CHAP. XIII.

Dédale et Icare (1).

On raconte que Minos ayant fait emprisonner Dédale et son fils Icare, pour quelque faute qu’il leur reprochait ; Dédale fabriqua des ailes postiches à l’aide desquelles il s’enfuit avec Icare. Mais comment se figurer un homme qui s’envole et cela avec des ailes postiches ? Voici le fond de cette histoire : Dédale étant en prison se fit descendre par une fenêtre et s’embarquant avec son fils Icare se dirigea vers la pleine mer. Dès que Minos le sut, il envoya des vaisseaux à leur poursuite. Quand Icare et Dédale se virent ainsi poursuivis, comme le vent était rapide et violent, ils semblaient voler en naviguant, et leur esquif fut submergé par la tempête. Dédale se sauva et atteignit le rivage, mais Icare périt dans la mer qui fut appelée, d’après lui, mer Icarienne. Son corps ayant ensuite été rejeté par les flots fut enseveli par les soins de son père.

(1) Xénophon (memorab. lib. IV, c. 2, § 33, p. 222, tom. 4, édit. Schneider) dit que Dédale ayant été fait prisonnier par Minos fut réduit par lui en esclavage et qu’ayant cherché à lui échapper avec son fils Icare, il eut la douleur de perdre ce dernier ; mais l’historien ne fait aucune allusion aux moyens qu’avait employés Dédale pour fuir. Diodore de Sicile (lib. IV, cap. 77, p. 219-221, vol. 3, édit. Bipont) rapporte historiquement la fuite de Dédale et d’Icare, de l’Île de Crète, dans un navire que Pasiphaë leur avait procuré, et fait suivre son récit, de la tradition mythologique des ailes, etc. Quant à la fable, il faut la lire dans Ovide, qui a su y répandre un intérêt tout particulier, par la peinture de la sollicitude du père exerçant son fils encore enfant à se servir de ses ailes et lui re- commandant d’éviter de voler trop près des feux du soleil ou des vapeurs humides de la mer, etc. (Métam. liv. VIII, v. 183-235). Le même poète a traité une seconde fois ce sujet avec de nouveaux détails non moins intéressants, au second liv. de l’art d’aimer, v. 21-98. Le début de ce morceau peint d’une manière admirable l’indépendance du génie qui se révolte de la servitude, et qui voyant la terre et la mer assujéties à son tyran, va chercher dans le ciel un moyen de lui échapper. Servius, sur le v. 14 du 6e chant de l’Enéide (tom. 6, p. 348 du Virgile de Lemaire) et Hyginus, fable XL (p. 103, Mythogr. lat. Van Staveren) résument toute l’histoire fabuleuse de Dédale jusqu’à la mort d’Icare.