Histoire des églises et chapelles de Lyon/VI

H. Lardanchet (tome Ip. 171--).
La conversion de saint Paul, peinture de Borel (église Saint-Paul).


CHAPITRE VI

SAINT-PAUL — SAINT-LAURENT — LES RECLUSERIES — SAINT-ÉPIPODE — LES GRANDS-AUGUSTINS et NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS — SAINT-VINCENT


SAINT-PAUL


I l nous a paru nécessaire de recueillir dans un chapitre spécial les églises et couvents du quartier Saint-Paul ; aussi après l’histoire et la description de son majestueux édifice paroissial, avons-nous placé une étude sur les Recluseries dont plusieurs avoisinaient cette église, enfin sur la chapelle Saint-Épipode, vulgairement appelée Saint-Épipoy. Nous devrons revenir, au cours des chapitres suivants, sur les Recluseries dépendantes des autres groupements cultuels, et, en retraçant ici les lignes de leur histoire commune, nous nous sommes bornés à retenir, dans leur histoire particulière, ce qui concerne les institutions voisines de Saint-Paul.

Saint-Paul est une des plus anciennes églises lyonnaises subsistantes. On sait que l’enceinte du Lyon gallo-romain occupait à peu près l’emplacement du cinquième arrondissement d’aujourd’hui, le faubourg de Vaise excepté : les voies qui descendaient de Fourvière convergeaient toutes vers la place du Change actuel, et, sans doute, elles se prolongeaient par un pont sur la Saône qui reliait l’oppidum et la colonie romaine au pagus gaulois de la colline Saint-Sébastien, le bas de la Croix-Rousse actuelle. Entre le pont de pierre et l’église Saint-Paul se pressaient des associations actives de riches marchands et d’artisans ; les plus notables plombiers, par exemple, les Tertinii, habitaient à la hauteur de la rue de l’Angile. C’était à l’ancien port Saint-Paul, au point où aboutit la passerelle Saint-Vincent, qu’on débarquait les marchandises ; là aussi se trouvait un bureau de douanes ; la population se composait principalement de bateliers, corporation des plus estimées. Le musée possède de nombreuses épitaphes, rappelant les nautes, — celle, par exemple, de Tauricius Florens, patron des bateliers de la Saône, inscription découverte dans l’ancienne rue de la Boucherie-Saint-Paul.

Il n’est pas niable qu’il y eut, parmi les marchands qui atterrissaient au port Saint-Paul, des négociants d’Asie et de Grèce, qui avaient accompagné les premiers apôtres de la Gaule dans leur voyage, il est donc possible que plusieurs habitants de l’antique quartier aient versé leur sang pour le Christ, avec les Pothin et les Blandine. En tout cas l’histoire a conservé le nom des saints Alexandre et Épipode, martyrs, dont le culte s’est maintenu dans le quartier Saint-Paul et sur lesquels nous reviendrons à propos de la chapelle Saint-Épipoy.

Les textes les plus authentiques attribuent à saint Sacerdos, évêque de Lyon, mort en 552, la fondation de l’église Saint-Paul. Une charte publiée par les Bénédictins dans la Gallia christiana, confirme cette fondation et apprend que le fils de Clovis favorisa, en cette entreprise autant qu’en beaucoup d’autres, le zèle du pieux pontife. L’église telle qu’elle est aujourd’hui déconcerte le premier regard, si on la considère de la place Gerson : flèche et pyramide gothiques, fenêtres ogivales, porte romane, dôme byzantin, appareils en pièces à losange ou en chaîne de briques, ces formes mêlées semblent l’avoir été par un caprice ou par la succession des siècles insoucieux d’harmonie. Mais à l’étudier de près, le monument montre de profondes cohésions de styles variés.

Hugues, archevêque de Lyon, réédifia l’église de 1084 à 1106. Le plan général était dès lors arrêté, mais l’exécution en fut lente selon l’usage : elle se prolongea jusqu’au milieu du xiiie siècle. Par sa coupole et l’union du plein cintre roman et de l’ogive dans les arcs, Saint-Paul n’en prend pas moins rang, au xiie siècle, parmi les heureuses réalisations du romano-ogival primaire. Ce style se distingue déjà, on le sait, du roman pur par une richesse sans cesse croissante d’ornementation ajoutée à ses deux caractères originaux.

Des modifications répétées n’ont pas enlevé à la vénérable collégiale cette marque initiale. En 1440, Pierre Ier de Charpin, chamarier de Saint-Paul, commença un nouveau clocher qu’acheva son neveu Pierre II, également chamarier : ce clocher était carré, percé sur chaque face de deux fenêtres divisées en deux baies par un meneau. La tour était surmontée d’une petite flèche en pierre dite l’aiguille, que l’architecte Flachéron démolit en 1818. parce qu’elle menaçait ruine. La conséquence de cette destruction fut qu’on ne put épargner le support de la flèche, appareil en encorbellement d’un très remarquable travail, et parmi les matériaux duquel il y avait de vieilles dalles tumulaires dont on conserve plusieurs au musée du Palais des Arts.

Aux flancs du clocher, du côté nord, a survécu une tourelle à cône aigu, à étroites meurtrières. En 1875, on éleva la flèche actuelle, de style gothique où l’on employa le bois au lieu de la pierre, par la crainte que le clocher ne pût soutenir une flèche en pierre, précaution peut-être sage mais qui n’atténue pas le regret qu’on éprouve de la double offense faite ainsi aux vieilles parties de l’édifice. Un an plus tard on commit une pareille contradiction en érigeant une porte gothique à la place de l’entrée primitive qui était, à n’en pas douter, romane, comme l’était le corps principal et mieux soignée encore. On n’a conservé qu’une seule des quatre colonnes qui ornaient le porche du xiie siècle et sur lesquelles retombait la voussure : elle est belle de proportions et de lignes ; le fût en choin de Fay est légèrement renflé au milieu, et couronné d’un chapiteau au galbe élégant que décorent des feuilles d’acanthe et des feuilles d’eau.

Le clocher renferme onze cloches. Il n’en avait que cinq au temps de Quincarnon, vers 1680 ; c’étaient, dans l’ordre chronologique de leur baptême du xvie au xviiie siècle : Anne, Marguerite, (Catherine, la plus grosse, Paul, Élisabeth-Éléonore, la plus petite, baptisée en 1626 et, qui n’a pas déserté son poste. Toutes les autres sont modernes. Le 13 avril 1856, M. Beaujolin, vicaire général de Lyon, en bénit une de huit cents kilos, offerte par un ancien vicaire, l’abbé Thévenon, et le cardinal de Bonald en bénit six autres, le 25 janvier 1865.

Saint-Paul. L’abside. État actuel.

Au-dessous de la corniche supérieure et surtout dans la partie nord se profile une série de médaillons, avec rosaces surmontées de têtes grimaçantes qui représentent les signes du zodiaque et les esprits des ténèbres écrasés par l’église triomphante : ces médaillons sont fort variés, ce qui les date de l’extrême période romane. La porte latérale Saint-Laurent, avec son opulente archivolte bordée de zigzags très habilement ordonnancés, est une preuve de romanisme plus précise et meilleure encore. Mais la partie la plus remarquable de l’intérieur est sans conteste la coupole où l’on ne sait qu’admirer le plus de la simplicité majestueuse ou de la fermeté du dessin. Elle comprend deux dômes octogones superposés, qui s’élèvent au point d’intersection de la nef, iU sanctuaire et des bras du transept. Le petit dôme ou lanterneau, surmonté d’une croix, percé de huit petites arcades à jour, est une addition assez louable de 1835. Le grand dôme a deux rangs superposés aussi d’arcatures irrégulières et dissemblables. Trois formes paraissent nettement dans la disposition des colonnettes autour de la coupole ; le plein cintre, l’ai-c surhaussé et l’ogive. Et nous voici par le plein cintre des arcs dégénérant en une véritable ellipse, et accouplés à des ogives lancéolées : par les colonnettes fasciculées masquant les angles de l’octogone ; par la légèreté des archivoltes ; par les crochets des chapiteaux, à une troisième période, ou même si l’on tient le roman-latin pour un style distinct, à une quatrième phase de l’architecture religieuse, à l’aurore de l’art gothique.

