Histoire du Canada (Garneau)/Tome I/Livre I/Chapitre II

Imprimerie N. Aubin (Ip. 123-152).



CHAPITRE II.




CANADA.



1608–1628.

M. de Monts abandonne l’Acadie pour le Canada. — Fondation de Québec. — Conspiration contre Champlain punie. — Alliance avec les Algonquins et leurs alliés. — 1ère expédition contre les Iroquois. — 2de expédition contre les mêmes. — De Monts se retire des affaires du Canada. — Le comte de Soissons le remplace comme lieutenant-général. — Il meurt. — Le prince de Condé lui succède. — Champlain forme une société qui obtient le privilège exclusif de la traite des pelleteries. — Opposition que ce privilège fait naître. — Le prince de Condé vend sa lieutenance générale au duc de Montmorenci. — Traité de Champlain avec les Hurons. — Il explore la rivière des Outaouais, et découvre le lac Ontario et le lac Nipissing. — 3me expédition contre les Iroquois. — Paix entre les Algonquins et leurs alliés et les cinq cantons. — Le duc de Ventadour lieutenant-général de la Nouvelle-France. — Arrivée des Jésuites en Canada. — Champlain passe deux ans en France. — Richelieu dissout la compagnie du Canada, et forme celle dite des cent associés.


Nous avons vu dans le chapitre précédent que M. de Monts avait abandonné l’Acadie, après le retrait de son privilège exclusif de la traite en 1607. Il tourna alors entièrement ses regards du côté du Canada, où deux motifs le firent persister dans son entreprise : l’augmentation des possessions françaises, et l’espoir de pénétrer quelque jour par le St.-Laurent jusqu’à la mer occidentale, et de là à la Chine. Le passage au grand Océan par le Nord-Ouest, est un problême dont on cherche la solution depuis Colomb, et qui n’a été résolu que de nos jours.

Ayant obtenu du roi le renouvellement de son privilège pour un an, afin de s’indemniser de ses dépenses, il nomma Champlain pour son lieutenant ; et arma en 1608, avec ses associés, deux navires, dont l’un pour trafiquer à Tadoussac, et l’autre pour porter les colons qui devaient commencer l’établissement qu’il avait projeté dans le St.-Laurent.

Champlain arriva à Québec le 3 juillet, et débarqua sur une pointe qu’occupe aujourd’hui la Basse-Ville. La nature avait formé l’île de terre qu’entourent le fleuve St.-Laurent et les rivières du Cap-Rouge et St.-Charles, pour être le berceau de la colonie ; et en effet depuis Cartier les avantages de cette situation frappaient tous ceux qui remontaient le fleuve. Il y fit élever une habitation fortifiée et spacieuse, et tout le monde fut mis à défricher la terre, ou employé à d’autres travaux. Ainsi le bruit et le mouvement remplacèrent le silence qui avait régné jusque-là sur cette plage déserte et solitaire, et annoncèrent aux Sauvages l’activité européenne, et la naissance d’une ville qui devait devenir l’une des plus fameuses du Nouveau-Monde.

L’étymologie du nom de Québec a été, comme celle du nom du Canada, un objet de discussion parmi les savans. Malheureusement pour les amateurs d’origines romanesques ou singulières, nous sommes forcés bien malgré nous de détruire encore ici une de leurs illusions. Québec ne doit le nom qu’il porte, ni au cri d’admiration d’un Normand enthousiasmé, ni à la piété patriotique d’un colon transportant soigneusement avec lui une appellation propre à réveiller dans son cœur les souvenirs de son pays natal. Champlain nous dit positivement qu’il débarqua dans un lieu que les Indigènes nommaient Québec, mot sauvage qui signifie détroit, et qui désigne en effet le rétrécissement du St.-Laurent sur ce point de son cours, où (au Cap-Rouge) il n’a pas plus de 900 verges de largeur.[1]

À peine pouvait-on dire que la colonie existât, qu’une conspiration faillit de la détruire de fond en comble. La discipline sévère maintenue par son chef, servit de prétexte à un serrurier normand, nommé Jean Duval, pour se défaire de lui. Cet homme, d’un caractère déterminé, qui avait été blessé dans la guerre avec les Sauvages de la Nouvelle-Angleterre pendant son séjour en Acadie, entraîna plusieurs personnes dans son complot. Les conjurés après avoir fait périr le gouverneur, soit en l’étranglant dans son lit, soit en le tuant à coup d’arquebuse si le premier moyen ne réussissait pas, devaient piller les magasins et se retirer en Espagne avec leurs dépouilles. Quatre jours avant l’exécution du projet, un d’entre eux, tourmenté de remords, vint tout avouer et nomma ceux de ses complices qui lui étaient connus. Quatre des principaux furent arrêtés sur le champ ; et dans l’ignorance où l’on était de l’étendue des ramifications, on les envoya à Tadoussac afin de rompre entièrement la trame, et d’ôter à leurs associés l’envie même de les délivrer.

