Identification anthropométrique, instructions signalétiques/16

CHAPITRE II

Mesures à relever sur la tête au moyen du compas d’épaisseur et du compas à glissière.

A. Diamètres céphaliques. — B. Diamètres de l’oreille

SECTION A

I. — Mensuration de la longueur de la tête
(diamètre antéro-postérieur)

Premier temps (Pl. 8 et 9).

1. — Faire asseoir le sujet sur le tabouret mobile, la face tournée du côté du jour, mais légèrement inclinée vers le sol.

2. — Se mettre sur le côté gauche du sujet, placer la pointe gauche du compas dans la concavité de la racine du nez[1], l’extrémité arrondie de la pointe étant maintenue entre le pouce et l’index qui s’appuient sur les parties circonvoisines du nez et l’empêchent de dévier vers l’une des deux cavités orbitaires, ce qui fausserait entièrement la mesure.

3. — Saisir concurremment de la main droite la pointe du même côté et l’amener vers le haut et le milieu de la tête, l’extrémité de la tige dépassant d’un centimètre à peine le bout des doigts de l’opérateur, de façon, néanmoins, à ce qu’elle puisse pénétrer facilement entre les cheveux.

4. — Les autres doigts des deux mains, légèrement pliés, maintiennent le compas dans une position presque horizontale, de telle sorte que le jour venant de la fenêtre tombe en plein sur la graduation millimétrique.

Les choses étant dans cette situation :

5. — Fixer les yeux sur le trait-index de la graduation, faire descendre la pointe droite du compas sur le derrière et le milieu de la tête jusqu’à ce qu’elle ait atteint et dépassé le point le plus saillant ; puis faire remonter cette pointe en veillant à ce qu’elle continue à toucher le cuir chevelu ; repasser sur le maximum, tâtonner quelques instants, les yeux fixés sur la graduation, pour bien s’assurer qu’on a atteint le point maximum, et enfin lire l’indication de la graduation.

6. — S’assurer que durant le cours de ces manœuvres et de celles qui vont suivre, le sujet ne fronce pas les sourcils ; c’est là un mouvement instinctif assez fréquent qui, non réprimé, pourrait indûment accroître la dimension cherchée d’un millimètre.

Le point maximum est généralement situé sur la bosse occipitale, quelquefois au-dessus. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que ce n’est pas la détermination de ce point que l’on cherche, mais bien la longueur qui le sépare de la racine du nez.

Deuxième temps (Pl. 10 et 11).

7. — L’opérateur ayant apprécié à un millimètre près la longueur de la tête, retire le compas et le fixe à la longueur soupçonnée, au moyen de la vis d’arrêt.

8. — Pour faire cette dernière opération rapidement et sans trembler :

Disposer ses doigts comme le montre la planche 11, à savoir : le pouce de la main gauche en travers de la branche gauche et de la tige graduée, tandis que les autres doigts étendus atteignent facilement le dessous de la branche droite. Du pouce et de l’index droits amener la branche droite jusqu’au point millimétrique trouvé précédemment et tourner la vis d’arrêt située au verso du trait-index.

Dans ce pointage, les quatre doigts étendus de la main gauche servent d’appui et préviennent les oscillations qui ne manqueraient pas de se produire si la droite agissait isolément.

9. — Avoir soin d’arrêter le compas juste vis-à-vis le trait index et non à côté, à un demi-millimètre en dessus ou en dessous.

Troisième et dernier temps.

10. — Ramener le compas une fois fixé à l’ouverture voulue sur la racine du nez du sujet, et recommencer le mouvement de va-et-vient effectué au premier temps (mêmes figures que pour le premier temps, Pl. 8 et 9).

11. — Par ces derniers mouvements, l’opérateur vérifie l’exactitude de la mesure obtenue et cherche en oscillant de ci, de là, si une petite bosse osseuse située à droite ou à gauche du plan médian et pouvant modifier la longueur trouvée ne lui a pas échappé au premier temps. La pointe vient-elle dans cette manœuvre à rencontrer une résistance, il augmente l’ouverture du compas de 1 à 2 millimètres, en opérant comme il a été dit au deuxième temps et recommence le troisième temps.

Si au contraire la pointe ne touche nulle part, ou si le frottement sur le point maximum est presque imperceptible, il essaie une ouverture inférieure de 1 à 2 millimètres.

Il est rare, après quelques jours de pratique, que l’on ait besoin pour arriver au chiffre exact de plus de un ou deux tâtonnements.

12. — Quelle que soit l’habileté de l’opérateur ce troisième temps dit « de contrôle » doit toujours être effectué.

Pour cette vérification, se baser surtout sur le frottement plus ou moins grand de la pointe sur le cuir chevelu. La pointe gauche reposant bien, c’est-à-dire entrant bien dans la concavité de la racine du nez, la droite doit toucher la peau de la tête ; mais il ne faut pas avoir besoin pour passer sur le point maximum d’exercer la moindre pression sur les branches, qui sont malheureusement toujours assez flexibles pour se prêter à un certain degré de redressement. Si le cas venait à se produire, il serait l’indice assuré d’une mesure trop petite de 1 à 2 millimètres.

13. — Quand le compas est fixé à la longueur exacte, le frottement est tel qu’il devient nul avec un seul millimètre en plus et dur avec un seul millimètre en moins.

14. — Bien plus, il arrive quelquefois, surtout chez les sujets maigres, que la pointure est jugée trop serrée à tel millimètre, et trop lâche au millimètre suivant. C’est qu’alors la longueur réelle tombe plus ou moins exactement au milieu des deux millimètres contigus. L’emploi des fractions de millimètre étant interdit, l’opérateur dictera, en pareille occurrence, le chiffre qui lui semblera pour chaque cas particulier le plus près de la vérité.

15. — Approximation. Des prescriptions précédentes nous devons conclure que la mensuration de la longueur de tête est susceptible d’être relevée à un demi-millimètre près, quoique la mention du demi-millimètre, n’y soit jamais faite.

En exceptant le cas où l’indication vraie tomberait à peu près juste entre deux graduations millimétriques, on doit admettre qu’il y a commencement d’erreur de la part de l’opérateur lorsque l’écart entre deux longueurs de tête relevées sur le même sujet s’élève à 1 millimètre, et faute lourde lorsque cette différence atteint 2 millimètres. L’erreur, dans ce cas, est d’autant moins excusable qu’il n’y a pas pour la tête à arguer d’une tricherie possible de la part du sujet.

16. — L’intervalle de 2 millimètres se produit généralement à la suite d’une double erreur de 1 millimètre en sens inverse : les différences s’ajoutent l’une à l’autre et la vérité reste entre les deux.

17. — Ce doublement de l’erreur, qui peut se produire pour chacune des mesures du signalement, montre avec quel soin l’opérateur qui veut éviter les écarts de 2 millimètres doit soigner le millimètre dans l’appréciation de toute espèce de longueur.

  1. En anthropologie, le point le plus généralement adopté pour la prise du diamètre antéro-postérieur, est situé sur la glabelle et non sur la racine du nez ; d’où une différence notable entre le diamètre des anthropologistes et la longueur de tête de nos signalements.