À l’intérieur, on voit une nef principale formée de deux travées, deux basses nefs, deux rangs de chapelles latérales, un transept et un chœur. Les travées sont déparées par des arcs doubleaux et les arcs de la dernière vers l’autel sont plus larges. Les piliers sont cantonnés de pilastres cannelés. La nef est éclairée par des baies romanes, les croisillons reçoivent la lumière par deux rosaces, le chœur et les bas-côtés, l’un, par les ouvertures du dôme, les autres par les baies ogivales des chapelles. L’église a une longueur de quarante-cinq mètres dans œuvre, et une largeur moyenne, y compris les chapelles, de vingt-sept mètres cinquante, enfin une hauteur sous voûte de 16 mètres. Une rosace, établie en 1878, éclaire la tribune de la porte principale que surmonte une arcature à triple division.

Indiquons brièvement les restaurations : en 1648, Jérôme de Chalom étant chamarier, le chapitre ordonna de grands travaux, que rappelle une inscription latine de cette même date ; la dépense en fut de 40.000 livres. C’est alors aussi que fut construit le portail d’ordre dorique, à mi-colonnes, à fronton triangulaire, qui ne fut remplacé qu’en 1877. Il n’y avait jusque-là que moitié mal ; le mal tout entier fut accompli en 1780 par l’architecte Decrenice, mais sous la responsabilité du chapitre, du curé Charles Colomb, et du chamarier Dominique Perrichon. Chapelles, pilastres, chapiteaux, tout fut martelé puis épaissi et comme confit de plâtre ; l’église, en son ensemble, perdit sa vraie physionomie et sa vraie stature, à cette enveloppe et à cette construction que l’on osa bien appeler une manière de « reconstruction immobile. »

Les chanoines confièrent des sculptures à Chinard : en 1780, l’artiste, très jeune encore fit les quatre évangélistes, statues en pierre de huit pieds de hauteur, pour les pendentifs du dôme, en 1781, saint Paul et saint Sacerdos, statues en pierre blanche de grande dimension ; toutes ces statues furent détruites par la Révolution. En 1833, Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, écrivait sur Saint-Paul dans un rapport : « Cette église tombe en ruine, il est probable qu’on sera forcé de la démolir. » Il exagérait, mais pas trop : en 1836 on se résolut à une consolidation et à un nettoyage en règle ; les chevrons pourris par les eaux furent renouvelés : c’était bien et urgent ; les nervures de marbre de la chapelle des fonts baptismaux furent dégagées du plâtre : c’était mieux ; le sanctuaire fut orné de médaillons en demi-relief représentant Notre-Seigneur et les douze apôtres, embelli de frises, de rinceaux, de pampres courant sur un fond d’or, c’était au moins discutable. Puis on ne manqua pas d’ajouter à cet embellissement une mise au point maladroite, — pour l’honneur de l’art, disait-on.

On imagina, par exemple, de réduire à un diamètre uniforme les fenêtres de la grande nef. On laissa le sculpteur Prost, habile d’ailleurs, établir un maître-autel renaissance et Legendre-Héral ajouter à la coupole quatre évangélistes peu dignes de son talent. Il y eut toutefois un résultat à ce remaniement. Anthelme Benoît, l’architecte responsable de ces œuvres, découvrit, sous le pavé du sanctuaire, des restes de mosaïque qui ne sont pas pour confirmer l’opinion que Saint-Paul est bâti sur les ruines d’un temple de Diane.

Frédéric Benoît, de 1875 à 1877, remit à neuf le clocher et la façade ; il sera permis de réitérer ici nos réserves sur sa flèche en bois de chêne revêtue d’ardoises d’Angers ; ajoutons qu’au demeurant l’architecte eut à compter avec la parcimonie de la subvention municipale d’où il tirait ses ressources : on ne restitue pas ni on n’imite du xiie siècle moyennant six mille francs. Le portail principal de 1877, avec sa galerie à jour et sa
saint-paul au début du xixe siècle
D’après une lithographie de Chapuy
rosace, est de bon style ; le tympan de pierre représente la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas. Les armes de Pie IX sont sculptées dans le fronton ; au flanc septentrional se voient celles de l’ancien chapitre et celles de Gerson : au-dessus de la rosace, celles de Léon XIII et du cardinal Caverot.
Saint-Paul. Le clocher.

En 1897 enfin. M. le curé Boiron prit à cœur de rendre visible toute la beauté de sa chère église, en l’aérant, en la démaillotant de ses amas de plâtras et en restituant aux membres leur liberté, sans rien profaner du corps : réparation de la toiture, rejointage des murs, consolidation des corniches et des supports du lanterneau, reprise pièce à pièce de l’appareil alterné de pierre et de brique sur la façade, piquage du plâtre accumulé de Decrenice, telle fut la besogne modeste et intelligente où il s’appliqua. Aujourd’hui Saint-Paul est rendu à son art primitif pour la plus grande joie des archéologues et la commodité des fidèles. Saint-Paul compte trois nefs et des chapelles latérales. Le chœur est vaste ; le maître-autel, œuvre du sculpteur Prost, est bien dégagé. Il est de marbre blanc et décoré d’un bas-relief : le Bon Pasteur entouré de saint Étienne et de saint Paul. Derrière le maître-autel se trouvait autrefois un petit autel dédié à saint Sacerdos. Aux quatre angles du chœur, statues de saint Étienne, saint Laurent, saint Alexandre et saint Épipode, vulgairement appelé saint Épipoy. Au-dessus de l’autel s’élève une vaste coupole octogonale, décorée, en 1900, par les soins d’un artiste lyonnais, M. Blain ; il y a peint notamment les blasons du cardinal de Gondi, des Villars, de l’évêque Particelli et enfin du cardinal Girard. Huit vitraux déversent sur le chœur une lumière abondante, ils sont l’œuvre de notre collaborateur M. L. Bégule, et représentent des anges, sauf une verrière dans laquelle on voit saint Sacerdos, évêque de Lyon, offrant à Notre-Seigneur l’église Saint-Paul.

Derrière l’autel s’ouvre une ample abside, décorée de superbes fresques par M. P. Borel. Dès l’entrée, il a peint les blasons de Léon XIII, de Robertet, évêque de Damas et suffragant de Lyon, de la province de Forez, du chapitre de Saint-Paul, de Pierre d’Albon, archevêque de Lyon, enfin du cardinal Coullié ; à la voûte les armes de Gerson et celles de la ville de Lyon. Trois immenses fresques décorent les parois de l’abside, elles font le plus grand honneur à l’éminent artiste dont elles sont l’œuvre ; elles rappellent la vie de saint Paul en trois scènes : sa conversion, sa prédication, son martyre. Entre chaque tableau on a représenté les saintes Thècle et Lydie, filles spirituelles du grand apôtre.

Tympan du portail latéral (Saint-Paul).

Dans l’église s’ouvraient autrefois dix-neuf chapelles ; présentement on n’en compte plus que seize, dont trois ne servent plus au culte. Nous allons les parcourir rapidement. Tout auprès de l’abside, du côté de l’épître, se trouve la chapelle de la Sainte-Vierge, jadis dédiée à la Conception de Notre-Dame et des Sept Dons du Saint-Esprit, fondée par le prêtre Aymon. L’autel, de marbre blanc, est surmonté d’une statue de la Vierge, en bois, peinte couleur plâtre, œuvre remarquable du xviiie siècle. À la voûte on a peint les symboles des litanies de Lorette, tandis qu’un vitrail de l’Assomption, œuvre de M. Bégule, éclaire la chapelle. Devant l’autel se trouvent deux pierres tumulaires, celle de Jérôme Lantillon, conseiller du roi, et celle de Jacques Thiault, conseiller extraordinaire du roi.

La chapelle Saint-Louis de Gonzague, dite autrefois de Saint-Jean l’Évangéliste, suit immédiatement dans le transept. Fondée par la famille de Bellièvre, elle passa plus tard à celle de Pontsainpierre. Derrière l’autel, on voit encore la pierre tombale de cette dernière famille avec son inscription. L’autel, de marbre blanc, porte les lettres S.A. entrelacées, il est surmonté de la statue du saint et éclairé par un vitrail représentant saint Épipode. Dans le fond du transept se trouvait la chapelle de la Trinité où l’on enterrait les chanoines de la collégiale. Aujourd’hui elle a été transformée en remise. Elle communique avec la chapelle Sainte-Marguerite.