Lorsqu’on eût pris les mesures de sûreté nécessaires, et organisé le conseil pour faire leur procès, on les ramena à Québec, où ils confessèrent leur crime et furent condamnés à mort. Duval seul fut exécuté ; les autres ayant été reconduits en France, y reçurent leur grâce. Cette prompte justice en imposa aux mécontens et la paix ne fut plus troublée.[2]

Le gouverneur avait été revêtu des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire les plus amples, qui passèrent ensuite à ses successeurs. La colonie resta soumise à ce despotisme pur jusqu’en 1663, sans qu’il y fût fait presqu’aucune modification. Alors il fut circonscrit dans son action par des formes qui en limitèrent l’abus. Ces pouvoirs sont consignés dans la commission que le fondateur du Canada reçut du roi en partant pour ce pays, laquelle peut être à ce titre regardée comme la première constitution qu’il ait tenue des Européens. Voici quelques unes des principales dispositions de ce document, que nous reproduisons dans leur vieux style et textuellement.

« En paix, repos, tranquillité, y commander (le gouverneur) tant par mer que par terre : ordonner, décider, et faire exécuter tout ce que vous jugerez se devoir et pouvoir faire, pour maintenir, garder, et conserver les dits lieux sous notre puissance et autorité, par les formes, voies et moyens prescrits par nos ordonnances. Et pour y avoir égard avec nous, commettre, établir et constituer tous officiers, tant ès affaires de la guerre que de justice et police pour la première fois, et de là en avant nous les nommer et présenter, pour en être par nous disposé, et donner les lettres, titres et provisions tels qu’ils seront nécessaires. Et selon les occurrences des affaires, vous-même avec l’avis de gens prudens et capables, prescrire sous notre bon plaisir, des lois, statuts et ordonnances, autant qu’il se pourra conformes aux nôtres, notamment des choses et matières, auxquelles n’est pourvu par icelles. »

Les gouverneurs n’avaient pour tempérer leur volonté, que les avis d’un conseil de leur choix, et qu’ils n’étaient pas tenus de suivre. Tout cela était bien vague et bien fragile. Mais tels sont à peu près les pouvoirs qui ont été délégués à tous les fondateurs de colonies dans l’Amérique septentrionale, sauf quelques rares exceptions dans les provinces anglaises. Ce système avait peu d’inconvéniens dans les commencemens, parce que la plupart des planteurs étaient aux gages d’un gouverneur ou d’une compagnie sous les auspices desquels se formait l’établissement. Mais à mesure que les colonies prenaient de l’extension, leurs institutions se formulaient sur celles de leurs mères-patries respectives, dont elles prenaient plus ou moins la physionomie et le caractère.

Champlain trouva que depuis Jacques Cartier, le Canada avait été bouleversé par des révolutions. Stadaconé et Hochelaga n’existaient plus ; et il paraît aussi que ce n’était plus les mêmes habitans qui occupaient le pays. Ces bourgades avaient-elles été renversées par la guerre ou transportées ailleurs par suite des vicissitudes de la chasse ou de la pêche ? Colden[3] rapporte que les cinq nations iroquoises avaient occupé autrefois les environs de Montréal, et qu’elles en avaient été chassées par les Algonquins ; c’était là, dit-il, une tradition accréditée chez ces nations elles-mêmes. Il est tout probable en effet qu’au moins une partie a possédé cette contrée dans un passé plus ou moins éloigné.

Les révolutions de cette nature n’étaient pas rares chez les nations indiennes, qui erraient dans leurs vastes forêts sans laisser ni monument de leur existence, ni trace de leur passage.

D’après les relations de Cartier l’on serait porté à croire cependant, que la lutte entre les Iroquois et les autres Sauvages du Canada n’était pas encore commencée de son temps. Il ne parle que des Toudamens, tribus établies sur les bords de la mer, entre la N. Écosse et la N. York, lesquels traversaient les Alleghanys pour venir porter leurs ravages dans la vallée du St.-Laurent.

À l’époque de l’arrivée de Champlain le pays était occupé par des peuplades encore plus barbares que celles qui existaient au temps de Cartier, et qui luttaient avec difficulté contre des ennemis qui leur étaient supérieurs, sinon par le courage du moins par l’habileté et par la prudence. Ces peuples désespérés s’empressèrent d’accourir au devant de lui et de briguer son alliance contre les Iroquois qui occupaient les forêts situées à l’occident du lac Ontario. Ces Sauvages, de la famille des Hurons, formaient cinq nations confédérées ; et chacune d’elle était partagée en trois tribus qui portaient les noms allégoriques de la Tortue, de l’Ours et du Loup (Cadwallader Colden.)

