Histoire des croyances en Chine/02

Histoire des Croyances religieuses et des Opinions philosophiques en Chine
(p. 11-24).


Première Période.


Théisme antique
depuis l’origine, jusqu’en 500 avant J.-C.



Première Leçon


SommaireA. — Le peuple chinois au début de son histoire. Religion primitive. — B. Les empereurs électifs 堯 Yao et 舜 Chounn. Culte impérial. Le Ciel, Souverain d’en haut ; les monts et fleuves ; les Génies locaux. Le bûcher. Les sept Recteurs et les six Météores. — C. Notion antique de la mort. Après la mort, Génies du ciel, Génies de la terre, Mânes non glorieux. La musique évocatrice avant l’offrande. — D. Le Ciel, Souverain universel. Son mandat. — E. Superstitions prohibées. — F. Divination par l’écaille de tortue. — G. La première dynastie. Historique. Texte unique. — H. Résumé.




A. Au lever de la toile, vingt deuxième siècle avant J. C., le peuple chinois nous apparaît d’emblée comme un peuple sédentaire, déjà civilisé, n’ayant plus rien du primitif (voyez page 17, notes). Établi dans le pays qu’il habite encore, appliqué à l’agriculture comme il l’est encore, ses mœurs étaient en bien des points ce qu’elles sont encore. Des clans puissants étaient les vrais dépositaires du pouvoir. Ils avaient à leur tête un empereur, chef suprême de la nation. Celui-ci pouvait choisir son successeur, avec leur assentiment ; ou les chefs des clans se chargeaient de pourvoir à la succession ; en tout cas, dans les premiers temps, l’empire ne fut pas héréditaire, et l’influence de l’aristocratie est sensible. Au dessous de cette aristocratie gardienne du trône, des officiers, prolongements de l’empereur. Puis, en bas, très bas, le peuple, assez bien soigné, pas trop exploité, protégé avec sollicitude ; délibérément privé de toute instruction théorique ; dirigé, en pratique, pour tout et jusque dans les moindres détails ; comme on dirige des mineurs incapables de se conduire. Cependant, tout en haut, l’empereur a peur du petit peuple, et se garde de le tyranniser. Non qu’il craigne une révolte. Il craint pis que cela. Croyant que son mandat impérial lui a été donné par le Ciel pour qu’il fasse du bien au peuple, il craint que le Ciel ne lui retire ce mandat, si le peuple venait à se plaindre de lui avec raison.

Père de son peuple, l’empereur est aussi son pontife. C’est pour le bien du peuple, qu’il honore le Ciel, le Souverain d’en haut. C’est pour le bien du peuple, qu’il invoque les Génies des monts et des fleuves. C’est pour le bien du peuple, qu’il salue les Génies des localités. Culte officiel, auquel les seigneurs avaient une part subordonnée, chacun dans son ressort et dans une certaine mesure. Le peuple était spectateur de ce culte officiel ; mais il n’avait pas droit d’y participer, sous peine de lèse majesté. Son culte à lui, se rendait au Génie tutélaire de son hameau, au Patron des terres cultivées par ceux de son village, devant un tertre élevé au nom de l’empereur. Ce Génie, ce Patron local, être transcendant innomé, était censé délégué par le Génie de la principauté ou de la préfecture, qui l’était par celui de l’empire, qui l’était par le Ciel. Hiérarchie du monde invisible, à l’instar de celle du monde visible. — Ciel, Génies et Mânes, ces deux dernières catégories n’en faisant au fond qu’une seule, les Génies étant l’aristocratie des Mânes, les Mânes glorifiés. Culte officiel impérial, pour la totalité de l’empire ; culte officiel délégué aux seigneurs ou aux fonctionnaires, dans les diverses sections du territoire ; culte privé des particuliers à leur tertre natal. Voilà, dans ses grandes lignes, la religion chinoise d’avant le vingtième siècle. Animisme, sous un Être suprême unique, dont aucun texte ancien n’explique la nature ni l’origine. — Laissons parler les documents de cette période, peu nombreux mais très clairs. Ils sont tous tirés des Annales. Je n’emploierai que ceux qui sont reconnus comme authentiques par tous les critiques.


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B. Le premier empereur historique 堯 Yao, abdiqua, en 2073, en faveur de 舜 Chounn, et mourut en 2045. Chounn mourut en 1992, laissant l’empire à 禹 U, dont le règne commença en 1989, les trois années du deuil impérial étant retranchées. U le Grand ayant eu pour successeur son fils, est compté comme le premier empereur de la première dynastie 夏 Hia, 1989 1559. Au premier jour de l’an 2073, Chounn reçut l’abdication de Yao, dans le temple et devant la tablette de l’Ancêtre chef de la lignée... L’Ancêtre étant ainsi informé. Chounn annonça son entrée en fonctions, par un sacrifice, au Souverain d’en haut, au Ciel... Ces deux termes désignent le même titre, disent les Commentateurs unanimement. Le terme Ciel s’applique à son essence, le terme Souverain exprime sa puissance.

