Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre XIII/Chapitre 24

XXIV. État actuel de la Martinique.

Au premier janvier 1778, la Martinique comptoit douze mille blancs de tout âge & de tout ſexe ; trois mille noirs ou mulâtres libres, plus de quatre-vingt mille eſclaves, quoique ſes dénombremens ne montâſſent qu’à ſoixante-douze mille.

Elle avoit pour ſes troupeaux huit mille deux cens mulets ou chevaux, neuf mille fept cens bêtes à corne, treize mille cent porcs, moutons ou chèvres.

Ses ſucreries étoient au nombre de deux cens cinquante-ſept qui occupoient dix mille trois cens quatre-vingt-dix-ſept quarrés de terre. Elle cultivoit ſeize millions ſix cens deux mille huit cens ſoixante-dix pieds de café ; un million quatre cens trente mille vingt pieds de cacao ; un million ſix cens quarante-huit mille cinq cens cinquante pieds de coton.

En 1775, les navigateurs François chargèrent ſur cent vingt-deux bâtimens, à la Martinique deux cens quarante-quatre mille quatre cens trente-huit quintaux cinquante-huit livres de ſucre terré ou brut, qui furent vendus dans la métropole 9 971 155 l. 3 ſols 7 deniers ; quatre-vingt-ſeize mille huit cens quatre-vingt-neuf quintaux ſoixante-huit livres de café, qui furent vendus 4 577 259 l. 16 s. ; onze cens quarante-ſept quintaux huit livres d’indigo, qui furent vendus 975 018 l. ; huit mille ſix cens cinquante-ſix quintaux ſoixante-trois livres de cacao, qui furent vendus 605 964 liv. 12 s. ; onze mille douze quintaux de coton, qui furent vendus 2 753 100 liv. ; neuf cens dix-neuf cuirs, qui furent vendus 8 271 livres ; vingt-neuf quintaux dix livres de carret, qui furent vendus 29 100 livres ; dix-neuf cens ſoixante-ſix quintaux trente-cinq livres de canéfice, qui furent vendus 52 980 l. 10 s. ; cent vingt-cinq quintaux de bois, qui furent vendus 3 125 l. Ce fut en tout 18 975 974 liv. 1 ſol 10 den. Mais la ſomme entière n’appartenoit pas à la colonie. Il en devoit revenir un peu plus du quart à Sainte-Lucie & à la Guadeloupe qui y avoient versé une partie de leurs productions.