Histoire des Canadiens-français, Tome VIII/Chapitre 7

Wilson & Cie (VIIIp. 71-82).

CHAPITRE VII

1808 — 1810


Débats de la chambre d’assemblée. — Premiers bateaux à vapeur. — Les Chouaguens. — Officiers de milice démis. — Le gouverneur Craig et le « Canadien ». — Quelques figures parlementaires. — Le gouvernement responsable. — De quelle nature était l’opposition canadienne. — Saisie du « Canadien » — Nos militaires en Europe.

U
n sommaire des débats du parlement à cette époque suffit pour indiquer aux lecteurs quelles étaient les préoccupations de l’opinion publique. Nos historiens ont raconté ces faits en détail.

Chambre ouverte le 28 février 1808 : — La guerre en Europe ; difficultés avec les États-Unis ; les juifs députés ; contestation d’élections ; le cours monétaire ; inspecteurs et mesureurs de bois ; les jugés députés ; importation des boissons ; travaux publics ; taxes sur les actes des notaires, des arpenteurs et sur les copies tirées des archives ; les pilotes ; l’hôpital des Trois-Rivières.

Chambre ouverte le 10 avril 1809 ; close le 13 mai : — Menaces de guerre avec les États-Unis ; le malaise répandu dans le pays au sujet de la conduite du gouverneur ; antagonisme entre le conseil et l’assemblée ; le gouvernement responsable ; les juges députés ; les actes de milice.

Les élections générales eurent lieu au mois d’octobre 1809, au milieu de l’effervescence créée par la conduite de sir James Craig. Il y eut trente-six Canadiens d’élus et quatorze Anglais.

Le 11 novembre arriva à Québec, venant de Montréal, le premier bateau à vapeur qui eut flotté sur le Saint-Laurent. Il se nommait l’Accommodation. Son propriétaire, M. John Molson, natif d’Écosse, s’était établi à Montréal, en 1782, à l’âge de dix-huit ans. En 1786, il avait ouvert dans cette dernière ville une brasserie qui devint la source de l’imposante fortune de ses enfants. Fulton ayant fait naviguer un vapeur sur la rivière Hudson, en 1807, Molson partit pour l’Angleterre, cette même année, y acheta des machines et engagea des ouvriers pour construire à Montréal un navire de ce modèle. L’arrivée à Québec de cette merveille de l’art nautique enthousiasma la population. M. Molson lança, en 1811, le Swifture, puis en 1812 le Malsham et mit sur chantier, vers 1817, le Lady Sherbrooke. Son fils, nommé aussi John, né à Montréal, le 14 octobre 1787, était un intrépide et heureux pilote ; le premier, il navigua de nuit entre Québec et Montréal, alors qu’il n’existait ni bouées, ni balises, ni phares sur ce parcours. Plus tard il fit concurrence à son père, mais celui-ci le lia à sa société et de cette manière ils eurent quelques temps le monopole du fleuve entre leurs mains.

Sir James Craig, mal entouré, ne tarda pas à entrer en lutte avec le parti du Canadien. Les Chouaguens se portèrent de son côté, ce qui lui fit croire que le journal en question représentait les vues d’un petit nombre de mécontents et non pas de la masse de notre population. Le 14 juin 1808, M. Jean-Antoine Panet, président de la chambre, fut destitué comme lieutenant-colonel de milice. Cet acte de rigueur tendit tout à fait la situation. Alors commencèrent de la part du gouverneur une suite de tracasseries et de mesures violentes qu’il porta jusqu’à réprimander l’assemblée législative et à la dissoudre coup sur coup, espérant que les élections lui amèneraient des députés plus soumis ; mais toujours les mêmes hommes revenaient et demandaient davantage. Dans ces débats fameux, M. Pierre Bédard, reprenant les idées de Ducalvet, alla jusqu’à demander le ministère responsable. M. Papineau, père, reparut à la tribune et fit entendre cette grande voix qui déjà avait remué le pays. M. Louis Bourdages révéla un talent d’orateur de première force. M. P.-Dominique Debartzch surprit les Anglais par sa parole indépendante et mesurée. M. Denis-Benjamin Viger posa aux Chouaguens des questions savantes autant qu’habiles. M. J.-T. Taschereau s’éleva comme un patriote et un homme d’honneur contre les abus du pouvoir. Enfin le Canadien tonnait, sous la plume de ses rédacteurs — tant et si bien que l’on défendit de le recevoir dans certaines localités.