Ce sacrifice fut offert au tertre impérial de la capitale. — Après avoir ainsi vénéré le Ciel, Chounn salua en esprit, de loin, les monts et les fleuves principaux de l’empire, en se tournant vers leurs positions géographiques. Il les salua, disent les Commentateurs, pour que l’empire obtint les pluies nécessaires, et fût préservé de toute inondation. — Enfin, dit le même texte, Chounn fit le tour de la foule des Génies ; c’est à dire qu’il leur adressa un salut circulaire collectif, par lequel ils furent censés salués tous, dans toutes les régions de l’espace... La foule des Génies, ce sont, disent les Commentateurs, les Génies moins importants que ceux des monts et des fleuves ; ceux des collines, des digues, des canaux, etc. Âmes d’hommes célèbres défunts, logées, ou dans des lieux terrestres plus notables, ou dans les ouvrages jadis édifiés par eux. On les supposait plus ou moins puissants, et influents dans un certain rayon.

L’empire était divisé en quatre régions. Chaque région avait, comme centre politique et hiératique, une haute montagne. En 2073, après les cérémonies de l’avènement à la capitale, Chounn visita successivement ces quatre centres. Sur chacune des quatre montagnes, il alluma un bûcher, pour avertir le Ciel de sa présence, du zèle qu’il mettait à s’acquitter de ses fonctions d’empereur... Le ciel est si haut, disent les Commentateurs, qu’il n’est pas possible de s’aboucher avec lui directement ; mais la flamme et la fumée établissent communication. — Cela fait, Chounn s’inclina vers les monts et les fleuves de la région. La foule des Génies n’est pas nommée ici, mais il est moralement certain qu’elle reçut son salut. — Enfin l’empereur conféra avec les seigneurs réunis en comices, renouvela leurs investitures, s’enquit si les régales étaient bien observées, etc. Sa tournée dura toute l’année. Rentré à la capitale, Chounn annonça son retour à l’Ancêtre, et lui offrit un bœuf. Cette tournée impériale se faisait alors tous les cinq ans, toujours avec le même cérémonial.

Les Annales racontent que, en 2073, lors de son entrée en charge, Chounn constata la position harmonieuse des sept Recteurs, et fit une offrande aux six Météores. Les sept Recteurs sont les sept corps célestes mobiles, soleil lune et cinq planètes. Les six Météores sont, le vent, les nuées, le tonnerre, la pluie, la froidure, la chaleur. — Les corps célestes étaient considérés par les Anciens d’alors, comme le sémaphore du Ciel, un appareil complexe au moyen duquel le Souverain d’en haut donnait des indications et des avertissements aux hommes. Les météores, favorables ou défavorables, étaient aussi censés produits par lui. Le culte chinois antique des corps célestes et des météores, ne fut donc pas inspiré par des théories animistes ou naturistes. Il fut une expression de la foi religieuse du temps.


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C. En l’an 2045, le vieil empereur Yao monta et descendit, disent les Annales, c’est à dire qu’il mourut. L’idée de survivance après la mort, dans un état différent, ressort clairement des textes des Anciens. Ils crurent que la mort divise l’homme en deux partie, l’âme supérieure plus subtile qui monte dans les hauteurs, et l’âme inférieure plus dense qui descend en terre unie au cadavre. Ils n’entendirent pas la division du composé humain, comme résultant adéquatement en âme et cadavre. Ils n’eurent, à aucune époque, la notion d’une âme spirituelle au sens chrétien du mot. L’âme supérieure subtile est toujours dite ressembler à la vapeur, à la fumée. — Le peuple fit pour l’empereur Yao défunt, comme pour père et mère, disent les Annales ; c’est à dire qu’il pleura sa mort durant trois ans. Le principe chinois fut toujours que, les parents ayant souffert et travaillé durant trois ans pour engendrer un enfant et lui donner sa première éducation, après leur décès l’enfant leur doit en retour trois années de pleurs.

En l’an 2042, nommant ses divers ministres, l’empereur Chounn prépose un certain 伯夷 Pai-I aux trois sortes de rits, c’est à dire au culte en général, et spécialement au culte des Ancêtres dans leur temple. Les trois sortes de rits s’adressaient aux trois sortes d’êtres transcendants, Génies des régions célestes, Génies des régions terrestres, Mânes non glorieux entre deux. Ces derniers sont nommés ici pour la première fois. Tous êtres de même nature d’ailleurs. — Un certain 夔 K’oei est préposé à la musique en vue d’établir les relations entre les Génies, les Mânes et les hommes. C’est là, en effet, le but de la musique, art sacré et non profane chez les Anciens. Les sons des instruments et les voix des chanteurs, avertissaient, attiraient les Génies et les Mânes. Leur effet allait plus loin. Intimement liés aux nombres mère de la gamme, les accords de la musique étaient censés avoir, comme certains chiffres, une répercussion cosmique ; faire vibrer harmonieusement l’éther mondial, quand ils sont consonants et non dissonants, et attirer ainsi paix et prospérité. K’oei lui-même se vante, en 2002, que sa musique produit cet effet : « quand les phonolithes résonnent, quand les cordes vibrent, quand les chants retentissent, les Ancêtres viennent visiter », dit il… Visite spirituelle, mentale, imaginaire, diront plus tard les Commentateurs. Est-il bien sûr que les Anciens l’aient entendu ainsi ?.. Sans doute ils ne crurent jamais que les Ancêtres viendraient manger et boire leurs offrandes. Mais les bronzes de la deuxième dynastie nous montreront qu’ils venaient au moins humer les offrandes, et qu’on relevait sur le sable ou sur la cendre, les empreintes de leurs pieds et de leurs main.