Ignorant la force et le caractère de cette confédération, Champlain accepta peut-être trop précipitamment des offres dont l’effet fut de doter la colonie d’une guerre qui dura plus d’un siècle. Il pensait qu’en ayant pour alliés toutes les tribus du pays, il pourrait subjuguer facilement, non seulement cette confédération, mais encore toutes les peuplades qui voudraient entraver ses projets par la suite. Jusqu’alors les autres nations européennes, n’avaient trouvé que des ennemis dans les Indiens parmi lesquels elles étaient venues s’établir ; il dut croire, lui, en les voyant rechercher son amitié, qu’avec leur appui le succès de son entreprise n’était que plus assuré. Il ne savait pas encore que d’autres Européens, rivaux de la France, étaient déjà établis à côté des Iroquois, et prêts à les soutenir dans leurs luttes.

On explique ainsi l’origine de la guerre entre ces Sauvages et les autres tribus canadiennes, les Algonquins, les Hurons et les Montagnais.

« Une année, il arriva qu’un parti d’Algonquins, peu adroits ou peu exercés à la chasse, y réussit mal. Les Iroquois qui les suivaient, demandèrent la permission d’essayer s’ils seraient plus heureux. Cette complaisance qu’on avait eue quelquefois, leur fut refusée. Une dureté si déplacée les aigrit. Ils partirent à la dérobée pendant la nuit, et revinrent avec une chasse très abondante. La confusion des Algonquins fut extrême. Pour en effacer jusqu’au souvenir, ils attendirent que les chasseurs iroquois fussent endormis, et leur cassèrent à tous la tête. Cet assassinat fit du bruit. La nation offensée demanda justice. Elle lui fut refusée avec hauteur. On ne lui laissa pas même l’espérance de la plus légère satisfaction.

« Les Iroquois, outrés de ce mépris, jurèrent de périr ou de se venger ; mais n’étant pas assez forts pour tenir tête à leur superbe offenseur, ils allèrent au loin s’essayer à s’aguerrir contre des nations moins redoutables. Quand ils eurent appris à venir en renards, à attaquer en lions, à fuir en oiseaux, c’est leur langage, alors ils ne craignirent plus de se mesurer avec l’Algonquin. Ils firent la guerre à ce peuple, avec une férocité proportionnée à leur ressentiment (Raynal)[4].

Gonflés par des succès inouïs, ils se considérèrent comme supérieurs au reste des hommes, et s’appelèrent orgueilleusement Ongue honwe, c’est-à-dire, hommes qui surpassent les autres hommes.

Ils devinrent la terreur de toutes les nations de l’Amérique septentrionale. Lorsque les Agniers prenaient les armes contre les tribus de la Nouvelle-Angleterre, un seul de leurs guerriers paraissait-il parmi elles, aussitôt le terrible cri d’alarme s’élevait de colline en colline, un Iroquois ! un Iroquois ! Et saisies d’épouvante, toutes les tribus, hommes, femmes et enfans, prenaient la fuite comme un timide troupeau de moutons poursuivis par des loups. Cette terreur de leur nom, ils mettaient le plus grand soin à la répandre en cherchant en toutes occasions à persuader aux autres peuples qu’ils étaient invincibles.

Pontgravé lui ayant amené à Québec deux barques remplies d’hommes, Champlain repartit aussitôt avec ses nouveaux alliés et une douzaine de Français pour marcher contre eux. Il les rencontra sur les bords du lac auquel il a donné son nom. Les deux armées se trouvèrent en présence le 29 Juillet (1609)et se préparèrent au combat. Les Sauvages passèrent toute la nuit à danser, à chanter et à se provoquer d’un camp à l’autre à la façon des Grecs et des Troyens d’Homère. Les Français pour qui les usages des Indigènes étaient nouveaux, regardaient tout cela avec une curiosité mêlée de surprise.

Le lendemain matin, les Indiens sortirent de leurs retranchemens et se rangèrent en bataille. Les Iroquois au nombre de 200 s’avancèrent au petit pas avec beaucoup de gravité et d’assurance, sous la conduite de trois chefs que distinguaient de grands panaches. Champlain n’avait que deux Français avec lui, les autres étant restés en arrière. Ses alliés se séparèrent en deux corps et le mirent en avant à leur tête, tandis que ses deux compagnons se placèrent sur la lisière du bois avec quelques Sauvages. On lui dit de tirer sur les chefs. Les ennemis s’arrêtèrent à 30 pas de lui, et le contemplèrent quelque temps avec surprise ; alors les deux partis firent une décharge de flèches, et dans le même temps tombèrent raides morts deux chefs Iroquois frappés par les balles, et un troisième mortellement blessé. Les alliés poussèrent un cri de joie ; les ennemis saisis d’épouvante, prirent la fuite et se dispersèrent dans les bois, mais non sans avoir encore perdu plusieurs guerriers qui furent tués ou faits prisonniers.

