Histoire du Parnasse/Le salon de Heredia

Éditions "Spes" (p. 434-443).

CHAPITRE III
Le salon de Heredia

Heredia, après la mort de Leconte de Lisle, assure la continuité de l’École par goût pour la maîtrise, et aussi par piété envers son maître. Il était l’ami sûr, le confident, l’héritier désigné. C’est à lui que l’auteur des Poèmes avait légué son épée d’académicien ; Mme Leconte de Lisle lui offre en plus l’habit vert, ce qui émeut Heredia : « Madame et bien chère amie, je suis profondément touché du présent que vous me faites, qui est un souvenir bien précieux de l’ami et du maître si cher que j’ai perdu et que je n’oublierai jamais… Je vous suis bien reconnaissant de m’avoir jugé digne (et je crois l’être par l’affection, le respect et l’admiration) d’être considéré par vous pour ainsi dire comme son fils[1] ». Il en est justement fier ; à l’Académie ses confrères remarquent en souriant qu’il porte cet habit avec un orgueil visible, « comme s’il eût reçu le manteau d’Élie[2] ». N’est-ce pas bien naturel ? N’a-t-il pas réellement reçu l’investiture ? Dès 1875, Leconte de Lisle voit en lui, non un rival, mais un successeur : « Heredia est déjà un maître, et il aime à donner des conseils[3] ». À la mort du Roi, les Parnassiens n’ont pas besoin de voter : par le droit du talent Heredia devient le Prince des poètes parnassiens.

Plus heureux que son prédécesseur il a presque tout de suite le palais qui convient à la fonction : M. Leygues le nomme administrateur de la plus littéraire des bibliothèques : à l’Arsenal, le Parnasse remplace le Romantisme. Heredia est heureux : il a un jardin, et dans ce jardin il y a un arbre ! Il y a aussi des hortensias ; le poète compte le nombre des bombes qui les fleurissent : 260[4] ! Une fois installé, il fait des heureux autour de lui : d’abord ses collaborateurs qui aiment ce conservateur illustre et peu gênant, puis les habitués de la bibliothèque, et jusqu’aux rhétoriciens de Charlemagne qui, d’abord épouvantés par ses éclats de voix, se rassurent vite, et lui soumettent leurs sonnets. Du reste, comprenant fort bien que l’État a voulu lui offrir un canonicat, il ne se laisse pas absorber par ses fonctions ; il leur consacre une heure et demie par jour, sauf le jeudi qui est réservé à l’Académie[5]. Le reste appartient à la poésie, et aux poètes.

Dans le salon de Charles Nodier, où venait causer et danser le Romantisme, maintenant le Parnasse vient lire des vers. Là où, jadis, Mme Nodier avait mis au service de la célébrité de son mari sa bonne grâce, son indulgence discrète, et son esprit, maintenant rayonne, avec sa splendeur de créole, celle en qui Heredia avait trouvé, pour reprendre le mot de René Bazin, l’idéale compagne de la vie[6]. Sur un panneau brille l’émail de Claudius Popelin, représentant le Conquistador Pedro de Heredia, sous les traits de JoséMaria[7]. Celui-ci, artiste jusqu’au bout des ongles, fait les honneurs de ses œuvres d’art, car il aime toutes les réalisations de la beauté : statuette de marbre ou de bronze, tableau ou bibelot d’ivoire. Alors, ainsi que le lui rappelle Coppée en le recevant à l’Académie, « l’émotion de votre voix, l’épanouissement voluptueux de votre regard, la crispation caressante de vos doigts, tout trahissait en vous le plus délicat et le plus passionné des amateurs[8] ». Le poète réserve naturellement sa plus chaude tendresse pour les ouvrages bien reliés, prétendant que « les livres sont comme des êtres vivants : vêtus de peau ils frémissent sous la caresse… Le contact de l’épiderme, peau contre peau, les revivifie et les ranime ». Il les caresse longtemps, il les masse, et peu à peu le cuir rajeunit, redevient peau en s’attiédissant, et les gaufrures dorées, mais ternies, reprennent leur éclat[9].