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D.   Cueillons, dans des conversations familières tenues, en 2002, par le vieil empereur Chounn, avec ses ministres U et 皋陶 Kao-yao, et conservées dans les Annales, les sentences suivantes qui vont à notre sujet, et montrent comment on parlait en ce temps là. — U dit : Prince, veillez sur vous dans l’exercice de votre charge ; que votre conduite montre à tous que vous êtes le mandataire du Souverain d’en haut ; alors le Ciel vous continuera votre mandat, vous comblera de biens. — Kao-yao dit : L’œuvre du Ciel, un homme (l’empereur) est chargé de l’accomplir pour lui sur la terre… C’est le Ciel qui a déterminé les relations, c’est le Ciel qui a déterminé les rits… Le Ciel avance celui qui a mérité, le Ciel dégrade celui qui a démérité… Veillez à satisfaire le peuple, à ne pas indisposer le peuple. Car le Ciel écoute les appréciations du peuple, et voit les choses par ses yeux. Le Ciel récompense ou punit le prince, selon que le peuple le loue ou le blâme. Il y a communication entre le haut et le bas. — Et le vieil empereur Chounn conclut ces discours édifiants par ces paroles : Oui, soyons attentifs à ce que le Ciel demande de nous, à tout moment et dans les moindres choses. — Il ressort avec évidence de ces textes, que le Souverain d’en haut, le Ciel, dont ces Anciens parlent ainsi en l’an 2002, était pour eux un être personnel et intelligent. Il est clair aussi, par les attributs généraux qu’ils lui donnent, qu’ils le considéraient comme le maître universel, non comme le législateur de leur race seulement.


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E.   Avant l’an 2073, au nom de l’empereur Yao encore régnant, Chounn dut sévir contre une confédération de peuplades Miao, établies dans le bassin du fleuve Hoai ou sur les rives du Fleuve Bleu, parentes des peuplades Li dont l’histoire ancienne chinoise parle plusieurs fois. Ces Li, ces Miao, dont les 苗子 Miao-tzeu actuels du 貴州 Koei-tcheou sont probablement les derniers restes, n’étaient pas de même race que les Chinois, avaient d’autres mœurs et une autre religion. Ils paraissent avoir été très superstitieux, adonnés au fétichisme et à la magie. Les Annales nous apprennent que, après sa campagne, Chounn chargea deux personnages de rompre les communications entre la terre et le ciel, afin qu’il n’y eût plus de descendre et visiter. Tous les Commentateurs interprètent que, au contact de ces étrangers, le peuple chinois avait commencé à s’adonner à des superstitions, et que Chounn rétablit le culte national dans sa pureté primitive. Tous affirment, à la même occasion, que plus tard la décadence de la religion primitive chinoise, fut le résultat de la contamination des Chinois par les superstitions des Li et des Miao, Les deux catégories des Génies et des hommes, doivent avoir chacune son habitat propre. Chacune doit rester chez elle. Quand les hommes rendent aux Génies le culte officiel, les Génies les bénissent et les hommes sont heureux. C’est là le seul rapport permis. Les Li, puis les Miao, troublèrent l’ordre. Les Génies et les hommes s’entremêlèrent. Tout le monde se permit de faire des offrandes aux Génies, et de leur demander des faveurs par l’intermédiaire d’évocateurs particuliers. Il en résulta une promiscuité indécente. Chounn fit rompre ces communications privées de la terre avec le ciel, et remit en vigueur les lois du culte antique. L’ordre rétabli par lui dura jusqu’au temps où la troisième dynastie tomba en décadence (770 avant J.-C.). Alors le culte ancien fut perverti définitivement.


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F. Un texte des Annales, qui peut remonter à l’an 2065, nous apprend que le pays de 九江 Kiou-kiang était tenu de fournir à l’empereur les grandes tortues. Il s’agit des tortues dont les écailles servaient à consulter si telle ou telle décision serait faste ou néfaste, si un projet conçu réussirait ou non. Elles devaient avoir douze pouces de diamètre. L’animal dont la carapace atteignait ces dimensions, était censé âgé d’au moins mille ans. Mais ce n’est pas à sa longue expérience de la vie qu’on en appelait ; c’est au fait que sa carapace dorsale bombée et sa plaque ventrale plate, ressemblaient à la cloche céleste tournant par son bord sur le plateau terrestre, ce qui est la notion chinoise antique du cosmos. L’animal logé entre les deux écailles, représentait l’humanité. Analogie de figure, donc correspondance essentielle !.. J’expliquerai plus tard au long, comment se pratiquait la divination officielle par l’écaille de tortue. Constatons seulement ici, qu’elle date des origines.