Celle-ci faisait partie du cloître et non de l’église proprement dite. Fondée par « Jean de Pressie ou de Precieu, décédé le 23 juillet 1415, elle fut dévastée par les protestants et reconstruite par Benoît Buatier, chamarier de Saint-Paul, vicaire général de Lyon, dont l’inscription funéraire est gravée sur une pierre engagée dans le mur ». En voici la traduction : « Au repos éternel de Benoît Buatier qui exerça saintement l’administration de cette église et la juridiction des causes spirituelles dans l’Église de Lyon pendant quarante ans et répondant aux désirs de tous, restaura cet édifice détruit par le malheur des guerres civiles, Jérôme de Châtillon, président à Lyon et à la cour suprême des Dombes, son neveu chéri, érigea ce monument par reconnaissance et dans l’espoir de la résurrection. Il mourut le 17 décembre 1575, âgé de soixante-dix-huit ans. » L’autel se trouvait autrefois au nord, on l’a transporté depuis sur la paroi du midi, et ouvert une communication avec la chapelle du Crucifix.

Intérieur de l’église Saint-Paul.

Celle-ci a perdu toute son originalité puisqu’elle n’est plus aujourd’hui que le vestibule de la chapelle Sainte-Marguerite ; elle fut fondée en 1493 par Jean du Peyrat, échevin de Lyon, et Claudine Garnier sa femme, qui y furent inhumés. On admire sa belle voûte dont les arcs retombent en clefs pendantes, et sont un remarquable spécimen de l’art gothique flamboyant. La chapelle a conservé encore une inscription gothique, dont voici les parties intéressantes : « … Noble Jean du Peyrat, marchand, citoien de Lyon, et Claudine Garnière, sa femme, à l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie, ont fait édifier cette chapelle l’an 1495, en laquelle, tant pour le remède de leurs âmes que des âmes de tous leurs parents et amis, vifs et trépassez, presens et avenir, ont fondé une messe eucharistiale de notes, un Salve Regina, l’oraison Concede, de Profundis et Absolve à haute voix sur la tombe desdits fondateurs, chaque samedi perpétuellement après dix heures. Lesquelles messe et oraisons diront lesdicts prestres, septeniers, manécantants et clergeons de cette église de Saint-Paul et non autres. Item, le 13 janvier et le 2 novembre, jours des trépassez, diront une messe des trépassez à notes. Salve Regina, De Profundis et Oraisons ainsi que dessus est escript. »

En passant à la chapelle suivante, jetons un coup d’œil sur une porte latérale de sortie. Son arc en anse de panier caractérise sa date : fin du xve ou début du xvie siècle. La chapelle Saint-Vincent de Paul était autrefois dédiée à l’Annonciation ; on en doit la fondation à Guillaume de Regnauld, dont on voit encore la pierre tombale ainsi conçue : « Ci-gist noble homme Guillaume Regnauld, bourgeois de Lyon, et dame Françoise Faure, sa femme, lesquels sont décédez, scavoir : le dict Regnault le 10 avril 1371, et la dicte Faure le 5 mai 1574. » L’inscription est accompagnée de deux blasons. L’autel est décoré d’un bas-relief : Jésus bénissant les enfants, et d’un beau retable de style gothique ; au-dessus, statue de saint Vincent de Paul, et par côté, vitrail de J. Magnin de Lyon : saint Vincent de Paul encourageant les dames de Charité. En face de l’autel, un tableau représente le même saint Vincent apparaissant à ses premières religieuses.

Frise de la façade de Saint-Paul.

À la suite s’ouvre la chapelle Saint-Joseph, qui porta aussi le nom de la Visitation, de Sainte-Élisabeth et de la Cadière, sans doute à cause de la célèbre Sibylle Cadier, dont la famille l’aurait fondée. L’autel est orné d’un bas-relief : la mort de saint Joseph, et d’un bon retable gothique ; il est surmonté d’une statue du saint. Un vitrail moderne, signé Champigneulle de Bar-le-Duc, représente saint Joseph entre saint Pierre et saint Paul ; au bas du vitrail : « Petrus Charpin, camerarius Sancti Pauli, 1418 » pour rappeler sans doute que ce vitrail a été donné par un Charpin, descendant de Pierre, et dont le blason se voit au sommet du vitrail. Contre la muraille, vis-à-vis de l’autel, une intéressante inscription relative aux Charpin : « À la mémoire de Pierre Charpin, docteur en décrets, chanoine et secrétaire de Sa Sainteté le pape Jean XXIII, chanoine et chamarier de Saint-Paul, première dignité de cette collégiale, en 1418, officiai et vicaire général de monseigneur Amé de Talaru, archevêque de Lyon, chanoine de Saint-Just, chevalier de l’Église de Lyon et doyen de l’Église de Vienne ; il fit construire la tour de cette église. Pierre Charpin, son neveu, qui fut après lui chamarier de Saint-Paul, en 1448, officiai de Lyon, chanoine de Saint-Just, chevalier de Lyon et doyen de l’Église de Vienne ; il fit élever à ses frais l’aiguille de la tour de cette église. Barthélémy Charpin, neveu de Pierre II : il fut chanoine de Saint-Paul et de l’Église de Reims sous monseigneur Pierre de Laval, archevêque de Reims, premier pair de France, qui sacra et couronna le roi Charles VIII, le 30 mai 1484 ».

La chapelle Saint-François-Xavier s’appelait autrefois Notre-Dame-de-Grâces, Saint-Paul, la Paix. Elle fut fondée par Jean Machard, originaire de Bourg-en-Bresse et sacristain-curé de Saint-Paul. « Elle présente à l’extérieur, sur la voussure de l’arc ogival, une série de huit médaillons elliptiques, où l’on voit six anges musiciens jouant chacun d’un instrument : trompette, guitare, violon, harpe, orgue à main et cornemuse. Il s’y trouve encore quatre anges, dont deux au-dessus des retombées de l’arc et deux aux extrémités, tenant un écusson aux armes d’un chanoine. Cette série de médaillons sur la voussure d’un arc ogival est chose fort rare. » À l’intérieur, l’autel de marbre rouge et blanc est surmonté d’une statue du saint ; en face, une peinture représente saint François d’Assise.

La chapelle Saint-Maurice, aujourd’hui inutilisée, fut fondée par la famille de Sarracin, originaire de Cassia en Ombrie ; elle passa, au xvie siècle, à la famille de Fenoyl. Au fond de la petite nef de droite, se trouvait la chapelle des Rois mages, aujourd’hui non utilisée, appelée précédemment de Notre-Dame. Elle fut fondée par noble Robinet et François du Pré, père et fils, qui y furent ensevelis. Les Mascrani en devinrent ensuite propriétaires et lui donnèrent leur nom. En 1657, le Consulat fit élargir la rue située devant l’église Saint-Paul, ce qui diminua la chapelle. On voit pourtant encore les bases des colonnes.

Reprenons la description de l’église du côté de l’évangile, en commençant par le transept près du chœur. La première chapelle qui se présente aux regards est celle du Sacré-Cœur, connue autrefois sous les noms de Saint-Jacques et de la Trinité ; elle appartenait aux Baronnat, seigneurs de Fonterainne. L’autel, de marbre blanc, est surmonté d’une statue du Sacré-Cœur de Fabisch. À la voûte, des peintures avec symboles chrétiens ; au devant un vitrail, œuvre de L. Bégule, représentant le Sacré-Cœur entre saint Louis et la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, avec, à leurs pieds, la basilique de Montmartre. À la suite se trouve la chapelle Saint-Laurent, autrefois Sainte-Madeleine, dont on ignore le fondateur. L’autel, de marbre blanc, est surmonté de la statue du saint et éclairé par un vitrail : saint Alexandre, également œuvre de L. Bégule. Vis-à-vis, un autre vitrail du même artiste, représente saint Pothin et saint Irénée, donne la scène de leur martyre, et enfin les armoiries du cardinal Coullié et de la ville de Lyon.

