Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 55

Charpentier (p. 268-321).
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KAKÉMONOS — MAKIMONOS — PANNEAUX

Ici, sous ce titre, qui comprend tout ce qui touche à l’encre de Chine ou à l’aquarelle, la peinture japonaise de son pinceau, je vais essayer de signaler, bien incomplètement, les précieux morceaux de papier ou de soie, signés du glorieux maître, existant à l’heure présente, en Europe, en Amérique, en Asie.

KAKÉMONOS

Une carpe, dont le milieu du corps est traversé dans l’eau, où elle nage, par un rayon lumineux. Signé : Hokousaï I-itsou manji. (Hokousaï à 75 ans).

H. 29. — L. 34.

Collection Hayashi.

Shishin, l’un des 108 héros du roman de Souikô.

De profil, tourné à droite, la tête levée en l’air, tenant un bâton d’une main rejetée derrière le dos, Shishin est habillé d’une robe de dessous bleue, sa robe de dessus tombée autour des reins ; il a aux pieds, des espèces de bottes de cuir lui montant jusqu’aux genoux, et ses bras nus sont tatoués de neuf dragons.

Un dessin à l’aquarellage noyé, mettant autour des contours et des plis, des teintes délavées, semblables à celles des bords de mers et d’océans, dans nos atlas.

Signé : Manji, vieillard fou de dessin à 80 ans.

H. 120. — L. 52.

Riki, un autre héros des 108, surnommé le Tourbillon noir, à cause de la rapidité, avec laquelle il faisait tourner sa hache.

De face, debout, les traits farouches, le menton appuyé sur sa main gauche, sa main droite tenant sa hache homicide. Une anatomie rocheuse, comme inspirée par les statues de pierre des Niô à la porte des temples, avec des chairs couleur brique, et quelques touches de bleu dans le noir de l’encre de Chine des vêtements.

Même signature et même grandeur que le premier.

Les deux pendants font partie de la collection Hayashi.

Un faisan, la tête retournée près d’une tige de pissenlit.

Signé : Hokousaï (de 1800 à 1806).

H. 31. — L. 54.

Un faisan. Signé : Manji, vieillard fou de dessin à 80 ans.

H. 29. — L. 57.

Ces deux dessins font partie de la collection de M. Hayashi.

Kwakou Shighi, le ministre populaire de la Chine, le ministre à la plus nombreuse famille de tous les ministres de la terre, représenté assis sur une chaise tournante, la tête penchée vers sa femme, et entouré de plus de vingt-quatre enfants.

Un kakémono d’une facture dure, mais avec un effort chez Hokousaï, de faire plus portrait, qu’il ne fait d’ordinaire, dans ces têtes d’enfants, au ton rose de la pêche, et avec des rehauts de blanc sur le nez et les paupières.

Signé : Manji, vieillard fou de dessin, autrefois Hokousaï changé de nom, vulgairement Nakashima Tetzouzô Fouji-wa-no Tamékazou, à l’âge de 88 ans.

H. 100. — L. 43.

Le même sujet vers 1807, plus ancien de 40 ans.

H. 61. — L. 55.

Ces deux compositions font partie de la collection Hayashi.

« Le Lever. » Femme habillée d’une robe grise, semée de fleurettes blanches, tenant en main un yutô, une cafetière en laque, semée de pétales de fleurs d’oranger, servant au transport de l’eau chaude, qu’elle s’apprête à verser dans un bol de porcelaine décoré de paysages bleus, posé sur un plateau à pied, près d’une brosse à dents en bois.

Signé : Hokousaï.

H. 114. — L. 44.

« Le Coucher. » Femme qui va se coucher, en train de changer le papier de son oreiller, sa tête sortant du rose de sa robe de dessous, et son corps flottant dans les plis d’une robe de dessus d’un gris mauve, sillonné de petits oiseaux de mer, appelés au Japon miyakodori.

Même signature et même dimension que le Lever.

Ces deux kakémonos font partie de la collection de M. Hayashi.

Un troisième kakémono : la moustiquaire de cette série, est chez M. Gonse.

Tchôriô, conseiller d’État, rencontrant sur un pont Kosékikô, vieillard mystérieux qui lui remet un rouleau, avec l’étude duquel, il met en état le prince, son maître, de renverser l’Empereur, qui a fait la grande muraille de la Chine.

Dessin de premier jet, avec quelques légères colorations dans le barbotage de l’encre de Chine.

Signé : Sur la demande de Yeisai Soshû, Hokousaï Sôri a fait ce dessin. Le dessin n’est pas signé, mais porte un cachet où il y a le nom de Tokimasa (vers 1798).

H. 115. — L. 47.

Collection Hayashi.

Sur un fond brunâtre, une grande branche tortillarde de prunier en fleurs, rien qu’à l’encre de Chine avec les fleurs gouachées de blanc : un kakémono d’un relief extraordinaire, où le noueux, l’excorié, le liégeux d’un vieux bois, sont rendus d’une manière miraculeuse.

Signé : Katsoushika Hokousaï (1806-1807).

H. 126. — L. 52.

Trois grandes lanternes posées l’une à côté de l’autre. De la peinture décorative enlevée rapidement.

Non signé.

H. 118. — L. 51.

Ces deux kakémonos appartiennent à M. Hayashi. Ils faisaient partie d’un paravent de six feuilles, dont deux maintenant sont en possession de M. Vever, et deux en possession de M. Monnet, le paysagiste.

Femme lisant une pièce de théâtre, dans un mouvement de tête abaissée, au cou cassé. Coloration de la figure avec le blanc d’une face de pierrot, mais une robe aux tons changeants, semés de fleurettes de lespedèze, sur laquelle tranche le ton d’une ceinture verdâtre aux dessins jaune d’or. Un oiseau volant au-dessus de la tête de la liseuse.

Signé : Hokousaï.

H. 119. — L. 51.

Collection Hayashi.

Femme de profil tournée à droite, à la tête de face surmontée de l’étoilement des épingles de sa chevelure, et avec le délicat ovale de sa figure, sortant du rose d’une robe de dessous. Un dessin d’une grâce contournée charmante ; la robe ayant aux épaules comme le renflement d’un dolman, et se creusant à la rentrée des reins sous la ceinture, toute bouffante en avant, et se répandant et s’étalant aux pieds, en un large ondoiement. Des colorations, comme si le papier buvard sur lequel elles sont posées, trempait dans l’eau ; et un noir assoupi des cheveux, et un incarnat du visage, pour ainsi dire imperceptible, et un nuageux des plis de la robe, qui semble impossible à obtenir. Un des plus désirables kakémonos d’Hokousaï.

