Iconologie (Cesare Ripa, 1643)/I/Constance


Constance. XXXI.


CE qu’il y a de plus ſolide en elle eſt compris dans la peinture de cette Femme. Elle empoigne vne Colomne de la main gauche ; & il ſemble qu’elle ſe veüille bruſler exprés la droite, dont elle tient vne Eſpée nuë ſur vn grand Vaſe de feu.

La Conſtance eſt vn ferme propos de reſiſter aux douleurs du corps, & de teſmoigner autant de vertu qu’il en faut, pour ne ſe point laiſſer vaincre ny aux inquietudes de l’eſprit, ny aux paſſions de l’ame, ny aux diſgraces de la Fortune. Ce qu’elle porte la main ſur vne Colomne eſt pour mieux s’affermir en ſon aſſiette, ſuiuant ce Prouerbe ; Qui bien s’appuye, tombe rarement. En effet eſtre conſtant, n’eſt autre choſe que ſe monſtrer ferme & inebranlable en toutes les raiſons qui pouſſent l’entendement à quelque reſolution.

Quant à l’Eſpée qu’elle tient nuë au milieu du feu, cela ſignifie que ny le fer ny la flamme n’eſtonnent iamais vn courage armé de Conſtance : Car tant qu’il a pour rempart vne ſi forte vertu, il peut dire hardiment auec Enée dans Virgile,

Pour moy le mauuais Sort ne change point de face,
Et ie ne voy iamais de nouuelle diſgrace ;
Pource que des mal-heurs dont ie ſuit menacé,
Ie crois ſouffrir les coups auant qu’eſtre bleẞé.