Humour et humoristes/Préface

H. Simonis Empis (p. ix-x).

EN MANIÈRE DE PRÉFACE



Des esprits chagrins m’ont dit :

« Pourquoi exprimer sous une forme fantaisiste des idées que vous croyez justes et intéressantes ? La critique souffre de ces frivolités et ce ton léger diminue la valeur de votre livre. Ne consentirez-vous donc jamais à être sérieux ? »


De joyeux esprits m’ont dit :

« Vous nuisez aux humoristes. Si vous aviez écrit sur eux de profondes études pédantes, le public eût fini par les considérer comme des littérateurs d’importance. Vous en parlez en riant, en gambadant : le public continuera à s’amuser de leurs œuvres, il ne les rangera pas dans le cénacle des écrivains qu’il respecte. Vous êtes un ami dangereux ; les humoristes vous tiendront rancune de votre livre. »


Et ma petite amie, elle aussi, m’a dit quelque chose :

« Tu es un imbécile de ne pas écrire de romans. Te figures-tu que tu vas gagner de l’argent avec ça ? Nous serons encore forcés cette année de passer les vacances dans un trou pas cher. Quand donc connaîtrai-je Trouville ? »


Il n’y a que moi qui ne me suis rien dit.