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G.U le canalisateur du nord de la Chine, que la postérité appela le Grand par reconnaissance pour ce service, étant mort en 1979, son fils lui succéda. L’empire devint ainsi héréditaire. La première dynastie prit pour titre, le nom de la nation, 夏 Hia. Elle dura, d’après la chronologie traditionnelle, 430 ans ; Sous le troisième empereur, le petit fils de U le Grand, elle était déjà en pleine décadence. Révoltes continuelles des seigneurs, un empereur expulsé, un autre assassiné, un fils posthume ( ?) renouant le fil de la succession interrompu pendant quarante années, plusieurs règnes incroyablement longs et absolument vides d’événements, une suite de blancs et de lacunes ; enfin 桀 Kie un tyran détrôné par le fondateur de la seconde dynastie ; voilà, en peu de mots, le bilan des Hia, dont l’histoire n’inspire aucune confiance. Il se peut que la durée assignée à cette dynastie, soit surfaite de deux siècles et plus. — Notons, en passant, que, vers l’an 1610, furent faits les premiers instruments chinois en fer. Jusque là le cuivre et le silex avaient été seuls employés. Le fer se substitua peu à peu au cuivre. Le silex continua longtemps encore à servir pour divers usages.

Il ne nous reste, de toute cette période, dans les Annales, qu’une seule pièce authentique. Comme elle est du fils de U le Grand et date de l’an 1976, elle se rattache plutôt à la période précédente. Un grand feudataire, le seigneur de Hou, ne voulut pas reconnaître K’i le nouvel empereur, et se déclara indépendant en refusant les signes de vassalité, dont le principal était l’usage du Calendrier impérial, fixant le premier jour de l’année et des lunaisons. L’empereur marcha contre ce rebelle. Avant la bataille qu’il lui livra à Kan, il fit à ses troupes la harangue substantielle que voici  : « Hommes des six légions, je vous le dis avec serment... Le seigneur de Hou ayant rejeté le calendrier officiel, le Ciel lui a retiré son mandat, et moi je vais lui infliger le châtiment décrété par le Ciel. — Hommes de droite, si vous n’attaquez pas à droite ; hommes de gauche, si vous n’attaquez pas à gauche ; conducteurs des chars, si vous ne dirigez pas vos chevaux droit à l’ennemi, vous aurez failli à votre devoir. Ceux qui auront obéi, seront récompensés devant les tablettes de mes Ancêtres. Ceux qui auront désobéi, seront mis à mort devant le tertre du Patron du sol. (Annales, Kan-cheu.) Nous savons ce que cela veut dire. L’empereur est le mandataire du Ciel. Il invoque ce mandat, quand il exige l’obéissance de ses sujets. — En campagne, l’empereur transportait avec lui, sur un char, les tablettes du temple de ses ancêtres. C’est devant elles qu’il les avertissait et les priait ; qu’il récompensait, comme en leur nom, ceux qui s’étaient distingués. — Le grand tertre du Patron du sol de l’empire, était à la capitale. Un moindre se trouvait dans le chef lieu de chaque fief. Un petit, dans chaque agglomération humaine. Quand l’empereur était en tournée ou en campagne, on en élevait un temporaire, là où il stationnait. C’est devant ce tertre que se faisaient les exécutions des coupables.


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H. Voilà tout ce que nous apprennent les textes d’avant le vingtième siècle. Ils sont des temps où Hammourabi régnait à Babylone, où Abraham quitta la Mésopotamie. Ils sont antérieurs de bien des siècles, au brahmanisme et au Mazdéisme. En résumé : Culte religieux d’un Être suprême, Ciel, Souverain d’en haut, Souverain universel, qui voit et entend tout, qui récompense et punit, qui fait et défait les princes ses mandataires ; ce culte réservé au gouvernement, est interdit au peuple. — Culte animiste rendu aux Génies des monts, des fleuves, de certains lieux ; âmes d’hommes glorieuses, défunts célèbres, bienfaiteurs de la nation ; culte réservé au gouvernement et interdit au peuple. — Culte du Patron local du sol, au tertre de chaque village ; le seul culte public permis au peuple. Culte privé des Ancêtres, par toutes les familles, chacune honorant les siens. On est avec eux en communication incessante. On les informe de tout. On les invite par la musique. On leur fait des offrandes. On espère leur bénédiction. — Divination officielle, espèce de science exacte, pour jurer des intentions et de l’assentiment du Ciel. Astrologie et météorologie cultivées dans le même but, pour savoir si le Ciel est content ou non. En terminant, j’appelle l’attention sur ce fait important. Absence complète, dans la religion primitive chinoise, de tout mythe, de toute fable, de toute poésie. Quelques dogmes assez clairs, un culte uniforme très simple, une barrière officielle opposant aux innovations du dedans et aux importations du dehors.

