Hymnes profanes/VI/Les Funérailles

Bibliothèque de La Plume (p. 81-82).




Les Funérailles


Il fait froid — Le brouillard pénètre jusqu’aux moëlles.
Il pleut — On n’entend rien que le cri des corbeaux ;
Dans la plaine on perçoit des femmes aux longs voiles,
Pèlerins qui s’en vont de caveaux en caveaux.

Puis le soir se fait nuit sans qu’il y ait d’étoiles
Au ciel noir — Sur les morts pèse un morne repos ;
Seul, j’évoque ces corps rigides dans leurs toiles
Et je cherche à voler leur secret aux tombeaux !


Mais je tombe, abattu, la face contre terre,
Écrasé par le sombre et douloureux mystère
Qui plane sur les morts livides qui sont là.

Et le Doute implacable affole ma pensée :
S’il faut croire à la vie où la vie est brisée
C’est folie ! Et pourtant — qu’y a-t-il au delà ?