De tous les hommes qui brillaient alors dans l’enceinte parlementaire ou sur les hustings, le plus nouveau, le plus admiré, le plus étonnant était le jeune Louis-Joseph Papineau. Né à Montréal, le 7 octobre 1786, il avait étudié au séminaire de Québec. Élu par le comté de Chambly, en 1809, il se fit admettre au barreau deux années plus tard. Il arrivait en chambre précédé d’une réputation d’orateur et d’homme d’étude. On raconte que son premier discours fut pour combattre une motion soutenue par son propre père et qu’il enleva le sentiment des députés. Son père, qui était en même temps son meilleur ami, ne tarda pas à se retirer devant lui, sachant bien que la cause nationale avait trouvé un défenseur digne de devenir son champion en titre. De haute taille, d’un port majestueux, toute la personne de M. Papineau commandait l’attention et le respect. Ses manières affables, son geste engageant, sa conversation polie et admirablement soutenue, presque toujours enjouée, en faisaient l’idole de son entourage. Habile comédien, à la façon de tous les orateurs de talent, il s’animait devant le peuple et faisait passer sur son visage, dans sa voix, dans ses moindres mouvement les émotions qu’il voulait faire ressentir à ses auditeurs. Tout vibrait en lui et à sa vue l’enthousiasme gagnait les têtes. Tel était l’homme qui, au moment où les anciens orateurs atteignaient l’âge de la vieillesse, apparaissait pour leur succéder, en compagnie de cinq ou six autres jouteurs des plus vaillants.

Louis Bourdages était aide-major de la milice de Chambly en 1797. Huit ans plus tard il fut reçu notaire et entra au parlement. Au mois de mars 1806 appuyant une proposition de M. Bédard contre la Gazette de Montréal, il se révéla orateur ; plein de force et de ténacité, il combattit l’administration de Craig avec un courage qui effraya Ryland et qui porta celui-ci à soulever l’accusation de révolte contre les Canadiens. En 1808 il demanda la démission des juges qui siégeaient dans l’assemblée législative ou leur retraite de ce corps. Ses discours étaient véhéments et nourris. Sir George Prevost le fit colonel de milice ; il servit avec zèle durant la guerre, tant et si bien que ses électeurs lui refusèrent leurs suffrages par la suite. Vers 1822, il reprit en chambre sa position avancée. C’était un homme à coups de mains parlementaires, mais non un chef de parti. Il mourut en 1833 laissant une réputation de harangueur émérite.

François Blanchet, d’une famille établie en Canada durant la seconde moitié du dix-septième siècle et qui a fourni un évêque et un archevêque à l’église catholique, était né en 1776 à Saint-Pierre de la rivière du Sud. Après avoir fait son cours au séminaire de Québec, il alla étudier la médecine à New-York et y publia, en 1800, ses recherches sur l’application de la chimie à la médecine. De retour au pays il devint membre du parlement et fut l’un des fondateurs du Canadien. Le 14 juin 1808, le secrétaire Ryland lui adressa, au nom du gouverneur, une lettre le démettant de son grade de chirurgien de la milice de Québec, vu qu’il était « l’un des propriétaires d’une publication libelleuse et séditieuse, répandue par de grands efforts, dans la province, et qui est expressément destinée à vilipender le gouvernement de Sa Majesté, et de créer un esprit de mécontentement parmi ses sujets, aussi bien que la désunion et l’animosité entre les deux partis qui composent la population. » La même lettre fut adressée au lieutenant-colonel J.-A. Panet, au capitaine Pierre Bédard, au capitaine et aide-major J.-T. Taschereau, et au lieutenant J.-L. Borgia. On a dit de François Blanchet comme de Pierre Bédard, qu’il avait accepté une charge de ses persécuteurs ; la vérité est que, au jour du triomphe de ses idées, Blanchet fut nommé surintendant des hôpitaux de la milice, par Sir George Prevost qui, selon la curieuse expression de Michel Bibaud « opérait sur d’autres principes que Craig. » Il le fallait bien, car les principes de Craig menaient à la ruine ! M. Blanchet publia, en 1824, un appel au gouvernement britannique contre les conseils exécutif et législatif, qui servaient encore d’instruments aux gouverneurs et à l’oligarchie contre l’assemblée populaire. Il mourut en 1830, entouré du respect de tous.

Joseph Levasseur-Borgia, d’une famille italienne, avocat, réélu plusieurs fois député, avait la réputation d’être un homme de conseil. Bon patriote, il prit part aux débats qui intéressaient notre avenir national et sut se faire aimer de tous les partis.

Denis-Benjamin Viger, orateur, avocat, publiciste, homme politique, né à Montréal le 19 août 1774, a fourni une carrière active et utile, faisant honneur au nom canadien dont il était fier. Il étudia au collège Saint-Raphaël de Montréal et dès 1792 commença à répandre des essais de sa plume qui le firent remarquer. Élu par la ville de Montréal, en 1808, il arriva en Chambre avec son cousin, Louis-Joseph Papineau, tous deux armés contre les mesures arbitraires du gouverneur Craig. En 1809 il publia une brochure invoquant la conservation des mœurs, institutions, etc., des Canadiens-Français, dans l’intérêt de la Grande-Bretagne. On le menaça de la prison. Sa science et son patriotisme se révèlent par la lecture des journaux du temps, c’est-à-dire de 1800 à peu près jusqu’à 1836, époque où il collabora aux publications les plus en vogue et toujours dans nos intérêts nationaux. Délégué deux fois en Angleterre pour y conférer avec les ministres et obtenir des adoucissements au régime que l’on nous imposait, il remplit ces missions avec courage et dignité sans s’attirer le moindre reproche. Le 4 novembre 1838 il fut emprisonné et resta dix-neuf mois sous les verrous. Son rôle politique, en 1844, alors qu’étant premier ministre, il consentit à ce que le gouverneur nommât aux emplois, lui valut la perte de presque toute sa popularité, aussi eut-il la prudence de s’effacer, à un âge où il lui était bien permis de prendre du repos. Il n’en reste pas moins l’une des grandes figures de nos luttes politiques et l’un des hommes les plus respectés de nos compatriotes.