Signé : Taïto (1887).

H. 107. — L. 29.

Collection Hayashi.

Handaka, un disciple de Bouddha, élevant en l’air un bol, d’où sort une fumée qui se change en dragon.

Dessin d’un déchiquetage personnel à Hokousaï, et où les étoffes ont l’air de lanières volantes, comme si cette animation un peu exagérée, que l’artiste met dans les corps, il voulait la porter dans les étoffes. Lavis à l’encre de Chine sur un ton rosâtre.

Signé : Hokousaï Taïto (1815).

H. 100. — L. 43.

Collection Hayashi.

Un prêtre shintoïste tenant un arc, auquel sont attachées des poésies. Facture tout à fait grossière, barbouillage inharmonique.

Signé : Manji, vieillard de 85 ans (1844).

H. 95. — L. 29.

Collection Hayashi.

Un aigle, au moment où il se pose sur le rocher d’un écueil.

Un des kakémonos d’Hokousaï, à la coloration la plus puissante, et qui porte en haut cette curieuse note : « L’année dernière, le 28 du 11e mois, l’oiseau était vu à Kazousa et, le 18 du mois suivant, il fut pris à Sounamoura, et l’ordre de le dessiner fut donné à Hokousaï, 6e mois 1848. »

Signé : Manji autrefois Hokousaï, vieillard fou de dessin, vulgairement Nakashima Tétsouzô (et en vérité) Foujivara no Tamékazou, à l’âge de 88 ans.

H. 123. — L. 52.

Collection Hayashi.

Kakémonos des six Poètes, panneaux détachés d’un paravent :

Ariwara no Narihira,
Ohtomo no Kouronoushi,

Boun-ya no Yasouhidé,
Sôjô Hénjô.

Peintures décoratives enlevées d’un pinceau rapide.

Signé : Katsoushika Hokousaï (1806-1812).

H. 130. — L. 53.

Collection Hayashi.

Omono Komati,
Kisén Hosshi.

Ces deux panneaux complétant les six Poètes, et de la même dimension, et portant la même signature que les quatre autres, nous les retrouvons dans la collection de M. Vever.

Un Katsouo (poisson ressemblant au maquereau), dont une tranche a été enlevée, posé sur une tige d’œillet ; un autre avec un navet : ce poisson se mangeant avec du navet râpé.

Signé : I-itsou Hokousaï (vers 1823).

H. 92. — L. 27.

Collection Hayashi.

Un vol de pluviers au-dessus d’un cours d’eau, par un jour de neige. Kakémono d’une exécution poussée au fini.

Signé : Hokousaï Tokimasa (1799-1800).

H. 110. — L. 26.

Collection Hayashi.

Un shôjô, un petit génie du saké, à la chevelure rouge envolée derrière lui, soulevant de ses deux bras en l’air, un barillet de saké.

Signé : Hokousaï, fou de dessin (1801-1805).

H. 84. — L. 26.

Collection Hayashi.

Apparition de monstres. Une tête énorme, à côté d’une tête de vieille femme, au long cou d’un serpent, sortant d’une boîte.

Non signé.

H. 31. — L. 57.

Collection Hayashi.

Apparition. Derrière une lanterne de tombeaux, décorée de feuilles de nénuphar (un symbole bouddhique), une femme, d’une main appuyée sur un bâton, la tête enveloppée d’une chevelure épaisse, les yeux creux, le nez décharné, les dents se détachant en blanc d’un trou noir, les chairs livides éclairées par la blafarde lueur de la lanterne.

Dessin, fait pour une audition de Hayashiya Shôzô, conteur d’histoires de revenants, au moment où l’on éteignait les lumières, et où ne restait éclairé que le dessin d’épouvante.

Signé : Manji, vieillard fou de dessin, à l’âge de 80 ans (1839).

H. 56. — L. 27.

Collection Hayashi.

Deux têtes coupées, aux traits contractés, au blanc de l’œil injecté de sang, attachées par une cordelette à une tige de bambou. Peinture qu’on sent faite d’après nature, sur un morceau de soie entièrement recouverte de gouache, et qui joue la peinture à l’huile.

Signé : Manji, vieillard de 88 ans (1847).

H. 32. — L. 53.

Lanterne de cimetière avec la planchette de prière ; un serpent sortant de la lanterne renversée.

Non signé.

H. 32. — L. 53.

Ces deux kakémonos, qui appartiennent à Hayashi, faisaient partie d’un paravent de 18 feuilles, que sauf ces deux sujets, Hayashi a refusé d’acheter : les seize autres représentant des cadavres en liquéfaction.

Femme habillée d’une robe, à l’imitation d’une queue de paon, et sur laquelle neige un prunier en fleurs.

Peinture à la gouache, jouant la peinture à l’huile, sur une planchette destinée à être attachée par un clou à un pilastre ou à une colonne.

Non signé.

Collection Hayashi.

Un homme, un masque de Téngou, sur la figure, dansant et chantant, mène le branle de trois petits Japonais, aux joyeuses gambades.

Dessin du faire le plus léger et le plus spirituel.

Signé : Manji, vieillard fou de dessin (80 ans).

H. 91. — L. 29.

Collection Hayashi.

Daïkokou et Yebisou en voyage. Dessin caricatural en une aquarelle très pochée.

Signé : Hokousaï, fou de dessin.

H. 75. — L. 28.

Collection Hayashi.

Paysage représentant, très modifiée, la vue de Tsoukouba du Shashin.

Non signé, mais portant le cachet d’Hokousaï.

H. 29. — L. 45.

Collection Hayashi.

Shôki en marche, un chapeau-parasol sur son sombre visage, les mains croisées sous ses larges manches.

Un dessin à l’encre de Chine sur un fond brunâtre, qui a quelque chose de farouche dans sa noire tonalité.

Signé : Manji, vieillard de 88 ans.

H. 67. — L. 26.

Collection Hayashi.

La poétesse Seishônagon, la première romancière du roman d’amour au Japon, et qui a écrit, au viiie siècle, le Cahier de l’oreiller. Elle est représentée, ainsi que toutes les femmes de la noblesse, dont sont sorties les poétesses, avec les deux mouches à l’encre de Chine sur le front, appelées, je crois, hòshi et les cheveux épars sur le dos, lisant un rouleau sur une petite table, devant laquelle elle est accroupie.

Signé : Hokousaï Taïto (1817).

H. 99. — L. 39.

Collection Hayashi.

Yébisou rapportant un taï, dans un panier accroché derrière son dos.