Cette victoire ne coûta que 15 ou 16 blessés aux vainqueurs qui, après avoir pillé le camp des vaincus, où ils trouvèrent du maïs et des armes, commencèrent une retraite précipitée le jour même. Le soir ils prirent un de leurs prisonniers et lui commandèrent d’entonner le chant de mort. Ensuite, suivant la coutume de ces barbares, il lui firent souffrir les plus affreux tourmens. Champlain, révolté de leur cruauté, n’obtint la permission d’achever ce pauvre misérable qu’après qu’ils furent las de le torturer, et que le sang eut satisfait leur vengeance.

Vers l’automne le gouverneur s’embarqua pour l’Europe, et se rendit à Fontainebleau où était Henry IV, qui le reçut très bien, et écouta avec intérêt le rapport qu’il lui fit de la situation de la Nouvelle-France, nom que ce grand roi donna alors au Canada.

De Monts fit d’inutiles efforts pour faire renouveler son privilège de la traite ; des intérêts trop puissans s’y opposaient pour qu’il pût réussir. Néanmoins ses associés ne l’abandonnèrent pas encore tout à fait après cet échec, espérant pouvoir dans la concurrence générale retirer des pelleteries de quoi couvrir les dépenses de la colonie naissante. Le Gendre et Collier furent ceux qui secondèrent son zèle avec le plus d’ardeur. Il put, grâce à leur appui, expédier dans le printemps (1610) deux navires sur l’un desquels revint Champlain, qui trouva les habitans de Québec dans les dispositions les plus encourageantes, la santé publique ne s’étant pas un instant altérée, et la récolte ayant produit abondamment de manière à répondre aux espérances les plus ambitieuses.

Les Indigènes attendaient son retour avec impatience pour entreprendre une nouvelle expédition contre leurs ennemis qu’ils ne craignaient plus maintenant d’aller attaquer chez eux. À peine donc fut-il débarqué et eut-il donné ses ordres, qu’il partit pour se mettre à la tête de leur armée réunie à l’embouchure de la rivière Richelieu.

On ne marcha pas longtemps sans rencontrer les Iroquois que l’on croyait bien plus loin. Ils s’étaient fortement retranchés pour se mettre à l’abri des armes meurtrières des Européens, dont ils avaient vu l’effet au combat de l’année précédente, et ils repoussèrent leurs assaillans dans une première attaque. À la seconde cependant, le feu de la mousqueterie décida la victoire qui fut longtemps disputée. Champlain et un de ses gens y furent blessés. Les ennemis furent taillés en pièces, et ceux qui échappèrent au casse-tête périrent dans une rivière dans laquelle ils furent culbutés. Deux cents Hurons arrivèrent après le combat. La plupart d’entre eux n’ayant jamais vu d’Européens regardaient les Français, leurs habits, leurs armes, avec étonnement.

La liberté du commerce des pelleteries ayant été promulguée dans tous les ports de mer du royaume, plusieurs navires vinrent en Canada pour faire la traite. Ils apportèrent la nouvelle de la mort de Henri IV. Ce tragique évènement y répandit la même consternation qu’à Port-Royal. Tout le monde sentait la perte qu’on venait de faire, et surtout Champlain qui avait joui de la protection et de l’amitié de cet infortuné monarque. Il partit presque immédiatement pour la France, afin de veiller aux intérêts de Québec qui auraient pu se trouver gravement compromis dans les dissensions que faisaient redouter cette catastrophe.

L’esprit du nouveau gouvernement et la liberté entière de la traite, qui dès lors donna lieu à une concurrence très-vive, obligèrent de Monts à abandonner tous ses projets, faute de moyens pour les continuer, ayant même eu de la peine à subvenir aux dépenses de la colonie dans le temps qu’il était en possession du monopole de son commerce. Il fallut donc songer à adopter un nouveau système ; et Champlain, après en avoir conféré avec lui à Pons, travailla à former une nouvelle compagnie et à mettre le Canada sous la protection de quelque grand personnage de la nation, comme le moyen le plus propre à lui assurer les dispositions favorables de la cour. L’exemple de l’influence de la marquise de Guercheville dans les affaires de l’Acadie, lui semblait prouver la nécessité d’une pareille protection, à laquelle la couronne montrait beaucoup d’égards, pour récompenser sans doute et encourager la fidélité de la noblesse, avec laquelle elle voulait se mettre en faveur comme elle faisait avec le clergé.

Charles de Bourbon, comte de Soissons, se chargea à sa prière des intérêts du Canada. Il s’en fit nommer par la régente lieutenant-général à la place de M. de Monts, et choisit Champlain pour son lieutenant, par ses lettres du mois d’octobre 1612. À peine cette commission était-elle signée que ce prince mourut. Ce capitaine allait retomber dans son premier embarras, lorsqu’heureusement le prince de Condé accepta la charge vacante par la mort du Comte de Soissons, et le continua dans ses fonctions.

