Histoire socialiste/Thermidor et Directoire/19-4

Chapitre XIX-§3.

Histoire socialiste
Thermidor & Directoire (1794-1799)
Chapitre XIX-§4.

Chapitre XX.


§ 4. — Terrible assaut des coalisés.

Quelles étaient, au début de la campagne, les positions occupées de part et d’autre ? Le Directoire avait six armées disséminées sur une ligne s’étendant du Helder au Vésuve. L’armée de Hollande, 11 177 hommes (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, décembre 1903, p. 584), était commandée par Brune depuis frimaire fin de novembre 1798). L’armée dite de Mayence, qui comprenait (chap. xvii, fin du § 1er) depuis le 9 pluviôse an VI (28 janvier 1798) toutes nos forces sur le Rhin, mise, le 23 vendémiaire an VII (14 octobre 1798), sous les ordres de Jourdan, fut bientôt divisée de nouveau en deux parties : l’une, dite armée d’observation, 28 304 hommes (Idem, p. 584), confiée le 12 pluviôse an VII (31 janvier 1799) à Bernadotte, l’autre, dite armée du Danube, comptant 39 347 hommes (Idem) sous l’action immédiate de Jourdan. Le commandement de la quatrième armée, celle d’Helvétie, 26 339 hommes (Idem), restait (chap. xvi, § 2) entre les mains de Masséna, (qu’un arrêté du 12 ventôse an VII (2 mars 1799) maintint, ainsi que Bernadotte, sous la subordination de Jourdan. Le 3 ventôse an VII (21 février 1799), Scherer, nommé général en chef des armées d’Italie et de Naples, quittait le ministère de la guerre, où Milet-Mureau lui succédait ; il devait, avec l’aide de Moreau en remplacement de Joubert démissionnaire, mener directement les opérations de l’armée d’Italie proprement dite, comprenant 60 901 hommes (Idem, p. 584), plus 37 641 immobilisés dans les garnisons du Piémont et des Républiques cisalpine et ligurienne (Idem, p. 584) ; les 25 870 hommes de l’armée de Naples (Idem) eurent à leur tête, à partir de ventôse an VII, (mars 1799), Macdonald substitué à Championnet, disgracié à la suite d’un différend avec le commissaire civil du Directoire Faipoult et traduit, par arrêté du 7 ventôse (25 février), devant un conseil de guerre.

Au milieu de mars, l’Autriche possédait trois armées bien organisées, l’une de 78 000 hommes, derrière le Lech, en Bavière, dirigée par l’archiduc Charles qui avait, en outre, sous ses ordres, un corps de 26 000 hommes commandé par Hotze et cantonné dans le Vorarlberg et sur la frontière des Grisons ; l’autre, dont le chef était Bellegarde, de 47 000 hommes, dans la vallée de l’Inn et le Tirol, y compris les 5 600 hommes d’Auffenberg détachés en partie à Coire ; la troisième, de 75 000 hommes, en Italie, entre le Tagliamento et l’Adige, sous le commandement provisoire de Kray (Idem, p. 543). Divers corps russes, en tout 30 000 hommes, étaient attendus. De plus, Russes et Anglais devaient agir de concert en Hollande et dans le royaume de Naples. Les coalisés prétendaient envahir le territoire même de la France et restaurer la monarchie. Contre ce terrible assaut, les troupes françaises avaient le double désavantage d’être inférieures en nombre à leurs adversaires et — par suite d’une fausse conception tactique encore en vogue — morcelées quand ils étaient concentrés. Les armées de Jourdan, de Bernadotte, de Masséna n’en reçurent pas moins du Directoire l’ordre de prendre l’offensive.

Jourdan devait, dès que son armée serait arrivée au Danube, occuper les sources de ce fleuve et du Neckar ; Masséna avait à se concerter avec lui pour envahir les Grisons, en même temps que Jourdan pénétrerait en Souabe ; l’armée d’observation, après s’être portée entre le Neckar et le Main, soutiendrait l’armée de Mayence, et les troupes de l’armée d’Italie stationnées dans la Valteline seconderaient l’armée d’Helvétie (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, décembre 1903, p. 537 et 583). Le 6 ventôse an VII (24 février 1799), l’armée de Mayence commençait à se concentrer en vue du passage du Rhin que Jourdan annonça à Masséna et à Bernadotte pour le 11 (1er mars). De son côté, l’archiduc Charles, suivant les prescriptions de l’empereur, en date du 23 février (Idem, p. 535), avait à couvrir la Souabe et la Franconie, et, en cas de victoire, à chasser les Français de la Suisse. Il avait reçu des renforts du 31 janvier au 19 février et décidait de franchir le Lech le 3 mars.

Dans la nuit du 11 au 12 ventôse (1er au 2 mars), Bernadotte passait le Rhin près de Spire ; une brigade se portait sur Mannheim dont elle s’emparait sans résistance ; un petit corps était laissé devant Philippsburg et le reste de l’armée s’avançait jusqu’à Heilbronn. Le 11 ventôse (1er mars) également, l’armée de Jourdan franchissait le Rhin à Bâle et à Kehl ; elle marchait vers Rottweil et Tuttlingen, et devenait l’armée du Danube. De son côté, l’armée de l’archiduc Charles traversait le Lech à Augsburg. Landsberg et Schongau, et se dirigeait vers Biberach et Ravensburg. Pendant que l’archiduc et Jourdan se rapprochaient lentement, les hostilités commençaient dans les Grisons : l’opération principale consistait à s’emparer du massif des Alpes centrales pour isoler les armées de l’archiduc et de Kray occupés de leur côté. Masséna, après avoir, le 15 (5 mars), rassemblé les troupes du centre de l’armée d’Helvétie, opérait, le lendemain, le passage du Rhin au-dessus et au-dessous de Coire, et obligeait Auffenberg, qui s’était replié sur les hauteurs de cette ville, à se rendre (17 ventôse-7 mars) avec 3 000 hommes. Au même moment, Oudinot, avec une brigade de l’aile gauche, passait le Rhin non loin de Vaduz et s’établissait sur la route de Feldkirch ; à la tête de la partie extrême de l’aile droite, Lecourbe quittait Bellinzona le 17 (7 mars). arrivait à Thusis d’où ses troupes, entrant dans l’Engadine, gagnaient, après la vallée de l’Inn, celle de l’Adige. Tandis que Lecourbe, infligeant de rudes pertes à un corps de l’armée de Bellegarde, atteignait la Reschen et poussait, au commencement de germinal (fin de mars), son avant-garde sur la route de Landeck, Loison, avec l’autre brigade de l’aile droite, dépassait Disentis, mais était contraint ensuite à reculer, et le général Dessoles, détaché avec 5 000 hommes de l’armée d’Italie dans la Valteline pour lier cette armée à l’armée d’Helvétie, parvenait à Bormio le 27 (17 mars) et, après un combat heureux, à Glurns dont il s’emparait. Dans une lettre de Masséna datée de Coire, 24 ventôse (14 mars), et publiée pour la première fois par M. Jean Servien dans le Petit Marseillais du 2 janvier 1904, on lit : « Au moment où je vous écris, le pays grison est entièrement occupé par nous et même une partie du territoire autrichien. Sans des considérations politiques, nous aurions ajouté à nos conquêtes. J’ai peine à maîtriser l’ardeur du soldat qui voudrait aller en avant ». Si, à la suite des manœuvres qui viennent d’être résumées, Bellegarde se trouvait séparé de Hotze, celui-ci était fortement installé à Feldkirch. Le 29 ventôse (19 mars), Masséna était invité par Jourdan à s’emparer de cette place et à marcher sur Bregenz où il comptait se porter. Mécontent de lui être subordonné, et peut-être est-ce à cela que la lettre que je viens de citer faisait allusion, Masséna envoyait sa démission et ne bougeait pas ; mais, le 2 germinal (22 mars), Oudinot était attaqué par la garnison de Feldkirch, qu’il repoussait.