Dessin à l’encre de Chine avec quelques colorations rouges et bleues : gai dessin aux traits spirituels et au lavage léger.

Signé : Sôri (1795-1798).

H. 91. — L. 25.

Shôki, en train de lire, derrière le dos d’une femme, la lettre qu’elle vient de recevoir.

Même facture que le kakémono précédent.

H. 85. — L. 27.

Ces deux kakémonos font partie de la collection Hayashi.

Cascade de Nounobiki (de la Toile accrochée), chute d’eau, dont les ondes ont les ondulations horizontales d’une toile, mollement suspendue en l’air, et qui sont dans le dessin rehaussées de gouache, avec la poussière de l’eau sur les rochers, rendue dans une imitation parfaite par une poussière de blanc d’argent.

Signé : Hokousaï (1800).

H. 102. — L. 27.

Collection Hayashi.

Une guésha en promenade, de profil, tournée à gauche, une lanterne derrière elle. Elle est habillée d’une robe noire, ocellée de plumes de paon.

Signé : Gwakiôjin Hokousaï.

H. 82. — L. 28.

Collection Bing.

Une vieille blanchisseuse, son panier sous le bras. Lavis à l’encre de Chine.

H. 86. — L. 27.

Collection Bing.

Un bord de rivière. Encre de Chine.

Signé : Hokousaï

H. 34. — L. 56.

Collection Bing.

Diable à la figure verte, accroupi devant une pipe et une tasse de saké. Aquarelle.

Signé : Manji à 88 ans.

H. 18. — L. 15.

Collection Bing.

Une femme versant du saké à un vieillard.

Kakémono à la finesse d’un sourimono.

Signé : Gwakiôjin.

H. 38. — L. 38.

Collection Bing.

Un Shôski en pied, tout peint à l’encre rouge, sauf les yeux, et le trait serpentant de la bouche. Ces peintures sont, je crois, considérées au Japon comme des préservatifs des maladies.

Signé : I-itsou à 75 ans.

H. 64. — L. 27.

Collection Bing.

Ouvrier nettoyant la neige sur un tonneau, se détachant d’un ciel d’hiver, tout ouateux de neige[1].

Signé : Hokousaï Taïto.

H. 98. — L. 30.

Collection Bing.

Réunion d’une tortue de longévité, de la perle sacrée, d’une lettre de bonheur : dessin d’un groupement plein de style.

Signé : Manji.

H. 95. — L. 33.

Collection Bing.

Le pèlerin Saïghiô, ayant quitté la cour, assis sur un tertre, et contemplant la campagne avec des yeux contemplatifs d’ascète.

Signé : Hokousaï.

H. 64. — L. 27.

Collection Bing.

Un prunier en fleurs, sous le clair de lune. Encre de Chine qui a l’admirable papillotage de la lumière sur ces arbres, en leur floraison.

H. 136. — L. 21.

Collection Bing.

Une langouste dessinée avec la science ichthyologique du Maître.

Signé : Hokousaï.

H. 85. — L. 29.

Collection Bing.

Un vieillard, fait avec le lavage brutal des vieilles années du peintre.

Signé : Hokousaï, — bien certainement une signature fausse sur un dessin vrai, mais du temps où Hokousaï signe Manji.

H. 74. — L. 20.

Collection Bing.

Guésha, habillée d’une robe noire, aux transparences de la plus grande habileté, et marchant de profil tournée à gauche, ainsi que presque toutes ses études de courtisanes.

H. 119. — L. 29.

Collection Bing.

Un kakémono, divisé en trois compartiments. Entre une poésie chinoise et une poésie japonaise, dans la bande étroite du milieu, un paon, la tête soulevée pour attraper une araignée, pendant au bout d’un fil. Une aquarelle extraordinaire, où le maître a rendu la vie remuante de la plume : l’un des plus merveilleux kakémonos d’Hokousaï que j’aie vus.

Signé : Gwakiôjin Hokousaï.

Collection Bing.

Diables s’abritant sous le chapeau de Shôki. Peinture aux anatomies fragmentées, et aux colorations brutales non fondues, et ressemblant à des morceaux de mosaïque : peinture typique du faire des dernières années d’Hokousaï.

Signé : Manji.

H. 80. — L. 55.

Collection Gonse.

Un faucon sur une branche de sapin. Aquarelle.

Signé : Manji. Mais je crois le dessin antérieur à cette signature, qui y aurait été postérieurement apposée.

H. 68. — L. 21.

Collection Gonse.

Un coq et une poule. Aquarelle de la plus grande intensité.

Signé : Gwakiô rôjin, à l’âge de 80 ans.

H. 36. — L. 56.

Collection Gonse.

Hotei couché à terre, enfonçant les mains dans son sac. Peinture d’un grand relief, aux délicats détails du costume vert et bleu perdus dans la masse, et aux belles lignes du sac.

Non signé.

H. 29. — L. 46.

Collection Gonse.

Tige de bambou, où vont se poser deux moineaux : la tige de bambou à l’encre de Chine, les moineaux, pochés de ces rougeâtres et brunâtres taches, qui font des moineaux d’Hokousaï, de petites œuvres de la plus grande maîtrise.

Ce kakémono, qui vient de la vente de l’atelier de Kiôsaï, et qui est signé : Katsoushika-tiyémon, à l’âge de 85 ans, a en tête, une lettre d’envoi autographe du peintre, avec un croqueton de salutation, semblable à ceux qu’il jette en tête de ses lettres à ses éditeurs, et l’envoi est fait à un ami habitant près du pont de Nakabashi, qu’il appelle dans sa lettre : Fleur de Nakabashi.

H. 90. — L. 33.

Collection Gonse.

Femmes ramassant des coquillages, et les portant dans un bateau. Amusante scène, se détachant de profonds lointains, mais d’un faire un peu miniaturé, un peu petit.

Signé : Hokousaï Katsoushika.

H. 42. — L. 45.

Collection Gonse.

Kiyomasa, en son costume de guerre précieusement travaillé, sous son casque à cornes, se voit superbement piété, une main appuyée sur le manche de son sabre, dans l’enveloppement turgide de ses épaulières.

Signé : Hokousaï I-itsou.

H. 70. — L. 27.

Collection Gonse.

Princesse dans une tempête de neige, au bord de la mer, suivie de deux serviteurs, dont l’un tient un parapluie au-dessus de sa tête. Une magique représentation du floconnement de la neige dans l’air, avec dans un coin du ciel, la fonte lumineuse de fleurs roses de pruniers, sous cette tombée de blancheur. Ce serait la mise en scène de la légende de Komati réclamant du ciel la pluie.