Les Debartzch sont originaires de Hambourg ; ils possédaient de grands biens, vers le milieu du dix-huitième siècle, mais les perdirent dans la révolution. Un fils de cette famille émigra en Canada et de son mariage avec une demoiselle Raimbault-Lussaudière laissa un enfant, Pierre-Dominique, qui hérita des seigneuries Delorme, Rougemont et Debartzch. En 1809 le comté de Chambly (Kent) l’élut, avec M. Louis-Joseph Papineau. Il servit comme capitaine en 1812-15, et se trouva à la bataille de Châteaugay. Nommé au conseil législatif (1815) il soutint la cause des Canadiens, combattit le projet d’union (1823) et prit une part active à tous les mouvements politiques de son temps. Il mourut en 1848.

La cause du clergé se trouva unie dans la politique de ce temps encore plus étroitement que de nos jours à tout ce qui intéressait notre nationalité. Disons un mot de Mgr  Plessis et des grands-vicaires Noiseux et de Calonne.

Joseph-Octave Plessis était né à Montréal (3 mars 1763), d’une famille d’ouvriers. Après avoir commencé son instruction dans les classes de M. l’abbé Curateau, on l’envoya au petit séminaire de Québec (1778) ; il fut ordonné prêtre en 1786. Devenu curé de Québec, en 1792, ses talents attiraient sur lui l’attention publique, aussi ne fut-on pas surpris de le voir à trente-six ans (1797) devenir coadjuteur de Mgr  Denaut. Celui-ci étant décédé, M. Plessis monta sur le trône épiscopal, le 27 janvier 1806, juste au moment où la lutte des patriotes contre l’oligarchie prenait un caractère alarmant. Tout d’abord il fit un acte politique adroit prêtant serment de fidélité au roi, devant le conseil exécutif, au grand déplaisir du parti anglais qui voulait au moins l’obliger à attendre l’arrivée du gouverneur, afin de gagner du temps ou de profiter de circonstances nouvelles pour susciter un obstacle sérieux entre l’évêque et le Pouvoir civil. Sa nomination déconcertait les plans de Ryland. Dès 1793, le duc de Kent avait tenté de faire donner la mitre à M. Pierre-Simon Renault, curé de Beauport, protégé de la fameuse comtesse de Saint-Laurent, mais le droit et le sentiment national l’avaient emporté. Un homme de tête, instruit, bon Canadien et habile diplomate, prenant la direction du clergé catholique du Canada, au moment où sir James Craig allait tâcher de réduire nos chefs dans l’assemblée législative, c’était une nouvelle réponse aux accusations d’incapacité formulées contre nous. La ferme contenance de Mgr Plessis, les paroles et les votes des Canadiens en Chambre, les articles irréfutables du Canadien déterminèrent M. Ryland à passer en Angleterre (fin de juin 1810) mais soit que les ministres eussent compris la situation, soit que le danger d’une guerre avec nos voisins eut modifié la politique impériale, Mgr Plessis garda le titre d’évêque de Québec qu’il avait pris récemment et s’en servit lorsque la guerre de 1812 éclata pour adresser à ses diocésains un mandement en faveur de la résistance contre l’invasion. Il reçut bientôt des lettres officielles qui le reconnaissaient comme évêque catholique de Québec et lui accordaient un traitement de mille louis par année avec un siège au conseil législatif. Sa juridiction épiscopale s’étendait depuis les îles du golfe Saint-Laurent aux Montagnes-Rocheuses. En 1818, il fut nommé archévêque de ce vaste territoire et il n’en poursuivit qu’avec plus d’ardeur les travaux commencés pour y asseoir l’Église sur une base ferme. Il encouragea de tout son pouvoir l’instruction collégiale, dans l’espérance de procurer des prêtres canadiens à son diocèse. C’est encore à présent le seul but de nos collèges ; il serait temps que l’on songeât à cette partie de la population qui n’est pas destinée aux ordres sacrés — mais on ne veut pas en entendre parler. La carrière laborieuse de ce prélat, sa constance dans les luttes qu’il lui fallut soutenir, le respect qui s’attache à son caractère d’homme privé et de prêtre éclairé, ont rendu son nom justement populaire. Il mourut en 1825.