À la nouvelle des premiers succès de Masséna dans les Grisons, Jourdan s’était porté en avant. Le 23 ventôse (13 mars), il franchissait le Danube et, continuant à avancer, il s’établissait le 27 (17 mars) de Mengen au lac de Constance, ayant son centre à Pfullendorf ; le 30 (20 mars), son avant-garde était à Ostrach. L’archiduc Charles avait marché à son tour et concentré, le 29 (19 mars), le gros de son armée entre Saulgau et Altshausen ; le 1er germinal (21 mars), à la pointe du jour, il attaquait et battait Jourdan qui dut évacuer Ostrach, rallier ses divisions malheureusement disséminées et se retirer, dans la nuit suivante, un peu en arrière de Stockach. Le 4 (24 mars), l’archiduc se dirigeait sur ce point, où Jourdan, qui avait atteint Engen, s’avançait et lui livrait bataille le lendemain. Les Autrichiens, d’abord repoussés, écrasèrent finalement l’armée française grâce à l’arrivée de leurs réserves. Sans être inquiété, Jourdan battit en retraite vers l’Alsace ; tout espoir de jonction de l’armée du Danube et de l’armée d’Helvétie était perdu. Le 14 (3 avril), ayant atteint les défilés de la Forêt-Noire, Jourdan rentrait à Paris sous prétexte de maladie. Il laissait le commandement à son chef d’état-major Ernouf qui ramenait l’armée sur la rive gauche du Rhin, une partie par Vieux-Brisach le 16 (5 avril) et le reste, le lendemain, par le pont de Kehl ; quant à Jourdan, il allait à Paris remettre sa démission. Cette retraite entraînait celle de l’armée d’observation qui abandonna le siège de Philippsburg et sauf une garnison laissée à Mannheim, repassa le Rhin ; déjà, le 1er germinal (21 mars), Bernadotte avait allégué des raisons de santé pour demander un congé. Masséna avait appris, le 2 germinal (22 mars), l’échec éprouvé la veille par Jourdan. Il se décida alors, à attaquer Feldkirch ; sa tentative n’aboutit pas (3 germinal-23 mars) ; averti de la retraite de Jourdain le 7 (27 mars), il retira sa démission et se résolut à rétrograder. Le 7 (27 mars), l’armée d’observation supprimée devenait une aile de l’armée du Danube et, le 23 germinal (12 avril), Masséna était nommé général en chef des armées du Danube et d’Helvétie.

On se rappelle que le Directoire avait déclaré la guerre non seulement à l’Autriche, mais encore à la Toscane. Pour effectuer la conquête bien inutile de ce dernier pays, la division Gauthier, forte de 6 000 hommes, fut distraite des 50 000 combattants dont Scherer pouvait avec peine disposer, sur la ligne du Mincio. Le 6 germinal (26 mars), nos troupes entraient dans Florence sans difficulté et, le surlendemain, le grand-duc Ferdinand III quittait la ville se rendant à Vienne. Une colonne marchait par Pise sur Livouroe qui était occupée le 28 (17 avril).

Après avoir passé le Mincio, Scherer tenant à prendre l’offensive avant l’arrivée des Russes avait, le 5 (25 mars), établi son camp en face des Autrichiens. Le 6 (26 mars), il les attaquait ; mais si sa gauche près du lac de Garde et son centre sous Vérone l’emportaient, sa droite était battue vers Legnago ; le lendemain, les Autrichiens rentraient dans Vérone où Kray concentrait ses troupes. Scherer, lui, perdit son temps à éparpiller les siennes dans des allées et venues indécises. Un échec d’une de ses divisions, le 10 (30 mars), non loin de Vérone, précéda son échec du 16 (5 avril) au sud de cette ville, à Magnano. Comme à Stockach, au début de la journée, la victoire pencha de notre côté, puis l’apparition subite de renforts considérables transforma la victoire entrevue en déroute. Sans même chercher à disputer la ligne du Mincio ou celle de l’Oglio, sans être poursuivi par Kray qui, ne commandant que par intérim, voulut laisser ce soin à son chef Mélas et l’attendit dans le camp de Villafranca où celui-ci arriva le 20 (9 avril), Scherer s’obstina dans une retraite peu glorieuse. Il ne s’arrêta que derrière l’Adda (2 floréal-21 avril), après avoir conseillé à Macdonald de préparer l’évacuation du royaume de Naples. En vertu d’un arrêté du Directoire du 2 floréal (21 avril) déchargeant Scherer, sur sa demande, du commandement des armées d’Italie et de Naples donné à Moreau, ce dernier prit ce commandement le 7 (26 avril). Le 25 germinal (14 avril), l’armée autrichienne, qui s’était bornée à investir Peschiera et Mantoue, avait été rejointe sur le Mincio par 20 000 Russes ; le commandement en chef était passé à Souvorov généralissime des forces coalisées.

Sur l’ordre du Directoire, Macdonald quitta Naples le 18 floréal (7 mai) et se dirigea vers le nord ; il eut le tort de vouloir renforcer les garnisons de certaines places et de diminuer ainsi son effectif. Son départ facilita la tâche des partisans du roi en insurrection contre la République napolitaine et contre les Français. À l’abri en Sicile, Ferdinand IV avait le 25 janvier, nommé « vicaire général du royaume », en lui délégant tous les pouvoirs, un certain cardinal Ruffo à qui, dit Jomini (t. XI, p. 327), « Pie VI avait donné le chapeau pour se débarrasser d’un trésorier infidèle ».

Le 8 février, Ruffo pénétrait en Calabre et bientôt les populations se soulevaient à son appel ; fin avril, il en était maître et entamait la Basilicate. Il avait réuni une vingtaine de mille hommes, parmi lesquels se, trouvaient certains moines, allant alternativement de l’escroquerie religieuse au brigandage de grande rente. D’un autre côté, en mai, le chevalier Antonio Micheroux, ayant obtenu d’Ouchakov l’appui de détachements russes, entrait à Bari le 14, à Barletta le 16, à Foggia le 21. Les bandes de Ruffo et de Micheroux approchaient bientôt de Naples, le 9 juin à Avellino le 11 à Nola, le 13 à Portici, et ce même jour les républicains éprouvaient une défaite, à la suite de laquelle, les 14, 15 et 16 juin, les émeutiers ; de la réaction catholique et royale commirent à Naples des atrocités. Après de longs pourparlers, une capitulation était signée le 4 messidor (22 juin), comportant l’évacuation des forts par les républicains, mais le maintien, au fort Saint-Elme, de quatre otages qui devaient être garants de l’exécution de la convention en vertu de laquelle les forts seraient livrés dès l’arrivée des transports chargés de conduire leurs garnisons à Toulon ; les soldats napolitains qui s’y trouvaient et qui préféreraient rester à Naples, ne devaient pas être inquiétés (Revue historique, t. LXXXIII, p. 256 à 260, La fin de la République napolitaine, par H. Hueffer).

