Histoire des femmes écrivains de la France/8



CHAPITRE VIII

XIXe SIÈCLE
(Suite.)


George Sand. — Mme Henry Gréville. — Mme Alphonse Daudet. — Mme Gagneur. — Mme Jacques Rozier. — Mme Mary Summer — Mme de Witt. — Mme Gustave Haller. — Mme de Chabrillan. — Mme Martel. — Mme Craven. — Mme Emmeline Raymond. — Mme Charles Bigot. — Mme Adam.


« Cet accident de quitter le sein de ma mère m’arriva à Paris le 16 messidor an XII (5 juillet 1804), un mois juste après le jour où mes parents s’engagèrent irrévocablement l’un à l’autre. » C’est en ces termes que George Sand annonce elle-même sa naissance, dans ses mémoires qu’elle publia en 1854, dans la Presse, sous ce titre : Histoire de ma vie. Fort intéressants, ces mémoires, quand ils parurent, trompèrent un peu l’attente du public, toujours avide, sinon de scandales, du moins de révélations piquantes. L’auteur lui offrait au contraire l’histoire exubérante de son développement intime et philosophique, peu d’anecdotes et beaucoup de psychologie.

Donc, Amantine-Lucile-Aurore Dupin était née à Paris en 1804. Par sa famille paternelle, elle descendait de Maurice de Saxe, fils naturel d’Auguste II, roi de Pologne, et d’Aurore de Kœnigsmark. Sa grand’mère, fille naturelle de Maurice, veuve du comte de Horn, épousa en secondes noces M. Dupin de Francueil, fermier général. De ce mariage naquit Maurice Dupin, officier distingué de la République et de l’empire, qui mourut d’une chute de cheval en 1808, quatre ans après la naissance de sa fille Aurore. Cette filiation la constitue « d’une manière illégitime, mais fort réelle, — ainsi qu’elle se plaît à le constater elle-même, — proche parente de Louis XVIII et de Charles X ». Pour ce qui regarde sa mère, Antoinette-Victoire-Sophie Delaborde, le lecteur n’aura qu’à consulter les nombreux documents accumulés dans l’Histoire de ma vie.

Élevée au château de Nohant, près de La Châtre (Indre), par sa grand’mère, Mme  Dupin, qui avait les idées du dix-huitième siècle et pratiquait, en fait d’éducation, les doctrines de Jean-Jacques, la jeune Aurore vécut en pleine liberté jusqu’à l’âge de treize ans, mêlée aux autres enfants de la campagne. Elle jouait avec eux, se faisait des idées d’égalité parfaite et de communauté absolue, aimant cette vie de la campagne, adorant d’instinct la poésie des scènes champêtres. Il y avait en elle d’ailleurs, d’après ses premiers souvenirs, une disposition singulière à sortir de la vie réelle par l’imagination. Tout enfant, elle inventait des histoires sans fin. Les contes de la veillée alimentaient de plus en plus cette disposition, et, lorsqu’elle apprit l’histoire, elle se livra avec plaisir à cette étude qui lui offrait une source inépuisable de développements poétiques et de jugements enthousiastes.

Des contestations survenues entre sa mère et sa grand’mère mirent un terme à cette éducation en plein air. Aurore Dupin fut envoyée à Paris, au couvent des Augustines anglaises de la rue des Fossés-Saint-Victor. Pendant les trois années qu’elle y passa (1817-1820), elle manifesta tour à tour les diverses tendances de sa nature sensible, si facilement impressionnable. Aujourd’hui on la voit remuante, tapageuse, faisant tout à la fois l’admiration et le désespoir de ses maîtresses, marchant en tête de celles qu’on appelait les diables parmi les pensionnaires, puis le lendemain, sur une exhortation qui la touche, à la suite d’une lecture de l’évangile, on la verra s’éprendre d’une dévotion ardente, elle aura des scrupules de conscience, elle voudra se faire religieuse, jusqu’à ce qu’une autre impression, qui ne tardera pas à se présenter, vienne l’entraîner dans une nouvelle direction. C’est ainsi, par exemple, qu’elle organisa un petit théâtre dans le couvent et divertit la communauté avec des extraits de Molière.

De retour à Nohant, son imagination naturellement exaltée ne fit que se surexciter davantage par le genre de vie auquel elle se livra avec plus d’ardeur que jamais. Elle courait la campagne à cheval, sans autre règle que son caprice, suivie d’un petit paysan et s’abandonnant à toute la rêverie de ses méditations. Le reste de son temps, elle s’absorbait dans la lecture des œuvres de Chateaubriand, de Leibnitz, de Byron, de Shakespeare, mais surtout de J.-J. Rousseau. C’est lui qui décida d’elle ; il fut le point de départ de ses travaux d’esprit. L’Émile, la Profession de foi du vicaire savoyard, les Lettres de la montagne, le Contrat social et les Discours la séduisirent absolument.

