(sous le pseudonyme de Merlin Coccaie)
Adolphe Delahays (p. 389-410).


LIVRE VINGT-TROISIÈME.


Ils avoyent desjà cheminé en ces ombres obscures et tenebreuses, par l’espace de cinq journées, quand ils se veirent au bout et à l’extremité de la caverne, et ne peurent passer plus avant, obstant une pierre de demesurée grandeur et qui traversoit le chemin, tellement qu’ils furent contraints retourner sur leurs pas, et refaire le chemin qu’ils avoyent jà fait avec grand travail. Ils se trouvent, par ce moyen, aussi estonnez que sont les fourmis, quand, cheminans par leur route l’un après l’autre, avec une longue suitte, sur une muraille, ou contremont un vieil noyer, se baisans l’un l’autre, à la rencontre qu’ils font montant et descendant, ils trouvent une ligne noire qu’on aura faicte de charbon à travers leur chemin : car lors ils s’arrestent tout court et s’amassent en une trouppe reculans en arriere, et retournans sur leurs pas. Balde advise sous ses pieds une pierre, laquelle il fait lever par Fracasse. Iceluy, affermissant la plante de ses pieds contre terre et roidissant les reins, l’enleve et trouve dessous un puits profond. Ils prestent l’oreille pour sçavoir s’ils oiroyent quelque bruit venant du fond d’iceluy. Ils entendent un bruit d’une eau coulant entre des pierres. Mais ils n’y peuvent rien veoir. Cingar s’offre de descendre à bas, comme de faict il y descend se tenant des mains et des pieds aux pierres d’iceluy, et estant au bas, il trouve un lac ondoyant et entend un ruisseau s’escouler à travers les feintes et fentes de la montagne. Il appelle de là ses compagnons, tant qu’il peut crier, disant : O compagnons, descendez par ceste eschelle d’enfer ? Tous Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/452 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/453 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/454 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/455 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/456 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/457 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/458 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/459 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/460 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/461 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/462 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/463 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/464 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/465 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/466 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/467 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/468 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/469 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/470 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/471 prestiges et fascinations, et que, reprenans leurs vrayes formes, ils se representent à leur naturel, et se monstrent tels qu’ils sont à la verité. Cingar, en moins de rien, se descharge de la figure de singe ; Fracasse quitte sa forme de bœuf ; Lyron n’est plus linx ; le sanglier devient Hippolyte ; le Centaure, qui estoit tout cheval, en perd la moité ; Falcquet reprend sa forme humaine, en se despoüillant de celle de renard ; Boccal se trouve devestu de sa peau grise d’asne. Ils changerent tous le poil ; mais quant aux coustumes, je ne sçay.

Or, parce que la chandelle est bruslée jusques au bout, et que la lampe vuide d’huile a consommé toute sa meche, j’en ay assez dit jusques icy ; à demain le demeurant.