Tout était entendu, l’exécution de la capitulation était commencée, quand, l’escadre anglaise, sous les ordres d’Emma Hamilton et de Nelson, aborda, dans la baie de Naples ; ce couple manifesta aussitôt (24 juin) l’intention, et bientôt, autorisé par l’ignoble reine (25 juin), ordonna de ne tenir aucun compte de ce qui avait été convenu (28 juin). Nelson prit l’initiative des crimes les plus odieux ; assassinats et incendies eurent raison des républicains napolitains. Cet homme, qui est encore en Angleterre l’objet d’une dévotion véritablement excessive et qu’un lion si grotesque pleure dans la cathédrale de Saint-Paul à Londres, a, d’après Jomini (t. X, p. 199), « terni sa gloire à Naples par des cruautés dégoûtantes ». Le commandant français du fort Saint-Elme, Méjean, eut le triste courage d’assister, sans risquer une protestation à ces ignominies ; il ne gêna en rien les préparatifs de siège faits autour de son fort et, à la première attaque, il signa une nouvelle capitulation livrant à leurs bourreaux les Napolitains réfugiés auprès de lui et restituant les otages. Capoue capitulait le 10 thermidor (28 juillet) et Gaëte le 11 (29 juillet). Le 7 vendémiaire an VIII (29 septembre 1799), les garnisons françaises du château Saint-Ange à Rome, de Civita-Vecchia et de Corneto, que bloquaient les Napolitains, les campagnards insurgés et les vaisseaux anglais, convinrent de rendre, huit jours après, Rome aux Napolitains et les deux autres places aux Anglais ; avec Ancône dont j’ai déjà parlé, c’étaient, en dehors de la région des Alpes, les seules villes d’Italie où les troupes françaises tinssent encore ; les alliés s’engagèrent à transporter, avec armes et bagages, les trois garnisons à Marseille, où elles débarquèrent, en effet, le 5 brumaire (27 octobre), et à ne pas inquiéter les républicains romains, mais ce dernier engagement fut scélératement violé.

Général en chef des armées du Danube et d’Helvétie, Masséna commandait à 100 000 hommes environ. La droite allait de l’Engadine au lac de Constance ; le centre tenait la rive gauche du Rhin, du lac de Constance à Rheinfelden ; la gauche, dont une partie était constituée par l’ancienne armée d’observation, montait de Bâle au delà de Mannheim en un mince cordon ressemblant, suivant le mot de Jomini (t. XI, p. 209), à « une ligne de douaniers ». Par un arrêté du 2 floréal (21 avril) supprimant l’armée d’Helvétie, toutes ces troupes ne formèrent plus qu’une armée dite du Danube.

Si, pendant le mois d’avril, l’armée de l’archiduc Charles resta dans ses cantonnements, immobilisée par les ordres de Vienne où on persistait à la maintenir en Allemagne en attendant les renforts russes, l’armée de Bellegarde marcha, dès le début de ce mois, contre Lecourbe et Dessoles, dont les succès étaient rendus inutiles par la retraite de Jourdan, et qui, n’ayant à compter sur aucun appui, rétrogradèrent devant des forces très supérieures. Ils se rejoignirent à Zernetz, sur la rive droite de l’Inn, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Coire, d’où Dessoles descendit à Tirano ; là, rappelé en Italie, il laissa le commandement de ses troupes au général Loison. Satisfait de ce double recul, Bellegarde employa tout le reste du mois d’avril à combiner avec Hotze une entreprise contre la droite de Masséna et ne se remit en mouvement que le 11 floréal (30 avril).

Lecourbe, tout en luttant avec succès, dut alors se replier sur les sommités de l’Albula, en laissant un fort détachement à Davos. Puis, afin d’arrêter les troupes envoyées par Souvorov pour s’emparer du Saint-Gothard, il se porta sur Bellinzona, tandis que Loison, ayant évacué Tirano le 16 (5 mai), arrivait au Splügen ; il atteignit, le 24 (13 mai), une brigade détachée par Souvorov à Lugano et dont l’avant-garde se trouvait déjà à une quinzaine de kilomètres au nord, au mont Cenere ; le chef de cette brigade était le prince de Rohan, émigré français que le sentiment nationaliste et patriotique, si développé chez les royalistes, avait irrésistiblement poussé à combattre la France à la solde de l’Autriche. Lecourbe le battit complètement, le rejeta au fond de la vallée d’Agno et vint prendre position au Saint-Gothard. Pendant ce temps, le 25 (14 mai), commençait une nouvelle manœuvre combinée de Hotze et de Bellegarde. Le premier, à qui l’archiduc Charles avait expédié un renfort d’une douzaine de mille hommes, s’emparait de Coire, le second de Davos, et les Grisons nous étaient enlevés.

L’archiduc qui, depuis les premiers jours de mai, avait multiplié les démonstrations sur le Rhin, afin d’empêcher Masséna de secourir sa droite,

Masséna.
D’après Bonneville (Bibliothèque Nationale).


pouvait maintenant se joindre à Hotze et à Bellegarde pour l’écraser. Aussi, modifiant sa ligne de défense, Masséna s’établit en arrière d’une façon plus solide ; ses adversaires lui rendaient le service de lui imposer la concentration de ses forces. Le 1er et le 2 prairial (20 et 21 mai), les bords du Rhin furent évacués jusqu’à l’embouchure de l’Aar ; la gauche garda le Rhin de Waldshut à Bâle ; le centre s’installa à l’ouest de Winterthur, entre la Töss et la Glatt — rivière allant, du lac Greifen, se jeter dans le Rhin au-dessus de Kaiserstuhl — et à l’est du lac de Zurich, à Utznach et à l’embouchure de la Linth ; Lecourbe, qui recevait l’ordre de quitter le Saint-Gothard et de se replier avec la droite par la vallée de la Reuss en se rapprochant du centre, arriva à Altdorf à la fin de mai. Au moment où Masséna s’attachait à couvrir principalement Zurich, il avait la chance que la cour de Vienne rassurée sur le sort du Tirol et du Vorarlberg par la reprise des Grisons, s’intéressant peu, dès lors, aux opérations de la Suisse et désireuse de frapper un coup décisif en Italie, ordonnât à Bellegarde de joindre son armée à celle de Souvorov en laissant 10 000 hommes pour s’emparer du Saint-Gothard et garder la Valteline. Le général autrichien se dirigea aussitôt par le Splügen sur Chiavenna, où il était le 2 prairial (21 mai), et de là sur Côme, où il réunissait ses forces le 9 (28 mai).

