Identification anthropométrique, instructions signalétiques/18

SECTION B

I. — Mensuration de la longueur de l’oreille droite (Pl. 16 et 17)

38. — On doit procéder à la mensuration des diamètres de l’oreille droite[1] aussitôt après celle des diamètres céphaliques, au moment où le sujet est encore assis, face au jour, sur le tabouret.

Premier temps.

39. — Le sujet ayant la figure tournée vers la fenêtre, lui faire incliner très fortement la tête à gauche et en arrière de façon que le plan de la joue et de l’oreille droites se présente en pleine lumière sous une inclinaison voisine de 45°.

40. — De la main droite saisir le compas spécial par l’extrémité inférieure de la tige, la branche fixe en haut, en plaquer le côté non gradué contre la joue, parallèlement à la ligne d’attache de l’oreille avec la joue, mais à une distance d’environ un demi-centimètre en avant, les branches largos, dites à palette, reposant contre le crâne et étant dirigées vers le derrière de la tête.

41. — Dans cette position, grâce au renversement en arrière et à gauche de la tête du sujet, la palette fixe du compas ne porte pas ombre sur le bord supérieur de l’oreille dont elle doit encore être séparée par un intervalle de 1 ou 2 millimètres.

Deuxième temps.

42. — De la main gauche immobiliser la branche fixe du compas en prenant pour point d’appui le haut de la tête du sujet, le pouce gauche légèrement allongé appuyant fortement sur la mortaise de cette branche avec la tige, de façon que la face inférieure de la palette touche sans déprimer le bord supérieur de l’oreille, puis pousser lentement la branche mobile, au moyen du pouce droit, jusqu’à effleurement avec le point extrême du lobe (vulgo goutte) de l’oreille.

Troisième et dernier temps.

43. — Après avoir jeté un dernier coup d’œil sur la position des deux palettes, et s’être assuré que l’une et l’autre continuent à effleurer, lire et dicter l’indication du trait-index, avant de retirer l’instrument.

Remarques relatives à la mensuration de la longueur de l’oreille.

44. — Nous ne saurions trop insister sur le soin qu’il faut porter à cette opération pour ne pas déprimer la peau soit de l’ourlet supérieur, soit du lobule de l’oreille, ce qui pourrait occasionner, de la façon la plus aisée du monde, une différence de plusieurs millimètres.

45. — Les opérateurs se trouveront bien, surtout en commençant, de décomposer en deux périodes bien distinctes l’ajustage du compas sur l’oreille :

Première période. — L’instrument est placé et l’effleurement est établi supérieurement et intérieurement ainsi qu’il est prescrit ci-dessus, mais en laissant un intervalle, un jour, d’environ un demi-millimètre entre chaque palette et les extrémités correspondantes de l’oreille.

Deuxième période. — Toutes choses étant en place, l’effleurement définitif est amené d’abord supérieurement, en maintenant ferme l’adhérence entre le compas et la peau, et en ne mettant à profit pour ce léger déplacement que le glissement de la peau sur le crâne ; puis inférieurement, en élevant doucement la branche mobile jusqu’au contact.

La lecture de la graduation sera faite aussitôt après, l’instrument étant encore plaqué contre le crâne.

Fig. 23. — Mensuration d’une oreille à lobe descendant.
Fig. 23. — Mensuration d’une oreille à lobe descendant.

Fig. 23. — Mensuration d’une oreille à lobe descendant.

46. — Les lobules fondus qui se prolongent en pointe descendant le long de la joue soulèvent une difficulté : en l’absence de repli traçant inférieurement une frontière précise entre la fin de l’oreille et le commencement de la joue, on prend comme limite inférieure le sillon ou l’échancrure que l’on rencontre immanquablement sur toutes les oreilles de cette forme, en remontant de quelques millimètres, à partir de la joue, le long du bord libre du lobule.

On indique cette particularité, qui peut être une cause d’erreur, en inscrivant à la suite du chiffre indiqué par la mensuration réglementaire, les lettres pr. (abréviation de prolongé) suivies du nombre approximatif de millimètres compris entre la ligne de démarcation choisie et l’extrémité inférieure la plus ténue[2].

Ainsi l’oreille représentée par la figure ci-contre embrasserait, mesurée en grandeur nature de son bord supérieur A B à son extrémité inférieure C D une longueur de 5.4 millimètres ; la prolongation D Y située en dessous (que le dessinateur a un peu exagérée) mesurerait de même approximativement 3 millimètres ; la mesure de la longueur de l’organe devra donc figurer à la suite de sa rubrique sous la forme : 3.4, pr. 3.

47. — Les oreilles déchirées, échancrées, coupées, etc., doivent être mesurées telles quelles, conformément aux prescriptions générales.

48. — Approximation. Théoriquement la longueur de l’oreille devrait pouvoir être mesurée avec la même approximation que les diamètres céphaliques, soit à un demi-millimètre en plus ou en moins. Mais, en pratique, la mollesse et la flexibilité des parties rendent l’opération notablement plus délicate. Aussi l’écart de 2 millimètres, quoique fautif, s’observe-t-il assez souvent entre les mesures successives d’une même oreille, la vraie longueur restant entre les deux. A 3 millimètres la faute devient inexcusable.

49. — Ajoutons pourtant que l’oreille s’affaissant quelque peu, notamment chez les vieillards, on pourra rencontrer entre les signalements d’un même sujet pris à un très grand nombre d’années d’intervalle (dix ans par exemple), une divergence aussi considérable qui correspondrait en réalité à un accroissement de dimension.

  1. Pour l’oreille le côté droit a été choisi de préférence au côté gauche (à l’encontre des autres observations) à cause de l’usage qui a fait prévaloir en photographie judiciaire le profil de droite sur celui de gauche.
  2. Ces prescriptions, résultat de l’expérience, diffèrent très notablement de celles données dans la 1re édition, où l’on recommandait d’inscrire sur le signalement le total de l’addition de la longueur réelle avec la prolongation.