Histoires poétiques (éd. 1874)/Les Celtes

Histoires poétiquesAlphonse Lemerre, éditeur4 (p. 93-94).


LIVRE CINQUIÈME




Les Celtes
(D’après Élien)


Des orgueilleux Titans que le ciel mit en cendre
Les Celtes nos aïeux se vantaient de descendre.
Entre mille récits naïfs et merveilleux,
Voici comme un ancien parle de nos aïeux :

Pour aimer les dangers, quel peuple vaut les Celtes ?
Guerriers aux cheveux d’or sur des corps blancs et sveltes,
De feuilles couronnés, ils marchent aux combats,
Et leurs morts glorieux, ils ne les pleurent pas ;
Mais sous les chênes noirs et les rouges bruyères,
Sauvages monuments, ils leur dressent des pierres,
Et la harpe vibrant, ô bardes ! sous vos doigts,
La harpe aux chants d’airain célèbre leurs exploits.

La fuite, disent-ils, traîne après soi la honte :
Or, vers un tel orgueil leur audace les monte
Que sous leur toit qui croule et sur eux va tomber
Ils sortent lentement, sans jamais s’échapper ;
Même quand leur maison, effroyable bravoure !
Brûle, et qu’en rugissant la flamme les entoure,
Ils traversent sans peur l’élément furieux,
Impassibles mortels, semblables à des dieux…
Plusieurs devant la mer qui monte sur la grève
Demeurent, on en voit qui saisissent leur glaive
Et fondent sur les flots comme pour les dompter,
Les blesser de leur arme ou les épouvanter.
 
Délire… mais superbe et cher aux grandes âmes !
O géants de Moscou qui mouriez dans les flammes !
Sous le ciel africain, ô jeunes combattants !
Vous êtes bien les fils des Celtes, des Titans !