Histoires poétiques (éd. 1874)/La Chanson du Cloutier

Histoires poétiquesAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 290-291).


La Chanson du Cloutier


Sans relâche, dans mon quartier,
J’entends le marteau du cloutier.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Voyez ses bras noirs et luisants
Retourner le fer en tous sens.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Jamais il ne voit le ciel bleu,
Mais toujours la forge et son feu.
 
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

C’est pour sa femme et ses enfants
Qu’il fait tant de clous tous les ans.

 
Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Grands clous à tête et petits clous.
Oh ! combien de fer pour deux sous !

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Rarement le cabaretier
Voit dans sa maison le cloutier.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Mais, le dimanche, il chôme enfin,
Et chante à l’office divin.

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !

Que Dieu, dans son noir atelier.
Dieu bénisse cet ouvrier !

Le jour, la nuit, son marteau frappe !
Toujours sur l’enclume il refrappe !