Histoire des fantômes et des démons/Funérailles d’un damné

FUNÉRAILLES D’UN DAMNÉ.

Raymond Diocres, chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en odeur de sainteté, vers l’an 1084. Son corps ayant été porté dans le chœur de cette cathédrale, il leva la tête hors du cercueil, à ces mots de l’office des morts : Responde mihi quantas habes iniquitates, etc., et dit : Justo judicio Dei accusatus sum. (j’ai été cité devant le juste jugement de Dieu.) Les assistans, effrayés, discontinuèrent, le service, et le remirent au lendemain. En attendant, le corps du chanoine fut déposé dans une chapelle de Notre-Dame, qu’on appelle depuis la chapelle du damné.

Le lendemain, on recommença l’office ; et lorsqu’on fut au même verset, le mort parla de nouveau, et dit : Justo Dei judicio judicatus sum. (j’ai été jugé au juste jugement de Dieu.) On remit encore l’office au jour suivant, et au même verset, le mort dit : Justo Dei judicio condemnatus sum. (j’ai été condamné au juste jugement de Dieu.) Là-dessus, dit la chronique, on jeta le corps à la voirie ; et ce miracle fut cause, selon quelques-uns, de la retraite de St. Bruno qui s’y trouvait présent.

Quoique cette anecdote ne soit pas très-authentique la peinture s’en est emparée, et on peut la voir dans les tableaux qui représentent la vie de St. Bruno.