Non signé.

H. 79. — L. 27.

Collection Gonse.

Un chasseur qui vient de tuer un sanglier, en train de le lier avec une corde. Aquarelle au doux lavage, amorti, assoupi.

H. 33. — L. 42.

Collection Gonse

Guésha, la tête de trois quarts, baissée dans un penchement à gauche, et habillée d’une robe de soie noire brodée de fleurettes, aux transparences rendues par la plus habile aquarelle.

Signé : Hokousaï.

H. 105. — L. 27.

Collection Gonse.

Un prunier en fleurs. Lavis où l’arbuste est traité à l’encre de Chine, et les fleurs gouachées de blanc, de la plus parfaite exécution artistique.

Signé : Hokousaï Sôri.

H. 120. — L. 35.

Collection Gonse.

Yoshitsouné, sous son casque à cornes, et revêtu d’une armure rouge, que dépassent derrière les flèches de son carquois et le manche d’un de ses deux sabres. Spécimen d’une des peintures les plus parfaites, et les plus travaillées d’Hokousaï.

Non signé.

H. 81. — L. 40.

Collection de M. Gonse, qui a donné le pendant au Louvre, faisant partie d’un paravent, composé de trois compartiments.

Blanchisseuse agenouillée, battant le linge, dans un paysage montagneux.

Signé : Hokousaï Sôri.

H. 105. — L. 42.

Collection Gonse.

Femme sous une moustiquaire, agenouillée, et d’une main tendue en l’air, en train de brûler, avec une petite mèche enflammée, des moustiques, dans un mouvement de grâce, qui dessine la molle et ressautante ligne de son dos. Très originale peinture, où dans la pénombre verdâtre de la moustiquaire, la femme en sa robe à fleurettes, apparaît, ainsi que dans la coloration glauque d’un aquarium, au jour tombant, tandis que, comme opposition, se voit tout lumineux un petit morceau de sa robe fleurie, sur laquelle est relevée la moustiquaire.

Signé : Hokousaï Sôri.

H. 122. — L. 43.

Collection Gonse.

Ce kakémono est le complément du « Lever » et du « Coucher », les deux kakémonos en possession de M. Hayashi.

Tête de Darma. Lavis d’une beauté tout à fait singulière. Une noyade d’encre de Chine, où dans le flou du lavis, les traits du saint apparaissent, avec quelque chose de la solidité d’une sculpture, qu’on apercevrait au fond de l’eau.

Non signé.

H. 59. — L. 28.

Collection Gonse.

La marchande de fagots. Un bœuf, sur lequel est un abri en roseaux, et que conduit par la bride une femme fumant sa pipette. Une aquarelle où, sur la massivité sombre de l’animal, se détache l’éclatant bariolage de la robe de la conductrice.

Signé : Taïto Hokousaï, changé de nom.

H. 85. — L. 31.

Collection Gillot.

Un vieux marchand d’écumoires en bambou pour la poudre de thé, appelées en japonais tchasén, accroupi à terre, au milieu de l’étalage des objets de sa vente. Un barbouillage d’encre de Chine, rehaussé de blanc, avec un ton de chair sur la figure et les mains ; et où, les petits yeux écarquillés, le nez en point d’interrogation, la bouche égueulée du marchand, montrent, sous quatre coups de pinceau, toute la narquoiserie d’une physionomie japonaise.

Signé : Katsoushika Mousén hôshi, ou le prêtre, sans le sou de Katsoushika, à 65 ans (1824).

H. 65. — L. 35.

Collection Gillot.

Sur un mortier du riz, un coq qui n’est pas l’éternel coq de profil d’Hokousaï, mais un coq de trois quarts, piété de côté dans une attitude batailleuse ; un coq, au rouge vineux de sa crête, s’enlevant sur le noir de sa queue et de son poitrail : le coq le plus artistique des coqs du maître, et dont la pochade prend, à distance, le trompe-l’œil de l’aquarelle la plus achevée.

Signé : Taïto, autrefois Hokousaï.

H. 80. — L. 29.

Collection Gillot.

Un sanglier détalant dans la neige. Une merveille que ce déboulement galopant, où sont si bien dessinées, les délicates pattes en mouvement, du lourd animal.

Signé : Manji, vieillard de 88 ans (1847).

H. 32. — L. 32.

Collection Gillot.

Le prêtre Saïguio, poète voyageur, regardant, sur un pont, une grue volante dans le haut du ciel. L’homme, la main appuyée sur un bâton, est penché à droite, la tête cachée par son chapeau. Un dessin aux dessous solides, ressentis, sous des colorations éteintes, où se voient une besace au vert joliment passé, une robe jaunâtre aux cassants des plis, relevés de filées de gouache. Un des beaux kakémonos que j’aie vus, et qui, exécuté dans les dernières années de sa vie, a le doux enveloppement du beau temps de son talent.

Signé : Manji, vieux de 85 ans.

H. 95. — L. 28.

Collection Gillot.

Deux canards mandarins à l’aquarelle : l’un, la tête levée, l’autre fouillant la vase.

Signé : Manji.

H. 97. — L. 27.

Collection Vever.

Sékizoro. Trois danseurs du Jour de l’An, tenant dans chacune de leurs mains, un bâton. Un dessin à l’habile groupement, et où, un danseur de face se voit entre deux danseurs de dos, comme dans une ascension pyramidale.

Signé de la signature de ses derniers temps.

H. 125. — L. 52.

Collection Vever.

La poétesse Ono Komati, avec ses deux mouches au front des femmes de la noblesse, et sa belle chevelure noire dépassant par derrière la traîne de sa robe, d’une main tenant un grand éventail, qui lui masque la gorge et le bas du visage. Elle est vêtue d’une robe de dessous rouge, sur laquelle est jetée une robe de dessus à fleurettes.

Non signé.

H. 132. — L. 55.

Collection Vever.

Le prêtre Kisén. Il est vu de dos, avec sa calvitie au milieu de la couronne de ses cheveux, et un bout de profil perdu, qui ressemble à un profil de gorille. Appuyé sur un bâton, il est habillé d’une robe noire, sur laquelle est jetée, comme une couverture à larges bandes, couleur de rouille.

Non signé.

H. 132. — L. 55.

Collection Vever.

Ces deux kakémonos de Komati et du prêtre Kisén faisaient partie de la collection des six Poètes, dont quatre sont encore dans la collection de M. Hayashi.