Tel est le milieu où il pratique noblement l’hospitalité, cordial même pour un poète symboliste : « à peine, dit H. de Régnier, eus-je franchi le seuil de l’hospitalière demeure, et goûté l’accueil de l’homme délicieux et bon qui la remplissait de sa merveilleuse présence, je sentis que ce serait là un des beaux événements de ma vie… Heredia était debout. Je me souviens du brun, beau et affable visage, de l’accueil chaleureux, de la main cordialement tendue. Je me sentis soudain rassuré et à l’aise. Heredia me parlait de mes poèmes, y blâmant certaines nouveautés, et en admettant quelques-unes… Quand je partis, il me frappa sur l’épaule, m’invita à revenir… J’étais séduit, étonné, un peu ahuri, charmé de tant de bienveillance, d’entrain, de bonhomie noble et de haute politesse. J’étais conquis[10] ». Quiconque a du talent, fût-il hétérodoxe, trouve le chemin du cœur de ce grand parnassien. Marcel Prévost, au sortir de Polytechnique, va lui porter son premier roman, Le Scorpion : jugeant l’œuvre extraordinaire, le maître veut chercher lui-même, pour un pareil débutant, l’oiseau rare : un éditeur. Il va chez Lemerre et lui tient ce langage : « je vais t’envoyer un jeune littérateur de beaucoup de talent : fais-lui un traité magnifique, comme celui de Bourget, pour lui ôter l’envie d’aller autre part que chez toi[11] ».

Tel est le charmeur qui reprend les samedis de Leconte de Lisle » avec une moindre maîtrise, c’est entendu, mais avec infiniment plus de bonne grâce, et une philosophie souriante, réconfortante[12]. Les duretés du sort qui attristent parfois la fin des vies prospères, ne purent altérer son euphorie philosophique[13]. C’était un générateur d’énergie : « il exerçait, dit celui qui l’a le mieux connu, une sorte de’fascination. Elle résidait dans sa personne même. On aimait en lui un homme généreux, serviable et bon. Il dégageait une influence de joie, de sécurité, d’énergie. Son assurance en face de la vie et de l’art était un spectacle réconfortant. Sa certitude encourageait. Son optimisme était bienfaisant[14] ». À qui craindrait que ce portrait ne fût flatté, je recommanderais le passage où Paul Valéry loue le zèle avec lequel Heredia enseignait aux jeunes les secrets du métier : générosité qu’on n’a plus revue depuis, faute d’un maître, et faute de jeunes admettant qu’ils aient quelque chose à apprendre[15].

Ce n’est pas que les néo-parnassiens eux-mêmes’aient conservé la discipline de leurs prédécesseurs. On ne tremble pas devant Heredia comme devant Leconte de Lisle. On se dispute devant lui, sans égard pour sa présence. Une fois il ne peut calmer une discussion violente qu’en saisissant une Légende des Siècles, et en déclamant Booz endormi d’une voix formidable qui couvre le bruit de la querelle[16]. Ses disciples ne le considèrent pas comme un docteur infaillible ; il a, en effet, un faible : il n’a jamais pu pardonner à Baudelaire son premier accueil : « comme je lui disais mon admiration respectueuse, il me dévisagea d’un air froid…, et, m’interrompant brusquement, il me dit : — Monsieur, je n’aime pas les jeunes gens. — Puis il se tut, m’ayant tourné le dos[17] ». Heredia prend sa revanche plus tard en démolissant obstinément l’auteur des Fleurs du Mal. Un jour qu’il s’efforçait une fois de plus de convaincre ses auditeurs que sa bête noire n’était pas un vrai poète, l’un d’eux termina la discussion en souriant : — Et si nous lisions maintenant du Baudelaire[18] ?

