De l’automne 1668 jusqu’à l’automne 1669 au départ des vaisseaux du Canada.


L’arrivée des ecclésiastiques de l’an dernier ayant grossi le clergé en ce lieu, M. l’abbé de Quélus trouva bon que deux prêtres allassent hiverner dans les bois avec les sauvages, afin de les instruire de notre religion et de s’instruire en même temps de leur langue ; ce qui réussit fort bien à l’un d’entre eux nommé M. Barthélémy, lequel a bien appris le langage des Algonquins et leur a rendu beaucoup de services pour le salut de plusieurs, quant à l’autre prêtre, il y interrompit les premières instructions qu’il y reçut par une grande entreprise qui fut faite suivant laquelle on espérait au moyen d’un sauvage, lequel s’offrit pour guide, d’aller à 7 ou 800 lieues d’ici afin d’y annoncer l’évangile dans un pays qu’on sait être très peuplé, les préparatifs de ce voyage encore qu’il ne se fit que dans l’été empêchèrent beaucoup les progrès qu’il eut pu faire dans le bois avec les sauvages à cause que cela lui fit rompre ses mesures, mais passons tous ces préparatifs et disons un mot de son départ, tant à cause des personnes avec lesquelles il fit le voyage à cause d’une affaire qui arriva pendant ce temps. M. de Gallinée encore qu’il ne fut que diacre, sachant les desseins qu’on avait parlé à M. l’abbé de Quélus afin qu’il jugea s’il ne serait pas à propos qu’il fut de la partie avec ce prêtre que nous avons parlé. M. l’Abbé ayant trouvé la chose fort à propos à cause des avantageuses et plusieurs belles connaissances qu’il a, il fut de la partie et fit avec MM.de cette communauté trois canots. Un nommé M. de La Salle ayant autrefois beaucoup ouï parler des pays où on allait par les Iroquois qui lui avaient fait venir la pensée de faire ce voyage, sachant qu’on fallait entreprendre tout de bon, fit une dépense très considérable pour cette découverte où il alla avec quatre canots qui étant joints avec les 3 des deux ecclésiastiques faisaient le nombre de 7 canots lesquels contenaient 22 Français, tout ce monde s’étant disposé à un départ, il arriva une fâcheuse affaire qui retarda le tout de 15 jours c’était un assassinat fâcheux d’un considérable Iroquois commis par trois soldats des troupes du Montréal ce qui menaçait d’un grand renouvellement de guerre si on y donnait ordre au plus tôt, à quoi on ne tarda pas à le faire, mais en attendant, ces messieurs ne pouvaient pas partir parceque ils devaient passer chez les Iroquois où il n’eut pas fait bon pour eux alors, et que d’abord les trois criminels étant saisis, ils prièrent le prêtre qui devait partir de ne les point abandonner jusqu’à leur mort qui fut le 6 de juin, où ayant fini leurs jours en expiant leur crime avec une résignation admirable entre les mains de Dieu on partit le même jour pour aller à la Chine qui termina la première journée, c’est tout ce que nous avons à dire de ce voyage jusqu’à un an, où nous en dirons la réussite.