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Notes. — Trois noms résument la préhistoire chinoise... Fou-hi le Pasteur... Chenn-noung l’Agriculteur... Hoang-ti le Souverain Jaune, c’est-à-dire le Seigneur de la terre, car la couleur jaune symbolise le lœss chinois. Trois stades successifs dans l’évolution du groupe humain, qui devint l’empire chinois. D’abord l’état nomade de hordes errantes, vivant d’élevage, de chasse et de pêche. Puis l’état semi-nomade de hordes parentes et alliées, appuyé sur des stations agricoles fixes, des fermes. Enfin la fixation au sol, l’état sédentaire définitif, sous un grand chef commun unique, de la fédération des 夏 Hia, les hordes devenant des clans, et les chefs des hordes des seigneurs feudataires. — D’où vinrent ces Hia ? quelle fut leur souche ?... Il est très probable qu’ils vinrent du Nord-Ouest, suivirent le cours de la rivière 渭 Wei, puis la rive méridionale du Fleuve Jaune, jusqu’au fleuve 淮 Hoai. Là leur migration fut arrêtée provisoirement par les peuplades 苗 MiaoLi, premiers occupants dont les 苗子 Miao-tzeu actuels sont les restes... Quant à leur souche, aucune solution certaine jusqu’à présent. Ethnologiquement, les Chinois sont tellement métissés, qu’il ne subsiste plus d’échantillons dont on puisse prétendre qu’ils représentent le type primitif. Linguistiquement, les essais faits pour les rattacher aux Sumériens (C.J. Ball... P.S.P. Handcok... de Dosfuentes), n’ont abouti jusqu’ici à rien de concluant. Aucune durée approximative, aucune date certaine ni même probable, ne peut être assignée aux périodes nomade et semi-nomade. Tout ce qu’on sait, c’est qu’elles finirent peu après l’an 2500 avant J. C., au plus tard. L’unification de la nation, sa fixation définitive au sol, la fondation de l’empire des Hia par 黃帝 Hoang-ti le Souverain Jaune, doit être placée vers le vingt cinquième siècle. Ce qui précède est légende. L. de Saussure a situé les origines de l’astronomie chinoise officielle à cette époque (T’oung pao, mars 1921). L’histoire de la Chine commence entre 2479 et 2395. Ses premières dates sont exactes à quelques dizaines d’années près. Mais 2217 est une date assez ferme ; et 2145, avènement de l’empereur 堯 Yao, paraît être une date certaine.

Sources. — 書經 Chou-king ; les Annales, chapitres 舜典 Chounn-tien, I tsi, Kao yao mouo, U koung, Kan cheu, Lu hing. — Les Hi-ts’eu, un appendice du I king Livre des Mutations, que l’on attribue à Confucius. — Le Wai-ki de Liou chou, résumé de la préhistoire.

Ouvrages utiles. — Traductions du Chou king ; en anglais par J. Legge (Chinese Classics) ; en français par S. Couvreur S.J. ; en latin par A. Zottoli S.J. Cursus litteraturæ sinicæ vol. III. — Ed. Chavannes. Les Mémoires historiques de Se ma ts’ien. Introduction. — L. Wieger S.J. Textes Historiques, et La Chine à travers les Âges L. 1. — Fr. Hirth. The ancient History of China. — H. Cordier. Origine des Chinois, dans le 通報 T’oung-pao, 1916 ; et Histoire générale de la Chine, 1920. — A. Deimel S.J. Veteris Testamenti Chronologia, monumentis babylonico assyriis illustrata.


Ouvrages périmés. — Les écrits de G. Pauthier, Sinico Aegyptiaca, et autres. — Les livres de Terrien de Lacouperie, Western Origin of the Early Chinese Civilization, et autres. — Non, les anciens caractères chinois n’ont rien eu de commun, ni avec les hiéroglyphes, ni avec le cunéiforme. Voir les notes, page 39. Consulter L. Wieger S.J. Caractères chinois, troisième édition 1916, appendice Graphies antiques. Lire H. Cordier, Histoire générale de la Chine, I chap. 1. — Bien des travaux faits sur les antiquités chinoises, avant le présent siècle, sont vieillis. La science marche, et vite, de nos jours.


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Vase rituel antique


Deuxième Leçon


Sommaire. — A. La deuxième dynastie. Historique. Apogée du culte primitif. I. Textes et chants. — B. Le mandat contre les Hia. — C. Offrande à l’Ancêtre. — D. Le Ciel et la tortue. Survivance. L’Empyrée. — E. Le Ciel prédestine à longue échéance, et suit son pian à travers les siècles. Origine prétendue céleste des chefs de certains clans célèbres. — F. Sanction du bien et du mal, en cette vie. Perte du mandat. Suppression par ordre du Ciel. — G. Génies célestes et terrestres. — H. Tableau final.