Cette existence dura une année après laquelle elle eut la douleur de perdre sa grand’mère. Le caractère irritable de sa mère l’épouvantait au point qu’elle voulut rentrer au couvent, mais on la maria, presque malgré elle (1822), à Casimir, baron Dudevant, militaire retraité, devenu gentilhomme campagnard, et qui mourut en 1871, près de Nérac, à l’âge de soixante-seize ans. Elle eut de lui deux enfants, un fils, Maurice, artiste et littérateur, et une fille, Solange, qui épousera le statuaire Clésinger, pour s’en séparer ensuite.

En 1831, une séparation volontaire eut lieu entre la baronne Dudevant et son mari. Elle vint habiter Paris avec sa fille, et chercha à se créer des ressources qui lui permissent de mener une vie indépendante. Elle fit des traductions, dessina des portraits, peignit des fleurs et des oiseaux d’ornement sur des tabatières et des étuis à cigares en bois de spa, mais tout ce travail était peu lucratif ; elle eut alors l’idée d’écrire. Puis, afin de pouvoir circuler librement dans Paris et surtout d’aller aux théâtres, elle reprit le costume d’homme qu’elle avait longtemps porté dans son enfance.

Elle fut présentée à Kératry, qui lui déclara que la carrière des lettres ne convenait pas à une femme. Elle fit part de ses projets littéraires à Balzac, qui n’y prêta aucune attention. Elle fut mieux accueillie d’un de ses compatriotes, Delatouche, qui la prit comme collaborateur au Figaro. Mais cette espèce de travail avait le double inconvénient de lui coûter beaucoup de peine et de temps, et de lui rapporter bien peu.

Or, avant sa rupture avec son mari, elle avait connu à Nohant un jeune homme aux généreux sentiments, aux nobles aspirations. Ces deux esprits, si bien faits pour se comprendre, n’avaient pas tardé à se confondre dans une communion mutuelle de sentiments et d’idées. Ce jeune homme s’appelait Jules Sandeau ; il avait accompagné à Paris la baronne Dudevant. Les deux amis unirent leurs forces, et, grâce à Delatouche, leurs premiers travaux, faits en collaboration, parurent dans le Figaro sous le pseudonyme de Jules Sand, abréviation de Sandeau. Ces articles furent d’ailleurs peu remarqués.

Ce fut encore sous le nom de Jules Sand qu’une nouvelle, la Prima donna, fut insérée dans la Revue de Paris, et que parut, bientôt après, leur premier roman de longue haleine, Rose et Blanche. Ce premier pas décisif fut aussi le terme de leur collaboration. Après cet essai de leurs forces, les deux amis se sentent assez sûrs d’eux-mêmes, et ils iront, chacun de son côté, conquérir tous deux dans les lettres une noblesse glorieuse et durable.

C’est à Henri Delatouche que la baronne Dudevant dut de faire paraître son roman Indiana, écrit tout entier par elle (1832), et pour conserver en partie le pseudonyme sous lequel le premier roman avait réussi, Delatouche fabriqua à l’auteur le nom de George Sand, que le plus éclatant succès devait consacrer à tout jamais. Ce livre, comme il en est généralement de ceux qui annoncent l’apparition d’une nouvelle puissance littéraire, eut de suite des admirateurs enthousiastes et aussi de nombreux détracteurs. Voici ce qu’en dit elle-même George Sand en faisant remonter ses souvenirs de vingt ans en arrière : « Dieu merci ! j’ai oublié jusqu’aux noms de ceux qui, dès mon premier début, tentaient de me décourager et qui, ne pouvant dire que cet humble début fût une platitude complète, essayèrent d’en faire une proclamation incendiaire contre le repos des sociétés. Je ne m’attendais pas à tant d’honneur, et je pense que je dois à mes critiques le remerciement que le lièvre adressa aux grenouilles, en s’imaginant, à leurs terreurs, qu’il avait droit de se croire un foudre de guerre ». Après Indiana, parut Valentine, dans la même année, puis, en 1833, Lélia, écrit sous le coup d’un abattement profond après les massacres de Varsovie, l’émeute avortée de Paris et les ravages du choléra.

Lélia reflétait déjà les émotions poétiques, les inquiétudes, sinon les déceptions, qu’elle éprouvait dans le commerce d’Alfred de Musset. Elle visita l’Italie avec lui, s’éprit de passion pour Venise (1834), et raconta les péripéties, les impressions de ce voyage dans plusieurs romans, particulièrement dans les Lettres d’un voyageur, — Jacques, — André, — Leone Leonie, — Simon. La réputation croissante de Mme  Sand avait attiré auprès d’elle un grand nombre d’amis et entre autres plusieurs chefs des principales écoles qui se disputaient alors l’honneur de diriger le monde social dans la voie du progrès. Chacun d’eux, pour ainsi dire, trouva dans l’auteur d’Indiana une élève docile, facilement impressionnable à leurs idées et admirablement douée pour vulgariser leurs doctrines humanitaires et sociales. Elle n’était, à vrai dire, selon l’expression d’Henri Delatouche, « qu’un écho qui embellissait la voix. »

Dès 1835, elle connut dans le Berri l’avocat Michel (de Bourges), qu’elle désigne sous le nom d’Ėvrard, et qui lui prêcha le républicanisme, l’unité de la vérité sociale et religieuse, mais la troubla par des exagérations d’idées. L’impression de Lamennais fut plus nette et plus profonde. Pierre Leroux, qu’elle vit alors, ne devait agir sur son esprit que plus tard.