Avec ses disciples Heredia est libéral, tolérant, et préfère la confiance au respect prosterné ; mais il sait remettre les gens à leur place quand il le faut : Montesquiou lui lit quelques Hortensias Bleus, ne lui fait pas hommage du livre, et sollicite tout de même une préface. Heredia répond, avec une dignité froide : « quant à mon sentiment sur votre livre, il ne m’est pas possible de vous le donner sans l’avoir lu… Ceci (et me connaissant tel que je suis, vous ne sauriez vous y méprendre) n’est pas pour vous engager à m’envoyer votre beau livre ; je ne vous l’ai pas demandé, et, du moment qu’il ne vous a pas plu de me l’offrir des premiers, je trouve tout naturel que vous ne l’ayez pas fait, et que vous ne le fassiez point[19] ».

Ces exécutions sont rarissimes, car Heredia est aimé. Il est bien entouré. Dans son groupe on reconnaît des habitués du salon de Leconte de Lisle, comme le vicomte de Gueme ; puis, on distingue des nouveaux, Charles Guérin, Sébastien-Charles Leconte, Gauthier-Ferrières, Poizat, Gaston Volland, Pierre Ladoué, Léo Larguier, Philippe Dufour, Mestrallet, Paul Musurus, parfois Louis Tiercelin, etc.[20]. Tous ne sont pas parvenus à la notoriété. Mais cela ne diminue pas la valeur du maître qui pouvait compter parmi ses élèves les plus dociles un Swinburne[21].

Son enseignement est beaucoup plus large qu’on ne pourrait le supposer chez un artiste épris pour son propre compte de la perfection la plus minutieuse. Il admet la manière de Verlaine, si éloignée de la sienne, aux antipodes. Il signe la lettre de remercîments qu’il lui envoie pour un article aimable : « votre vieil admirateur[22] ». Il étudie, avec un mélange d’attraction et d’antipathie, Francis Jammes, quoiqu’il vaille surtout par la sensibilité : « il est certain dit-il devant Charles Guérin qui s’empresse de le redire à l’intéressé, il est certain que cet animal-là est poète. Mais moi, le sentiment, je m’en… moque[23] ». Sauf Baudelaire, il est apte à tout comprendre, et il met une conscience rare à écouter les vers qu’on lui soumet : après une audition des Hortensias Bleus il écrit à R. de Montesquiou : « je vous ai dit l’impression très vive que je gardais de ce que vous avez eu la bonté de m’en lire, et aussi l’éblouissement et la fatigue physique d’un cerveau de poète qui ne peut s’empêcher de se tendre à recomposer en esprit les vers récités qu’il éprouve l’impérieux besoin de voir[24] ».

Leconte de Lisle ne se fatiguait pas ainsi ; mais Heredia a une tout autre méthode d’enseignement, très personnelle, unique peut-être : non seulement il initie ses jeunes amis à sa technique, mais il leur révèle pour ainsi dire ses secrets de fabrication, avec une générosité qui étonne ceux qui en profitent, et qui lui paraît toute naturelle[25]. Il travaille devant ses élèves, leur soumettant ses scrupules de forme, sollicitant leurs conseils, se rendant à leurs observations. La page sur laquelle il vient d’écrire, et qui est déjà raturée, est lue tout haut par lui, avec habileté, avec un certain fracas[26]. La feuille circule ensuite de mains en mains : on saisit ainsi sa pensée en formation, on lui propose une variante, et parfois, quand le feuillet lui revient, il note une heureuse correction qu’on lui a suggérée[27]. Puis il fait la critique des poèmes parus d’un samedi à l’autre, et c’est un spectacle admirable, dit Barrès, de le voir saisir un morceau de poésie, le tourner, le retourner, le soupeser, l’ausculter, tantôt avec enthousiasme, et tantôt avec des risées méprisantes, s’il s’agit d’un absent[28] ; il est plus indulgent si le patient est là : « son enseignement était charmant, dit Léo Larguier ; il savait faire la blessure, s’il le fallait, mais il offrait tout de suite les baumes les plus adoucissants[29] ».