François Noiseux était né à Québec, en 1748, et avait été ordonné prêtre en 1774. On le regarde comme le fondateur de la ville de Saint-Hyacinthe. Nommé curé aux Trois-Rivières (1796) où il devait demeurer jusqu’à sa mort (1834) il a déployé, durant cette dernière partie de sa carrière, les qualités dont la nature l’avait si richement doué. Au plus fort de ses luttes contre le parti canadien, le gouverneur Craig se préoccupait des opinions que pouvait exprimer M. Noiseux, conseiller ordinaire de Mgr Plessis. Comme il ne signait pas ses communications à la presse il nous a été impossible de les reconnaître au milieu des écrits du temps. Sa Liste des Prêtres de 1611 à 1823, est une œuvre de patience qui a été fort consultée. Il était arpenteur, levait des plans, et prenait part à l’administration de la ville comme un bourgeois actif et éclairé.

Jacques-Ladislas-Joseph de Calonne, né à Toulouse en 1743, ordonné prêtre en 1776, se lia intimement avec le parti de Beaumarchais et prêta son aide à cet auteur pour faire jouer ses pièces que Louis XVI voulait interdire. Son frère qui était ministre du roi, avait sur la presse des idées assez singulières : « l’artillerie, disait-il, est née avant l’imprimerie, pour mettre cette dernière à la raison. » Lorsqu’il fallut émigrer, l’abbé Calonne se réfugia à Londres et rétablit le Courrier de l’Europe. En 1799 il arriva missionnaire à l’île Saint-Jean ou du Prince-Édouard et jusqu’à 1806, visita en cette qualité le Nouveau-Brunswick et l’Acadie. L’automne de 1807, nous le retrouvons chapelain des ursulines aux Trois-Rivières où il mourut en 1822. Très écouté de Mgr  Plessis, ses opinions inquiétaient beaucoup sir James Craig et H. W. Ryland son secrétaire. Il a laissé une grande réputation de sainteté.

La chambre ouvrit de nouveaux ses séances le 29 janvier 1810. Voici le sommaire des matières de cette session : — Les juges députés ; menaces de guerre ; dépenses et revenus de la province ; cinquantenaire du règne de George iii ; agent du Canada en Angleterre ; offre de la chambre de payer toutes les dépenses civiles. Cette dernière question effraya les conseillers du gouverneur qui, plus que personne, en comprenaient l’importance, car c’était leur enlever le maniement des deniers publics et par là le patronage. Sur cet article, les députés, même anglais, étaient certains de ne rencontrer qu’une voix approbative dans le pays. M. H. W. Ryland, secrétaire du gouverneur, et l’âme de toutes les machinations tramées contre les Canadiens, crut pouvoir parer le coup en partant pour l’Angleterre, où il espérait faire approuver sa politique.

Jean-Antoine Panet, renvoyé en chambre par ses électeurs et élu pour la sixième fois président, le 29 janvier 1810, se maintenait, comme une protestation vivante, contre l’arbitraire du gouverneur. Le 17 mars 1810, une escouade de soldats saisit les presses du Canadien. On arrêta en même temps MM. Bédard, Taschereau, Blanchet et Borgia, tous membres de la chambre. Des mandats furent lancés contre MM. Viger et Laforce, mais sans succès.

Si nous ouvrons les livres publiés encore récemment en langue anglaise et qui traitent de ces malheureux abus d’un pouvoir entêté et injuste, nous sommes surpris et peiné d’y voir des passages d’une allure sarcastique et tout en l’honneur de sir James Craig ou de ses aviseurs. De qui et de quoi s’agit-il au fond ? De principes de liberté chers à tous les gens de cœur ; d’hommes qui combattaient, au parlement et dans la presse, une oligarchie ; d’hommes qui avaient non seulement des idées élevées et généreuses, mais aussi le courage de les mettre au jour à leurs risques et périls. C’étaient des rebelles, dit-on. Quoi ! parcequ’ils ont devancé les Anglais en demandant la pleine jouissance des libertés anglaises ! Songe-t-on que leurs idées sont devenues celles des loyaux sujets anglais de ce pays ? Il n’y a pas ici de nuances ; il y a couleur tranchée. Ce qui est bon pour les autres races est bon pour nous, s’il nous plaît de l’avoir et si nous savons le prendre. Lorsque les Anglais veulent bien finir par épouser nos opinions, elles deviennent des vertus. Le plus étrange, c’est que leurs écrivains persistent de nos jours à blâmer les Canadiens d’avoir énoncé et — ce qui est mieux — soutenu ces mêmes opinions. Voyez 1837 ! on veut que ce soit un acte de rebelles Canadiens — et l’on se montre très fier des conquêtes accomplies par le sacrifice du sang et de la fortune de nos gens. Voyez l’insurrection de la Rivière-Rouge ! il n’y a pas un habitant de Manitoba qui ne se félicite du bien qu’elle a faite à cette province — mais on ne cesse de conspuer les courageux patriotes dont le programme « révolutionnaire » a formé la base de l’acte constitutif de Manitoba. Il est donc si pénible de devoir quelque chose à l’esprit français !