Une chute de cascade, dans laquelle remontent deux carpes, avec des parties visibles et des parties noyées par la chute d’eau, dont le rejaillissement de l’écume est fait, à s’y tromper, au moyen de gouttelettes éclatées de gouache.

Signé : Gwakiôjin.

H. 109. — L. 48.

Collection Vever.

Un piège à oiseau. Un baquet appuyé sur un bout de bambou, que le moindre contact doit faire chuter, et sous lequel il y a du grain. Vers le baquet descend une volée de moineaux, dont l’un, sur le bord du baquet, est prêt à s’y glisser. Facture large.

Signé : Gwakiôjin.

H. 125. — L. 52.

Collection Vever.

Sur la nuit noire d’un ciel, dans lequel un éclair fait une éclaircie, le terrible Yorimasa, le général de Minamoto, contorsionné dans un mouvement de force, qui dessine toute son anatomie herculéenne, tend un gigantesque arc, dont la flèche va tuer le Nouyé, animal fantastique à la tête d’un tigre, au corps d’un taureau, à la queue d’un serpent.

Signé du cachet : Svastica[2].

H. 100. — L.42.

Collection Vever.

Au-dessus de feuilles de momiji, une théière suspendue au bout d’une longue attache de fer passant sur une inscription contenue dans la figuration d’une sorte de tablette appelée au Japon, papier à poésie (tansakou).

Voici ce que raconte cette théière à saké suspendue à un arbre. Sous l’Empereur Takakoura (xiie siècle), un souverain poète, dans le jardin impérial, un jour de la fin d’automne, trois domestiques balayeurs avaient fait chauffer du saké, pour se mettre un peu de chaleur au corps. L’Empereur, sorti de son palais, pour admirer le coucher du soleil dans le bois d’érable, alors tout rouge, arriva seul, là où se tenaient les trois balayeurs. Le sans-gêne de ces domestiques du palais valait leur renvoi, mais avant que quelqu’un de sa suite pût les punir, l’Empereur s’écria, sur un ton de bonne humeur : « Quel plaisir de voir ces pauvres gens partager mon inspiration poétique… cela me rappelle la célèbre ligne ancienne qui dit : « Dans ce bois chauffant le saké, en brûlant les rouges feuilles d’érable… » Et les balayeurs furent pardonnés. Généralement le sujet est représenté avec les trois balayeurs, habillés en blanc, et coiffés de chapeaux noirs. Mais ici Hokousaï supprime les personnages.

Le tanzakou, placé au milieu, porte : « Le plaisir de la vie est d’admirer les vues des quatre saisons, avec la lune, la neige, les fleurs, la montagne verte, le bois à feuilles rouges, dont une partie tapisse la terre. »

Signé : Sajimoti.

Le papier en large, placé en tête du kakémono, est une lettre d’Hokousaï, qui recommande un élève au docteur Sanghino, lettre signée : Le paysan Hatiyémon, habitant en face de la pharmacie Jôsaï. Datée le 12e jour du 7e mois (probablement de la même année 1843).

H. 78. — L. 23.

Collection Haviland.

Oiseaux sur un baquet renversé, près d’un œillet et de marguerites : les marguerites gouachées de blanc avec un tel art, qu’elles semblent brodées.

Signé : Katsouskika Hokousaï.

H. 25. — L. 32.

Collection Haviland.

À demi abritée par un paravent, une femme en train de se coiffer, les deux mains élevées au-dessus de sa tête, et soulevant par derrière sa natte à l’aide d’une grosse épingle à cheveux. Accroupie dans un mouvement plein de grâce, son miroir, qu’on ne voit pas, est posé sur le genou d’une jambe remontée ; dans ce mouvement, un sein sort de sa robe, et sous la robe, s’entrevoit un rien du dessous de la cuisse et du pied de la jambe, qui porte le miroir.

En ce kakémono, certainement un des plus soignés et des plus parfaits du maître, Hokousaï a cherché une opposition entre la finesse de la linéature, pour ainsi dire graphique, faisant le contour des mains, du visage, du sein, de la cuisse, du pied, et le ton neutre et le lavage un peu brutal de la robe.

Signé : Gwakiôjin Hokousaï.

H. 97. — L. 32.

Collection Haviland.

Au-dessus d’une cascade, au milieu de fleurs de cerisier, un aigle, le corps ramassé, la tête tendue et projetée en bas, comme s’il s’apprêtait à fondre sur une proie. Peinture au cruel dessin de la tête, au solide noir et au beau fauve de la plume hérissée, et comme soulevée par l’instinct carnassier. C’est la même étude mais, je crois plus poussée, que celle de l’aigle, pris à Sounamoura, en 1848, et qui est dans la collection de M. Hayashi.

H. 106. — L. 54.

Collection Manzi.

Sous la pleine lune, une courtisane en marche vers la droite, elle est dans une robe de dessous jaunâtre, étoilée de fleurs rouges, sur laquelle est rabattue une robe de dessus bleuâtre, décorée de glycines blanches.

Signé : Gwakiôjin Hokousaï (1801-1805).

H. 115. — L. 30

Collection de Goncourt.

Une courtisane, vue de trois-quarts dans une robe décorée de branchettes de sapin, lavées d’encre de Chine, sur lesquelles se détachent des grues volantes, gouachées de blanc.

En haut est jetée cette poésie, signée Méjiro Sanjin :

« Le Bouddha exploita la loi religieuse. Le premier prêtre exploita le Bouddha, les prêtres de la postérité continuent à exploiter leur ancien maître, et toi tu exploites ton corps. Ton commerce consiste à calmer la fièvre des passions. Au fond la réalité c’est le néant, et le néant c’est la réalité. Le feuillage offre sa verdure et la fleur sa couleur. La lune se baigne dans le lac, mais ce n’est là que son image. »

Kakémono signé : Gwakiôjin Hokousaï (1801-1805).

H. 115. — L. 30.

Collection de Goncourt.

En Hollande, au musée ethnographique de Leyde, M. Gonse, cite trois kakémonos représentant des courtisanes, kakémonos, non signés mais dignes de lui être attribués.

En Angleterre, au British Museum, venant de la collection Anderson, un kakémono en couleur sur soie (Sise 21 5/8 x 32 3/8) représentant : « Tamétomo et les diables, dans l’île des diables. » Le héros est assis sur un rocher, près de trois diables qui essayent avec de grands efforts son arc. M. Anderson dit dans son catalogue, que c’est une peinture d’une grande vigueur, et très expressive dans les figures : peinture exécutée dans l’année où Hokousaï illustrait la sixième partie du Croissant de l’Arc, roman qui est l’histoire fabuleuse de Tamétomo.