La chapelle de la Croix qui suit, appelée autrefois Sainte-Anne et des Trois-Maries, fut édifiée, vers 1710, par Guillaume Borne, sacristain de Saint-Paul, et passa, au xviiie siècle, à la famille de La Balme. « On y a percé récemment une fenêtre géminée, style du xiiie siècle. Le retable ogival encadre un tableau à l’encaustique, sur toile, signé Martin-Daussigny, Lyon 1839, et représentant le Christ en croix. Au bas, on lit : « Donné à la chapelle du Christ, dans l’église de Saint-Paul à Lyon, par les habitants de la ville. » Le vitrail qui éclaire la chapelle représente quatre scènes : la Crèche, la Fuite en Égypte, l’Agonie de Notre-Seigneur et la Flagellation.

La chapelle Saint-François de Sales s’appelait autrefois Sainte-Agathe ; elle ne présente rien de remarquable, sinon un tableau : saint François de Sales entouré d’anges, et un bon vitrail signé J. Magnin, Lyon, 1875, représentant ce prélat entre sainte Chantal et la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque. Dans le quadrilobe supérieur, saint Jean repose sur le Cœur du Sauveur.

La chapelle Notre-Dame de Compassion, autrefois Saint-Michel, fut fondée, en 1608, par Michel Particelli qui devint trésorier de France. À l’autel est sculpté un bas-relief : la Compassion de la Vierge. Un tableau de haute valeur est suspendu à la muraille : une Descente de Croix, attribuée à François Stella, le père. Le vitrail représente saint Louis, roi de France, portant la couronne d’épines, et entouré de saint Jean-Baptiste et peut-être de saint Antoine.

Les fonts baptismaux actuels occupent la place de la chapelle Saint-Jean l’Évangéliste et Sainte-Madeleine, qui, en 1620, fut dénommée Notre-Dame-de-Pitié. Elle avait été construite à la fin du xve siècle par Jean Palmier, et passa plus tard aux Charrier de la Roche, originaires d’Issoire et fixés à Lyon à la fin du xvie siècle. Signalons enfin que, sur la tribune, se trouvait autrefois un autel dédié à la Croix et à saint Mathieu. Près de la porte d’entrée on a placé une statue de saint Paul signée Perrot, 1827.

La description des chapelles n’a pas permis de mentionner deux statues qui se trouvent dans les transepts entre deux chapelles : saint Paul et saint Sacerdos, toutes deux signées Bonnaire, 1861, don de Benoît Greppo et de Marguerite Greppo. Les deux bras du transept sont éclairés par deux rosaces, œuvres de L. Bégule, représentant saint Jean penché sur le cœur du Maître, et la Vierge offrant le rosaire. Nous n’aurons garde d’oublier dans cette énumération les tableaux qui se trouvent dans les transepts et dont plusieurs offrent un véritable intérêt ; dans celui de droite le Couronnement de la Vierge, et la Mère de Dieu entourée de sainte Agnès et de sainte Claire, tableau donné par le cardinal de Bonald ; dans le transept de gauche, la Crèche, et une sainte Thérèse achetée tout récemment aux Carmes de Lyon. Tout à côté on admire une belle porte en bois sculpté, époque Henri IV.

Dans la petite nef de gauche se trouve un édicule renfermant le cœur de M. Cattet, ancien curé de cette paroisse, avec une inscription dont nous extrayons ces lignes : « Ici repose Jean-François-Régis Cattet, né à Neuville-sur-Saône, 10 mai 1785, mort à Lyon, 31 mars 1865, vicaire général du diocèse, vicaire ou curé de Saint-Paul pendant 12 ans, professeur à la faculté de théologie, chevalier de l’ordre des Saints Maurice et Lazare, bienfaiteur et restaurateur de cette église, fondateur ou directeur des œuvres religieuses et charitables, des Hospitaliers-Veilleurs, de Saint-François-Régis, des Savoyards, des ouvriers maçons, des veilleuses, du travail de Marie, des crèches, des salles d’asile… »

Devant le chœur, une belle table de communion de marbre blanc est ornée de dessins formés de croix à jour. Enfin, à l’entrée de l’église, on a placé deux remarquables bénitiers de marbre noir décorés de dessins archaïques. La sacristie, récemment restaurée, possède quelques œuvres d’art qu’il importe de citer : le portrait de Mgr Devienne, évêque de Sarept et auxiliaire de Lyon, signé Vestier, 1776 ; un Ecce Homo, copie d’après un original espagnol, enfin le Mariage de sainte Catherine.


SAINT-LAURENT

Tout à côté de l’église Saint-Paul, parallèlement à son axe et à une distance de quelques mètres seulement au nord, se trouvait l’église Saint-Laurent, construite au milieu du xiiie siècle. Quoiqu’elle ait laissé peu de traces dans l’histoire, on a réuni ici les renseignements historiques que fournissent sur elle les rares documents.

En 1251, Guillaume Chamarier, et le chapitre de Saint-Paul, accordèrent des compensations aux aumôniers qui avaient avancé une somme de cent livres pour réparer l’église Saint-Laurent. Elle fut reconstruite en 1635 ; en 1793, transformée en magasin à fourrage, elle fut détruite par un incendie.

Saint-Paul et Saint-Laurent au xviiie siècle. Restitution de M. Catelan.

Un souvenir impérissable de l’église Saint-Laurent est le tombeau de Gerson. On sait que ce grand génie naquit le 14 décembre 1363 à Gerson, près de Barby, à l’ouest de Rethel (Ardennes) ; il fit ses études au collège de Navarre, et fut élu, en 1395, chancelier de l’Université de Paris. En cette qualité il assista au concile de Pise en 1409, puis au concile œcuménique de Constance en 1414. Après avoir parcouru le Tyrol, il vint à Lyon vers 1423, auprès de son frère Jean, prieur des Célestins. Là il vécut pauvre, conservant sans doute son titre de chancelier, mais n’en voulant pas toucher les revenus. Il se contentait d’une petite somme que lui donnait la municipalité de l’époque ; de leur côté les chanoines de la primatiale lui accordèrent la jouissance du domaine de Quincieux en Beaujolais, qu’on avait précédemment donné à saint Thomas de Cantorbéry fuyant la persécution du roi d’Angleterre. En outre, le chapitre lui fournit un logement pour lui et ceux qui l’accompagnaient, et fonda, le 21 octobre 1428, en faveur du chancelier, un anniversaire fixé au 14 décembre de chaque année.

Gerson a composé un grand nombre d’ouvrages et en particulier, à Lyon, plusieurs traités sur le célibat des prêtres, la théologie mystique, la perfection du cœur, le Magnificat, l’astrologie et les superstitions du temps. Dans les dernières années de sa vie, il occupait ses loisirs à enseigner le catéchisme aux petits enfants. Ceux-ci étant un jour montés dans sa chambre, le trouvèrent agonisant ; il mourut le 12 juillet 1429, et on l’ensevelit près de la chaire de l’église Saint-Laurent.

Au xviie siècle eut lieu l’ouverture de son tombeau et un témoin oculaire, le chanoine Étienne Verney écrivit à cette occasion une relation des plus intéressantes. Lorsqu’on ouvrit le sépulcre, il s’en dégagea une odeur suave : on trouva le corps du chancelier étendu sans aucun appareil qui le distinguât : il portait seulement sur la poitrine un calice d’étain. Les foules accoururent et il se produisit plusieurs miracles, mais au bout de quelques années, l’oubli se fit. En 1812, lorsqu’on nivela la place Saint-Laurent, on trouva l’emplacement et les restes d’une voûte, sans doute le tombeau du vénérable chancelier. Aujourd’hui l’oubli est complet, et rien ne rappelle cette gloire lyonnaise, sinon une statue élevée à Gerson, le 2 mars 1880, vis-à-vis de l’église Saint-Paul.

LES RECLUSERIES

Les Recluseries sont un problème d’histoire qu’il n’est pas difficile de résoudre, à Lyon du moins. On a voulu qu’elles fussent des logis occupés par des sentinelles pieuses autour des murailles fortifiées, ou des oratoires très distincts des églises, ou encore des additions nécessaires aux églises mêmes. Le roman s’est donné libre cours à leur sujet ; mais il est parfaitement prouvé que la plupart des murailles fortifiées et que beaucoup d’églises étaient sans Recluserie. C’est donc la troisième opinion alléguée qui est la plus voisine de la vérité.

