fig. 28. — Tige directrice pour oreille.

68. — Le mensurateur, tenant horizontalement son instrument de la main gauche, en cale l’extrémité contre le tragus du sujet, le butoir tourné du côté du conduit auditif, et en amène la tige jusqu’à ce qu’elle effleure la bande cartilagineuse DEKI sans la déprimer en quoi que ce soit. Il est évident qu’avec cet instrument, comme avec la droite idéale dont nous avons parlé précédemment, le contact se fait et ne peut se faire que de trois façons : 1° par la bordure seule (le pli est dit alors cave) ; 2° à la fois par la bordure et l’anthélix (le pli est dit intermédiaire) ou 3° par l’anthélix seul (ce qui constitue la forme dite convexe).

69, — La deuxième partie du PLI est la branche Supérieure KL qui se trouve au-dessus de la première. Elle est qualifiée de nulle, effacée, intermédiaire ou accentuée suivant l’épaisseur et la saillie plus ou moins arrondie que présente cette élévation[2].

70. — La branche KM, dite médiane ou originelle de l’anthélix, est rarement caractéristique. — Voir aux particularités, page 76, § 96, les cas à signaler.

Fig. 29. — La forme du pli inférieur est décelée sur ces figures par la direction de la petite bande d’ombre projeté par la tige directrice.
Fig. 29. — La forme du pli inférieur est décelée sur ces figures par la direction de la petite bande d’ombre projeté par la tige directrice.
Fig. 29. — La forme du pli inférieur est décelée sur ces figures par la direction de la petite bande d’ombre projeté par la tige directrice.

No 1 — la tige est contiguë à l’ombre projetée sur le bord de l’oreille et en est séparée par un millimètre de blanc sur le pli interne (ombre et pli à forme cave).

No 2 — L’ombre est projetée en droite ligne sur les deux parties parallèlement et tout contre la tige directrice (ombre et pli à forme intermédiaire).

No 3 — la tige touche l’ombre sur le pli interne et s’en sépare brusquement sur la bordure externe (ombre et pli à forme convexe),

}}

71. — FORME GÉNÉRALE. — La sériation des qualificatifs ci-joints répond suffisamment aux besoins de la description :

triangulaire — ovale — ronde.
rectangulaire

72. — Les formes triangulaire et rectangulaire sont placées dans cette énumération, l’une au-dessus de l’autre pour indiquer qu’elles peuvent facilement être confondues, soit l’une avec l’autre, soit avec leur contiguë, la forme ovale, celle qu’on rencontre le plus fréquemment.

73. — Il est évident que l’indication de la forme générale de l’oreille ne saurait être qu’une conséquence plus ou moins directe des variations morphologiques déjà signalées. C’est ainsi que la forme triangulaire résulte généralement de la présence d’un lobe descendant combiné, ou avec la bordure aplatie, ou avec le contour supéro-postérieur d’équerre dont il sera parlé plus loin. Pourtant la présence concomitante de ces qualificatifs (lobe descendant et contour équerre) ne saurait être regardée comme impliquant nécessairement la forme si caractéristique de triangulaire, de sorte que la mention de cette dernière sera toujours un complément d’indication utile. De même la forme rectangulaire ne s’observe pas sans un développement anormal du lobe dans le sens horizontal. Quant à la forme ronde, elle résulte souvent de l’écartement supérieur du pavillon combiné avec un lobe de petite dimension et tiré en avant.

74. — L’ÉCARTEMENT DU PAVILLON (Pl, 55) est en relation inverse avec l’accentuation des plis de l’anthélix. Moins ces derniers sont développés, c’est-à-dire plus ils sont mousses et effacés, plus l’oreille est écartée du derrière du crâne. Inversement l’oreille collée ne va pas sans une certaine exagération du pli inférieur et surtout du supérieur.

75. — Néanmoins, vu le rôle important joué par l’écartement de l’oreille dans la physionomie de face, il a semblé nécessaire d’en noter le degré et les modes directement, abstraction faite des conclusions que le degré d’accentuation des replis intérieurs permettait déjà d’en déduire.

