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HorizonsEugène Fasquelle (p. 72).

INCOLORE


Une brume est au bout du chemin du cimetière.
Des pas lourds dans la boue ont modelé le chemin.
Ce sont les pas de ceux qui coucheront demain
Tout de leur long parmi leurs copains du cimetière.

La Seine sans couleur heurte quelques chalands
Sur les berges d’hiver où rien encor ne s’allume.
Les usines d’Issy fument tout droit dans la brume.
Je vais seule à travers ces choses, à pas lents.

Je n’ai ni peine ni plaisir dans l’âme. Que faire
Parmi cela, puisque tout m’y est indifférent,
Ces vivants dispersés comme ces morts en rang,
Et ce qu’ils sont en train de faire, ou de ne pas faire ?…