Les Recluseries lyonnaises ont été multipliées à plaisir par les historiens Bullioud, Golonia, l’auteur de l’Almanach historique de 1753, Meynis, Montfalcon et l’abbé Pavy. Le premier de ces écrivains en compte quatorze, le second douze, le troisième treize, le quatrième onze ou douze au choix, le cinquième, dix-sept, le sixième, dix-huit.

Toutes les listes données par ces écrivains sont grossies d’erreurs matérielles et de confusion avec d’autres édifices religieux. Il l’este en réalité onze Recluseries authentiques, savoir : Saint-Épipode, vulgairement Saint-Épipoy, en dehors de la porte de Bourgneuf et près de la porte Pierre-Scize, adossée aux rochers ; Sainte-Marguerite, sur les murs de la ville, entre Pierre-Scize et Saint-Just ; Saint-Barthélémy dans la montée Saint-Barthélémy, à l’angle formé par le couvent des Capucins ; Sainte-Marie-Magdeleine dans la montée du Gourguillon, au-dessus de la croix de Colle, d’où le nom de recluserie de Colle qui lui est quelquefois appliqué ; Saint-Martin-des-Vignes, en dehors et près de la porte Saint-Georges, au delà de la Quarantaine ; Saint-Clair-sous-Sainte-Foy, sur le bord du Rhône au delà de Saint-Martin-des-Vignes, Saint-Vincent sur le bord de la Saône, en dehors et près de la porte Saint-Vincent ; Saint-Marcel, en dehors et près de la porte de ce nom au quartier des Terreaux ; Saint-Sébastien sur la colline de ce nom ; Saint-Irénée ou Saint-Clair du Griffon, d’abord Sainte-Blandine, puis Saint-Irénée, près du Rhône, au bout du pont Saint-Clair, enfin Sainte-Hélène près du Rhône, à l’entrée de la rue de ce nom, dans le quartier d’Ainay.

Recluserie Saint-Barthélémy en 1550.

La principale époque des Recluseries fut les xie, xiie et xiiie siècle, pendant lesquels des femmes y faisaient la majorité, selon qu’en témoignent les actes et les obituaires. Citons : Emma, morte le 24 janvier 1106, après six années environ de réclusion ; Sina, recluse de Saint-Vincent, qui légua sept livres pour son anniversaire, une aube et un manteau au réfectoire de Saint-Paul ; Raimua, recluse de Saint-Epipoy, qui laissa seize livres et dix sous pour son anniversaire ; la recluse Blesmuers ; la recluse Constantine, qui mena dix ans la vie anachorétique ; la recluse Leluisa, qualifiée de remarquable servante de Dieu. D’autres actes du mentionnent encore des recluses à Saint-Irénée, à Saint-Clair du Griffon, à Saint-Barthélemy.

Au xive siècle, elles furent presque toutes remplacées par des reclus et c’est une erreur de croire qu’avant comme après cette date, les recluseries furent divisées en recluseries d’hommes et recluseries de femmes : la même recluserie était occupée successivement par un pénitent ou une pénitente. Elles étaient la propriété particulière d’une église ou d’un monastère voisin qui en disposait à son gré ; celles de Saint-Épipoy, de Saint-Barthélémy et de Saint-Vincent dépendaient de la collégiale Saint-Paul, celle de Saint-Marcel appartenait aux chanoines de Saint-Ruf de la Platière, celles de Saint-Irénée et Saint-Clair du Griffon à l’abbaye Saint-Pierre, celles de Saint-Sébastien et de Sainte-Hélène à l’abbaye d’Ainay, celle de Sainte-Marie-Madeleine à l’église Saint-Georges, celles de Sainte-Marguerite, de Saint-Martin-des-Vignes et de Saint-Clair-sous-SainteFoy dépendaient des chanoines de Saint-Just ou de Saint-Irénée ; au spirituel et au temporel le propriétaire intervenait toujours.

La nomination du reclus se faisait par lettres, avec des conditions expressément stipulées ; l’installation se conformait au cérémonial, soit transcrit dans un rituel, soit traditionnel. Saint-Paul avait choisi le dimanche pour cette cérémonie, dont voici les phases. Le postulant devait se trouver au commencement de l’aspersion à droite du chœur, un peu au-dessous du chamarier vêtu de sa chlamyde ou de son manteau, capuce en tête, accompagné d’un autre reclus. Pendant l’aspersion, il se tenait debout, dans une humble posture, après quoi il se joignait, avec son compagnon, à la procession et entrait au chœur. Là, le sous-maître du chœur le conduisait devant le grand autel où il restait agenouillé sur le marchepied, tandis que son confrère, en quelque sorte son parrain, restait à droite jusqu’à la fin de l’oraison : Exaudi. À ce moment l’officiant, le diacre et le céroféraire se retiraient dans le chapitre pour changer d’ornements, laissant le postulant seul avec le sous-diacre revêtu. On apprêtait le branle des cloches, deux prêtres commençaient à chanter les litanies au milieu du chœur et après l’invocation à la Sainte-Vierge, toute la procession partait en chantant les litanies, précédée du sous-diacre qui portait la croix haute et que suivaient les deux reclus ; la grosse cloche tintait alors son carillon de fête autant qu’il était nécessaire et aux dépens du reclus intronisé. Les litanies s’achevaient quand la procession était parvenue devant la recluserie. L’obéancier, c’est-à-dire le chanoine qui avait la recluserie dans sa pari de revenus, prêchait, enseignait au reclus ses devoirs. En outre, il l’instruisait publiquement de la vie de saint Eucher, fameux ermite devenu évêque de Lyon et de la forme, règle et façon de vie qui devenaient siennes dès lors.

Ce rituel ne variait guère de paroisse à paroisse ou de monastère à monastère. Il est à noter que nul texte de ces installations ne relate le fameux mûrement de la porte de la cellule : on ne connaît qu’un exemple de ce genre de séquestration en 1519, et c’est d’une fille repentie, non d’une recluse proprement dite qu’il s’agit.

Une fois mis à l’abri du siècle, les reclus avaient encore à pourvoir cependant à partie au moins de leur subsistance et de leur entretien. Presque tous étaient pauvres et tous faisaient vœu de stricte pauvreté : ceux qui avaient des biens les abandonnaient quels qu’ils fussent, présents ou à venir ; ils jouissaient, il est vrai, du produit d’un modeste fonds, vigne, jardin ou verger, affecté à leur agrément et à leur entretien et encore le plus souvent d’une menue dotation attachée à leur oratoire, mais tout cela était bien insuffisant : Sainte-Marie-Madeleine, par exemple, avait trois livres de rentes et trois, lampes d’huile ; Saint-Barthélemy, 25 livres et trois ânées de froment ; Saint-Marcel, une ânée de froment, Saint-Sébastien 15 livres et 10 bichets de froment. Le plus clair de leurs revenus était en aumônes annuelles, en oblations, en rémunérations d’actes pieux, en legs collectifs ou particuliers ou dans le gain qu’ils tiraient d’une petite industrie. Observons toutefois que ce gain n’apparaît dans les documents qu’aux xve et xvie siècles, à l’âge de la décadence de l’institution : en 1457 notamment, le reclus Denis était relieur ; plus tard, les reclus de Saint-Marcel et de Saint-Épipoy traçaient des dessins de broderie. La comptabilité municipale du xve siècle atteste encore une aumône annuelle de la ville, de trois gros sous, payables la veille de Noël ; joignez à cela des secours en argent et en nature accordés régulièrement par l’archevêque. Enfin, si le reclus était prêtre, son pécule s’accroissait des intérêts laissés pour les fondations perpétuelles, anniversaires et autres.

Il reste à prouver ce que nous avons avancé plus haut : c’est que nos recluseries naquirent d’églises ou plus nettement survécurent à de vieilles églises et n’eurent pas d’autre origine. Un ancien rituel des processions des rogations, fragment du barbet ou cérémonial de Saint-Just, indique qu’au ixe siècle au moins, l’église Sainte-Blandine, appelée depuis Saint-Irénée de la rive du Rhône et Saint-Clair du Griffon, était une des stations où s’arrêtait la châsse des reliques promenée solennellement dans la ville ; on sait d’une source lui peu postérieure que Saint-Vincent était une autre station et que les prêtres de ces deux églises devaient porter la châsse ; si donc, il fut un temps où plusieurs prêtres desservaient Saint-Vincent et Saint-Irénée, ces églises ne furent pas d’abord de simples recluseries.

