Iconologie (Cesare Ripa, 1643)/II/L’Hyuer


L’hyver.


ON le repreſente par vne vieille Femme, veſtuë d’vne robe fourrée, ayant le dos tourné vers le feu, ſans autre ſoin que de mãger, de boire, & de ſe chauffer.

Sa vieilleſſe nous figure celle de l’année, pource qu’en Hyuer la terre laſſée de ſes trauaux naturels, deuient glacée, melancolique, & deſpoüillée de ſes plus grandes Metam. lib. II. beautez. Ces vers d’Ouide le demonſtrent.

L’Hyuer froid & tramblant tout couuert de glaçons
Par d’eſtrangers dégaſts vient deſoler la terre,
Il deſpoüille les champs de fruicts & de moiſſons,
Faiſant aux animaux vne effroyable guerre.

Sa robe fourrée, & l’action de manger & de boire prés du feu, nous font remarquer auec Pierius, qu’apres la peine que nous auons priſe en Eſté, l’Hyuer nous inuite à joüir paiſiblement des richeſſes que la terre nous a données, & ſemble nous inciter à viure plus ſplendidement que de couſtume.

Outre les choſes que j’ay rapportées, quelques Poëtes voulant deſcrire l’Hyuer, ont repreſenté Vulcan prés de ſa Forge, comme encore Eole, laſchant peſle-meſle d’vne grotte les vents les plus impetueux, à cauſe qu’ils eſmeuuent ordinairement les tempeſtes, qui ſont plus frequentes en Hyuer qu’en toutes les autres Saiſons de l’année.

Il ne faut pas oublier icy que dans la Medaille d’Anthonin Caracalla, ces meſmes Saiſons ſont denotées par les Figures de quatre Enfans qui ſont ineſgaux en aage, dont le premier porte ſur ſes eſpaules vne corbeille pleine de fleurs ; le ſecond, vne faulx de la main droite ; le troſieſme, vn pannier qui eſt remply de fruicts ; & le quatrieſme qui eſt veſtu, au lieu que les autres ſont nuds, a la teſte voilée, & ſur ſon dos vn baſton, aux extremitez duquel ſe voyent des oyſeaux morts & differens l’vn de l’autre.