Vers cette époque, sa situation avec son mari s’empira. Un jugement du tribunal prononça leur séparation et attribua à la mère l’éducation des deux enfants. Le baron Dudevant fit appel, puis se désista. C’est à la suite de ce jugement qu’elle fit un voyage en Suisse et écrivit de Chamounix sa Dernière Lettre d’un voyageur. Elle perdit sa mère au retour.

Elle connut alors Frédéric Chopin, l’illustre pianiste, avec qui elle passa huit années, et fit avec lui (1838) le voyage de l’île de Majorque, qu’elle a raconté. Dans les cinq années précédentes, elle avait donné à la Revue des Deux-Mondes : le Secrétaire intime, — Lavinia, — Métella, — Mattéa, — la Marquise, — Mauprat, — la Dernière Aldini, — les Maîtres mosaïstes, — l’Uscoque.

Pauline (1840) fut le dernier récit qu’elle fournit à cette époque à la Revue des Deux-Mondes. On lui refusa le roman politique d’Horace qu’elle porta à la Revue indépendante, créée par Pierre Leroux, et qui y parut après celui de Consuelo.

Les premiers volumes de ce dernier roman eurent une vogue immense, mais la Comtesse de Rudolstadt, qui en était la suite, rencontra beaucoup moins de lecteurs. Laissant alors de côté les théories philosophiques, G. Sand revint à la politique sociale, dont elle s’étudia à présenter les aspects attrayants dans le Compagnon du tour de France, — le Meunier d’Angibault et surtout le Péché de M. Antoine, etc.

George Sand était trop véritablement artiste, trop éprise d’idéal pour rester longtemps à la remorque des idées d’autrui et persévérer dans un genre qui n’ajoutait rien à sa réputation. Comme tous les grands artistes, d’ailleurs, elle eut plusieurs manières. Après le roman de passion et le roman socialiste, elle se fraya une voix nouvelle qui ne fut pas la moins glorieuse pour sa renommée. Dès 1846, au moment où l’on signalait déjà dans ses écrits des traces de lassitude et de faiblesse, la Mare au Diable vint surprendre et charmer le public. En rajeunissant le roman pastoral, Mme  Sand lui ouvrait une voie pleine de fraîcheur, de grâce et d’enseignements moraux. Un peu auparavant, Jeanne avait été une sorte de tentative dans cette manière. François-le-Champi, la Petite Fadette, que Saint-Marc Girardin appela les Géorgiques de la France, et quelques autres comme la Filleule, Mont-Revêche, les Maîtres sonneurs, achevèrent de séduire les esprits. « Quand j’ai commencé par la Mare au Diable dit-elle, je n’ai eu aucun système, aucune prétention révolutionnaire en littérature. Personne ne fait une révolution à soi tout seul, et il en est, surtout dans les arts, que l’humanité accomplit sans trop savoir comment, parce que c’est tout le monde qui s’en charge. Mais ceci n’est pas applicable au roman de mœurs rustiques ; il a existé de tout temps et sous toutes les formes, tantôt pompeuses, tantôt maniérées, tantôt naïves. Je l’ai dit, le rêve de la vie champêtre a été, de tout temps, l’idéal des villes et même celui des cours. Je n’ai rien fait de neuf en suivant la pente qui ramène l’homme civilisé aux charmes de la vie primitive… »

La Révolution de février 1848 arracha momentanément George Sand à l’art et au travail. Elle crut à la réalisation de ses rêves et prêta le secours de sa plume à ses amis politiques alors au pouvoir. Elle rédigea, en partie du moins, les Bulletins de la République, et fonda même un journal hebdomadaire : la Cause du peuple. Mais ce moment d’effervescence passé, elle revint au roman et aborda même le théâtre.

Sa première pièce, Cosima, ou la haine dans l’amour, ne réussit pas à la Comédie-Française. Une pièce de circonstance, le Roi attend, n’eut guère plus de succès ; mais, en 1849, le drame de François-le-Champi, joué à l’Odéon, triompha de toutes les préventions du public. Bientôt après, le drame de Claudie emporta les suffrages de la critique la plus hostile. On a eu depuis : le Mariage de Victorine, — les Vacances de Pandolphe, — le Démon du foyer, — Molière, — le Pressoir, — Mauprat, et bien d’autres. Mais on ne peut omettre le Marquis de Villemer, dont le succès, pendant toute l’année 1864, fut un des plus grands de l’auteur.