Il est signé : Katsoushika Hokousaï.

Ce dessin, en haut duquel est une poésie de Bakin, l’auteur du roman, est datée : Une nuit d’hiver de 1811. La boîte du kakémono porte une inscription du petit-fils de Bakin, disant que cette peinture, conservée dans sa famille, avait été exécutée, au moment où Bakin écrivait son roman.

Dans la collection de M. Ernest Hart, à Londres, se trouvent cinq kakémonos :

1o Des oies sauvages : kakémono signé Manji à 88 ans.

2o Okamé lapidant un diable avec des haricots. Aquarelle cursive, légèrement colorée en rose et bleu. Ce kakémono, où l’opposition est charmante entre la grâce d’Okamé et la hideur du diable épouvanté, est une des plus remarquables peintures du maître en Angleterre. Il est signé Manji, et provient de l’ancienne collection Wakai.

3o Trois chiens jouant. Signé : I-itsou.

4o Guerrier chinois. Signé : Gwakiô-rôjin Hokousaï.

5o Une Japonaise. Signé : Hokousaï Taïtô.

Dans la collection de M. S. M. Samuel, un kakémono, que le propriétaire considère comme un chef-d’œuvre.

Une femme debout s’habillant et se regardant dans un miroir : Signé : Hokousaï.

En Amérique, dans la collection de M. Morse de Boston, dit M. Gonse dans son Art japonais, est conservé un kakémono (H. 17 pouces) représentant un guerrier japonais au milieu d’un passage montagneux, qui serait d’une harmonie exquise dans les rouges, les verts, les gris.

De nombreux kakémonos existeraient encore chez M. Fenellosa.

Enfin, voici plusieurs kakémonos d’Hokousaï qui font partie de la riche collection du Japonais Homma Kôsô, à Sakata, et dont les reproductions photographiques ont été publiées dans le Magazine of Art Japanese, paraissant en japonais et en anglais, à Tôkiô.

Le premier est un grand arbre penché sur les rapides d’une rivière, au milieu duquel est assis un petit berger, qui de là, regarde le Fouzi-yama.

Le second est une courtisane entre ses deux petites accompagnatrices, appelées Kamourô.

Les autres, au nombre de douze, et formant les panneaux d’un paravent, ont pour titre : les Peintures des six Tamagawa (des six rivières du même nom, dans six provinces différentes).

1o Une cascade.

2o Un bûcheron qui se repose sur son fagot.

3o Le poète Nô-in-hôsshi s’inspirant de la nature.

4o Une envolée de pluviers, au-dessus d’un bord de rivière, tout couvert de neige.

5o Un village de la province de Mousashi au bord de l’eau.

6o Des femmes blanchissant du linge.

7o Le cours d’une rivière de la province d’Ohmi, coupé par le feuillage des arbres de la rive.

8o Un poète ancien en contemplation devant la lune.

9o Une carpe, traversée dans l’eau de la rivière de la province de Ki-i, par des rayons lumineux.

10o Un coin de jardinet de la province de Settsu, au milieu duquel est du linge à laver.

12o La princesse-poétesse Sagami composant une poésie.

Au Japon, Wakai posséderait encore une dizaine de kakémonos, et une collection d’esquisses et d’études, parmi lesquelles un fragment d’un dessin, à moitié brûlé, peut-être arraché à l’incendie de son atelier, en 1839. Ce dessin exécuté au trait d’encre de Chine, à un seul coup de pinceau, sur plusieurs morceaux de papier assemblés, serait la première pensée du « Bain » et l’enfant tenu par sa mère, aurait presque un tiers de sa grandeur naturelle.

Wakai cite dans une lettre, comme collectionneurs d’Hokousaï au Japon, MM. Houki, Kaivasaki, Masouda ; mais le Japonais n’aime pas la publicité autour de ce qu’il possède, et le catalogue de l’œuvre d’un peintre est très difficile à établir en ce pays artistique.

MAKIMONOS[3]

Makimono contenant : — une feuille de lotus et son bouton, — une branche de pin, — un paysage par un jour de neige, — une feuille de tônabasou, un potiron du Japon de la grosseur de nos melons, — un sanglier, — une aubergine, — un renard habillé en Japonais, — un morceau de saumon salé, — un narcisse, — des poissons, — un rapide, où flottent des fleurs de momiji, — un bol, — une racine de lotus, — un chat, — une anguille, — une traversée de renards sur la glace d’un lac : un dessin curieux, parce qu’il nous laisse voir sous l’aquarelle, les restes d’une esquisse au bois brûlé, au charbon de polonia, le fusain du Japon, dont Hokousaï se servait parfois, et surtout quand il dessinait en présence de quelqu’un.

Ce makimono aux nombreux dessins, est signé : Manji, vieillard fou de dessin, âgé de 80 ans (hiver de Tempo X) (1839).

Collection Hayashi.

Un autre makimono intéressant, c’est un panorama des bords de la Soumida, fait au temps de ses livres illustrés, avec des seconds plans qui son des merveilles de délicatesse, et où il y a une recherche du reflètement des choses dans l’eau, tout à fait nouvelle, et où, dans des arbres d’un centimètre, sont des réserves pour les branches. Je n’ai jamais vu d’Hokousaï, une aquarelle aussi travaillée, aussi poussée au fini. Et la dernière aquarelle, est une assemblée d’hommes et de femmes dans un salon.

Ce makimono est signé : Koukoushin Hokousaï (1805) et avec la signature se trouve cette note : En souvenir d’une promenade, que Hokousaï a faite avec ses amis, sur la Soumida ; et à la demande de Tausiûrô Yémba (un lettré qui a fait le récit de la promenade) Hokousaï a dessiné sur place à Yoshiwara, ses amis avec les courtisanes d’une Maison Verte : quatrième mois (le mois de mai).

Et il est à croire, que le buveur, au crâne socratique, au petit nez relevé, aux yeux railleurs, habillé d’une robe d’un brun fauve, et qui montre sa coupe de saké vide, pour la faire remplir à nouveau, est Hokousaï.

Collection Hayashi.

Un autre makimono d’une grande beauté, provenant de la vente de l’atelier de Kiôsaï, et contenant 46 sujets, fait partie de la collection de M. Gonse.