La commission de ce dernier lui ordonnait de saisir tous les bâtimens qui feraient la traité, sans permission, depuis Québec en remontant le fleuve. C’était abolir, pour ces limites, la liberté du commerce accordée par Henri IV. Lorsque cette commission fut publiée dans les havres et ports du royaume, elle souleva une opposition formidable. Champlain montra dans cette circonstance les ressources de son esprit ingénieux. Il proposa d’établir une association pour coloniser le Canada, et y faire le commerce des pelleteries, dans laquelle tous les marchands auraient droit d’entrer. Il voulait assurer par ce plan le succès de sa colonie, et rendre en même temps le commerce libre à tous ceux qui le faisaient, sous certaines conditions. Ce projet était bon ; néanmoins les marchands de la Rochelle refusèrent de se prêter à son exécution. Ils avaient été priés de se trouver à Fontainebleau pour signer l’acte de société, ils n’y vinrent point ; ceux de Rouen et de St.-Malo seulement s’y rendirent. Malgré cela, il fut décidé de leur laisser le droit d’entrer dans la compagnie pour un tiers, s’ils venaient à changer d’avis ; mais ne s’étant point conformés aux articles proposés dans le temps donné, l’acte fut clos, et les deux dernières villes y furent parties chacune pour moitié. Fait pour onze années, il fut ratifié par le Prince de Condé et confirmé par le roi. Les Rochellois regrettèrent alors leur obstination, parceque la liberté du commerce se trouva abolie par cette confirmation royale, à laquelle, sans doute, ils ne s’attendaient pas. Ils continuèrent toutefois par contrebande la traite sur un pied considérable sans qu’on pût y mettre fin, à cause de l’impossibilité à cette époque de garder les côtes du Canada.

Dans la prévision d’une pareille association, Champlain avait fait faire des défrichemens dans le voisinage de Montréal, pour élever un petit fort afin de protéger le comptoir de la compagnie, qui pourrait être avantageusement établi dans cette île. C’est pendant qu’il était occupé à ce travail qu’il fut visité par 200 Hurons avec lesquels il fit un traité d’alliance et de commerce, et qu’il obtint la permission de former des établissemens dans leur pays s’il en trouvait le sol convenable.

Ln 1613, trompé par un imposteur qui disait être parvenu avec les Algonquins fort loin dans le nord, jusque sur les bords d’une mer où il avait vu les débris d’un navire anglais, il partit pour aller vérifier ce fait, que la découverte de la baie d’Hudson peu d’années auparavant (1602) rendait très probable. Il remonta la rivière des Outaouais jusque dans le voisinage de sa source sans rien trouver ; et les Sauvages l’ayant convaincu de la fausseté de ce rapport, il revint sur ses pas. Avec de bons guides il aurait pu cependant atteindre la baie d’Hudson en peu de temps, puisqu’avec un canot léger l’on peut, dit-on, s’y rendre des Trois-Rivières par celle de St.-Maurice en 15 jours.

L’année 1615 est remarquable dans les annales de la colonie par la découverte du lac Ontario, la première de ces quatre grandes mers intérieures qui distinguent l’Amérique septentrionale. Champlain se trouvant au Sault-St.-Louis, les Hurons et les Outaouais réclamèrent encore son secours contre les Iroquois, qui leur barraient le chemin pour venir vendre leurs pelleteries aux comptoirs français. Dans l’intérêt de la traite et de ses projets de découverte, il consentit à aller se mettre à leur tête, et se rendit quelque temps après de sa personne à Cahiagué, où les alliés devaient réunir leurs forces. Il prit la route de la rivière des Outaouais, parvint jusqu’au lac Nipissing, à environ 60 lieues au nord-est du lac Huron, puis descendant vers le sud, il arriva sur les bords du lac Ontario à la fin de juillet. Il est le premier Européen qui ait contemplé cette mer douce, comme il l’appelle, ce lac océanique que ne sillonnaient encore que les fragiles esquifs de l’Indien, qui ne réfléchissait que les sombres forêts de ses rives solitaires ; mais qui devait baigner dans la suite tant de villes florissantes, et porter sur son sein les plus gros navires qu’ait inventés l’industrie humaine.

Il trouva dans une bourgade 14 Français qui étaient partis avant lui de Montréal ; il traversa cinq autres villages tous défendus par de triples palissades, et entra enfin dans celui de Cahiagué qui renfermait 200 cabanes. Il fut reçu avec la plus grande distinction par toute la tribu.

Cependant l’armée barbare ne tarda pas à se mettre en marche ; l’on traversa le St.-Laurent par le 43e. degré de latitude. L’ennemi prévenu de l’invasion, avait eu le temps de prendre ses mesures et de se mettre en état de défense. Solidement retranché, il repoussa toutes les attaques des alliés qui furent faites sans ordre et avec une confusion étrange, malgré les efforts des Français pour régulariser les mouvemens de ces hordes indociles, qui passèrent alors de l’excès de la présomption au plus profond découragement. Il fallut songer à la retraite qui s’opéra néanmoins avec régularité et sans perte.