Le drame fantastique, le Drac, au Vaudeville, en collaboration avec M. Paul Meurice, fut moins bien accueilli vers la fin de la même année. G. Sand a encore fait jouer, avec le même collaborateur, un drame tiré de son roman : les Beaux Messieurs de Bois-Doré. Citons encore le Don Juan de village, comédie faite en collaboration avec son fils, M. Maurice Sand, puis le Lis du Japon, Cadio, la Petite Fadette, etc.

En 1858, George Sand avait fait sa rentrée dans la Revue des Deux-Mondes, avec le récit d’Elle et Lui, œuvre remarquable, autour de laquelle on souleva un scandale peu justifié, et qui n’était qu’un dernier hommage au souvenir toujours cher d’Alfred de Musset.

Les productions de George Sand sont innombrables. Contentons-nous de citer encore : le Château des Désertes, — les Dames vertes, — l’Homme de Neige, — Jean de la Roche, etc., etc.

Après avoir fait un séjour momentané à Palaiseau (Seine-et-Oise), George Sand se retira définitivement dans son château de Nohant, où s’écoulèrent les dernières années de sa vie. C’est là que la mort vint la trouver, le 7 juin 1876. Elle fut inhumée dans un caveau de famille. Ses obsèques eurent lieu, à l’église du village, au milieu d’un petit groupe d’amis et du concours empressé des paysans dont elle s’était fait aimer.

Quelques jours après sa mort, la Chambre autorisait une souscription nationale pour lui élever un monument. L’année suivante, une statue, due au ciseau de M. Clésinger, gendre de Mme Sand, était placée dans le foyer du Théâtre-Français, pendant que M. Aimé Millet était chargé d’exécuter une autre statue en marbre blanc, destinée à la ville de La Châtre, près de Nohant.

De nombreux jugements ont été portés sur George Sand et son œuvre littéraire. Il n’est guère de critique qui n’ait rencontré ce nom sous sa plume et qui n’en ait profité pour lui adresser des éloges avec ou sans réserves. Plusieurs de ces jugements sont très remarquables et pour en citer quelques-uns, nous n’aurions que l’embarras du choix. Mais il nous paraît plus intéressant de remonter de cinquante ans en arrière et de donner quelques extraits d’un article paru vers 1836 ou 1837 et dû à la plume de Jules Janin, « le prince des critiques », comme il se désignait lui-même alors, avec plus de vérité sans doute que de modestie.

« Or, — dit-il, — quelque temps après la révolution de Juillet, et dans ces jours turbulents où par un soudain caprice du peuple, cette royauté, qui se croyait éternelle, avait aussi violemment été brisée et renversée que si c’eût été par un coup de foudre, un beau petit jeune homme, à l’œil vif et sûr, à la brune chevelure, à la démarche intelligente, vif, souriant, curieux et svelte, entrait à Paris. Il avait pour lui son ardeur, sa beauté, sa jeunesse, son courage et l’espérance. Ce qu’il venait chercher à Paris, il l’ignorait lui-même. Il y venait chercher la poésie, des passions pour son cœur, des larmes pour ses yeux, des émotions pour son esprit, des paroles et des couleurs pour sa pensée. D’où venait-il ? Que vous importe ? Il venait d’où viennent les poètes et les grands écrivains à coup sûr. Que laissait-il derrière lui ? Que vous importe encore ? Il laissait derrière lui tout ce qu’on laisse quand on dit adieu à la vie et à sa famille, il laissait le repos, le sommeil et le bonheur… Figurez-vous, encore une fois, un joli petit jeune homme, d’un esprit audacieux, au vaste front prédominant et plein d’intelligence, animé, curieux, sérieux, flaneur, heureux et fier d’être libre, comme l’enfant qui sort du collège, plein d’esprit, plein de passion, plein de cœur, plein d’avenir, mais ignorant de l’avenir, tel était George Sand. »

Puis Janin nous initie à la production de son premier roman, écrit en collaboration avec Sandeau :

« Après le premier moment de réflexion, l’enfant se mit à l’œuvre comme un homme d’action qu’il était. Il fit un roman en quatre volumes, écrit tout d’une haleine, et il le jeta pêle-mêle et en toute confiance au milieu d’idées bonnes ou mauvaises. Il tenait sa plume ; il n’avait jamais été si heureux, ni si jeune. Quand ce premier roman fut achevé, il fallait trouver un libraire. Alors, prenant sa canne et son chapeau, et après avoir relevé de son mieux ses longs et épais cheveux bruns, George Sand alla voir l’eau couler, et le vent souffler, et les jolies filles parées reluire au soleil.