A.   A la tête d’une coalition des feudataires, en 1559, T’ang seigneur de 1^ Chang renversa . _ Kie le dernier des _ Hia, monta sur le trône et fonda la seconde dynastie, appelée d’abord _ Chang du nom de son fief, plus tard _ par espoir d’une plus grande prospérité. Cette dynastie dura 507 années, du seizième au onzième siècle. Elle eut aussi une existence bien tourmentée. Outre les chefs de clan devenus princes feudataires, toujours remuants, que nous connaissons, une aristocratie frondeuse, composée d’officiers retraités et de leurs descendants, rend le gouvernement impérial de plus en plus difficile, à partir du quatorzième siècle. Vers 1254, __ Ou-ting, un souverain plus énergique, ayant battu les tribus barbares qui menaçaient d’envahir l’empire, la considération que lui acquit cet exploit militaire, lui permit de raffermir pour un lemps le pouvoir suprême. __ Ou-i, 1159 à 1125, se distingua par son extraordinaire impiété, et mourut foudroyé. Enfin _ Sinn ayant renouvelé les excès tyranniques de _ Kie, fut comme lui renversé par une coalition des feudataires, commandés par _ Fa seigneur de _ Tcheou, lequel fonda en 1050 la troisième dynastie. — Mêmes observations critiques, que pour la première dynastie. L’histoire de la seconde, un peu plus croyable en général, est suspecte en bien des points. La durée qu’on lui prête est probablement exagérée ; et la tragédie qui la termina, est trop évidemment calquée sur celle qui mit fin à la première dynastie, pour ne pas inspirer de la défiance à l’historien.

Les auteurs chinois affirment unanimement, que le culte de cette dynastie, Ciel et Mânes, fut l’apogée du culte chinois primitif, encore pur de tout mélange. Et de fait, la seconde dynastie nous a laissé des textes, des chants, des bronzes ri- tuels, extrêmement instructifs. Je consacrerai deux Leçons à leur étude. — D’abord les textes et les chants, conservés dans les Annales et les Odes.

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B.   En 1558, quand T’ang de Chang se leva contre la dynastie régnante Hia représentée par le tyran Kie, il s’agit pour lui de faire accepter à ses propres sujets d’abord, puis à la nation chinoise tout entière, cette nouveauté inouïe jusque là, d’un vassal châtiant son souverain. Tang imputa donc la chose au Ciel, au Souverain d’en haut. Voici le texte: « Approchez, multitude! Écoutez tous mes paroles! Ce n’est pas moi, faible enfant, qui ose lancer une révolution. Le seigneur de Hia ayant commis des crimes nombreux, le Ciel a ordonné de l’exécuter... Le seigneur de Hia est coupable. Moi, par crainte du Souverain d’en haut, je n’ose pas ne pas le punir... Je suis décidé à marcher contre lui de suite. Je compte que vous m’aiderez, moi votre prince, à lui appliquer le châtiment décrété par le Ciel. » (Annales, T’ang cheu,)

C. En 1531, dans le temple des Ancêtres de la deuxième dynastie, tandis que l’empereur T’ai-kia faisait les offrandes rituelles à feu son aïeul l’empereur T’ang, le chœur chantait en son nom : Les tambours battent à coups redoublés, célébrant mon glorieux aïeul. Moi le petit fils de T’ang, je l’appelle pour qu’il vienne ; je lui fais cette offrande pour que mon souhait s’accomplisse. Oh ! qu’il daigne regarder favorablement ce que j’ai cuit pour qu’il le goûte, moi son petit fils. O glorieux ancêtre, toi qui m’assistes toujours en temps voulu, toi qui étends tes bienfaits sans limites, oh ! viens à moi en ce lieu !.. Puisque je t’ai versé une pure liqueur, accorde moi que mon espoir se réalise... Accorde moi une grande longévité, une vieillesse sans fin. Sur leurs chars de parade, les feudataires sont venus, pour t’inviter et te faire des offrandes avec moi. Je suis souverain d’un grand pays. Le Ciel m’a donné l’abondance. L’année ayant été très fertile, j’ai de quoi te bien traiter. Viens à moi, viens recevoir mon offrande. Fais descendre sur moi une bénédiction illimitée... Oh ! daigne regarder favorablement ce que j’ai cuit pour que tu le goûtes, moi ton petit fils ! (Odes, Na et Lie tsou.)