D’autre part Saint-Sébastien était un très ancien prieuré dépendant de l’abbaye d’Ainay, qui en reçut confirmation du pape Eugène III, le 26 février 1153, et fut supprimé en 1251 par l’évêque d’Albano, légat d’Alexandre IV, qui en unit toutes les dotations à la mense abbatiale. Saint-Épipoy faisait partie, en 984, du patrimoine de l’église métropolitaine de Lyon : les chanoines de la cathédrale et les desservants de Saint-Étienne et de Sainte-Croix s’y rendaient processionnellement, la veille de la fête patronale et chantaient le Miserere dans le cimetière ; en 1189, les chanoines de Saint-Jean cédèrent à ceux de Saint-Paul, du consentement de l’archevêque Jean de Bellesme, l’église Saint-Épipoy n’en réservant que la directe et une rente de dix sous et une livre de cire, mais à la condition d’y assurer le service divin et de fournir le vin aux clercs de la cathédrale lorsqu’ils y viendraient en procession.

Au temps de saint Remy, archevêque de Lyon, vers 860, il existait, auprès du cloître de l’église Saint-Paul, alors abbatiale, une chapelle dédiée à saint Genis, qui disparut quand Saint-Paul devint paroisse, mais non sans laisser son nom à une obéance, comprenant la recluserie Saint-Barthélémy et des revenus assignés sur les immeubles voisins, ce qui signifie qu’en éteignant le titre de paroisse Saint-Genis, on avait changé le vocable de l’église, comme on faisait si souvent, en substituant celui de Saint-Barthélemy à celui de Saint-Genis. C’est pourquoi jusque dans la seconde moitié du xvie siècle, cette recluserie est fréquemment appelée, dans les titres particuliers à l’église Saint-Paul, la recluserie Saint-Barthélémy et Saint-Genis. Il ne serait pas plus difficile de montrer que la chapelle et recluserie Sainte-Marie-Madeleine perpétuait l’église monacale de Saint-Georges, sinon la paroisse même de Sainte-Eulalie que répara Leidrade.

SAINT-ÉPIPODE

Il vient d’être question à plusieurs reprises de la Recluserie Saint-Épipoy ; voici l’origine de cette appellation et l’histoire de sa chapelle.

Parmi les confesseurs de la foi des premiers siècles lyonnais, deux se rattachent plus intimement à la paroisse Saint-Paul, saint Épipode ou Épipoy et saint Alexandre, martyrisés en 178. Une étroite amitié les liait ainsi qu’une commune origine grecque. Durant la persécution de 177, ils se réfugièrent chez une pauvre veuve, du nom de Lucie, à

Saint-Épipode en 1550.

peu de distance de la porte de Pierre-Scize. Après un an, ils furent découverts et conduits au supplice : Épipode était vraisemblablement citoyen romain, car on lui trancha la tête ; Alexandre mourut sur la croix. Dans un premier mouvement, son ami avait tenté de fuir ; courant le long d’un réservoir qui retenait, auprès de la demeure de Lucie, les eaux d’une source, il y laissa choir sa sandale. Dès lors, la piété des fidèles attribua à ce réservoir des vertus curatives miraculeuses. Un oratoire fut élevé sur le lieu qu’avait occupé la maison de Lucie, et saint Eucher y mit un religieux pour le desservir. La chapelle Saint-Épipoy dépendit d’abord des chanoines de Saint-Jean ; elle passa, en 1489, à l’administration du chapitre de Saint-Paul qui y entretint un gardien. Le clergé de la cathédrale se rendait en procession à l’église Saint-Paul la veille de Saint-Épipode, nom que le peuple prononçait plus volontiers Épipoy ; il allait à l’église Saint-Irénée, les jours de Saint-Irénée et de Saint-Épipode. Le chapitre de Saint-Paul se rendait, lui aussi, processionnellement vers la recluserie, la veille de Saint-Épipode : le reclus devait donner au céroféraire un cierge d’un quarteron. De la chapelle Saint-Épipode, il ne reste hélas ! plus que le souvenir ; il est heureux du moins que les anciens plans de Lyon nous aient conservé et l’indication de son emplacement exact et une silhouette sommaire qui permet de restituer la forme de cet édifice.

GRANDS-AUGUSTINS ET NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS-SAINT-VINCENT

Une rue de la rive gauche de la Saône conserve, à Lyon, le nom des Grands-Augustins ; on voit encore, enchâssés dans une masse de maisons modernes, le cloître et l’église de ces religieux. Quand les Augustins s’y établirent, Lyon n’avait point encore porté ses remparts jusqu’au sommet de la colline Saint-Sébastien. La cité proprement dite s’arrêtait au bord d’un canal qui liait le Rhône et la Saône, ce canal partait du point où se trouve à présent le pont Morand, traversait l’emplacement du théâtre, de l’Hôtel de Ville, de la place des Terreaux, et se terminait au port de la Feuillée. Ses deux extrémités étaient voisines, l’une de la porte dite du Rhône, l’autre de la porte de Chenevière, ou de la Seyne, en face de laquelle s’étendait le faubourg du même nom. Les champs, qui longeaient la Saône et le canal, étaient plantés de chanvre, d’où le nom de Chenevrière — par corruption Chenevière — qui désignait tout le territoire. Des vignes couvraient la colline Saint-Sébastien. Au-bas de ces vignes et non loin du faubourg de Chenevière, s’élevait un oratoire dédié à saint Michel. Tel est le lieu que choisirent les fondateurs des Augustins de Lyon.

Les Grands-Augustins en 1550.

Quelques historiens les font arriver d’abord à Villeurbanne, d’où ils seraient venus se fixer à la Guillotière. Les Augustins firent, à la vérité, quelques acquisitions en terres et en prés sur ces deux communes, mais seulement au commencement du xve siècle, longtemps après qu’ils se furent établis dans notre ville. Certains écrivains lyonnais ont fixé à l’an mil, sous le pontificat de Burchard, l’origine du monastère des Augustins de Lyon. Cela ne se peut, par la simple raison que l’ordre des Augustins n’était pas encore constitué à cette époque. Sans doute, la légende en fait remonter l’origine à saint Augustin, mais celui-ci ne traça pas de règles monastiques. Il est certain qu’on vit en Europe, dès le haut moyen âge, quantité d’ermites qui se flattaient de suivre la règle de saint Augustin, qu’ils appelaient la règle d’or, en se reportant à un texte apocryphe plus ou moins puisé aux conseils donnés par l’évêque d’Hippone à quelques religieuses de cette ville, ou s’en remettant tout simplement à leur pieuse imagination. Mais encore menaient-ils entre eux, ne fût-ce qu’à certains temps de l’année ecclésiastique, une vie sinon cénobitique tout au moins monastique par l’uniformité ? Il est prouvé que non.

Coupe de Saint-Vincent, d’après une ancienne gravure.