Cependant, à force de chercher un libraire, il s’en trouva un qui, voyant un auteur si alerte et si dégagé lui proposer en riant un mauvais roman, écrit en moins de quinze jours, consentit à tenter l’aventure et voulut bien hasarder quatre cents francs sur les quatre volumes de cet auteur inconnu qui riait si volontiers de lui-même et de son livre. — Quatre cents francs pour quatre volumes de moi, c’est beaucoup, disait George Sand, et l’argent du malheureux libraire fut, toujours en riant, jeté dans un coin de la chambre, jusqu’à ce qu’il fût parti, écu par écu. »

Malgré la longueur des citations, l’appréciation de Janin, qui d’ailleurs ne nomme pas Jules Sandeau, sur ce premier roman, est fort curieuse et mérite d’être rapportée :

« Ce premier roman, Rose et Blanche, ressemble tout à fait à un livre qui serait écrit par deux plumes différentes et dont l’alliance était impossible… C’est en effet une chose étrange qui embarrassera très fort les critiques à venir, quand on leur dira : Voici un livre écrit par un homme et par une femme ; dites-nous quelles sont les pages écrites par celui-ci, et quelles sont les pages écrites par celle-là ? Et aussitôt les Saumaises futurs se mettront à l’œuvre. Et voyant d’un côté des pages simples, remplies de pudeur et de retenue, ils diront : À coup sûr, ceci est l’œuvre d’une femme ! Et voyant des chapitres entiers, furibonds, emportés, tout nus, et remplis des plus chauds détails de la passion, et qu’on dirait écrits par une main de fer avec une plume de fer, ils diront : À coup sûr, c’est un homme et un homme fort qui a écrit ces lignes ! Or, si les critiques disent cela, ils se tromperont deux fois, ils attribueront à l’homme ce qui est à la femme, et à la femme ce qui est écrit par le jeune homme. Jamais on n’aura préparé plus de tortures aux Saumaises futurs que George Sand. »

Nous ne suivrons pas J. Janin dans les jugements qu’il porte sur Indiana, Valentine, André, qu’il proclame trois chefs-d’œuvre, ni dans son appréciation sur Lélia, qu’il critique très sévèrement et qu’il appelle : « atroce livre, tout sensuel, qui se noue et se dénoue au moyen d’une courtisane et d’un galérien. » Mais personne n’a guère contredit, depuis cinquante ans, ce jugement formulé par le « prince des critiques » sur la prose de George Sand :

« Sa plume est tour à tour passionnée,
GEORGE SAND
énergique, calme, violente, amoureuse ; elle parle toujours, même dans ses plus grands éclats, la plus belle langue française, c’est-à-dire la plus correcte. Nul ne peut nier que tous les honneurs du style lui appartiennent. »

Il est toujours extrêmement délicat de parler des auteurs vivants. Quels jugements porter sur eux ? Combien de torts commis dans un sens d’éloge ou de blâme, la postérité se chargera-t-elle de redresser ?

La difficulté devient plus grande encore quand ces auteurs sont des femmes. Elle s’accroît de tout le respect avec lequel il convient d’en parler. Et pourtant, de nos jours, il en est un bon nombre qui tiennent la plume d’une main aussi ferme qu’élégante et qui se font dans les lettres un nom justement célèbre. Les nommer toutes est presque impossible ; faire un choix, n’est-ce pas avoir l’air d’exclure les autres, qui peut-être se reconnaissent les mêmes droits à figurer dans une galerie contemporaine ?

Tel est pourtant le parti auquel il faut nous résigner, en déclarant toutefois que notre choix n’a rien d’exclusif.

Ces réserves faites, nous nous arrêterons à quelques noms, parmi lesquels nous rencontrons d’abord celui de Mme  Henry Gréville. C’est sous ce pseudonyme que s’est fait connaître Mme  Durand (Alice-Marie-Céleste-Henry). Née à Paris en 1842, elle reçut dans la maison paternelle une instruction brillante, conforme aux programmes de nos lycées. À l’étude des langues anciennes, elle unit la connaissance de plusieurs langues modernes. Quand son père partit pour Saint-Pétersbourg, où il devint professeur de littérature française à l’Université et à l’École de droit, elle le suivit en Russie. Elle profita de ce séjour pour apprendre la langue du pays et en étudier les mœurs, qu’elle ne tarda pas à décrire. Déjà elle avait publié quelques nouvelles dans les journaux russes, lorsqu’elle épousa M. Durand, l’un des professeurs français de l’École de droit.

Rentrée en France en 1872, elle écrivit avec ardeur, sur des sujets empruntés à la vie russe, des nouvelles et des romans qui furent accueillis dans la Revue des Deux-Mondes, le Journal des Débats, le Figaro, le Temps, etc.