Champlain qui avait reçu deux blessures dans cette campagne, demanda, lorsqu’il fut assez rétabli pour supporter les fatigues du voyage, des guides pour le reconduire à travers les forêts à Montréal. On les lui refusa sous divers prétextes, et il fut obligé de passer l’hiver chez ces peuples. Mettant ce délai à profit, il étendit ses courses au midi du lac Ontario, et visita la nation neutre, tribu populeuse qui, malgré sa position intermédiaire entre les parties belligérentes, conservait des relations amicales avec tous ses voisins. Il ne fut de retour au Sault-St-Louis que dans le mois de juin suivant. Le bruit avait été répandu qu’il était mort ; ce fut donc avec la plus grande joie que ses compatriotes le virent arriver sain et sauf au milieu d’eux, après avoir fait des découvertes qui devaient ajouter encore une nouvelle célébrité à son nom.

En 1618, les États du royaume étant assemblés, les députés de la Bretagne réussirent à faire accepter par le conseil l’article de leurs cahiers qui demandait la liberté du commerce des pelleteries en Canada, fait qui démontre l’importance que ce négoce avait prise du moins dans cette province de France. Champlain qui était passé en Europe en partie pour veiller aux intérêts de la colonie dans les troubles qui agitaient encore le royaume, comme il l’avait déjà fait lors de la mort de Henri IV, fit revenir sur cette mesure, qui sappait par sa base la société du Canada qu’il avait eu tant de peine à former ; et après une discussion approfondie où tous les intéressés furent entendus, elle fut retirée. Des procès et des difficultés sans nombre assaillissent de toutes parts cette compagnie, qui, n’ayant que des motifs de lucre, se fût bientôt dégoûtée d’une entreprise ingrate sans Champlain qui, mettant tour à tour en jeu l’intérêt, le patriotisme et l’honneur, réussit encore à l’empêcher de se dissoudre et à conserver ce qu’il regardait comme la sauvegarde de la colonie. Après avoir ainsi assuré l’existence de cette société, il la pressa de travailler avec zèle à la colonisation ; elle lui fit des promesses qu’elle se donna bien de garde d’exécuter. Au reste il eut bientôt lieu d’en éprouver lui-même les bonnes volontés, et de se convaincre de la manière dont elle entendait acquitter ses obligations.

Comme il se préparait à passer à Québec avec toute sa famille, elle voulut l’employer seulement à des voyages de découverte pour lier de nouvelles relations commerciales avec les nations qu’il pourrait découvrir ; et charger de l’administration de la province Pontgravé, homme facile et tout à fait selon ses vues, et qui ne s’était jamais intéressé qu’à la traite. Il refusa de consentir à cet arrangement. Là dessus s’éleva une contestation qui fut portée devant le conseil du roi, lequel par un arrêt rendu en 1619, maintint Champlain à la tête du gouvernement de la Nouvelle-France pour laquelle il ne put partir cependant qu’en 1620 à cause de toutes ces difficultés. À peu près dans le même temps le prince de Condé qui avait été emprisonné pendant les troubles, fut rendu à la liberté et céda la lieutenance-générale de ce pays, dont il était chargé depuis quelques années, au duc de Montmorenci pour 11,000 écus ; d’où l’on peut conclure que le patronage du Canada valait déjà quelque chose. Champlain fut confirmé dans ses fonctions, et reçut ordre de bâtir un fort à Québec. M. Dolu, grand audiencier, fut chargé en France des affaires du Canada, auxquelles le duc de Montmorenci parut prendre plus d’intérêt que son prédécesseur. Les associés voulurent encore partager le commandement de Champlain ; mais les ordres du roi les restreignirent à leur commerce seul, et placèrent la colonie sous l’administration exclusive de ce capitaine.


C’est à son retour à Québec qu’il fit commencer la construction du château St.-Louis, sur la cime du cap, château devenu célèbre pour avoir servi de résidence aux gouverneurs du Canada jusqu’en 1834, qu’il fut entièrement détruit par un incendie. Tous leurs actes étaient généralement datés de cette demeure vice-royale, qui n’a pas été rebâtie.[5]

Les Récollets commencèrent aussi à se construire cette année un couvent sur la rivière St.-Charles, quoique la population de Québec ne dépassât pas encore une cinquantaine d’âmes, en y comprenant même ces moines. Mais tel était l’esprit de dévotion en France que différens ordres religieux purent, par les libéralités des personnes pieuses, élever au milieu des forêts du Canada, qu’ils étaient obligés de défricher pour en poser les fondations, les vastes établissemens scolaires et de bienfaisance qui font aujourd’hui encore l’honneur de ce pays. Des corps religieux les Récollets qui y sont venus les premiers, sont aussi les premiers qui en ont disparu. Ce qui frappait davantage autrefois l’étranger en arrivant sur ces bords, c’étaient nos institutions conventuelles, comme dans les provinces anglaises, c’étaient les monumens du commerce et de l’industrie : cela était caractéristique de l’esprit des deux peuples. Tandis que nous érigions des monastères, le Massachusetts se faisait des vaisseaux pour commercer avec toutes les nations.