Citons ici une page de M. de Gaspé : « De toutes les victimes du gouvernement de cette époque, dit-il, monsieur le juge Bédard, avocat alors, fut celui qui endura sa captivité avec le plus de patience. Ce disciple de Zénon, toujours occupé d’études profondes pouvait se livrer à ses goûts favoris sans être exposé aux distractions dans la chambre solitaire qu’il habitait. Homme pratique, connaissant à fond la constitution anglaise, il ne communiquait avec les autorités que pour leur demander de quel crime on l’accusait ; et pour les prier de le mettre en jugement s’il y avait lieu à indictement au criminel. On se donnait bien garde d’instruire son procès ; il était à peu près aussi coupable de trahison ou de pratique séditieuse, que je le suis de vouloir m’emparer de la tiare de Notre Saint Père le Pape. On lui signifia après une année de détention, je crois, qu’il était libre. Je ne sortirai d’ici, répliqua Bédard, que lorsqu’un corps de jurés aura bien et dûment déclaré mon innocence. On le laissa tranquille pendant une dizaine de jours espérant lasser sa constance, mais à l’expiration de ce terme le géôlier lui intima que s’il ne sortait pas le lendemain de bon gré, il avait reçu ordre de le mettre à la porte. M. Bédard haussa les épaules et continua ses calculs algébriques. Comme plusieurs membres de sa famille, M. Bédard était un profond mathématicien. Le géôlier patienta le lendemain jusqu’à une heure de relevée, mais voyant alors que son prisonnier ne faisait aucun préparatif de départ, il lui déclara que s’il n’évacuait pas les lieux de bonne volonté, il allait avec l’aide de ses porte clefs, le mettre à la porte ; M. Bédard, voyant que l’on prenait les choses au sérieux, et que contre la force il n’y a pas de résistance, dit au gardien : au moins, monsieur, laissez-moi terminer mon problème. Cette demande parut si juste au sieur Reid, le géôlier, qu’elle fut accordée d’assez bonne grâce. M. Bédard satisfait, à l’expiration d’une heure, de la solution de son problème géométrique ; s’achemina à pas lents vers sa demeure.

« Lorsque le chevalier Prevost prit en mains les rênes du gouvernement de cette colonie avant la guerre de 1812, son premier soin fut de rendre justice aux victimes de la tyrannie de son prédécesseur. MM. Panet, Blanchette, Borgia, Bédard, Taschereau, La Force et d’autres officiers de la milice canadienne, destitués par le gouverneur Craig furent réintégrés dans leurs grades et le nouveau gouverneur se fit un devoir de réparer autant que possible, les injustices de la précédente administration. Le chevalier Prevost, plein de confiance dans la loyauté des Canadiens, confia, pendant cette guerre, la garde de la cité de Québec, dans laquelle il ne restait que peu de troupes régulières, aux miliciens de la ville. Le capitaine Bédard était un des plus zélés d’entre nous, et s’acquittait avec une précision géométrique des devoirs militaires si nouveaux pour un homme de son âge et de ses habitudes. »

Il vient de paraître un livre traitant de l’origine et du développement intellectuel en Canada, écrit en langue anglaise. Nous y lisons ces lignes : « M. Bédard, qui avait été emprisonné à cause des violences de langage de son journal, ne fut pas plutôt libéré qu’il accepta une charge de juge de ce gouvernement qu’il avait tant combattu. » Voilà comment on écrit l’histoire ! Les violences de langage du Canadien étaient tout bonnement des pièces historiques exhumées à propos, et des articles solides, en réponse aux noirceurs que le Mercury débitait sur notre compte, avec une impudence incroyable même aujourd’hui où la presse est libre jusqu’au dévergondage. Les documents historiques et les explications publiées par le Canadien avaient fini par rejoindre en Angleterre les articles du Mercury ; certains hommes politiques s’en servaient dans les débats des communes ; ceci exaspéra le gouverneur Craig. : de là son coup de tête — et c’est ce que l’on admire à présent ! L’auteur que nous citons fait entendre perfidement que M. Bédard accepta les faveurs de l’autocrate qui l’avait mis en prison. Pour se convaincre de cette absurdité, il faudrait croire que Ryland et Craig bâtonnaient d’une main et récompensaient de l’autre. Or, nous savons comment les choses se sont passées. Le ministère de Londres venait de changer (décembre 1809) ; Craig qui avait tout gâté en Canada, fut rappelé ; la guerre menaçait, il ne fallait pas mécontenter plus longtemps les Canadiens. En 1810, M. Bédard sortit donc de prison, partant de force, comme il y était entré ; Craig s’en retourna cuver sa haine et mourir de chagrin quelques mois plus tard ; le Mercury resta avec la responsabilité de sa conduite ; Ryland fut éconduit des bureaux de Londres et nous revint humilié ; nos officiers de milice dégradés se virent remis en place, recherchés, respectés — enfin loin d’avoir le dessous, M. Bédard et ses amis étaient victorieux sur toute la ligne. Ajoutons que ce succès eut un double caractère. M. Bédard fut nommé juge aux Trois-Rivières, un lieu où l’oligarchie avait toujours casé ses créatures ; comme juges on y avait vu M. de Bonne, Deschenaux, Foucher, sans compter le juge Williams qui ne savait pas un mot de notre langue et qui présidait une population dont les dix-neuf vingtièmes étaient français ! Ainsi marchait le « développement intellectuel » de l’oligarchie. Lorsque le « vieux lion » (Bédard) parut dans ce milieu, il s’y manifesta des effarouchements.