Citons parmi les nombreux romans parus sous le nom d’Henry Gréville : Dosia, — l’Expiation de Savéli, — Suzanne Normis, — Nouvelles russes, — les Épreuves de Raïssa, — l’Amie, — le Violon russe, — Rose Rozier, — les Koumiassine, — Perdue, etc.

À la gloire de son mari, Mme  Alphonse Daudet, née Allard, ajouta la sienne propre. Elle collabora au Musée universel et à l’Événement, sous les pseudonymes de Rose-Lise et de Madeleine. Elle donna également des revues littéraires au Journal officiel, sous le nom de Karl Sten. C’est une partie de ces articles qu’elle réunit sous ce titre : Impressions de nature et d’art (1879). Ce titre est par lui-même des plus heureux et d’une remarquable justesse. Ce sont de véritables impressions, et, ce qui est plus rare qu’on ne pense, des impressions saisies au vol et rendues avec une vérité saisissante et une exquise délicatesse de style. Quoi de plus charmant, de plus vivant que les cinquante pages de l’Enfance d’une Parisienne ?

Faut-il citer un exemple ? Voici, entre tant d’autres tableaux qui ne lui cèdent en rien, une entrée dans un bal d’enfants : « … Déjà, dès en entrant, on entendait un peu de musique, des petits pieds ébranlant le parquet et des bouffées de voix confuses. Je prends la main d’une petite Alsacienne en corsage de velours, et maintenant voici l’éblouissement des glaces, des clartés. Le piano étouffé, assourdi par les voix de ce petit monde assemblé, cette confusion de la grande lumière qui faisait sous le lustre toutes les lumières flottantes à force d’intensité, les rubans, les fleurs, les bruyères blanches des jardinières, les visages animés et souriants, tout m’est resté longtemps ainsi qu’un joli rêve avec le vague des choses reflétées, comme si, en entrant, j’avais vu le bal dans une glace, les yeux un peu troublés par l’heure du sommeil. » En quoi de telles peintures sont-elles inférieures à celles de l’auteur du Nabab ?

Puis, dans les Fragments d’un livre inédit, ce ne sont plus de lointains souvenirs, mais ses impressions récentes qu’elle fait passer de son âme dans celles de ses lecteurs. « C’est, suivant son expression, de l’écriture appliqué aux émotions du foyer ; » et elle est sincère et vraie quand elle dit d’elle-même qu’elle est « de la race peu voyageuse, mais voletante, de ces moineaux gris nourris d’une miette aux croisées et chantant pour l’écart lumineux de deux nuages. »

Mme  Alphonse Daudet n’est ni moins colorée, ni moins charmante dans ses Études littéraires, qui sont encore les impressions d’une femme de cœur et d’une femme d’esprit, ni dans ses Notes et impressions en prose et en vers, qui ont suivi l’Enfance d’une Parisienne.

Voilà déjà un peu plus de vingt ans que nous devons presque chaque année un roman à Mme  L. M. Gagneur. Rappelons entre autres : la Croisade noire (1864), — puis, après le Calvaire des femmes, les Forçats du Mariage, — le Divorce, — Chair à canon (en 1872). Il faut encore signaler, depuis cette époque : les Vierges russes, — le Roman d’un prêtre, et la Fournaise qui parut l’année dernière.

C’est encore une femme, Mme  Jules Paton qui, sous le pseudonyme de Jacques Rozier, publia la Princesse Cléo, — l’Impasse Oberkampf, — le Divorce de Sarah Moor, et, dans ces derniers temps, la Justicière.

Mme  Foucaux, sous le nom de Mary Summer, a publié de jolies et gracieuses études orientales : les Religieuses bouddhistes, — les Héroïnes de Kalidasa et celles de Shakespeare, — Contes et légendes de l’Inde ancienne, etc. ; il n’est pas exagéré de dire que l’érudition ne peut être ni plus aimable ni plus attrayante.

Après des contes, des nouvelles, des poésies pour les jeunes filles. Mme  de Witt s’est élevée plus haut ; elle a abordé avec succès la biographie et l’histoire, dans des ouvrages comme : M. Guizot dans sa famille, — Une belle Vie : Mme  Jules Mallet, — les Chroniqueurs de l’Histoire de France.

Sous le pseudonyme de Gustave Haller, Mme  Gustave Fould, ancienne actrice au Théâtre-Français sous le nom de Mlle  Valérie, débuta dans les Lettres par une comédie, le Médecin des Dames. Elle obtint plus de succès dans plusieurs romans : le Bleuet, avec une préface de George Sand, — le Clou au couvent, — le Sphinx aux perles.

C’est encore à une actrice, Mme  la comtesse de Chabrillan, que nous devons de nombreuses pièces de théâtre : comédies, vaudevilles, opérettes, et aussi quelques bons romans. Née en 1820, Mlle Céleste Renard se fit bientôt connaître à Paris sous le nom de « Céleste Mogador », chantée par Nadaud dans sa chanson longtemps populaire des « Reines de Mabille » :

Dans ton rapide essor,
Je te suis, Mogador ;
Partage mon destin,
Fille des cieux… et du quartier Latin.