76. — L’ensemble du pavillon, en y comprenant le lobe, peut être uniformément écarté du derrière de la tête, d’où la forme appelée pédonculée. D’autres fois l’écartement est surtout notable dans la partie supérieure, ou postérieure, ou même inférieure du pavillon ; il a alors pour siège le lobe qui revêt une forme toute particulière (Ib., no 12). Inversement, l’ensemble du pavillon, ou une partie seulement, peut être collé aux côtés de la tête. La forme collée supérieurement et écartée inférieurement est très caractéristique.

77. — Lorsque l’écartement ne paraît exagéré, ni dans un sens, ni dans l’autre, apostiller d’une paire de guillemets (») la rubrique y relative.

Particularités de l’oreille (Pl. 57 et 58).

78. — Elles peuvent se référer : I à la bordure ; II au lobe ; III aux tragus, antitragus et conque ; IV au pli supérieur ; V à diverses fossettes, incisures et dépressions et VI au mode d’insertion de l’organe considéré dans son ensemble.

79. — I. Particularités de la bordure. Le point indiqué sur la figure 27 par la lettre C, dont l’emplacement correspond approximativement à la jonction de la partie supérieure de la bordure avec sa partie postérieure, est fréquemment le siège d’un petit développement cartilagineux supplémentaire très caractéristique, signalé en premier par l’illustre naturaliste anglais Darwin, d’où le qualificatif darwinien donné à cette particularité. On y distingue les variétés suivantes que nous ordonnons d’après leur degré d’extension :

1° la simple nodosité, appelée nodosité darwinienne, caractérisée par une callosité du cartilage quelquefois plus perceptible au toucher qu’à la vue (Pl. 57, no 1) ;

l’élargissement darwinien (Ib., no 2), reconnaissable à une légère boursouflure mousse de la bordure, apparente à l’œil, mais exactement délimitée au point C (car l’élargissement de la bordure généralisé à toute une partie ne devrait pas être mentionné aux particularités, mais bien à la rubrique spéciale relative à la dimension de la bordure) ;

3° la saillie darwinienne désigne un accroissement de matière assez prononcé pour prendre le contour pointu d’une arête ou d’une dent de scie, à large base ; c’est la forme la plus fréquente.

4° le tubercule darwinien vise une protubérance cartilagineuse très accentuée, ronde et isolée, et plus ou moins blanche et nacrée, tellement la peau qui la recouvre est amincie. Cette particularité s’observe rarement et ne se rencontre guère que sur les oreilles à bordure grande et fermée.

80. — Le même point ou ses environs peuvent être le siège d’une anomalie par insuffisance qui souvent d’ailleurs se combine avec la présence de la saillie darwinienne. On l’enregistre au moyen de l’une des formules suivantes : échancrure de la bordure supéro-postérieure, ou plus simplement bordure échancrée (même planche, no 5).

81. — La bordure échancrée est souvent associée avec un changement de direction brusque de la bordure postérieure par rapport à la supérieure. Généralement il est assez difficile de délimiter ces deux bordures qui se succèdent l’une à l’autre en formant un contour arrondi. Sur les oreilles dont nous allons nous occuper, au contraire, la bordure supérieure devient plus ou moins rectiligne et horizontale, et même quelquefois ascendante, tandis que la postérieure s’en sépare franchement en prenant d’emblée une direction verticale ; il en résulte que le contour du haut et du derrière de l’oreille, au lieu de dessiner un arc de cercle, se profile suivant un angle droit et quelquefois même aigu, si la bordure supérieure est ascendante au lieu d’être horizontale.

82. — Ce genre d’oreille très caractéristique, qui rappelle l’oreille des faunes de la mythologie grecque, sera qualifié de contour postero-asupérieur en équerre, si l’angle est plus ou moins droit, et de contour supérieur ou poséro-supérieur à angle aigu si la direction ascendante de la bordure supérieure rend le profil plus aigu, plus pointu (comparer les nos 6, 7 et 8 de la planche 57).

83. — L’oreille à contour postéro-supérieur aigu (no 7) se distingue de celle à contour antéro-supérieur également aigu (no 8) en ce que sur la dernière la pointe du contour est située beaucoup plus près de la joue.