C’est une langouste posée sur un morceau de charbon, dessin symbolique des cadeaux du Jour de l’An, — une envolée de moineaux, — quatre croquetons de poètes, lisant à la lumière d’une lampe, — la jetée sur une page, d’une tortue, d’un faisan, d’un crabe à l’encre de Chine, au milieu desquels est un pigeon, modelé entièrement avec du blanc de gouache, et dont le bec et les pattes sont roses, — des processionnaires et des bégonias, — un rat mangeant une tranche de pastèque, — des plantes de mer et des coquillages, — deux canards dormant, enlevés d’un coup de pinceau, à la façon des dessins de l’album Ippitzou, — des fizalis et une épingle à cheveux, — une poule d’eau, — un cyprin dans un vase de cristal, — une plieuse d’éventails, — la danse des moineaux, avec une amusante et infinie perspective des derniers petits danseurs, etc., etc.

PANNEAUX, DESSINS ENCADRÉS

ET FEUILLES DÉTACHÉES

Dans la collection Hayashi.

Un diable, lapidé avec des pois, se met à l’abri sous le tableau de Shôki. Un barbouillage tout à fait lâché.

Non signé.

H. 65. — L. 48.

Un guerrier tenant à la main une tête coupée.

Non signé.

H. 53 — L. 26.

Un pigeon perché sur le haut d’un tori-i.

Dessin de premier coup, fait avec un nuage d’aquarelle.

Non signé, mais portant le cachet d’Hokousaï.

H. 29. — L. 27.

Sous un énorme pot de saké, Hokousaï et ses élèves déguisés en shôjô, en train de boire. Hokousaï, au milieu, avec l’aspect d’un homme gris, à sa droite Hokouga faisant de la musique avec un balai ; et derrière Hokouga, à la gauche d’Hokousaï, Shinshaï, la tête tombée dans ses mains ; et contre le pot de saké, Hiromaro.

Chaque peintre dessiné et signé par lui.

H. 38. — L. 39.

Une répétition de la « Vague » du Fouzi-yama, avec des pluviers volant au-dessus.

H. 30. — L. 52.

Enfant japonais ramassant des feuilles de pin.

Signé : Manji, vieillard de 85 ans.

H. 30. — L. 52.

Un tigre à la tête un peu humaine, comme les fait Hokousaï, qui n’en avait jamais vu.

Une encre de Chine pleine de furie.

Signé : Hokousaï.

H. 55. — L. 27.

Paysage, au lever du soleil éclairant sur le premier plan, un rocher dans la mer, au fond de montagnes bleuâtres.

Signé : Hokousaï, fou de dessin.

H. 26. — L. 28.

Cuvette de cuisine, dans laquelle est un pilon, sur lequel est posé un oiseau, et derrière la cuvette, une tige de cerisier fleuri.

La cuvette et le pilon lavés d’un ton rosâtre, l’oiseau et la tige de l’arbuste à l’encre de Chine. Effet original.

Non signé.

H. 27. — L. 44.

Une oie sauvage fendant l’air.

Un dessin très légèrement aquarellé.

Signé : Manji, vieillard fou de dessin.

H. 29. — L. 56.

Une grenouille sur une feuille de lotus.

Non signé.

H. 20. — L. 26.

Deux enfants de paysans, dont l’un, couché sur le ventre, écoute l’autre.

Non signé.

H. 26. — 57.

Hotei mettant un petit Japonais dans son sac.

Non signé.

H. 27. — L. 42.

Dans la collection Bing.

Une tête coupée de femme, entourée d’un serpent.

Une encre de Chine très délavée, avec dans des parties un ton rougeâtre, et où le peintre a mis, comme de la volupté, dans le dessin des yeux demi-fermés, de la bouche entr’ouverte.

H. 20. — L. 22.

Un pigeon sur un perchoir, fait en forme de racine d’arbre. Encre de Chine, relevée de blanc, et lavée de rose au bec et aux pattes.

Signé : Gwakiôjin.

Une perspective de sapins, d’un lavis aux parties réservées dans les parties lumineuses, d’un art stupéfiant.

H. 150. — L. 54.

Ce grand panneau aurait pour pendant, un panneau d’égale grandeur, représentant un paysan qui, la tête entre ses jambes, chercherait avoir les feuilles en dessous.

Indépendamment de ces panneaux, M. Bing possède un certain nombre de feuilles détachées, dont je donne les feuilles principales.

Hotei, pour amuser les enfants, faisant danser un pantin, attaché par des fils à un écran.

Des têtes de femmes publiées dans le Japon artistique.

Pêcheur, un feu allumé au bout d’une gaule, pour attirer le poisson.

Un serpent s’enroulant autour d’une branche, dessin, qui rend, à la fois, et l’élasticité et la rigidité du reptile.

Une femme de profil, sur laquelle il y a un peu de bleu et de rose, comme bu par un papier buvard, dessin d’une délicatesse, d’une fluidité sans pareille.

Une guésha accroupie, vue de dos, jouant du schamisén, à la riche coiffure vue par derrière : dessin à la ligne sculpturale.

Un guerrier sur un cheval cabré, un de ces dessins, où il y a comme l’emportement d’un pinceau.

Un groupement de poissons.

Une femme surplombant un Téngou, auquel elle indique quelque chose de la main, dessin où la tête de la femme a une grâce voluptueuse indicible.

Une tête de profil d’apparition, qui n’a pas été gravée dans les Cent Conte.

Une belette guettant deux oiseaux perchés sur une branche.

Quatre femmes couchées à terre, dans des allongements d’une élégance adorable.

Une étude à l’aquarelle d’une tige de soleil.

Un cerf couché.

Une femme, avec, au bout du bras levé, une raquette.

Une promenade de femmes et d’enfants préparée pour la gravure, qui n’a pas la sécheresse habituelle de ces sortes de dessins.

Une femme qui fait sa toilette devant un miroir, où se voit sa figure, et dont le bras droit tient derrière elle, un autre miroir, où se reflète le derrière de sa coiffure.

Dans la collection Gonse.

L’entrée de la Soumida. Une double rangée de rochers, émergeant de l’écume des flots. Un des plus beaux et des plus importants paysages à l’aquarelle d’Hokousaï.

H. 30. — L. 130.

Une étude de tête coupée de supplicié, la bouche et les yeux entr’ouverts, avec un filet de sang, qui, semblable à un rameau de corail, se répand de l’oreille sur le pâle visage.

Signé : Hokousaï I-itsou.

À ces deux dessins encadrés, il faut joindre trois feuilles détachées, trois merveilles provenant de la vente de l’atelier Kiôsaï.

Skôki jouant de la flûte. Une tapageuse encre de Chine, avec coloration en rouge de la tête et des mains.