Le temps, depuis, a semé l’oubli sur ces lointains souvenirs, et la jeune fille « si belle d’élégance » s’est acquis d’autres titres de noblesse. Après son mariage avec le comte de Chabrillan, elle prit au théâtre le nom de M. Lionel, du petit nom de son mari. Elle publia d’abord en cinq volumes ses Adieux au monde, ou Mémoires de Céleste Mogador (1854). Citons parmi ses derniers ouvrages : les Crimes de la mer, — les Revers de l’amour, — les Forçats de l’amour, — et enfin Un Drame sur le Tage (1885).

Les ouvrages de Mme Martel, publiés sous le nom de Gyp, sont trop connus du public pour qu’il soit à peine besoin d’en parler et encore moins de les apprécier. Qu’il suffise de nommer : Autour du Mariage, — Petit Bob, — Sans voiles, — le Druide, — Le plus heureux de tous, etc.

Nous rentrons avec Mme  Augustus Craven dans un genre absolument différent. Nous passons du rire à la mélancolie, de l’esprit léger et mondain à l’esprit contemplatif et recueilli, du monde où l’on s’amuse au monde où l’on médite. Citons de Mme  Craven : Éliane, — Fleurange, — Réminiscences, — Récit d’une sœur, etc.

Nous rencontrons également dans ce genre une femme douée d’une très remarquable facilité de style, d’une riche et féconde imagination, Mme  Emmeline Raymond. Née en 1820, elle assura par ses articles et ses nouvelles le succès de la Mode illustrée depuis sa fondation en 1860. Elle fut aussi la directrice de la Bibliothèque des mères de famille, créée dans la pensée d’offrir aux jeunes filles des ouvrages d’une lecture attrayante, inspirés par une pensée morale. Elle s’adjoignit Mlle  Maréchal, Eugénie Marlitt, la vicomtesse de Pitray, née de Ségur, Mlle  Marie Poitevin, etc. Mais Mme  Raymond prit pour elle-même la plus lourde tâche et produisit une vingtaine de volumes parmi lesquels nous signalerons : la Bonne Ménagère, — Un Mariage parisien, — les Rêves dangereux, — le Secret des Parisiennes, etc. — Ce n’est là qu’un bien faible aperçu des productions de Mme  Emmeline Raymond. L’auteur tient encore sa plume d’une main juvénile et étonne toujours ses lecteurs par la fécondité d’une imagination qui se prodigue sans s’épuiser.

La vie des journalistes a ses charmes, mais elle ne va pas non plus sans ennuis : elle est parfois bien rude, laborieuse toujours. Heureux ceux qui, dans leurs heures de lassitude, sentent près d’eux l’influence salutaire et bienfaisante d’une Béatrix qui les comprenne, les encourage, leur donne un nouveau stimulant. Nous ne prétendons nullement formuler une exception, nous espérons au contraire que tel est le sort commun de la plupart des hommes de lettres, mais il nous semble, en tout cas, que c’est bien celui de M. Charles Bigot. C’est aussi sous un pseudonyme, celui de J. Mairet, que Mme  Ch. Bigot vient de faire paraître un roman Une Folie, qui lui donne droit assurément de prendre place parmi les femmes écrivains et sera, espérons-le, suivi de bon nombre d’autres qui ne feront qu’affirmer de plus en plus son succès.

Faut-il répéter encore que nous n’avons pas la prétention d’être complet. Bien des noms sont oubliés. Bien des femmes tiennent entre leurs doigts effilés une plume qui sait écrire des pages ravissantes. Mais, outre la nécessité de se borner, il suffit croyons-nous, d’avoir passé en revue les principaux genres de la littérature, en signalant parmi les femmes, celles qui s’y sont distinguées par un mérite spécial.

En terminant ce travail, nous faisons instinctivement un retour en arrière. Notre pensée se reporte vers les grands salons littéraires des âges précédents. Il nous semble revoir Mme  de Rambouillet accueillant les auteurs, les dirigeant, les encourageant. Nos mœurs ont subi depuis bien des changements, de profondes transformations. Serait-il donc passé le temps où des femmes se mettaient en tête du mouvement littéraire de leur siècle, exerçant sur leur société une influence large, indiscutable ? Nous ne le croyons pas, et, en formulant cette question, un nom se présente de lui-même à notre pensée et sous notre plume, le nom de Mme  Adam. Et non contente de faire de son salon un centre d’action littéraire, Mme  Edmond Adam a sur sa devancière, la marquise de Rambouillet, le mérite de joindre l’exemple à la parole. Si un bon nombre d’auteurs doivent à son inspiration le succès de leurs livres, ses propres ouvrages lui assurent à elle-même une place distinguée parmi les femmes auteurs de notre temps.