D. En 1301, l’empereur P’an keng décide la translation de sa capitale. Parce que le site était trop exposé aux inondations, prétexte t il. Son but fut, en réalité, d’appauvrir et d’affaiblir une aristocratie gênante. Il rencontra na-turellement une très vive opposition, contre laquelle il lui fallut recourir aux ar-guments majeurs d’alors. Les Annales nous ont conservé ses harangues. Elles furent adressées au peuple entier, plus docile que l’aristocratie. Le palais lui fut ouvert. L’empereur dit : « La tortue a déclaré que nous n’avons plus aucun bien à attendre si nous restons ici... Vouloir y rester, c’est s’aveugler, c’est ne pas vouloir voir que le Ciel va supprimer le mandat de la dynastie... Si je propose le déplacement de la capitale, c’est pour obtenir du Ciel la continuation de ce mandat. Dans la nouvelle capitale, le Ciel perpétuera notre mandat... Vous officiers, jadis vos ancêtres servirent avec dévouement mes ancêtres. Maintenant, quand je fais les grandes offrandes à mes prédécesseurs, vos aïeux viennent avec eux pour jouir de l’offrande, pour vous bénir ou vous maudire selon que vous l’aurez mérité...Hommes du peuple, si vous me faites opposition, mes prédécesseurs feront descendre sur vous de grands maux. D’en haut ils vous puniront. Vos aïeux et vos pères vous renieront, et ne vous sauveront pas de la mort. Vos aïeux et vos pères prieront avec instance T’ang le fondateur de la dynastie, de vous punir sévèrement, vous leurs descendants. Ils obtiendront que cet illustre empereur fasse descendre sur vous tous les malheurs. » Enfin quand il eut réussi à se faire obéir, non sans peine, P’an keng se promet que le Souverain d’en haut va rendre à sa dynastie l’éclat qu’elle eut sous l’empereur T’ang, et il félicite son peuple de n’avoir pas désobéi « aux ordres du Ciel intimés par la tortue ». (Annales, P’an keng,) Ce texte est décisif pour la question de la croyance, dans l’antiquité chinoise, à la survivance des âmes. Il nous montre princes et peuple réunis dans un ciel empyrée, au courant des affaires de ce bas monde, s’y intéressant et y intervenant. Tous les Commentateurs ont reconnu la chose. Écoutons Tchou hi qui les résume tous, qui lui ne croyait pas à la survivance, et à qui la clarté de ce texte arracha les aveux suivants : « Il est indubitable que, avant la troisième dynastie, on considérait les défunts comme existants, comme vivants. De cette croyance découlait la crainte révérencielle de tous à l’égard des morts. Cette foi, ce culte, furent à leur apogée sous la deuxième dynastie. Voilà pourquoi, dans des conjonctures fort difficiles, P’an keng en appela, comme suprême argument, à ses ancêtres, aux ancêtres de ses ministres et de son peuple. Il le fit pour en imposer à leurs descendants. P’an keng leur parla de ses aïeux et des leurs, comme d’êtres existant réellement au dessus d’eux, pouvant les affliger et les punir, avec lesquels il entretenait des relations suivies et traitait des affaires courantes. En ce faisant, il profita d’une conviction alors générale et incontestée. Il tira parti de la foi profonde des hommes de la deuxième dynastie, dans la survivance des défunts. » (Lettres de Tchou hi.) Le même texte prouve de plus, que, sous la deuxième dynastie, les oracles rendus par la tortue, étaient considérés comme indubitables, et constituaient un puissant instrument de gouvernement.

E. En 1241, alors que les succès militaires de l’empereur Ou ting eurent donné à la deuxième dynastie quelque regain de popularité, plusieurs Odes furent composées, pour êtres chantées, ou dans le temple des Ancêtres, ou durant les banquets impériaux. J’en extrais les passages suivants : Jadis le Ciel fit descendre une hirondelle, et donna ainsi naissance à Sie. Le Souverain d’en haut voulut que ce sien fils, fût l’ancêtre de la future dynastie Chang. Durant les six siècles qui suivirent, les descendants de Sie n’ayant rien fait qui fût de nature à leur faire perdre le mandat du Souverain d’en haut, alors que T’ang était le chef de la maison de Chang, la destinée de cette maison se réalisa. T’ang ayant servi avec respect le Souverain d’en haut, le Souverain le proposa comme modèle à l’empire, en l’élevant sur le trône impérial. T’ang fut comblé des bienfaits et des faveurs du Ciel. A ce fils du Ciel fut accordé l’excellent ministre I yinn. (Odes, Huan niao, Tch’ang fa.) D’abord, une remarque : L’hirondelle dont il est question dans ce texte, laissa tomber un œuf dans la bouche de Kien ti, une femme mariée, qui conçut ainsi Sie l’ancêtre des Chang. Cette conception est attribuée à l’action du Ciel. Plusieurs clans anciens racontaient des légendes analogues, sur la naissance de leur premier ancêtre. Il paraît même que ce fut là la première origine des noms de clan, et de l’appellatif Fils du Ciel. Résumant ces légendes, le Chouo-wenn, la grande autorité en matière d’étymologie, explique ainsi le caractère sing, nom de clan : « Ce caractère se compose de femme et de naître ; car les hommes célèbres de l’antiquité naquirent, parce que leurs mères avaient subi l’influx du Ciel ; de là vient qu’on les appela Fils du Ciel. D’après la tradition, les noms de clan se donnaient, pour perpétuer la mémoire de cette filiation céleste. » Rien d’étonnant que des familles anciennes aient cherché à se donner du relief de cette manière ; mais les historiens chinois passent placidement par-dessus ces prétentions, en les annotant ainsi : « Si ce qu’on raconte de la conception extraordinaire de certains grands hommes arriva, ce fut en songe, non en réalité ». Ceci posé, revenons à notre texte de l’an 1241. Il prouve, avec évidence, la foi des Chinois de ce temps là, en la prescience, à très longue échéance, du Souverain d’en haut, du Ciel. Les Commentateurs insistent sur ce point ; laissons les parler. « Le Souverain qui éleva Sie, ce ne fut pas l’empereur Chounn qui l’investit d’un fief, ce fut le Souverain d’en haut qui le prédestina à l’empire, dans la personne de son descendant T’ang, à naître plus de six siècles plus tard. C’est de Chounn, que Sie reçut le fief de Chang, mais c’est le Souverain d’en haut qui voulut que Chounn lui en donnât l’investiture. Dans cette investiture de Sie, était contenue l’élévation future sur le trône impérial, de T’ang son descendant. Le Ciel prorogea d’âge en âge le mandat accordé à Sie. C’est à cause de ce mandat dont ils étaient les dépositaires, que le Sublime Ciel chérit et honora toujours les descendants de Sie. Enfin, quand le temps fut venu, le Ciel fit de T’ang le maître de l’empire. »


