Idées républicaines, augmentées de remarques/1

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IDÉES.

I.

Le pur deſpotiſme eſt le châtiment de la mauvaiſe conduite des hommes. Si une communauté d’hommes eſt maîtriſée par un ſeul ou par quelques-uns, c’eſt viſiblement parce que elle n’a eu ni le courage ni l’habileté de ſe gouverner elle-même.

REMARQUES.

I.

UN eſſain d’Auteurs ſortis du ſein d’une nouvelle Philoſophie, la gloire du XVIII. Siécle, s’empreſſe de tirer le genre humain des préjugés & des erreurs qui l’égarent. Raiſon nouvelle, nouvelles idées, nouvelle maniere de raiſonner, nouvelle application des termes, tout eſt neuf juſqu’au bon ſens : chaque production, chaque ouvrage eſt un nouveau raion de lumiere. Quel heureux préſage du changement ſalutaire qui va s’opérer dans l’Univers ?

M. D. Volt… qui depuis long-tems a dévoué ſa plume à ce bienfait commun, eſſaie par ſon début de nous détromper ſur l’origine & la cauſe des Gouvernements politiques régis par les Loix & ſoumis à l’autorité d’un ſeul où de pluſieurs, qu’il lui plait de préſenter ſous l’idée du Deſpotiſme. Juſqu’à préſent ils ont été regardés comme le fruit d’une ſageſſe, d’une prudence attentive au bien de l’humanité, & qui en a accommodé la forme & le plan aux genies & aux mœurs des Nations. Mais l’Auteur nous avertit qu’ils ne doivent leur établiſſement qu’à l’indolence & à la ſimplicité. Tel eſt le titre fondamental des Monarchies & des Ariſtocraties. Ainſi les Citoyens & Bourgeois de Geneve ont été viſiblement des ſimples & des lâches, lorſqu’en établiſſant des Magiſtrats, ils ſe ſont donné des Chefs. L’induction peut être appliquée aux François, aux Eſpagnols, aux Hollandois &c. & comme il leur importe de ne pas laiſſer ſubſiſter ce titre d’ignominie & de mépris ; qu’on leur donne du courage & de l’habileté, ils n’auront beſoin de perſonne, & perſonne ne les maitriſera. L’on a relevé les erreurs de M. D. V. ſur la religion, ſes fauſſetés ſur l’hiſtoire ; on lui a montré qu’il eſt un mauvais Phiſicien ; il eſt fâcheux pour lui de ne pas mieux raiſonner ſur la Politique.