L’année suivante, Champlain promulgua des ordonnances et des réglemens pour la bonne conduite des colons et le maintien de l’ordre. Ce petit code de lois, le premier qui ait été fait pour le Canada, ne paraît pas avoir été conservé. Ce serait une pièce curieuse pour l’histoire des premiers jours de la colonie. Il n’est pas non plus indigne de cette histoire de mentionner que c’est vers cette époque qu’il commence à y avoir des habitans qui vivent du produit de leurs terres ; et les Hébert et les Couillard sont les plus notables de ceux dont l’on trouve le nom dans nos anciennes annales : c’est en 1628 seulement qu’on laboura pour la première fois avec des bœufs. La plupart des Français passés en Canada étaient encore alors employés à la traite des pelleteries, dont Tadoussac, Québec, les Trois-Rivières et le Sault-St.-Louis étaient les principaux comptoirs.

Cependant les Sauvages qui avaient toujours continué de se faire la guerre, soupiraient depuis longtemps après la paix. Les deux partis fatigués d’une lutte sanglante qui, selon leur rapport, durait depuis plus de 50 ans, avaient en effet tacitement consenti à une espèce de trêve, qui fut suivie ensuite d’un traité solennel ratifié en 1622.

D’un autre côté, la traite était un objet continuel de disputes entre les négocians qui y étaient engagés, ou entre ces négocians et le gouvernement. La société formée entre Rouen et St.-Malo en 1616, avait été supprimée par le roi, faute par elle d’avoir rempli ses obligations relativement à la colonisation du pays ; et une nouvelle association s’était, à ce qu’il paraît, organisée avec les frères de Caën à sa tête. Il s’éleva aussitôt des procès entre l’ancienne et la nouvelle compagnie au sujet de réclamations litigieuses. Le tout fut porté devant le conseil du roi, et se termina par la réunion des deux sociétés.

Il est souvent difficile de démêler la complication des sociétés commerciales qui exploitaient alors la colonie ; mais il importe peu qu’elles fussent composées de tels ou tels hommes, portassent tels ou tels noms, ou eussent telles ou telles obligations à remplir envers elle ; il suffit de savoir que toutes elles se ressemblaient sous un point, c’est-à-dire, qu’elles ne faisaient rien ou presque rien pour le Canada. Elles n’avaient pas fait défricher un seul arpent de terre ; et il est constant qu’elles regardèrent, en Canada comme en Acadie, l’établissement du pays comme destructif de la traite.[6]

Le duc de Montmorenci fatigué comme vice-roi de tous ces débats, céda pour une certaine somme sa charge à Henri de Lévis, duc de Ventadour. Le roi fit en conséquence expédier en 1625 ses lettres patentes nommant lieutenant-général de la Nouvelle-France ce dernier duc, qui dégoûté du monde était entré dans les ordres sacrés. Son but en acceptant cette charge était de travailler bien moins à l’établissement de la colonie qu’à la conversion des idolâtres. Aussi fit-il peu de chose pour elle ; mais s’il y envoya peu ou point de colons, en revanche il y fit passer, dans l’année même et à ses propres frais, cinq Jésuites : c’étaient les P.P. Lallemant, Brébœuf,[7] Masse et deux autres religieux. Tout louable qu’était ce dessein, cela donnait peu d’espoir à ceux qui désiraient voir avancer le Canada en population, en industrie et en richesses. Mais Champlain veillait sur lui, et s’il ne faisait pas de progrès, du moins sa main l’empêchait de tomber.

À la fin outré de la coupable indifférence de la nouvelle compagnie, il l’accusa auprès du duc de Ventadour, et peignit à ce seigneur avec énergie l’abandon dans lequel elle laissait languir cette province, qui ne demandait qu’un peu d’aide pour fleurir et prospérer. Ces plaintes parvinrent aux oreilles de Richelieu chargé alors des destinées de la France. En apprenant le mal, il avisa au remède avec sa décision et sa promptitude ordinaires.

Ce ministre que l’Europe s’accorde à regarder comme le plus grand homme d’état moderne, était parvenu au timon des affaires en 1624. Créature du maréchal d’Ancre, il sut acquérir les bonnes grâces de la reine mère, dont il fut dans la suite un ennemi acharné. Il s’employa activement pour rétablir la paix entre elle et le roi son fils ; pour l’en récompenser, elle lui fit obtenir le chapeau de cardinal et une place dans le conseil, qu’il assujettit bientôt à ses volontés par sa fermeté et par ses talens. Il introduisit un système de politique qui changea la face de l’Europe. Ce puissant génie, dit l’abbé Millot, gouvernant la monarchie française, maîtrisant la faiblesse du monarque, subjuguant l’audace des calvinistes et l’ambition séditieuse des grands, étonna le monde par l’éclat de ses entreprises. Il fit couler des fleuves de sang, il gouverna avec un sceptre de fer, il rendit la France malheureuse, il fut craint et haï autant qu’admiré ; mais son ministère fera une des principales époques de l’histoire par les révolutions et les événemens célèbres qu’il a produits.