À la suite de la retraite de Masséna, Hotze, passant le Rhin, avait occupé Saint-Gall le 4 prairial (23 mai). Ce même jour, l’archiduc Charles qui tenait à pénétrer en Suisse faisait aussi passer le Rhin à son armée concentrée aux environs de Singen ; dès le 2 (21 mai), son avant-garde avait franchi le fleuve à Stein et poussé jusqu’à Frauenfeld. Si Masséna remporta, le 5 et le 6 (24 et 25 mai), à Frauenfeld et à Andelfingen des succès qui firent éprouver aux Autrichiens des pertes sensibles, il ne put empêcher la jonction des corps de Hotze et de l’archiduc, le 7 (26 mai), sur la rive droite de la Thur. Le 8 (27 mai), les Autrichiens arrivaient sur la Töss et s’emparaient de la ville de ce nom ; le lendemain, ils marchaient sur la Glatt, et Hotze enlevait le pont de Dübendorf ; les armées ennemies, groupées aux environs de Zurich, n’étaient plus séparées que par la Glatt. Le 16 (4 juin), après une journée meurtrière pour eux, les Autrichiens passaient sur la rive gauche de cette rivière et la gardaient. L’archiduc préparait pour le 18 (6 juin) une nouvelle attaque contre Masséna, lorsque celui-ci, dans la nuit du 17 au 18 (5 au 6 juin), évacua son camp retranché de Zurich, se retira sur la rive gauche de la Limmat et prit de nouvelles positions sur les hauteurs de l’Uetli-Berg. Il avait une bonne ligne de défense, communiquant à droite avec Lecourbe qui tenait Lucerne, à gauche avec les troupes qui défendaient le Rhin de Waldshut à Bâle, dans laquelle il se décida à attendre des renforts. Le 18 (6 juin), l’archiduc Charles entrait dans Zurich.

Nous avons laissé l’armée d’Italie derrière l’Adda. Quand Moreau en prit le commandement, affaiblie par les pertes subies et par les garnisons laissées dans certaines places, elle ne comptait plus que 28 000 hommes disséminés, par Scherer, de Lecco, où Sérurier était à la pointe orientale du lac de Côme, à Lodi, où se tenait Victor. Grenier commandait au centre, à Cassano, sur la rive gauche de l’Adda. L’armée austro-russe s’était avancée vers l’ouest ; si son avant-garde, sous les ordres de Bagration, avait vu, le 6 floréal (25 avril), une attaque du pont de Lecco repoussée par la division de Sérurier, l’armée elle-même parvenue, le 7 (26 avril), sur la rive gauche de l’Adda, franchissait cette rivière de telle façon que la ligne des Français se trouvait coupée en deux endroits, battait, le 8 (27 avril) à Cassano, Grenier qui eut, avec 11 000 hommes, à soutenir le choc de 25 000, et forçait Moreau à la retraite. Au lieu de se replier sur Plaisance, afin de rester en communication avec l’armée de Naples qu’il attendait, celui-ci se retira sur Milan, puis sur Turin ; à peine à Milan, en effet, il avait fait évacuer la ville en laissant dans le château 2 400 soldats ; ces derniers, de même que les 3 000 laissés un peu plus tard dans la citadelle de Turin, auraient pu être mieux employés. Le 9 (28 avril), Sérurier, cerné, était, malgré une vigoureuse résistance, contraint à capituler et, le même jour, Souvorov faisait à Milan une entrée aussi triomphale que l’avait été celle de Bonaparte. La République cisalpine était livrée aux alliés ; une insurrection avait éclaté en Lombardie, comme, du reste, dans les autres régions de l’Italie que les Français avaient occupées et pressurées.

Moreau, revenant sur ses pas, avait, le 18 (7 mai), établi Grenier entre le Pô et le Tanaro, non loin d’Alexandrie, Victor entre Alexandrie et les sources de la Bormida, et il avait chargé Pérignon, récemment arrivé à Gênes, de commander les troupes stationnées en Ligurie et de garder les débouchés sur cette ville. À cette même époque, les places que nous tenions encore dans la région du nord commençaient à tomber entre les mains de l’ennemi ; c’était le cas pour Peschiera, Pizzighettone, au confluent de l’Adda et du Serio, et la ville de Tortone (20 floréal-9 mai) dont la citadelle nous restait. Un corps russe étant passé, le 23 (12 mai), sur la rive droite du Pô, à Bassignano, localité au confluent du Pô et du Tanaro, Moreau le culbuta après un combat sanglant ; mais les alliés, le 26 (15 mai), étaient à Novi ; la route d’Alexandrie à Gênes se trouvait coupée ; Moreau échoua, le 27 (16 mai), dans une tentative du côté de Marengo et dut regagner la rive gauche de la Bormida. Voulant à tout prix rester en communication avec Gênes, le 28 (17 mai), il envoya, par Acqui et Dego, Victor qui, le 30 (19 mai), communiqua avec Pérignon installé un peu au nord de Gênes, au col de la Bocchetta, et lui-même, laissant 3 000 hommes à Alexandrie, se porta par Asti et Savigliano au-dessus de Savone. Souvorov, que le succès de Lecourbe sur le prince de Rohan, le 24 (13 mai), du côté de Lugano, avait inquiété, aurait volontiers envahi la Suisse ; mais un ordre de l’empereur l’immobilisait en Italie tant que Mantoue et les autres places bloquées ne se seraient pas rendues. Ayant appris la retraite de Moreau, il dirigea, le 2 prairial (21 mai), des forces par Chivasso sur Turin où, à l’exception de la citadelle, elles entraient le 7 (26 mai), tandis que d’autres investissaient le fort de Tortone et Alexandrie ; sauf la citadelle, cette dernière ville était en leur pouvoir le 10 (29 mai). Les Piémontais sont dans la joie. « Mais, les lampions éteints, ils s’aperçoivent vite que les charges sont aussi lourdes et emportent plus de brutalité, plus d’humiliation surtout, que du temps des Français. Les insurrections excitées par Souvorov tournent au brigandage ; des bandes, menées par des moines, parcourent les villages, arrachent les arbres de la liberté, les remplacent par des croix, vont faire leurs dévotions à l’église, envahissent les maisons des suspects, qui se trouvent toujours être les riches, pillent, tuent, violent, brûlent, et s’en vont. » (A. Sorel, L’Europe et la Révolution française, 5e partie, p. 411).

Partie, le 18 et le 19 floréal (7 et 8 mai), de Naples et ayant presque partout à lutter sur son passage contre des insurgés, l’armée de Macdonald arrivait le 27 et le 28 (16 et 17 mai) à Rome, le 6 prairial (25 mai) à Florence et le 10 (29 mai) à Lucques. C’est de là que le plan de jonction put être combiné avec Moreau.

Il fut convenu que Macdonald marcherait par Modène, Parme et Plaisance vers Tortone que Moreau atteindrait par Gavi et Novi. Ils n’avaient quelque chance de réussir qu’en faisant vite. Macdonald resta dix jours dans l’inaction en Toscane, alors qu’il ne fallait pas tout ce temps pour reposer ses troupes ; le 21 (9 juin) seulement, il se remettait en route et remportait, le 24 (12 juin), un succès à Modène. Victor venant de Pontremoli descendait en même temps à Borgo San-Donnino où l’avant-garde de Macdonald le rejoignait le 26 (14 juin). Continuant sa marche sur Plaisance où elle entrait le 28 (16 juin), l’armée refoulait un corps autrichien et s’établissait sur la rive gauche de la Trebbia.