Tout cela, c’est de la clinique littéraire. Il y a aussi les grandes leçons ex professo, les développements sur l’esthétique du vers ; mais nul ne les a sténographiés, et nous n’en avons qu’une sorte de parodie ; faite avec talent, elle ne nous rend la réalité que comme une caricature représente un visage, avec des traits forcés : dans une page de sa nouvelle, Un Début dans les Lettres, M. Barracand nous transcrit une conférence de « Pimentel » à un débutant, sur la condensation littéraire. Supprimons tout ce qui est destiné à masquer le personnage, souvenirs de Rimbaud, détails pris à Leconte de Lisle, allusions à Coppée : il reste une tirade où Pimentel exprime assez bien les idées de Heredia : « représentez-vous, dans un laboratoire, un creuset où bout et se résout une matière précieuse : l’artiste est là, penché sur le fourneau, alimentant la flamme avec l’incommensurable amas de toutes les bibliothèques ; puis il saisit, une fois refroidi, le précieux métal, et, en ciseleur habile, avec une émotion, un tremblement sacrés, il le manie, le fouille, le travaille, le réduit encore de plus en plus… » L’auditeur de Pimentel résume ainsi sa doctrine : négliger l’âme humaine, l’émotion ; ne plus traduire une passion en images justes, mais choisir un sujet rare, la description d’une buire, d’un ostensoir, et s’y appliquer minutieusement[30].

Des amis communs ont soin de prévenir Heredia, qui se reconnaît dans ce portrait-charge, et se contente de dire à l’humouriste : « Ah ça ! Barracand, il paraît que vous m’attrapez…[31] ». L’autre proteste de son innocence. Heredia garde le beau rôle, car il ne se fâche pas ; l’homme du monde ne venge pas les injures de l’homme de lettres. Il a décidément toutes les qualités seyantes au maître.

En versification il est conservateur ; il ne lui paraît pas qu’il y ait, après Leconte de Lisle, d’innovations utiles. Il préconise le vers tel que l’ont forgé les romantiques et les Parnassiens ; il le défend contre le saccage des symbolistes. De là son apologie de la rime : « la rime n’est pas une gêne pour le poète : c’est un tremplin. La difficulté même excite le génie de l’artiste… Et pour faire une comparaison qui me paraît très juste et qui m’est souvent venue à l’esprit en regardant monter la mer, une rime heureuse arrivant au bout d’un beau vers, c’est quelque chose comme le panache ou la frange d’écume qui parachève avec un fracas de tonnerre ou un murmure délicieux, le déferlement d’une belle lame[32] ».

Il admettrait pourtant quelques modifications très légères, par exemple à la définition de l’hémistiche. Jusque dans la septième édition de son Dictionnaire, l’Académie disait que, dans le vers héroïque, la césure, ou repos du vers, doit être placée après la sixième syllabe, à la fin du premier hémistiche ; Heredia propose à ses confrères comme définition de l’alexandrin : « un vers de douze syllabes avec un accent sur la sixième syllabe[33] ».

De même, tout en respectant l’interdiction de l’hiatus formel, il tolère certaines rencontres de son un peu dures, s’il doit en résulter un heureux effet :


Le temple est en ruine au haut d’un promontoire[34].


Du reste, c’est classique : La Fontaine avait dit,


Après bien du travail le Coche arrive au haut.


C’est un de ces effets d’harmonie imitative qu’aime Heredia : « c’est bien une harmonie que celle des vers, dit-il, et certains sons s’accordent à certaines idées. C’est cet accord que j’ai cherché[35] ». Seulement, il ne va pas plus loin, et on l’aurait fait sourire en lui prêtant des intentions qu’il n’avait pas ; ainsi, dans ce vers,


lacchos s’avancer sur le sable marin,


il eût été bien surpris d’apprendre que « l’effet produit par les voyelles se combine avec les s qui suggèrent le bruissement du cortège sur le sable[36] ». Pour son compte, il trace entre le vers et les effets musicaux une démarcation très nette : « le vers, quand il est beau, renferme sa musique en soi, et il est impossible de le revêtir d’une harmonie étrangère ; la preuve en est faite avec les vers de Leconte de Lisle qu’on n’a jamais pu mettre en musique[37] ». Telles sont ses principales théories, fondées sur l’étude des Poèmes.