C’est sous ce ministre que commencèrent à naître la marine et le commerce extérieur du royaume. Une des grandes idées qui le préoccupaient, c’était bien de donner à la France une marine importante et redoutable ; il sut aussi entrevoir, pour exécuter ce projet, quelles étaient les mesures les plus sages et les plus efficaces. Au lieu de construire des vaisseaux de guerre et d’employer une portion des revenus publics à les équiper, il commença par améliorer les ports de mer sur les côtes de la France, et il se fit donner les fonctions de surintendant des affaires des colonies dont il connaissait plus que personne l’importance ; il voulut lui-même encore les encourager par l’influence de son nom ; mais l’esprit absorbé par les révolutions que son génie faisait subir au monde, et par les luttes intestines de la monarchie, il ne travailla pas assez constamment à jeter les bases d’un système colonial qui pût augmenter la puissance de la mère-patrie. Il paraît plutôt qu’il avait pour principe d’affranchir le gouvernement du soin de coloniser l’Amérique, et d’abandonner cette tâche à des compagnies particulières, ne réservant pour ainsi dire à la couronne qu’une redevance et une autorité nominale. Dès 1625, il mit ce principe en pratique pour Saint-Christophe, la première des îles de l’Archipel du Mexique, où les Français aient fondé un établissement. Il fit la même chose pour la Nouvelle-France. Ainsi les colonies retombaient encore sous le monopole. Le gouvernement ne faisant rien pour elles, il fallait donner des avantages commerciaux aux compagnies qui se chargeaient de les peupler. D’ailleurs « c’était l’usage d’un temps où la navigation et le commerce n’avaient pas encore assez de vigueur pour être abandonnés à la liberté des particuliers. »

Instruit par les représentations de Champlain de l’état du Canada, il jugea que, pour donner l’essor à cette colonie qui languissait dans son berceau, et la faire progresser, il était nécessaire de former une compagnie puissante et qui eût un grand capital, parceque l’expérience du passé, en France et ailleurs, avait appris que la classe des émigrans n’était pas en état, par ses seules ressources et sans secours étrangers, de se transporter en Amérique, d’y ouvrir des terres et d’attendre le moment où elles lui fourniraient de quoi subsister.

En outre, les difficultés nombreuses qui s’élevaient tous les jours entre le pouvoir politique et les sociétés qui exploitaient les colonies, le déterminèrent à y établir une seule autorité afin d’éviter des collisions fâcheuses, personne plus que lui ne sentant l’importance de l’unité de pouvoir et d’action. Pour parer donc à ces deux inconvéniens, il forma une association connue sous le nom des cent associés, et il lui concéda à perpétuité la Nouvelle-France et la Floride, à la réserve de la foi et hommage au roi, et de la nomination des officiers de la justice souveraine, qui devaient être toutefois désignés et présentés par la compagnie, lorsqu’elle jugerait à propos d’en établir. L’acte de son établissement fut confirmé par les lettres patentes du roi du 6 mai 1628. Ainsi cette contrée passa du régime royal à celui d’une compagnie qui devint le modèle de ces sociétés puissantes dites des Indes, qui ont brillé avec tant d’éclat, et dont celle d’Angleterre surtout a acquis de nos jours un si vaste empire en Asie.



  1. Le mot Québec prononcé Ouabec dans la langue algonquine, dit M. Sta.-Vassal, signifie détroit. Ce Monsieur, né d’une mère abénaquise et qui parle plusieurs dialectes des Indigènes au milieu desquels il a passé la plus grande partie de sa vie, m’assure que ce mot est purement sauvage.

    M. Malo, missionnaire en 1842 chez les tribus du golfe St.-Laurent, et dont j’ai eu le plaisir de faire la connaissance en descendant du Haut-Canada, m’assure pareillement que le mot Kibec dans l’idiôme Micmac a la même signification. Ce M. qui voudra bien me pardonner d’avoir fait usage de son nom, n’a aucun doute que celui de notre ancienne capitale est d’origine indienne.

  2. Champlain, Lescarbot.
  3. History of the five Indian nations of Canada.
  4. Charlevoix : — Journal historique d’un voyage de l’Amérique. Colden.
  5. On a conservé ce nom à un bâtiment bâti à la fin du dernier siècle pour servir de dépendance au château, et que le feu a épargné.
  6. Voir ce que M. Denis dit sur la conduite de d’Aunay en Acadie : Description de l’Amérique Septentrionale, chap. III.
  7. Le P. Brébœuf était d’une ancienne famille normande de la souche de laquelle descendent les Arundels d’Angleterre. Dict. Historique.