Souvorov qui, à la nouvelle de la marche de Macdonald, avait à tout hasard rassemblé ses forces entre Alexandrie et Tortone, jugea que, pour empêcher la jonction avec Moreau, il lui fallait aller sans perdre de temps à la rencontre de Macdonald et, le 29 (17 juin), il arrivait à propos au secours des Autrichiens de nouveau assaillis par les troupes françaises et sur le point de céder. Attaqué le 30 (18 juin), Macdonald dut passer sur la rive droite de la Trebbia ; de part et d’autre, on lutta toute la journée et toute celle du lendemain avec un acharnement qui fut surtout extraordinaire entre les Polonais au service de la France et les Russes. Le soir du 1er messidor (19 juin), les armées ennemies se trouvèrent toujours séparées par le lit de la Trebbia ; ne recevant pas de renforts comme Souvorov, Macdonald ne voulut pas risquer avec des soldats épuisés une quatrième journée de combat et, dans la nuit du 1er au 2 (19 au 20 juin), il battit en retraite par le chemin qu’il avait suivi pour venir. Le 2 (20 juin), la division Victor fut écrasée sur la Nure, torrent coulant à l’est de la Trebbia, parallèlement à cette rivière. Souvorov, ayant éprouvé de grandes pertes et craignant l’arrivée de Moreau, ne fit pas poursuivre davantage Macdonald qui put réorganiser un peu ses troupes, le 4 (22 juin), à Reggio, et atteindre, le 29 (17 juillet), Gênes où elles parvinrent dans un état déplorable.

Le 28 prairial (16 juin), Moreau s’était dirigé vers Gavi d’où malheureusement il déboucha un peu tard ; le 1er messidor (19 juin), il se portait sur Tortone où le blocus du fort venait d’être levé, battait, le 2 (20 juin), près de Marengo, à Cassina Grossa, Bellegarde que nous avons vu arriver à la fin de mai à Côme, d’où il avait gagné les environs d’Alexandrie. À cette date, la bataille de la Trebbia était perdue, et ce fut là une victoire inutile. Au moment où Moreau allait marcher vers Plaisance, il apprenait la défaite de Macdonald et la reddition de la citadelle de Turin qui avait eu lieu le 2 (20 juin). Il ne pouvait plus songer à la jonction projetée ; aussi, prévenu de l’approche de Souvorov qui, parti le 5 (23 juin) de la rive droite de la Nure, prenait position, le 7 (25 juin), à Castelnuovo, il avait évacué la plaine de Tortone dont Souvorov faisait de nouveau bloquer le fort, réoccupé les hauteurs de Gavi, puis les postes où il était installé avant cette expédition ; ce fut du côté de Gênes que l’armée de Naples mutilée fut rejointe en messidor (juillet) par l’armée d’Italie.

À la suite des événements du 30 prairial (18 juin) dont il sera question dans le chapitre suivant, le Directoire modifié appelait, le 14 messidor (2 juillet), au ministère de la guerre, en remplacement de Milet-Mureau, Bernadotte et, en même temps qu’on prenait diverses mesures relatives à une prompte levée de conscrits et à leur rapide instruction, divers changements étaient opérés dans les armées. On décida la reconstitution d’une « armée des Alpes » à Chambéry et d’une « armée du Rhin » qui devait être la troisième de ce nom. L’armée des Alpes reçut, le 17 messidor (5 juillet), pour commandant direct placé sous les ordres du général en chef de l’armée d’Italie, Championnet, remis en activité par le nouveau Directoire dont un arrêté du 5 messidor (23 juin) avait rapporté celui du 7 ventôse (25 février) ; Macdonald dont les troupes rentraient dans l’armée d’Italie, était rappelé ; Joubert était nommé général en chef des armées d’Italie et des Alpes ; Moreau recevait le commandement en chef de l’armée du Rhin et de l’année du Danube laissée à Masséna. Celui-ci ayant alors offert sa démission, on la refusa ; on lui écrivit, le 30 thermidor (17 août), que l’arrêté qui l’avait motivée était rapporté en ce qui concernait la subordination de l’armée du Danube et de son chef à un autre général ; mais on persista à former l’armée du Rhin dont le commandement provisoire fut donné au général Muller.

Quand cela n’aurait été que dans le but de procurer à son armée les approvisionnements indispensables que les croisières des navires anglais dans la Méditerranée ne lui permettaient pas de recevoir par mer, Moreau aurait eu l’idée de reprendre l’offensive en Italie ; cependant, il préféra attendre pour cela son successeur. De son côté, Souvorov qui venait de recevoir un renfort de 8 000 Russes, aurait voulu profiter de sa supériorité pour écraser Moreau ; mais une lettre autographe de l’empereur, du 10 juillet, tout en le félicitant de sa victoire de la Trebbia, lui enjoignit de ne rien entreprendre ni en Suisse, ni en Ligurie, avant la prise de Mantoue et des citadelles d’Alexandrie et de Tortone. Furieux, Souvorov néanmoins obéit ; il augmenta l’effectif des troupes chargées de ces sièges et campa près de la Bormida.

La Russie et l’Angleterre estimaient, comme Souvorov, que l’Autriche se préoccupait trop exclusivement de ses intérêts particuliers ; elles n’étaient nullement disposées à réduire leur coalition au rôle d’instrument de la domination autrichienne en Italie. Aussi réglèrent-elles, le 22 juin, en dehors de l’Autriche, leur descente en Hollande.

De plus, sur l’initiative de l’Angleterre et avec le consentement du tsar, les ambassadeurs de Russie et d’Angleterre à Vienne arrêtèrent, en juillet, avec le cabinet autrichien un nouveau plan en vertu duquel l’Autriche agirait seule en Italie ; Souvorov et les divers corps russes se porteraient en Suisse que l’archiduc Charles abandonnerait, dès l’arrivée des troupes russes, pour se diriger sur le Rhin, vers Mayence et l’ancienne frontière de la Belgique, et soutenir les Anglo-Russes en Hollande, puis dans ce dernier pays. Les ordres furent expédiés le 31 juillet à l’archiduc et le lendemain à Souvorov.

Pendant que s’élaborait cette combinaison tendant à l’invasion de la France, la citadelle d’Alexandrie capitulait (3 thermidor-21 juillet) ; Mantoue, où le général Foissac-Latour aurait encore pu tenir, en faisait autant le 12 (30 juillet) et, du coup, Kray pouvait aller avec une vingtaine de mille hommes renforcer Souvorov sur la Bormida. D’autre part, le 17 (4 août), Joubert prenait possession de son commandement ; il était entendu que Moreau resterait quelques jours avec lui. Ignorant la reddition de Mantoue et pressé, pour plaire au gouvernement et, en particulier, à Sieyès, de remporter une victoire, Joubert se hâta d’entrer en campagne. Le 27 (14 août), après des escarmouches heureuses, l’armée française campait sur les hauteurs de Novi, en face des alliés concentrés par Souvorov au sud d’Alexandrie ; Joubert apprenait alors la capitulation de Mantoue et l’arrivée du corps de Kray, qui le mettaient dans une infériorité sur laquelle il n’avait pas compté. Le soir même, il réunissait un conseil de guerre, paraissait d’accord avec ses généraux, tous d’avis de regagner les anciennes positions ; mais, lorsqu’il aurait dû suivre cet avis sans tarder, il remettait la décision définitive au lendemain. Or, à la pointe du jour, le 28 (15 août), Souvorov engageait l’action. Le choc fut rude et déconcerta tout d’abord nos soldats ; Joubert se précipita bravement pour les encourager et fut tué un des premiers. Sa mort augmentait déjà la confusion, quand Moreau qui se trouvait là assuma la responsabilité du commandement et parvint à rallier les troupes. Si les premières tentatives des alliés furent repoussées, il fallut, devant la supériorité de leurs forces, après une douzaine d’heures d’une lutte acharnée, battre en retraite sur Gênes.