H. 40. — L. 28.

Deux canards mandarins, dans le sillage que leur nage met dans l’eau. Aquarelle où la blancheur des deux canards se détache, de la façon la plus harmonieuse, sur le bleuâtre de l’eau.

H. 40. — L. 39.

Un aveugle appuyé sur un bâton, son chapeau tombé sur le dos, traversant un gué. L’encre de Chine la plus largement traitée, et où est une tête du dessin le plus savant.

H. 38. — L. 28.

Dans la collection Vever.

Un grand dessin librement jeté dans un trait représentant le viol d’une femme, prise entre les jambes d’un homme, le haut du corps retombé de côté, d’une main repoussant la main qui veut s’introduire dans sa gorge, de l’autre main égratignant la figure de l’homme.

Ce grand, et ce très beau dessin de la collection Vever (H. 30 — L. 30) a été reproduit, ainsi qu’à peu près tous les dessins d’Hokousaï, en une réduction de 10 centimètres en hauteur, dans une gravure publiée parmi l’illustration de Souikô.

Dans la collection de M. Gillot.

La grande étude (H. 54 — L. 53) de l’aigle, pris l’année 1848, et dont il y a un kakémono chez Hayashi, et un autre chez Manzi. Une étude de toute beauté, où se voit la cruelle courbe de ce bec déchireur de chairs palpitantes, et la grandeur morne de cette prunelle, qui peut fixer le soleil.

Et une étude curieuse, parce qu’elle vous révèle des procédés d’aquarelle, pareils aux dessous que nous faisons en Europe à la peinture à l’huile, dessous sur lesquels nous revenons avec des glacis, et nous avons ici, avant que ces colorations soient perdues, et peut-être un peu assombries dans les kakémonos, le bleu du tronc d’arbre, le rougeâtre des ailes, enfin toute la variété des tonalités qui doivent dormir sous la couverte dernière.

Une femme brandissant une branche de fleurs au-dessus d’un guerrier couché à terre, sa hache entre les jambes.

Un certain nombre de paysages, où tout en haut d’une colline dominant la mer, se voit un homme portant sur l’épaule, une perche, où sont attachés deux paquets d’herbes.

Une tête de supplicié dans un plat. Un crâne, où le sommet se termine par une grosse loupe, d’où pendent de longs cheveux mouillés de sueur, des paupières fermées, une bouche entr’ouverte dans un rictus, sur lequel se détachent, dans une blancheur effrayante, les dents. La tête et le fond, comme éclairés par une lumière lunaire, où il tomberait de la neige.

Dans la collection Duret.

Deux aquarelles relevées de gouache et signées (H. 40. — L. 120) représentant des vues de la Soumida. Dans l’une, deux femmes, aux robes soulevées par le vent, font des signes au passeur, dont le bateau est au milieu de la rivière ; dans l’autre, c’est la marche le long de la rivière, de cinq hommes et de deux femmes avec des enfants, en promenade pour une partie de campagne.

Dessins très poussés, très finis, et ayant le caractère de ses dessins appliqués de la Soumida dans les dernières années du siècle dernier.


Dans la collection Edmond de Goncourt.

Deux crevettes à l’encre de Chine, trois à l’encre carminée. Dessin, dans son jet rapide, d’une science extraordinaire.

Signé : Katsoushika Hokousaï, avec le cachet de Tokimasa (vers 1812).

H. 30. — L. 18.

La lune, vue au travers de deux branches d’un prunier. Grand effet de cette pâle lune sur le bleu nocturne d’où se détachent les blanches fleurs du prunier. Un dessin de poète.

Non signé.

H. 39. — L. 38.

En Angleterre, au British Museum, cinq croquis :

1. Un renard métamorphosé en prêtre.

2. Une grenouille nageant au-dessus de l’eau.

3. Rats et piments.

4. Décoration symbolique du Jour de l’An : sardine desséchée, orange, fougères, papier découpé.

5. Kousounoki Masashigé, le type du courage et de la loyauté, avant sa dernière campagne, remettant à son fils le rouleau ancestral.

Croquis signés avec le Svastica, la marque adoptée par l’artiste en son vieil âge, — et des croquis n’ayant pas la lourdeur des dessins de ce temps, et se rapprochant du faire des dessins de Korin.

Le British Museum possède encore un dessin en couleur sur soie, non monté (17 5/8 x 24) représentant un oiseau.

Signé : Tame-ichi autrefois Hokousaï.

Chez M. S. M. Samuel.

Jeune femme portant une lanterne. Croquis à l’encre de Chine.

Jardinier fumant sa pipette. Aquarelle.

Chez M. Anderson.

Un coq, aquarelle lavée à grande eau de bleu et de rouge, exécutée vers 1810.

Trois esquisses à l’encre de Chine. Deux dragons. — Un coq. — Un aigle. Croquis dans le faire du maître, vers 1840.

Chez M. Ernest Hart.

Deux dessins inédits de la série des Cent Poètes racontés par la nourrice, dessins destinés à être gravés ; quatorze dessins de la même illustration, venant de la vente de l’ancienne collection Hart, sont chez M. Samuel, et un certain nombre encore chez M. Tomkinson[4].

En Allemagne, le Musée de Berlin, d’après M. Gonse, posséderait deux feuilles d’albums, provenant de la collection Gierke. Ces dessins à l’aquarelle, représenteraient comiquement, un moine mendiant volant des pêches, puis surpris par le propriétaire, au moment où il les cache dans ses manches.

En outre le Cabinet des estampes de Berlin se serait enrichi de trois ou quatre études à l’encre de Chine, rapportées par le prince Albert de Prusse de son voyage au Japon.

En Amérique la collection de M. Morse de Boston, renfermerait, indépendamment du kakémono déjà cité, une feuille de croquis pleins de mouvement, d’après la reproduction qu’en a fait l’Art japonais.


  1. Kakémono qui a été reproduit dans une petite impression en couleur.
  2. Svastica, un mot qui viendrait du sanscrit, et dont le signe est la représentation, en forme de tourniquet, du croisement de deux morceaux de bois, l’un sur l’autre, par allusion au feu des temps primitifs. Ce signe exprimerait le nombre dix mille, ou plutôt un nombre indéfini, que les Japonais prononcent man ou manji — et ce signe, Hokousaï l’a adopté un temps pour sa signature.
  3. Rouleau de peinture qui, contrairement au kakémono, se déroule dans sa largeur et contient un certain nombre de motifs.
  4. M. Anderson me signale encore des dessins d’Hokousaï dans les collections de MM. Marcus, B. Hinsh, W.-C. Alexander, J.-M. Suran, de sir Frederic Leigton, de lord de Saumarez.