L’auteur des Trophées grandit singulièrement après la mort de son Maître. Il ramasse son sceptre, mais il ne s’en sert pas avec la redoutable vigueur de Leconte de Lisle. Il endoctrine ses disciples surtout par son exemple. Il leur donne des modèles de perfection jusqu’à la fin. La Vision d’Ajax, écrite trois mois et demi avant sa mort, vaut les sonnets qu’il a publiés aux trois Parnasses[38]. Jean Lahor, quoique son aîné de deux ans, s’incline devant lui, dans une dédicace rimée :


Cher José de Heredia,
Esprit ardent qu’incendia
Le torride azur du Tropique,
Je suis un humble, et ne me pique,
Ô maître, fier Conquistador,
D’avoir jamais vos rimes d’or.


Mais je vous aime et vous admire,
Et le boudhiste souriant
En ces vers vous offre la myrrhe
Et l’encens pur de l’Orient[39].


N’est-ce pas là le jugement de la postérité qui commence à le mettre à son rang[40] ? Au château de la Bourdonnais, où il mourut le 2 octobre 1905, des mains pieuses avaient placé près de lui, dans son cércueil, le livre si mince et si grand[41]. Ses obsèques répondent à sa vie ; aussi sont-elles moins froides que celles de Leconte de Lisle. C’est un concert de regrets vrais. On ramène d’abord le corps à l’Arsenal, et là, au nom de la Société des Gens de lettres, M. Marcel Prévost parle avec une reconnaissance vibrante, magnifiant le cœur de Heredia autant que son talent : « Non, mon bon maître, tant de gloire qui vous survit ne suffit pas à éclipser tant de bonté morte avec vous[42] ». « C’était un cœur d’or, dit M. Hanotaux, une âme exquise, une vraie nature de poète telle qu’on se les figure d’après la légende… Il passa dans le monde en n’y voyant rien que la beauté[43] ». Enfin, on le transporte près de Rouen, au cimetière de Bon-Secours, où sa mère était enterrée. Et maintenant, répétons la parole de Barrès : « il dort auprès de celle qui l’avait préparé pour nous aimer… Le fils des conquistadors repose sous le ciel où le vent dispersa les cendres de Jeanne d’Arc. Sa tombe accroît encore la spiritualité de ce Rouen où l’auteur duCid enseigna l’art des vers à Jacqueline Pascal[44] ». À côté du tombeau pousse un laurier que le vent de la Seine fait trembler ; sur la pierre est gravé ce vers :


Mon âme vagabonde à travers le feuillage
Frémira…


Il aimait, d’un amour de prédilection, ce vers d’André Chénier ; il le citait, comme exemple de beauté : « les muettes particulières à notre langue l’allongent, le rendent plus respirable. Elles y mêlent à l’éclatante netteté latine une douceur fluide, une sorte de perspective, d’atmosphère vaporeuse[45] ».

Il y a de la noblesse dans l’hommage posthume de Heredia à André Chénier, et de la modestie vraie. Heredia n’avait pas cette vanité niaise qui consiste à faire le modeste. Il sentait sa force, et jugeait qu’il valait plus encore que sa réputation ; il écrivait à Georges Lafenestre : « Enfin ! peut-être un jour donnerai-je mon coup de clairon, au milieu de cette mêlée des esprits[46]… » Clairon ? Mêlée ? Non, ce ne sont pas là les images qui conviennent le mieux à son talent. Dans son concert des cloches, l’auteur de Notre-Dame de Paris a vu s’élancer, d’une tour à l’autre les octaves ailées, légères, de la cloche d’argent. C’est bien cela : dans la symphonie des cloches parnassiennes la poésie de Jose-Maria de Heredia c’est la cloche d’argent fin, dont la sonorité pleine, harmonieuse, pure, éclatante aussi, domine par instant tout ce carillon. Et ses vibrations se prolongent…