Comme complément de cette victoire qui affermissait la domination des alliés en Italie, le général autrichien Klenau voulut, le 4 fructidor (21 août) tenter un coup de main sur cette dernière ville. Il réussit à nous enlever Chiavari, sur la côte orientale du golfe de Gênes ; mais, le 9 (26 août), il en était chassé, sans avoir été soutenu par Souvorov, qui ne parut nullement tenir à ce que Gênes tombât entre les mains de l’Autriche ; quant à lui, le 3 (20 août), il avait campé à Asti, où il reçut officiellement connaissance, le 25 août du nouveau plan concerté entre les alliés et dont il a été parlé plus haut. Les colonnes de Championnet sur les Alpes eurent quelques petits succès ; celle de gauche emportait, le 23 thermidor (10 août), le poste retranché de la Thuile, près du col du Petit Saint-Bernard, celle du centre, le 14 fructidor (31 août), enlevait Pignerol, celle de droite, le 9 (26 août), poussait au delà du fort de Demonte, dans la direction de Coni, et arrivait sous les murs de cette place le 16 (2 septembre). Mais ces mouvements ne pouvaient être que très restreints, et Souvorov ne les jugea pas de nature à retarder son départ pour la Suisse, après la capitulation conditionnelle du fort de Tortone dont le commandant s’engagea, le 8 (25 août), à le rendre le 25 (11 septembre), s’il n’était pas secouru avant cette date. Souvorov remit le commandement de l’armée autrichienne à Mélas et, le 22 (8 septembre), se dirigea vers Casale. Averti en route que Moreau allait profiter de son départ pour tenter de secourir Tortone avant le 25 (11 septembre), il revint sur ses pas et, le 24 (10 septembre), son armée reparaissait dans les environs de Novi. Devant ce déploiement de forces ; Moreau renonça à son projet ; le lendemain, le fort de Tortone était livré aux alliés et Souvorov reprenait sa marche vers Lugano. Nous allons voir combien ce retard de trois jours eut pour nous d’heureuses conséquences.

Aussitôt après son entrée à Zurich (18 prairial-6 juin), l’archiduc Charles établissait le gros de son armée sur la chaîne de collines qui sépare la Glatt de la Limmat. Jusqu’au 27 (15 juin), il y eut de petits combats à la suite desquels les Français reprirent quelques postes qu’ils avaient perdus ; en revanche, Jellachich, envoyé contre Lecourbe, arriva à Utznach ; le 20 (8 juin), et occupa, sans rencontrer de résistance, Glaris et Schwyz. Puis commença une période pendant laquelle l’archiduc attendant l’arrivée du corps auxiliaire russe de Korsakov, et Masséna les renforts annoncés par le gouvernement, se bornèrent à s’observer. L’archiduc essaya d’attirer l’attention de Masséna vers l’Alsace en faisant, le 5 et le 7 messidor (21 et 25 juin), attaquer par le général Starray nos postes du Bas-Rhin. Ceux-ci durent se replier, abandonnant toutes leurs positions de la rive droite ; mais, le 18 (6 juillet), certaines d’entre elles étaient reprises, et Masséna, sans se laisser troubler par ces démonstrations, ne bougea pas de la Suisse. Ce fut après ces incidents que le gouvernement décida, ainsi qu’il a été dit tout à l’heure, la formation d’une « armée du Rhin » qui eut au début son quartier général à Türkheim, non loin de Colmar.

Pressé par le Directoire de prendre l’offensive, Masséna, avant d’engager une action générale, chargea Lecourbe d’opérer contre quatre corps autrichiens placés dans les montagnes et éloignés les uns des autres : les 27, 28 et 29 thermidor (14, 15 et 16 août), ils furent tous les quatre attaqués avec succès : le prince de Rohan, ce digne échantillon du patriotisme des royalistes français, au pied du Simplon, du côté de l’Italie, fut refoulé vers Domo d’Ossola ; Strauch, qui tenait le Grimsel, dut se retirer vers Bellinzona ; Simbschen, qui gardait dans la vallée de la Reuss la route du Gothard, fut réduit à se replier sur Ilanz et nous reprîmes le Saint-Gothard ; enfin Jellachich, entre le lac des Quatre-Cantons et celui de Zurich, fut repoussé derrière la Linth, et la ville de Schwyz fut prise. Ces mouvements des troupes françaises et l’arrivée des 30 000 Russes de Korsakov et de Derfelden poussèrent l’archiduc à tenter, le 30 (17 août), entre l’embouchure de la Limmat et le Rhin, le passage de l’Aar qu’il méditait depuis quelque temps, tandis que Hotze agirait contre notre division de droite, alors installée sur la rive gauche de la Linth. Finalement, ces deux tentatives échouèrent. L’archiduc avait reçu, conformément au plan arrêté entre les puissances alliées et à lui expédié le 31 juillet, l’ordre de quitter la Suisse aussitôt après l’arrivée des troupes russes. Désapprouvant cette mesure qui lui paraissait dangereuse, excusant, dès lors, jusqu’à un certain point, le mécontentement furibond de Korsakov à cette nouvelle, il résolut de lui laisser, en attendant Souvorov, les 20 000 hommes de Hotze. Informé qu’un corps d’armée français avait fait, le 9 fructidor (26 août), irruption sur le Rhin, il ne crut pas pouvoir rester personnellement plus longtemps en Suisse qu’il quitta le 15 (1er septembre).

