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HorizonsEugène Fasquelle (p. 91-92).
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LE CRAPAUD


Toi que tout le monde appréhende
De voir, bête aux regards dorés,
Ô gentille et pure légende
De mon enfance et de mes prés,

J’aime, dans ton horreur physique,
Cette goutte d’eau de ta voix
Qui mit si souvent en musique
Les doux vers luisants de mes bois.

Sous quelque touffe ébouriffée
Quand tu t’enfuis, pauvre crapaud,
Gonflant d’une chanson de fée
Toute la laideur de ta peau,


Je suis ton pas qui boite et rôde,
N’ignorant pas qu’entre tes yeux
Tu possèdes une émeraude,
Trésor secret et merveilleux,

Et je te garde des caresses,
Car je sais dès longtemps déjà
Que les crapauds sont des princesses
Qu’un coup de baguette changea…