Ils vécurent isolés jusqu’au xiiie siècle, où ils commencèrent à former des congrégations assez considérables : les plus connues étaient celle des Jean-Bonites, instituée par Jean le Bon de Mantoue en 1168, et celle des Brittiniens, fondée à Brittini dans la Marche d’Ancône. La plupart n’avaient rien de commun, ni pour le régime, ni pour les coutumes, ni pour l’habit : le peuple les confondait souvent avec les frères Mineurs. Enfin, en 1236, pour trancher les contestations relatives à leur existence irrégulière et confuse, le pape Alexandre IV rassembla les congrégations en une seule, sous le nom d’Ermites de Saint-Augustin, et leur donna pour général le Milanais Lanfraric Septala. Le même pape leur imposa pour costume une robe et un scapulaire blancs, avec des manches larges, semblables à celles des moines. Dans le chœur ou lorsqu’ils voyageaient, ils mettaient une sorte de coule noire et pardessus un grand capuce, qui se terminait en rond par devant, et en pointe par derrière jusqu’à la ceinture qui était de cuir noir et très large. De plus, il leur était ordonné de porter de longs bâtons dans leurs pèlerinages, et « que leurs habits ne fussent pas si longs qu’on ne pût voir leurs souliers ». Les constitutions de l’ordre furent dressées en 1287, dans un chapitre général tenu à Florence. Elles furent plusieurs fois modifiées dans les siècles suivants. La première réforme importante, au xive siècle, produisit des congrégations différentes ; au xvie siècle et au commencement du xviie, ce furent de nouvelles réformes dont l’une se répandit promptement en France, sous le nom de Petits-Augustins, dit Petits-Pères, en quelques villes et notamment à Paris, et dont les prétendus observants primitifs se distinguaient soigneusement en s’appelant les Grands-Augustins. Pie V mit les Augustins au nombre des quatre ordres mendiants, encore qu’ils possédassent des rentes et des biens fonds. À la Révolution, ils avaient quarante-deux provinces de toutes réformes, sans parler de la vicairie des Indes et de quelques congrégations récentes. La France à elle seule comptait six provinces : celles de Bourges, de France ou Île-de-France, de Toulouse, de Provence, de Bourgogne et de Narbonne, auxquelles s’ajouta, après la conquête de la Flandre, celle de la Flandre française. Les Augustins de Lyon faisaient partie de la province de Bourgogne et Narbonne qui comprenait 23 couvents, soit 13 pour la Bourgogne et 10 pour Narbonne. Parmi les couvents de Bourgogne se trouvaient Lyon. Montluel, Morestel, Saint-Amour en Franche-Comté, Montrevel en Bresse, tous dépendants du diocèse de Lyon. Depuis la réforme il y avait, de plus, deux couvents in partibus infidelium, Genève et Thonon, dont les religieux de Bourgogne nommaient les prieurs, pour n’y point perdre leurs droits.

Calvaire
Église des Grands-Augustins.

Mais revenons à Lyon. Les historiens ont longuement discuté la date de l’établissement des Augustins proprement dits dans notre ville. L’acte que les Augustins passèrent, le 12 mai 1319, avec le chapitre de Saint-Jean, mentionne le nom de P. de Savoie, et la donation qu’il avait faite de leur maison, de leur église et du cimetière. Ce nom signifiait-il Philippe ou Pierre de Savoie, tous deux archevêques de Lyon, mais qui siégèrent à un demi-siècle de distance, Philip])e en 1246, et Pierre en 1308. Une pièce récemment trouvée dans la bibliothèque de Lyon (fonds Coste, manuscrit 262, ancien 2585) ne laisse plus de doute ; on lit dans cet état du couvent des Grands-Augustins de Lyon, dressé en septembre 1766 : « le couvent des Grands-Augustins de Lyon doit son établissement à Philippe de Savoie, archevêque de cette même ville, lequel en occupa le siège depuis 1246 jusqu’en 1268, qu’il le quitta pour aller prendre possession du throsne de Savoie, vacant par la mort de son frère Pierre, comte de Savoye, décédé sans enfant. Cet archevêque leur accorda une maison, une chapelle, un cimetière ».

Les Augustins ne se fixèrent point sans contestations sur le terrain qu’ils tenaient de la libéralité de l’archevêque, et des sires de Beaujeu. Les Carmes qui habitaient Chenevière cédèrent à la jalousie et affirmèrent qu’on ne pouvait bâtir qu’à cent quarante cannes de leur monastère. Le différend ne se termina qu’en 1345, par une transaction passée à Avignon : les Augustins se soumirent à payer aux Carmes 300 florins d’or de bon poids, moyennant quoi, il leur fut accordé de continuer le bâtiment qu’ils avaient commencé, et même de l’agrandir, pourvu que ce ne fût pas du côté des Carmes. Ils achetèrent pour cela la vigne de Saint-Hippolyte, dont ils vendirent, depuis, un morceau à des particuliers pour y construire des maisons. Ils furent promptement aimés : le registre des actes consulaires mentionne plusieurs donations à leur couvent, et toutes comme salaire de leurs œuvres. Les formules comme celle-ci sont des plus fréquentes : « Le 10 février 1405, le consulat fit payer cent livres tournois à frère Pierre Robin, maître provincial des Augustins de Lyon, pour lui ayder à faire la feste de son magistrement, lequel fait, il viendra en la ville faire sa résidence, et la servir de la parole de Nostre-Seigneur ».

L’événement le plus considérable dont puissent se glorifier les annales des
Façade de Saint-Vincent.

Grands-Augustins de Lyon est le prétendu concile national qui se tint dans leur couvent en 1512, sous la présidence du cardinal de Sainte-Croix. Louis XII, irrité contre le pape Jules II, transporta à Lyon, malgré les remontrances du clergé et du consulat, l’assemblée des prélats qu’il avait convoquée à Milan. On croit que cette assemblée parfaitement abusive et illusoire, fut close aux derniers jours d’avril de l’année que nous avons indiquée. Les Augustins furent seuls à y gagner quelque chose : une somme pour prix de location, de dégâts et d’accommodation, somme avec laquelle ils réparèrent leur couvent et leur église. L’archevêque François de Rohan les y aida puissamment d’ailleurs de ses libéralités, auxquelles le chapitre de la cathédrale joignit les siennes, grâce à Guichard de Lessart, un Augustin lui-même, lyonnais de naissance et suffragant ou coadjuteur de l’archevêque de Lyon, sous le titre d’évêque d’Hiérapolis. Par gratitude pour François de Rohan, ils firent sculpter, sur la principale porte du monastère, celle qui regardait la Grande-Boucherie, les armes de ce noble prélat. Guichard de Lessart, par son testament fait en 1516, laissa partie de ses biens aux Augustins, et fut enterré dans leur église en la chapelle Saint-Jérôme.

Les Augustins contribuèrent aux premiers développements sinon à la naissance de l’imprimerie lyonnaise ; de même que la représentation de leurs mystères et leurs jeux sur la place des Terreaux, aux fossés de la porte de la Lanterne, suggéra l’idée première d’un théâtre proprement dramatique, dont le premier poète et metteur en scène fut Jean Neyron. Mais insistons davantage sur l’imprimerie. Barthélémy Buyer, d’une famille riche et fort honorée, créa la typographie dans notre cité. Il n’était, quoi qu’on en ait écrit, ni libraire, ni même imprimeur ; toutefois il avait établi dans sa maison Guillaume Le Roy, qui travailla sous sa conduite et à ses dépens, après avoir été à Paris l’élève d’Ulric Gering et de Martin Crantz, les véritables importateurs de l’imprimerie en France. Guillaume Le Roy se perfectionna sur les conseils des Augustins. Le second ouvrage qu’il édita, la plus ancienne exposition de la bible en langue vulgaire, est d’un de ces moines : le P. Julien Macho. Ce livre rarissime est un petit in-folio très net, à deux colonnes, à caractères gothiques, à menues gravures répandues çà et là. Julien Macho a laissé, en outre, une traduction du Miroir de la vie humaine, de Rodrigue, évêque de Zamora, imprimé aussi à Lyon, chez Barthélémy Buyer, en 1477 ; Les fables d’Ésope, translatées en français, Lyon, Mathieu Hus, 1484 ; La légende des saints nouveaux, Lyon. Buyer, 1477.

Un autre moine Augustin, Jean de Hersin, prieur de l’ordre, publia en 1489 une traduction du Saint voyage de Jérusalem par Breydenbach. On doit à Pierre Farget, du même couvent, une traduction du Propriétaire des choses, de Barthélémy de Glanville, et de l’ouvrage de Jacques de Théramo qui a pour titre : Le procès de Bélial à l’encontre de Jésus.

Du commencement du xvie siècle jusqu’au XVIIe, on trouve peu de trace des Augustins dans notre histoire ; à la fin de cette époque, ils demandèrent la division de la province de Bourgogne-Narbonne. À en croire leur curieuse requête à cet égard, les religieux du midi, afin d’exclure plus aisément les Bourguignons des dignités de leur ordre, et se les réserver à eux-mêmes, déportaient ces derniers en masse dans l’exil du sud, au grand dommage de leur estomac peu enclin aux huiles et de leur cerveau étourdi de chaleur, tandis qu’ils introduisaient les Narbonnais, ravis de l’échange, dans les délices du vin généreux et du climat tempéré de Bourgogne. Cette pétition, si fortement étayée de raisons, resta inefficace.