F. En 1213, le ministre Tsou-ki dit à l’empereur, Tsou keng : Le Ciel considère les hommes sur la terre, et juge de leur justice. Après cet examen, le Ciel donne à chacun vie longue ou courte, selon ses œuvres. De sorte que, si quelqu’un meurt prématurément, c’est par sa propre faute, non parce que le Ciel ne lui voulait pas de bien. C’est lui-même qui a fait rogner le lot qui lui était destiné. Quand un homme a mal fait, et que le Ciel l’avertit par des signes ou l’instruit par des malheurs, il devrait reconnaître ses torts et ne pas s’aveugler au point de dire avec humeur : pourquoi ceci m’arrive t il ?

(Annales, Kao-tsoung young jeu.)

En l’an 1052, le ministre Tsou i dit au tyran Sinn, dernier empereur de la deuxième dynastie : — Cette disette persistante signifie que le Ciel a rejeté notre maison, parce que vous avez perdu la conscience que le Ciel vous avait donnée et n’observez plus ses lois. Exaspéré contre le tyran, le peuple crie : — Pourquoi le Ciel ne frappe t il pas cet homme ? pourquoi ne donne t il pas à un autre le mandat de régner ? Le ministre Tsou i adjure à nouveau l’empereur : — Fils du Ciel, le Ciel nous rejette ! Le tyran blasphème : — Ma vie n’est elle pas assurée, quoi que je puisse faire, puisque je tiens le mandat du Ciel ? Tsou i gémit : — Tes crimes sans nombre sont connus en haut, et tu oses encore compter sur le mandat du Ciel ! Enfin Tsou i déclare au tyran : — Il est évident que le Ciel vous a rejeté. Ni les sages, ni la tortue, n’osent plus vous promettre rien de faste. En 1051, l’oncle du tyran, le vicomte de Ki dit : — Dans sa colère, le Ciel ruine notre dynastie. Puis, dans le conseil des princes du sang, Tsou i gémit : — Ce ne sont pas les Ancêtres qui ont voulu nous rejeter, nous leurs descendants ; c’est Sinn qui nous a fait rejeter, par ses excès et ses débauches. Enfin, conseillant à chacun de pourvoir à son salut personnel, le vicomte de Ki dit : — Que chacun de vous se recueille, prenne sa détermination, puis l’annonce lui-même aux Ancêtres. (Annales, Si-pai k’an li et Wei-tzeu.)

G. Dans un texte de l’an 1051, est énoncée clairement la distinction des êtres transcendants, des Génies, en Chenn génies célestes, et K’i génies ter-restres. Ce sont tous des êtres de même nature, Mânes glorieux, anciens grands hommes, bienfaiteurs de la société, dit la tradition unanimement. Mais les Chenn flottent libres dans l’espace, tandis que les K’i sont fixés dans un lieu. Quand le terme chenn est employé seul, il comprend les deux catégories. (Annales, Wei-tzeu).

H. Le tyran Sinn fut renversé par une coalition des feudataires, com-mandés par Fa de Tcheou, qui se mit à sa place et fonda la troisième dynastie. A ce propos, recueillons dans les Annales ce texte de l’an 1050. Avant la bataille de Mou ie, haranguant ses troupes, Fa de Tcheou leur dit : — Sinn empereur des Chang ayant, dans son aveuglement, négligé de faire les offrandes auxquelles il était tenu, moi Fa je vais lui livrer bataille et le châtier au nom du Ciel. Il s’agit des offrandes régulières, que l’empereur est tenu de faire au Ciel pour la nation. S’il ne les fait pas, il a omis le premier de ses devoirs et forfait à son mandat. — L’armée répondit à Fa de Tcheou, par cette acclamation : — Le souverain d’en haut est avec vous. Allez ! N’hésitez pas dans votre cœur ! (Annales. Mou cheu. Odes, Ta ming.) ——————

Sources. Chou king, les Annales, chapitres T’ang cheu, P’an keng, Kao tsoung young jeu, Si-pai k’an-li, Wei-tzeu, Mou cheu. Cheu king, les Odes, Na, Lie tsou, Ta ming.

Ouvrages. — Comme pour la première Leçon.


Graphie attribuée à la première dynastie. Peut-être le relevé des animaux tués dans une grande chasse. Le principe de la composition des caractères, radical et phonétique, est déjà appliqué.