Pénétrée d’enthousiasme et, pour ainsi dire, d’un culte passionné pour les idées généreuses de l’ancienne Grèce, elle rattache, elle adapte à ce monde antique nos idées contemporaines. Dans ses romans, elle anime ses personnages des sentiments qui faisaient battre le cœur des citoyens d’Athènes. « Ce rêve grec, personne ne l’a embrassé avec plus de ferveur, nourri avec plus de prédilection, exprimé avec plus d’enthousiasmes ; personne n’a mieux ramené et rattaché à ce rêve antique ses sentiments et ses pensées même les plus modernes ; personne n’a mieux donné à cette piété d’artiste l’apparence d’un culte moral et d’une foi directrice de la vie ; personne ne s’est mêlé avec plus de joie à la procession des Panathénées que Mme  Juliette Lamber. » (M. J. Lemaître.)

Nous ne nous en plaignons pas et il est plus d’un cœur qui a senti vibrer en lui cette fibre patriotique en lisant Grecque, — Laide, — et surtout Païenne.

« Quant à Païenne, — dit encore l’auteur que nous venons de citer, — ce n’est qu’un long et brûlant duo d’amour, sans fable ni incidents extérieurs, et même sans drame intérieur ; car les amants ont à peine une heure de doute et passent leur temps à faire en eux-mêmes ou l’un dans l’autre des découvertes qui les ravissent. Il fallait de l’audace et je ne sais quelle candeur passionnée pour concevoir et entreprendre un livre de cette sorte. »

Et le même critique ajoute cette réflexion à laquelle nous nous rallions pleinement :

« Ainsi l’œuvre de Mme  Juliette Lamber n’est que l’hymne triomphant des sentiments humains les plus nobles et les plus joyeux : l’amour de l’homme et de la femme (Païenne), l’amour de la patrie (Grecque), l’amour de la beauté (Laide), et partout l’amour de la nature, et partout le culte des dieux grecs. »

Ces titres seraient plus que suffisants pour
Mme JULIETTE ADAM
fonder une réputation littéraire, mais Mme Adam en a bien d’autres qu’il n’est point permis de méconnaître. Sans même parler de la Nouvelle Revue dont elle est l’âme et l’inspiratrice, que de grâces dans sa Chanson des nouveaux époux ! Que de charmes dans les souvenirs personnels qu’elle nous transmet dans ce volume, la Patrie hongroise ! Qui ne s’intéresse à ce recueil de nouvelles qu’on appelle Récits d’une paysanne et qui renferme des chapitres tels que : Germain, — le Moulin Gervais, — Fagoton, — Jean et Sidonie, — Denis le lettré, etc. ?

Et Mme Adam nous réserve encore, sans doute, d’autres surprises, ou, si l’on aime mieux, d’autres primeurs attendues des gourmets.

P. L. Courier a dit quelque part que la moindre femmelette du dix-septième siècle écrivait mieux que nos grands hommes d’aujourd’hui. Si c’est un compliment qu’il a voulu adresser aux nobles dames du siècle de Louis XIV, il s’est trompé assurément, et un tel sentiment n’est flatteur ni pour les hommes, ni pour les femmes. Il ne paraît pas que les femmes du dix-huitième siècle aient mal écrit non plus, ni que, dans notre siècle, Mmes  de Staël et George Sand aient été inférieures à leurs devancières. Pour nous, un sentiment tout contraire se dégage de l’étude que nous venons de faire. Nous ne dirons pas que, en général, les femmes peuvent surpasser ou même égaler les hommes dans les productions littéraires ; il leur manquera, presque toujours, cette originalité puissante de création, et même, dans la forme, ce qu’on peut appeler le don du pittoresque. À part cela, elles ont tout : l’esprit, la finesse, la délicatesse, la grâce, un coloris qui leur est propre, et souvent aussi de l’éclat, de l’ampleur, de la vigueur. Mais nous constatons aussi que leur éducation plus complète, plus intelligente, tend de plus en plus à les rapprocher de l’homme, et que chaque jour le nombre augmente de celles qui peuvent se dire les émules ou les rivales de nos meilleurs écrivains. Nous faisons des vœux pour voir ce mouvement s’accentuer davantage encore. Ce sera la réalisation du souhait que Louise Labé, « la belle cordière », formait au seizième siècle : « Outre la réputation que notre sexe en recevra, nous aurons valu au public que les hommes mettront plus de peine et d’étude aux sciences vertueuses, de peur qu’ils n’aient honte de voir précéder celles desquelles ils ont prétendu être toujours supérieurs quasi en tout ». Et, pour terminer par un mot emprunté à une des femmes écrivains de notre temps, nous dirons que ce n’est pas seulement dans leurs salons, mais aussi dans leurs livres que les femmes peuvent être « aimables par leurs qualités et par leurs défauts séduisants ». L’expérience n’est plus faire : qu’elles continuent.