84. — Enfin on qualifie de bicoudées (deux fois coudées) les oreilles dont la bordure, courbée d’équerre une première fois du côté de la joue, se rejoint à angle droit avec la bordure postérieure (no 9).

85. — Le contour de l’oreille ne peut être l’objet de comparaison ou de description certaines que sur des photographies prises dans une même position et surtout de profil. — C’est ainsi que l’on peut voir, nos 11 et 12 de la planche 57, un agrandissement photographique de la même oreille, 1° d’après une pose de profil et 2° d’après une pose de face. La première image montre clairement que l’oreille en question est dotée d’un contour supérieur, circulaire et régulier, tandis que la seule image de face aurait pu laisser supposer qu’il devait être à angle aigu.

86. — Signalons encore la bordure froissée, qui ne s’observe que sur les oreilles fortement ourlées où elle se combine souvent avec le contour supérieur aigu (voir no 10) ; la bordure déchiquetée, irrégulière, gelée (c’est-à-dire offrant des cicatrices d’anciennes engelures) ; enfin une partie de la bordure (spécifier laquelle) peut être coupée, amputée à la suite d’accident, de rixe, etc.

87. — II. Particularités du lobe. Le lobe est souvent percé pour le port de boucles d’oreilles. Ces dernières amènent quelquefois, surtout chez les femmes, une section complète verticale du lobule, ce que l’on exprime par lobe fendu.

88. — A défaut du sillon plus ou moins creux qui traverse, une fois sur trois, toute la largeur du lobe et auquel répond la rubrique du modelé du lobe, on observe parfois une espèce de petite fossette en forme de virgule qui, partant du bord adhérant à la joue, va mourir en travers du lobe quelques millimètres plus loin, ce que l’on exprime par lobe à fossette (Ib., no 13).

89. — Enfin, l’inclinaison générale du lobe donnera quelquefois lieu à des remarques intéressantes. C’est ainsi que l’on notera les cas bien tranchés d’inclinaison oblique-interne ou oblique-externe et les cas de torsion antérieure du lobe (Pl. 57, nos 14, 15 et 16).

90. — III. Particularités du tragus, de l’antitragus et de la conque. Le tragus présente quelquefois deux tubercules au lieu d’une saillie unique, d’où l’expression tragus bifurqué dont il a déjà été parlé paragraphe 54 (voir Pl. 58, no 1).

91. — Parfois l’antitragus se fusionne avec l’origine de la bordure, qu’en pareil cas il est plus court et plus exact d’appeler hélix, à l’aide d’un sillon supplémentaire qui traverse la conque, dont la cavité se trouve ainsi partiellement comblée, ce que l’on exprime au moyen de la formule : antitrtigus fusionné avec hélix.

92. — Cette anomalie s’observe souvent avec la conque partiellement repoussée, d’où les diverses formules : conque repoussée arrière antitragus, conque partiellement (ou entièrement) repoussée, etc. (Pl. 58, nos 2 et 3 ; voir également Pl. 32, no 7).

93. — On veillera à ne pas confondre la conque repoussée avec la conque simplement traversée par l’exagération du sillon originel de l’hélix, qui va alors se joindre au pli inférieur en arrière de l’antitragus (voir Pl. 56, no 12).

94. — Signalons, à l’occasion de la conque : la conque très large, et la conque très haute. — Cette dernière particularité ne va pas sans un grand intervalle entre les deux sillons originels contigus de l’hélix et de l’anthélix.

95. — Enfin il y aura lieu quelquefois de noter les cas bien tranchés où le sillon originel de l’anthélix serait remarquablement soit horizontal, soit oblique.

96. — Le sillon originel de l’hélix est toujours situé juste au-dessus du canal auditif ; c’est de toutes les parties de l’oreille celle dont l’emplacement change le moins. Toute variation de la conque en hauteur se traduit donc par une variation concomitante dans l’intervalle des deux sillons originels, particularité qu’il est parfois avantageux d’exprimer directement, d’où les formules : sillons originels de l’hélix et de l’anthélix contigus (Pl. 57, no 13) ou largement séparés (Ib., no 14).

