Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 56

Charpentier (p. 322-325).
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ÉVENTAILS, ÉCRANS, PARAVENTS,
PEINTURES DE PARDESSUS

Un album de douze dessins d’éventails, dont quelques-uns sont des petites merveilles. Je citerai des oiseaux, une sauterelle sur une lanterne aux ombres chinoises, un champignon tombé sur des feuilles de momiji, etc.

Ces dessins d’éventails, portant la signature d’Hokousaï, appartiennent à M. Hayashi, qui en possède d’autres, comme :

Un marchand d’écumoirs de thé en bambou. Signé : Hokousaï Taïto.

Un chrysanthème, large dessin, un peu lavé, de rose sur l’encre de Chine. Signé : I-itsou ! Hokousaï changé de nom.

Deux moineaux. Signé : Hokousaï.

Des maigres se grisant de saké. Dessin caricatural. Signé : Taïto.

M. Bing possède également une série importante de dessins d’éventails :

Un oiseau et une araignée.

Une tige de nénuphar.

Un Japonais qui lit, couché à terre.

Des crevettes.

Une tortue et un poisson rouge dans un vase de cristal à la transparence presque invisible.

Sur un papier crépon, fait particulièrement pour les éventails, un hochequeue sur une pierre, où d’un côté est une fleurette bleue, et de l’autre côté une tige de plante couverte de neige. Éventail signé : Gwakiô rôjin Manji (Manji, vieillard fou de dessin), 1839-1840.

Cet éventail fait partie de ma collection.

Dans la collection Haviland se trouve un éventail représentant un coq, qui s’enlève de la manière la plus heureuse sur une poule blanche.

La collection Odon de Mussy contiendrait un certain nombre d’éventails.

Dans la collection de M. Ernest Hart à Londres, le possesseur me signale un éventail, sur lequel est peint à la sépia, un faisan, de la facture la plus artistique.

Il est aussi passé, entre les mains de MM. Hayashi et Bing, un certain nombre de dessins d’écrans, aujourd’hui dispersés et passés dans des collections inconnues. Je citerai cependant chez M. Gillot un écran, où se voit le Fouzi-yama derrière un saule pleureur, et coupé par les mailles de filets de pêche, mis à sécher.

Parmi les paravents, je n’en citerai qu’un, qui est de la plus belle qualité, et formé de deux panneaux (H. 170. — L. 80). Il représente, sur le panneau de droite, la déesse Béntén, planant au milieu des nuages ; un dessin très légèrement lavé d’aquarelle ; sur le panneau de gauche, un dragon largement enlevé à l’encre de Chine.

Ce paravent aux panneaux sur papier, fait partie de la collection Blasini, qui contiendrait des kakémonos et des makimonos intéressants.

Enfin, comme destination originale, le dessin d’une courtisane, en train d’arracher les cheveux blancs d’un Darma, dont la tête fumante, est recouverte d’un mouchoir mouillé.

Kakémono ironique, enlevé par les rapides coups d’un pinceau chargé d’encre de Chine, avec quelques tons de chair, dans la tête du Darma.

Signé : Katsoushika Hokousaï Taïto (vers 1817).

H. 39. — L. 68.

Sait-on d’où vient cette curieuse pochade ? De l’entre-deux d’épaules, enlevé d’un pardessus, appelé haori au Japon, où l’on aime à avoir la peinture d’un homme célèbre dans le dos, et qui se voit seulement au moment où on le donne aux servantes, pour l’accrocher ?

Ce dessin, monté en kakémono, est possédé par M. Hayashi.