Citons encore M. de Gaspé, dont les souvenirs sont si intéressants à consulter : « Ce serait une étude curieuse à faire aujourd’hui que de rechercher les causes qui ont induit le gouvernement d’alors à persécuter ces citoyens si respectables à tous égards. Personne n’ignore que les griefs, qui motivèrent les actes de rigueur de l’oligarchie, prenaient leur source dans le journal le Canadien que les patriotes du temps publièrent pour se défendre des attaques envenimées et grossières que débitaient contre eux les gazettes anglaises. La presse, les caractères, etc., qui servaient à l’impression de ce journal furent saisis par un piquet de soldats commandé par un juge de paix ; ma foi il faut l’avouer, par mon beau-père, le capitaine Thomas Allison du 5e régiment d’infanterie, mais retiré alors du service, et furent déposés dans les voûtes du palais de justice… Ce serait certainement aujourd’hui une lecture pleine d’intérêt et des plus curieuses que celle de l’ancien journal le Canadien, depuis le premier numéro jusqu’au 17 mars 1810, qu’il fut saisi par le gouvernement. On prétendait alors que plusieurs articles de ce journal tendaient à soulever le peuple, ce qui fut cause que les éditeurs propriétaires et les correspondants accusés de pratiques séditieuses furent incarcérés. Les moins coupables aux yeux des autorités, soit officiers dans la milice, ou exerçant quelques fonctions sous le gouvernement, furent congédiés. Oh ! oui ce serait une étude très curieuse que de chercher à découvrir les crimes qu’avaient commis tant de loyaux et respectables citoyens d’origine française, qui leur valurent une persécution si cruelle de la part du gouvernement britannique. Je jette aujourd’hui le gant au tory le plus farouche, pourvu qu’il ait quelque teinture de la constitution anglaise, et je veux passer pour le plus sot individu du Canada, s’il peut me montrer une phrase, une seule phrase dans ce journal qui put motiver les rigueurs de l’oligarchie sous l’administration Craig… Au physique, le chevalier Craig était d’une petite taille mais corpulent, quoique malade dès son arrivée en Canada. Il y avait beaucoup d’expression dans ses traits qui devaient avoir été beaux pendant sa jeunesse. Son regard était perçant comme celui du faucon et semblait chercher jusqu’au fond de l’âme les pensées les plus secrètes de ceux auxquels il parlait d’une voix aigre. On l’appelait en Angleterre, Little King Craig (le petit roi Craig) parce qu’il aimait la pompe et le faste. Il passait pour un homme vain. Fier, orgueilleux, oui ; mais il avait trop d’esprit pour être vain : c’est toujours l’apanage d’un sot que la vanité. Je vais porter un jugement bien extraordinaire sur un homme dont la mémoire est encore odieuse aux Canadiens-Français après un laps de cinquante-quatre ans. Quoique bien jeune alors, ma position dans la société me mettait en rapport avec ses amis et ses ennemis : j’entendais constamment le pour et le contre, et j’en conclus que loin d’être un méchant homme, un tyran, sir James avait un excellent cœur, et je vais en donner des preuves. Je tiens d’une autorité non suspecte, de mon oncle Charles de Lanaudière, membre du conseil législatif, haut tory s’il en fut, et qui approuvait même presque tous les actes arbitraires de l’oligarchie, je tiens dis-je de cette source non suspecte que sir James Craig voyait fréquemment, (il l’avait connu en Angleterre et même au Canada, pendant la guerre de 1775,[1] lui avait dit peu de temps avant son départ pour l’Europe : « qu’il avait été indignement trompé et que s’il lui était donné de recommencer l’administration de cette colonie, il agirait différemment. » Cet aveu n’est pas celui d’un homme méchant. Comment se fait-il alors qu’un homme si pénétrant[2] se soit laissé abuser ! c’est ce qu’il m’est difficile de résoudre. Ses amis prétendaient, pour l’excuser, qu’élevé dans les camps, il avait péché par ignorance de la constitution anglaise. Halte là ! Sir James Craig était un littérateur distingué, une des meilleures plumes disait-on de l’armée britannique ; et il avait tout jeune homme occupé la situation de juge avocat dans l’armée, ce qui exige une étude plus que superficielle des lois anglaises. Il a souvent, à ma connaissance, présidé[3] la cour d’appel à Québec, et ses remarques étaient celles d’un homme qui possède des connaissances légales que l’on rencontre rarement en dehors de la profession du barreau. Quelqu’un lui fit observer un jour que M. Borgia, qui avait plaidé devant lui, le matin, n’était pas naturellement éloquent : c’est vrai, dit-il, mais je crois qu’il y a peu d’avocats dans cette colonie qui aient une connaissance aussi profonde du droit romain. Et sir James ne se trompait pas. Il était de bonne foi lorsqu’il sanctionna les mesures tyranniques de son conseil ; sa conduite comme commandant de la garnison le prouve. Il croyait à une rébellion imminente des Canadiens-Français lorsque les Bédard, les Blanchette, et autres furent écroués. »