Muller qui commandait sur le Rhin avait été, en effet, invité à opérer une diversion en faveur de l’armée du Danube. En conséquence, le 9 fructidor (26 août), il avait passé le Rhin à Mannheim avec une douzaine de mille hommes, marché sur Philippsburg, qui était investi le lendemain, et dirigé deux colonnes, l’une vers Karlsruhe, l’autre vers Heilbronn. Les Autrichiens s’étaient ralliés au sud de cette dernière ville, à Lauffen età Pforzheim. L’archiduc avait d’abord projeté d’attendre les événements à Donaueschingen ; mais, craignant que les Français ne fussent plus nombreux qu’ils ne l’étaient en réalité, il marcha lui-même, le 19 (5 septembre), à leur rencontre afin d’arrêter leurs succès. Muller, qui avait fait entamer, le 20 (6 septembre), le bombardement de Philippsburg, et qui était trop faible pour lutter contre les forces de l’archiduc, se replia, le 25 (11 septembre), sur cette place très éprouvée, en leva le siège et se retira sur Mannheim où il arriva le 28 (14 septembre). La petite armée du Rhin, dit Jomini, « avait rempli son objet au delà de toute espérance » (t. XII, p. 24) ; Muller n’eut qu’un tort, ce fut, lorsqu’il repassa le Rhin, le 29 (15 septembre), de maintenir à Mannheim des troupes que l’archiduc, le 2e jour complémentaire de l’an VII (18 septembre), écrasa. Pendant ce temps, Masséna prenait ses dispositions pour une attaque générale. La partie ne pouvait être gagnée qu’en concentrant le plus d’hommes

un malheureux rentier.
(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)


possible ; peu importait de découvrir pour cela certains endroits qui, même restant couverts, n’en devraient pas moins être abandonnés dans le cas d’une défaite ; peu importait que Souvorov réussît à déboucher du Saint-Gothard, si la déroute préalable de ses lieutenants le laissait seul en face de Masséna.

Il ne fallait pas que l’ennemi eût vent de ce qui se préparait ; « les ordres du général en chef, dit Jomini, furent suivis avec un secret et une précision que l’on ne saurait trop admirer » (Idem, p. 250). Dans la matinée du 3 vendémiaire an VIII (25 septembre 1799), la Limmat était franchie sur un pont de bateaux et, pendant que des démonstrations sur divers points occupaient certains corps de Korsakov, le gros de ses forces campé en avant de Zurich était obligé de se réfugier sous les remparts de cette place. Le 4 (26 septembre), sur le point d’être cerné, Korsakov attaqua avec impétuosité pour s’ouvrir un passage vers le nord. L’avant-garde passa, le reste éprouva des pertes considérables. Par Bülach, les débris de l’armée russe gagnèrent en désordre la rive droite du Rhin. En même temps que la bataille de Zurich nous rendait la ligne de la Limmat et Zurich, Soult attaquait Hotze sur la ligne de la Linth. Dès les premiers coups de feu, le 3 (25 septembre), Hotze était tué ; son armée, complètement battue, se retirait, après une tentative infructueuse, le 4 (26 septembre), d’abord derrière la Thur, dans sa partie supérieure, puis, par Saint-Gall, sur le Rhin, qu’elle traversait à Rheineck. Le corps de Jellachich était à son tour repoussé à Näfels sur la Linth, rétrogradait vers Walenstatt et continuait, le 6 (28 septembre), son mouvement de retraite par Sargans et Ragatz.

Retenu, nous le savons, jusqu’au 25 fructidor (11 septembre) en Italie, Souvorov atteignait Airolo le 1er vendémiaire an VIII (23 septembre), et Altdorf le 3 (25 septembre), après avoir dû arracher pied à pied le Gothard aux troupes de Lecourbe, que celui-ci rassembla sur la rive gauche de la Reuss ; là, il apprit qu’il était envoyé à l’armée du Rhin, en remplacement de Muller chargé d’un autre poste. D’Altdorf, où il reçut « la bénédiction du curé » (Moniteur du 20 et du 22 vendémiaire-12 et 14 octobre), Souvorov se porta, le 5 (27 septembre), vers Schwyz ; c’est durant cette marche, lorsqu’il comptait être rejoint par Jellachich, à qui il avait donné rendez-vous en ces lieux, et tomber avec lui sur l’armée de Masséna rejetée, suivant ses instructions, de son côté par Hotze et Korsakov, qu’il apprit le désastre de ses lieutenants. Arrivé trois ou quatre jours trop tard pour les soutenir, il avait à lutter non plus pour achever une victoire, mais pour échapper à l’anéantissement. Impossible de revenir sur ses pas ou de continuer sur Schwyz ; à sa droite, il n’y avait que la brigade Molitor ; aussi, le 8 (30 septembre), il marcha contre elle et l’obligea à reculer jusqu’à Näfels ; mais là, le 9 (1er octobre), malgré tous ses efforts, il ne put l’entamer ; ce même jour, son lieutenant Rosenberg remportait un succès sur Masséna. Néanmoins, le lendemain, en dépit de son orgueil démesuré, de sa rage folle, de ses ridicules invocations à la Providence et à « la Sainte Vierge » (Costa de Beauregard, Un homme d’autrefois, p. 454), et de son assortiment de bénédictions, l’horrible bourreau de Varsovie dut se résoudre à la retraite.

Le 15 (7 octobre), il arrivait à Coire, où une partie de ses troupes l’avait précédé et où le reste le rejoignit après avoir éprouvé des souffrances inouïes. Le 19 (11 octobre), son armée, réduite de moitié, s’établissait à Feldkirch. Masséna avait sauvé la France d’une invasion : le nationalisme et le patriotisme des cléricaux et des royalistes français tombèrent dans le marasme ; dans une dépêche du 12 octobre 1799, de Précy appelle la première victoire de Masséna « la malheureuse affaire du 25 », et d’André écrit à Louis XVIII que « tout est remis en question (Dubois-Crancé, par Iung, t. II, p. 313), quand, pour la France, cela se termine bien.

Au nord de la Suisse, Korsakov, ignorant encore le sort de son chef, fit une tentative pour lui porter secours. Il avait avec lui le corps d’émigrés de Condé, à la solde de la Russie. Le 15 vendémiaire (7 octobre), il déboucha de Busingen, près de Schaffhouse, culbuta d’abord les Français, mais fut bientôt repoussé. Le même jour, nos troupes enlevèrent la ville de Constance aux émigrés de Condé, qui frappèrent patriotiquement à coups de sabre le « petit soldat » de l’époque ; leurs descendants exploitent tout aussi patriotiquement celui d’aujourd’hui au cri de « vive l’armée ». À la nouvelle de la victoire de Masséna à Zurich, l’archiduc Charles était accouru à Donaueschingen, d’où il chercha à combiner avec Souvorov un nouveau plan d’attaque. Les deux généraux ne purent se mettre d’accord, les Russes étant plus disposés à récriminer contre les Autrichiens, qu’ils accusaient d’avoir tout compromis par leur hâte à évacuer la Suisse, qu’à se concerter avec eux. Souvorov écrivit, le 22 octobre, à l’archiduc que ses troupes prenaient leurs quartiers d’hiver et, le 30, l’armée russe s’installait eu Souabe, entre l’Iller et le Lech. C’était une rupture autorisée par le tsar, déjà très mécontent des prétentions de l’Autriche en Italie. Dans le sud, Loison, qui avait pris le commandement du corps de Lecourbe, chassa, le 18 vendémiaire (10 octobre), les Autrichiens sur la rive droite du Rhin, à l’exception de quelques postes qui furent enlevés en brumaire (début de novembre). La Suisse entière était délivrée. Le Rhin, dès lors, servit de démarcation comme à l’ouverture de la campagne.