  1. H. de Régnier, Revue de France, 15 mars 1923, p. 395 ; Ibrovac, p. 168.
  2. Hanotaux, Sur les Chemins, II, 280.
  3. Mme Demont-Breton, II, 132.
  4. Hanotaux, Sur les Chemins, II, 289, 290. Je concentre à l’Arsenal les souvenirs de la rue Balzac et du quai Henri IV.
  5. Hanotaux, Sur les Chemins, II, 291 ; Jean Renouard, Figaro du 17 octobre 1925.
  6. Cf. mon Histoire du Romantisme, II, 2e partie, p. 130 ; Jean Renouard, Figaro du 5 mai 1928.
  7. H. de Régnier, Revue de France, 25 février 1926, p. 805.
  8. Le Temps du 31 mai 1895.
  9. Hanotaux, Sur les Chemins, II, 284.
  10. Revue de France, 15 mai 1923, p. 388, et 15 février 1926, p. 804.
  11. Ibrovac, p. 179-180.
  12. Albalat, Revue hebdomadaire du 4 octobre 1919, p. 34-70.
  13. Mme Demont-Breton, II, iii.
  14. H. de Régnier, Revue de France, 15 février 1926, p. 806.
  15. Revue de France, 15 septembre 1925, p. 212.
  16. Barrès à l’Académie, Officiel du 19 janvier 1917, p. 432.
  17. Le Tombeau de Louis Ménard, p. 23.
  18. Poizat, Le Symbolisme, p. 60.
  19. Figaro du 5 janvier 1929.
  20. H. de Régnier, Revue de France, 15 mars 1923, p. 388 ; J. Renouard, Figaro du 17 octobre 1925 ; Le Parnasse Breton Contemporain, p. 287.
  21. H. de Régnier, Revue de France du Ier juillet 1926, p. 162-163.
  22. Figaro du 17 octobre 1925.
  23. F. Jammes, Mémoires, III, 12-13.
  24. Figaro du 5 janvier 1929.
  25. Hanotaux, Bulletin du Bibliophile, 1905, p. 456 ; Sur les chemins de l’Histoire, II, 279.
  26. Bergerat, Souvenirs, II, 161.
  27. H. de Régnier, Revue de France, 15 février 1926, p. 807.
  28. Officiel du 19 janvier 1907, p. 432.
  29. Nouvelles littéraires du 31 décembre 1927 ; cf. Huret, Enquête, p. 302-303.
  30. Revue Bleue, 13 février 1886, p. 203, 204, 205.
  31. Barracand, Revue de Paris, ier mars 1914, p. 190-191.
  32. Huret, Enquête, p. 305-306.
  33. Dictionnaire de l’Académie, Alexandrin, césure, hémistiche ; Poizat, Classicisme et Catholicisme, p. 145.
  34. Ibrovac, p. 459.
  35. Id., p. 443.
  36. Id., p. 461 ; cf. p. 364-365.
  37. Huret, Enquête, p. 306.
  38. R. D. D.-M., Ier décembre 1905, p. 683.
  39. Ibrovac, p. 186.
  40. Jean Royère, Le Manuscrit Autographe, janvier-février 1929, p. 56-57 ; Le Figaro du 9 mars 1929.
  41. Ibrovac, p. 568 ; H. de Régnier, Figaro du 17 octobre 1925.
  42. Ibrovac, p. 200.
  43. Bulletin du Bibliophile, 1905, p. 455.
  44. Journal Officiel du 19 janvier 1907, p. 433.
  45. André Chénier, Les Bucoliques, édition Heredia, p. xxix et 59.
  46. Ibrovac, p. 405.