Les ancêtres du major Hypolite Laforce sont dans le pays du temps de Champlain et plusieurs membres de cette famille, notamment le père et le grand père du major, avaient servi dans l’armée, avant la cession du Canada. M. de Gaspé en dit un mot, dans ses Mémoires : « Le sang des braves coulait dans les veines du major ; son oncle paternel s’était distingué par de nombreux faits d’armes avant la conquête ; les annales du Canada en font foi. Son père fut un des plus braves défenseurs de la ville de Québec pendant les sièges de 1759 et 1775 ; sa mère même avait des sentiments de patriotisme exaltés. Si son mari accablé de fatigue, succombait au sommeil, pendant ces deux sièges, et qu’elle entendait sonner l’alarme, elle l’éveillait aussitôt, lui apportait ses armes en lui criant : dépêche-toi, Laforce ! Quelle honte pour nous si tu n’étais pas rendu le premier sur les remparts ! Je tiens cette anecdote de deux de mes oncles, enfermés aussi dans l’enceinte de Québec, pendant ces deux sièges. On reprochait au major Laforce d’avoir la tête près du bonnet, par suite de quelques rencontres dans lesquelles il avait assez malmené ses adversaires ; je crois, pour ma part, qu’il devait avoir été poussé au bout, car je n’ai jamais connu homme d’un commerce plus facile. » D’après la tradition, Laforce était le type du galant homme et du joyeux compagnon. Le général Haldimand l’aimait beaucoup ; le 15 novembre 1780, il lui écrivait : « Pour vous montrer la haute opinion que j’ai de vos mérites, je viens de vous nommer au commandement des navires du lac Ontario, et je vous assure que je serai heureux de vous conserver dans cette charge importante. En même temps, mon amitié pour vous me porte à vous dire qu’il pourrait arriver le printemps prochain, des officiers de la marine royale dont le rang, dans le service de Sa Majesté, les placerait au-dessus de vous, mais à moins de cela, j’entends vous maintenir entièrement dans le poste de chef que je vous confie. » Il y a apparence que, en 1784, lorsque le général Carleton revint comme gouverneur, il donna le commandement du lac Ontario à M. Bouchette son sauveur dans la retraite de 1775. Le major Laforce s’était jeté avec tout son cœur dans l’agitation qui se faisait à Montréal contre sir James Craig, en 1808 et 1809. Écoutons encore M. de Gaspé : « Cet homme si gai, si spirituel, cet homme aussi loyal envers la couronne d’Angleterre qu’il était patriote sincère et attaché à son pays, pensa cependant succomber sous la tyrannie du gouvernement pendant l’administration du chevalier Craig. Incarcéré à Montréal pour ses opinions politiques, comme le furent à Québec le 17 mars 1810, les Bédard, les Blanchet, les Taschereau et autres sujets aussi loyaux que patriotes éminents, il faillit mourir dans un cachot des mauvais traitements qu’on lui fit subir. Il n’en fut pas moins un des premiers à voler à la frontière au secours de la patrie en danger lorsqu’éclata la guerre de 1812 contre les Américains. Son caractère ferme et indomptable lui fit éprouver plus de mauvais traitements pendant sa détention (1810) qu’aucun autre patriote exposé aux persécutions de l’oligarchie ; je dois, cependant en excepter Corbeil qui mourut victime de la cruauté de ses bourreaux. Quant au major Laforce, il était aux portes de la mort et ne dut la vie qu’à son tempérament de fer et à la trempe de son âme. Tant que je ne fus pas malade, nous disait-il, je conservai toute ma gaîté naturelle dans l’affreux cachot dans lequel on m’avait plongé. N’ayant ni livres, ni encre, ni plumes, ni papier, je m’amusais à tracer avec du charbon tout ce qui me passait par la tête sur les murs de mon cachot, d’où je ne recevais le jour que par une petite fenêtre grillée. Je charbonnai un jour deux pièces d’artillerie opposées l’une à l’autre avec deux boulets, sortant de leur bouche prêts à se heurter ; et j’écrivis au dessous la devise : La force contre la force. Le géolier en informa aussitôt les autorités, ce qui me procura le lendemain la visite de deux magistrats. Ces messieurs saisis d’horreur à la vue de ces insignes belliqueux se regardèrent en secouant la tête en silence, et finirent par me demander ce que signifiait cette menace. Quelle menace ? leur dis-je, il me semble pourtant qu’il ne faut pas être doué d’une profonde sagacité pour pénétrer le sens de ma devise ? Rien ne peut mieux peindre la force contre la force que deux canons et deux boulets se menaçant réciproquement. Mon barbouillage et ma devise ingénieuse, ajoutait M. Laforce, en riant, me valurent un surcroît de rigueur de la part de mes bourreaux ; on craignait sans doute que mon parc d’artillerie ne fit sauter la prison. »

