Histoire des relations du Japon avec l’Europe aux XVIe et XVIIe siècles/Préface

PRÉFACE



Il existe un grand nombre d’ouvrages relatifs à l’histoire extérieure du Japon aux xvie et xviie siècles, mais la plupart, écrits par les Pères Jésuites, ne sauraient nous donner une conception vraie des faits et de la politique en majeure partie anti-chrétienne de l’Empire du Soleil-Levant. Il existe bien aussi sur ce sujet quelques ouvrages dus à la plume de Japonais ; mais ceux-ci non plus ne sont point des mieux documentés ni des plus impartiaux. Les documents et les divers écrits relatifs aux affaires étrangères disparurent à peu près, chez nous, après la prohibition définitive du christianisme, pendant l’ère Kouan-eï, leurs possesseurs courant le risque d’être tenus pour chrétiens, et, comme tels, punis de mort. Essayer de démêler ce qu’il y a de vérité dans tout ce qui nous est parvenu et de l’exposer aussi impartialement que possible, tel a été notre but en entreprenant ce travail, le premier, croyons-nous, consacré à cette question, et si, malgré notre inexpérience et la difficulté de la tâche, nos efforts peuvent être de quelque profit, nous nous estimerons satisfait.

Nous n’avons en vue que la question générale des relations entre le Japon et l’Europe depuis l’arrivée des Portugais jusqu’à l’expulsion définitive des étrangers de notre pays, et si parfois nous sortons un peu de ce domaine ce n’est uniquement que pour mieux expliquer la politique du pouvoir central vis-à-vis des chrétiens.

Tandis que nous rejetons dans deux appendices les ambassades des daïmios en Europe comme étant, malgré tout leur intérêt, deux faits en somme purement locaux, nous réservons une place, dans le corps même de notre étude, à l’œuvre de François Xavier qui devait donner naissance à une grave question sociale et politique.

Nous avons cru bon de faire également précéder notre essai d’une introduction en deux parties, esquissant à grands traits dans la première l’histoire du Japon, les relations entre le pouvoir de l’empereur et celui du shogoun et l’état social de l’époque qui nous occupe et cherchant, dans la seconde, à déterminer, si faire se peut, la date de la première arrivée des Européens dans notre pays.

Comme nos hommes d’alors séparèrent presque toujours, dans les relations avec les Européens, la question religieuse des rapports commerciaux, nous avons voulu faire ici de même, d’où les deux parties de notre ouvrage. Le christianisme fut finalement prohibé chez nous et le commerce avec l’étranger, restreint. Nous aurons à examiner cette transformation de notre politique : elle fera le sujet de notre conclusion.

Il nous a semblé oiseux d’ajouter une bibliographie des livres japonais et européens que nous avons pu consulter pour mener à bien notre entreprise. Nous préférons renvoyer nos lecteurs aux bibliographies sur l’histoire du Japon données par Léon Pagès et, plus récemment, par Fr. von Wenckestem, et nous nous ferons un devoir d’indiquer, le cas échéant, les sources où nous puiserons.

On trouvera à la fin de notre travail un index alphabétique des noms propres et des mots japonais qui y sont contenus, avec l’indication des pages où ils se rencontrent.

H. Nagaoka.

Paris, le 15 juin 1905.