Par le traité du 22 juin mentionné précédemment, l’Angleterre et la Russie avaient réglé les conditions de leur descente en Hollande ; l’Angleterre devait fournir 30 000 soldats et subvenir à la dépense des 17 000 hommes que la Russie consentait à leur adjoindre. Le but avoué était le rétablissement du stathoudérat et de la maison d’Orange. Le but secret de l’Angleterre était moins désintéressé : elle poursuivait, avec sa persistance habituelle, son plan de soustraire la Hollande et la Belgique dont l’invasion était projetée après la conquête de la première, à l’influence de la France. Des préparatifs immenses furent faits et, le 3 fructidor (20 août 1799), l’avant-garde de l’expédition était en vue des côtes ; mais, par suite d’une tempête, le débarquement ne put commencer que le 10 (27 août), près du Helder. Le 13 (30 août), l’escadre anglaise se portait au Texel où se trouvait ce qui restait de la flotte batave ; les équipages de celle-ci, travaillés depuis longtemps par les agents du stathouder, arborèrent ses couleurs et, le 14 (31 août), les Anglais prenaient possession de cette flotte : ce sera là pour eux, et il n’était pas à dédaigner, tout le bénéfice de leur expédition. Brune avait tout de suite ordonné la concentration de ses forces dans la province de Hollande-Nord et, le 18 (4 septembre), il arrivait à Alkmaar. Ayant essayé vainement, le 24 (10 septembre), de forcer le camp des Anglais, il comprenait qu’il lui fallait renoncer à l’idée de s’opposer au débarquement des autres divisions et se borner à les empêcher de pénétrer plus avant.

Du 25 au 29 (11 au 15 septembre), abordaient les flottes transportant le corps russe et la deuxième division anglaise, le duc d’York, commandant en chef des troupes alliées, débarquait le 26 (12 septembre) ; mais toutes les troupes ne furent en ligne que le 2e jour complémentaire de l’an VII (18 septembre). Le lendemain, Brune attaqué résistait victorieusement à Bergen, village à cinq kilomètres au nord d’Alkmaar. Le 10 vendémiaire an VIII (2 octobre), nouvelle attaque et, cette fois, à Egmond, à l’ouest d’Alkmaar, les alliés obtenaient un succès qui ne devait pas les mener bien loin ; Brune évacuait Alkmaar et s’établissait dans une forte position à Castricum, bourg situé à huit kilomètres au sud d’Alkmaar, d’où les alliés ne purent, le 14 (6 octobre), parvenir à le déloger. Cet échec, les pertes énormes qu’ils avaient éprouvées, l’épuisement de leurs ressources, peut-être aussi la nouvelle de la victoire de Masséna à Zurich, firent craindre au duc d’York d’en être réduit soit à déposer les armes, soit à se rembarquer sous le feu des Français. Il entra en négociation avec Brune pour l’évacuation de la Hollande et, le 26 (18 octobre), fut signée à Alkmaar une convention en vertu le laquelle les alliés devaient quitter la Hollande au plus tard le 9 frimaire (30 novembre), rétablir les ouvrages et l’artillerie du Helder tels qu’ils étaient avant leur invasion, renvoyer, sans échange, 8 000 prisonniers français ou bataves faits par l’Angleterre dans de précédentes campagnes, et libérer l’amiral de Winter, le vaincu de Camperdwin. Le duc d’York s’en alla à la fin d’octobre et les dernières troupes des alliés partirent le 28 brumaire (19 novembre). Ce même jour, les républicains rentraient au Helder.

À l’armée du Rhin, vers la fin d’octobre (vendémiaire-brumaire), Lecourbe, qui en avait pris le commandement le 17 vendémiaire (9 octobre), remporta quelques succès sans conséquences. Philippsburg fut plusieurs fois bloqué et débloqué ; après nous être avancés sur la rive droite du Rhin, nous dûmes revenir sur la rive gauche en frimaire an VIII (premiers jours de décembre 1799). Quant à l’armée du Danube, elle ne songea plus à pénétrer en Souabe et une partie se rapprocha de Bâle et de la Forêt-Noire ; de part et d’autre, on s’apprêta à entrer en quartiers d’hiver. Un arrêté du 3 frimaire (24 novembre) décida la réunion de l’armée du Rhin et de l’armée du Danube sous le nom d’armée du Rhin, avec Moreau comme général en chef. Lecourbe était mis sous ses ordres pour commander spécialement les troupes cantonnées en Suisse. Masséna était envoyé en Italie. Le général en chef qui avait succédé à Souvorov dans cette dernière région. Mélas, avait, le 30 fructidor (16 septembre), concentré les forces autrichiennes à Bra dans l’intention de bloquer étroitement Coni. Les troupes françaises, que Championnet avait rassemblées devant cette ville, furent repoussées le 1er jour complémentaire (17 septembre) et contraintes à abandonner Savigliano et Fossano. Championnet voulut revenir à la charge, mais il eut le tort d’opérer de plusieurs côtés par petites colonnes : le 1er vendémiaire (23 septembre) Saluces, le 2 (24 septembre) Pignerol, le 3 (25 septembre) Suse, nous étaient enlevés. Le 6e jour complémentaire (22 septembre), il avait pris le commandement des armées des Alpes et d’Italie fusionnées de nouveau sous le nom d’armée d’Italie, et Moreau partait pour Paris avant de se rendre à l’armée du Rhin où il ne devait arriver que le 23 frimaire (14 décembre).

Durant le mois de vendémiaire (octobre), eurent lieu plusieurs combats sans grande importance ; les deux partis attendaient une action décisive. Les Autrichiens, en ce moment en recul, étaient établis entre Fossano et Savigliano lorsqu’ils battirent finalement, les 13 et 14 brumaire (4 et 5 novembre), dans la série d’affaires meurtrières connues sous le nom de bataille de la Genola, les troupes françaises qui durent se replier. Elles perdirent, le 24 (15 novembre), le col de Tende ; le quartier général autrichien fut transféré à Borgo San-Dalmazzo, petite localité au sud de Coni, et, le 27 (18 novembre), l’investissement de cette dernière place était achevé ; elle se rendit le 13 frimaire (4 décembre). Du côté de Gênes, les Français furent rejetés, le 15 (6 décembre), sur le col de la Bocchetta ; le général Klenau s’avança, le 23 (14 décembre), vers Gênes, par le littoral ; mais il ne fut pas plus heureux que le 4 fructidor (21 août) et se fit repousser jusqu’à Sestri-Levante. À la fin de 1799, la gauche de l’armée d’Italie gardait le Petit Saint-Bernard, le Mont-Cenis et les débouchés des Alpes en France ; le centre occupait le littoral jusqu’à Savone ; la droite couvrait Savone, Gênes et la Ligurie à l’est. Les soldats souffrirent beaucoup en hiver ; manquant de tout, — Ouvrard était un des fournisseurs de l’armée — malades, ils finirent par déserter en masse. Championnet, qui avait donné sa démission — sous la date du 23 brumaire (14 novembre), le Moniteur du lendemain disait : « un courrier a apporté la démission donnée par Championnet du commandement de l’armée d’Italie. Le consulat a accepté cette démission. » — et qui attendait son successeur, mourut à Nice, le 19 nivôse an VIII (9 janvier 1800), âgé de 37 ans. Masséna, nommé général en chef de l’armée d’Italie, prit le commandement à Antibes le 26 nivôse (16 janvier). Malgré nos insuccès en Italie, la vérité est que, avant le retour de Bonaparte, la France avait échappé au terrible danger que lui avait fait courir la deuxième coalition.