En parcourant les récits qui vont de 1760 à 1820 nous sommes frappés du grand nombre de Canadiens-Français passés en Europe et qui servaient dans les armées de la France ou de l’Angleterre. Il y aurait un volume à écrire sur ce sujet. Citons pour mémoire les personnages suivants dont nous avons déjà parlé : Juchereau, Chaussegros de Léry, Saint-Ours, Fleury d’Eschambault, Vassal de Montviel, Salaberry, Duchesnay, Baby, Des Rivières, De Bonne, Vaudreuil, Martin, LeMoyne, Denys, Peloquin.

Melchior Hertel de Rouville, né en 1749, était entré dans l’armée anglaise et servait en Corse contre Paoli, vers 1770. Revenu en Canada, il devint juge, occupa pendant longtemps l’opinion publique, et mourut en 1817. L’un des fils du seigneur de Beaujeu, et frère du vainqueur de la Monongahéla, suivit La Pérouse dans la conquête des postes de la baie d’Hudson en 1782. Le marquis de Villeray, capitaine dans les gardes de corps du roi de France, était Canadien. De même aussi Juchereau-Duchesnay, lieut.-colonel d’artillerie, commandant de Charleville, tué dans le soulèvement populaire de 1792. La Corne, compagnon d’armes et ami de Suffen, se vit à la tête de navires de guerre français et porta avec éclat le nom de cette vieille famille canadienne. Les Vaudreuil furent gouverneurs des Antilles françaises. Alexandre Le Gardeur, comte de Tilly, commanda des vaisseaux de guerre sous le pavillon français. André de l’Échelle, né à Montréal le 2 décembre 1759, et dont le père périt, deux ans plus tard, dans le naufrage de l’Auguste, servit sous la république française et sous Napoléon i ; il était capitaine de vaisseaux lorsqu’il mourut en 1818. La même année et dans le même grade, mourut, à Brest, Michel Pélegrin, né à Québec en 1753. Philippe Martin, né parmi nous, en 1752, commanda à Toulon, lutta contre Nelson, contribua au retour de Napoléon après sa campagne d’Égypte, devint vice-amiral sous l’empire et mourut en 1810 au plus fort de ses succès.

Jean-Antoine Bedout,[4] conseiller au conseil supérieur de Québec, établi en cette ville avant 1747, major de milice en 1750, concessionnaire d’une seigneurie au lac Champlain en 1752 eut pour fils Jacques Bedout, né à Québec le 14 janvier 1751, lequel passa en France (1763) et devint célèbre dans la marine militaire. Il se distingua d’abord dans la guerre de l’indépendance américaine (1776-82) et obtint le commandement d’une frégate. Sous la république française on le nomma capitaine de haut bord. Après avoir combattu les Anglais à l’île de Groix en Bretagne (1796), ayant le Tigre sous ses ordres, il fut l’objet d’un éloge de la part de Fox dans la chambre des Communes : « Le capitaine du Tigre a rivalisé en mépris de la mort avec les héros de la Grèce et de Rome ; il a été pris, mais couvert de blessures et de gloire. » Dans ce combat le Tigre avait affaire au Sans-Pareil, au London et au Queen. Rendu à la France à la paix d’Amiens (1802) Bedout continua sa carrière, s’attira l’estime de ses chefs et mourut contre-amiral, en 1816.

Louis Le Gardeur de Repentigny, d’une famille qui a longtemps honoré par ses services la colonie française du Canada, s’était d’abord fait remarquer dans la guerre de sept ans. Après l’abandon du pays, il passa en France, devint brigadier-général des armées, fut créé marquis, nommé gouverneur du Sénégal puis gouverneur de Mahé aux Indes, où il mourut en 1771, après avoir maintenu dans ces possessions lointaines le prestige et la gloire du nom français, au milieu des événements les plus défavorables et de difficultés sans nombre.

Au moment où il va être question de la guerre de 1812, nous avons cru devoir rappeler au souvenir du lecteur cette page militaire écrite par des Canadiens-Français dans vingt pays divers.


  1. Durant cette guerre, Craig avait fait amitié avec la famille Hart ; de là en partie cette persistance qu’il mit à protéger Ézéchiel Hart lorsque, en 1808, la question des juifs députés vint devant la chambre.
  2. Pénétrant, c’est possible, mais après coup.
  3. Nous serions fort surpris de voir à présent un gouverneur général présidant une cour de justice.
  4. Marié à Françoise, fille de Claude-René Barolet, notaire, lequel avait épousé, à Québec, le 3 novembre 1716, Françoise, née le 17 octobre 1688, fille de François Dumontier, secrétaire du marquis de Vaudreuil en 1705.