97. — IV. Particularités du pli supérieur (Pl. 58, nos 5, 6, 7 et 8). Nous avons déjà eu l’occasion, en parlant du degré d’accentuation des replis, de mentionner en note (page 72) l’existence du pli supérieur à double, triple ou quadruple branche ; c’est là une remarque très signalétique. Il faut veiller à ne pas la confondre avec l’hématome, terme médical servant à désigner les espèces de boursouflures indurées qui remplissent, partiellement, une ou plusieurs des cavités de l’oreille et qui résultent de la résorption d’abcès. On rencontre cette particularité fréquemment sur les oreilles des lutteurs professionnels.

98. — V. Remarques diverses. La fossette digitale ne fera l’objet d’une remarque que pour les cas rares où elle serait très accentuée, et où elle attirerait les regards par la netteté de ses bords taillés pour ainsi dire à pic.

99. — La fossette naviculaire manque forcément sur les oreilles à bordure postérieure plate (Ib., no 10). Cette particularité ne fera l’objet d’une mention que lorsque la description de ces parties pourra laisser quelques doutes sur les déductions à en tirer au point de vue de la fosse.

100. — Nous appelons fissure post-tragienne[3] le petit sillon vertical qui, après avoir séparé sur beaucoup d’oreilles l’antitragus du repli ascendant de l’anthélix, descend de là, lorsqu’il est très accentué, rejoindre l’extrémité de la fosse naviculaire (Ib., no 11). Quoique ces fissures post-tragiennes accentuées soient presque nécessairement accompagnées, sinon provoquées par un antitragus à profil saillant, la mention de cette particularité complétera utilement la description de l’oreille surtout pour la rédaction du portrait parlé.

101. — Ne pas confondre la fissure post-tragienne avec le canal intertragien qui s’observe sur toutes les oreilles, en avant du conduit auditif entre les deux tragus et dont la forme est en corrélation directe avec celle de l’antitragus (comparer à ce point de vue les nos 13 et 14 de la planche 58). On aura quelquefois à noter les cas de canal intertragien très étroit (Ib., no 12).

102. — VI. Implantation anormale de l’oreille. On rencontre quelquefois des oreilles dont toute la moitié supérieure a été repoussée en arrière et la moitié inférieure, et notamment le lobule, projetée en avant. Cette particularité est exprimée au moyen de la formule : insertion oblique antérieure du pavillon ; l’inverse est qualifié de : insertion verticale du pavillon (Ib., nos 14 et 15).

  1. a, b, c, d et e Disons ici une fois pour toutes que, dans cette énumération, les dénominations des parties décomposées seront imprimées en lettres italiques, à l’exception de leur lettre initiale reproduite sur la fiche anthropométrique pour indiquer l’emplacement de la réponse, laquelle initiale se distinguera du reste du mot par son caractère plus épais.

    Conformément à la règle générale exposée dans la note de la page 58, ces lettres initiales sont elles-mêmes de formes minuscules ou majuscule, suivant que la réponse nécessite une sériation spéciale de qualificatifs, ou doit être formulée au moyen de l’un des termes de dimensions petit, moyen ou grand. Les petits chiffres maigres etc., placés entre parenthèses, indiquent l’ordination de chaque rubrique initiale sur la fiche.

    Les mots mêmes à inscrire en réponse aux rubriques sont imprimés en caractères italiques gras, suivant la règle observée dans ce volume. Ils ont été choisis de telle sorte qu’ils peuvent être enregistrés au moyen de leur seule lettre initiale vis-à-vis chaque rubrique correspondante qui, avons-nous dit, est représentée elle-même sur la fiche par une simple initiale.

    En cas d’hésitation sur le terme convenable, répondre, comme pour les numéros d’yeux, en réunissant par un trait d’union les deux initiales possibles, la plus probable en avant.

  2. On notera, au moyen d’un renvoi aux particularités, les cas assez rares où le pli supérieur se bifurque lui-même en deux ou trois branches.
  3. Par abréviation, en place de post-antitragienne.