Les Augustins possédaient la plus belle collection de livres et de manuscrits qu’il y eut à Lyon après celle des Jésuites. On lisait sur la porte de leur bibliothèque cette sentence qui avait pour auteur le Père Pierre L’Abbé :

Hic homines vivunt supersiites sibi,
Hic lacent et adsunt,
Hic loquuntur et absunt.

« Ici les hommes se survivent à eux-mêmes, ils se taisent quoique présents ; ils parlent quoique absents. »

L’église, dont quelques inscriptions tumulaires ont été recueillies, renfermait la sépulture de plusieurs illustres familles italiennes établies à Lyon : celle de Jean Pillehotte, fils d’un imprimeur de la Ligue, qui devint seigneur de la Pape et fit construire le château de ce nom, et celle de César Gros, seigneur de Chanocet, cinq fois conseiller de ville, qui comptait dans sa famille le pape Clément IX. On y voyait peu d’objets d’art ou de reliques célèbres. Un inventaire de 1766 nous apprend qu’il n’y avait que sept tableaux dont l’un de Perrier représentant sainte Marguerite. Au moyen âge, beaucoup de confréries d’arts et métiers célébraient leurs fêtes dans les chapelles : c’étaient les marchands de blés et les poissonniers sous l’invocation de saint Nicolas, les cartiers sous celle de saint Jérôme, les pelletiers sous celle de saint Jean-Baptiste, les orfèvres qui avaient fait bâtir la chapelle Notre-Dame de Consolance ; les maréchaux, les pêcheurs, les mesureurs et crocheteurs qui avaient relevé la chapelle Saint-Christophe, les épingliers, les gantiers, les parfumeurs, les serruriers, les tonneliers et enfin la confrérie des Trinitaires.

La coopération de Marie à la Rédemption, cartons de Lameire, vitrail de Bégule, à Saint-Vincent.

La vénérable église des Augustins tombait de vétusté en 1733 ; elle fut démolie en même temps que celle de Saint-Vincent. Le chapitre de Saint-Paul avait fait construire cette dernière, mais comme elle était située dans un quartier extrêmement malpropre, on la rasa ; l’on en vendit l’emplacement et l’on employa le prix de cette vente à l’édification d’un nouveau temple dédié à saint Louis, dont la première pierre fut posée au nom du Dauphin, fils de Louis XV, le 6 septembre 1759, par M. de Montjouvent, doyen du chapitre de la Primatiale. Dans l’intérieur de cette pierre, on mit une plaque de cuivre ornée des armes du Dauphin et d’une longue inscription latine.

Cette nouvelle église fut élevée sur les dessins de l’architecte Léonard Roux, mais il n’en dirigea pas l’exécution jusqu’à la fin ; ce fut l’un des religieux, le Père Joseph Janin, qui l’acheva, seulement en 1789. La même année, Mgr de Sarept, évêque suffragant de Lyon, la consacra. Les Augustins n’en jouirent pas longtemps ; à peine était-elle livrée au culte que la Révolution s’en emparait. Pendant le siège de Lyon en 1793, elle servit de succursale à l’hôpital général pour les blessés, et fut ensuite convertie en entrepôt et en magasin jusqu’à la restauration des autels. Elle devint alors paroisse sous le nom de Notre-Dame-Saint-Louis-Saint-Vincent, adoptant ainsi, à la fois, le vocable Saint-Louis de la chapelle des Augustins, et celui Saint-Vincent de l’ancienne église de ce nom, démolie au xviiie siècle et non reconstruite.

Saint-Vincent au xvie siècle.
Saint-Vincent au xvie siècle.

Le style de Notre-Dame-Saint-Louis est peu religieux, il est plus grec qu’adapté au culte catholique. Le portail lourd est formé d’un fronton triangulaire supporté par deux colonnes doriques. Le dôme, qui surmonte le sanctuaire, est défiguré par d’immenses croisées coupées à quatre angles droits. La nef principale voûtée en plein cintre est accompagnée de deux étroites nefs surmontées d’un plafond à encadrements. Le tout est supporté par des colonnes massives et irrégulièrement espacées. On a encore ajouté à ce défaut par des restaurations plus récentes. On a élevé au-dessus de la porte deux tribunes qui coupent la colonnade du fond et qui choquent le regard par leur désaccord avec le reste de l’édifice. Dans le dôme, on a peint l’Ascension d’après un tableau de Mignard.

Quant à ce qui reste du cloître reconstruit et qui sert maintenant de cour à l’école achetée des deniers du général Martin et dite pour cela La Martinière, c’est encore du moderne et non du meilleur. Ce cloître vient d’ailleurs d’être tout récemment démoli. La Martinière occupe aussi une partie de l’ancien monastère et du jardin. Ce fut dans ce jardin que, le 9 mars 1793, des citoyens lyonnais, réunis au nombre de huit cents, signèrent une pétition aux commissaires de la Convention, Legendre, Rafin et Rovère, pour protester contre les vexations de la municipalité et de Chalier. Legendre, qui était complice de ces vexations, qu’il avait mission apparente de réprimer, s’écria furieux en arrachant le papier des mains de Rovère qui allait le rendre à ceux qui l’avaient apporté : « Je garde vos signatures, malheur à vous ! »

Nous avons nommé le Père Joseph Janin ; il périt sur l’échafaud un peu plus d’un an après. On le jugerait mal par Saint-Louis tout seul. Né à Lyon en 1715, vicaire provincial de son ordre, il était savant et habile architecte, et tout ensemble historien très versé en antiquités et dans les annales de notre ville. L’archéologie et la numismatique lui étaient une passion dont il mourut ; il s’était réfugié chez un ouvrier en soie de la place des Minimes, au mois de décembre 1793, lorsqu’il apprit qu’un paysan avait découvert près de Fourvière un certain nombre de médailles d’une très belle conservation ; il ne résista point au désir de les étudier. Il voulut se rendre chez l’heureux propriétaire, mais chemin faisant, il fut reconnu, arrêté et jeté en prison ; il y trouva Delandine qui, dans son tableau des prisons de Lyon, a rappelé, avec admiration, son savoir, son courage et sa gaieté.

Pour terminer, extrayons de l’état déjà cité du couvent des Grands-Augustins de Lyon, dressé en septembre 1766, ce memento des faveurs ou des privilèges que ces moines obtinrent des souverains.

Le Sacré-Cœur, par Dufraisne
(Église Saint-Vincent).
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Le roi Louis XI leur donna, en 1478, des lettres d’amortissement de leur terrain et possession, lesquelles furent enregistrées, en la Chambre des Comptes, le 26 février 1481. François Ier leur accorda, le 27 juillet 1525, des lettres patentes confirmatives de leurs droits et privilèges. Henri III leur donna, par lettres patentes du 4 mai 1584, la somme de 40 livres chaque année pour leurs entrées de vin. Henri IV les honora de pareil privilège le 4 octobre 1595. Le même leur accorda, par lettres patentes du 18 janvier 1601, le franc salé pour deux minots.

Le roi Louis XIII, par lettres patentes du mois de février 1630, leur confirma le franc salé de deux minots ainsi que les 40 livres pour leurs entrées de vin. Louis XIV, en janvier 1659, outre les deux minots de sel ci-dessus, leur donna deux autres minots. Louis XV, par ses lettres patentes données au mois d’août 1716, en réduisant ces quatre minots à la quantité seulement de deux, leur a confirmé le don des rois, ses prédécesseurs.

L’église Saint-Vincent n’est malheureusement point dégagée des maisons qui l’enserrent. Le porche lui-même est comme écrasé par deux constructions récentes, avec lesquelles son axe n’est même pas parallèle. La façade perd ainsi tout caractère architectural. On a pourtant essayé de l’embellir. Le sculpteur Dufraisne y a mis tout son art. Sur le haut de la façade, il a sculpté une belle statue de la Merge portant sur ses genoux l’enfant Jésus debout. La mère et l’enfant sont entourés d’anges qui jouent et chantent. Par côté, les statues, par Dufraisne, de saint Vincent, diacre, et de saint Louis, roi de France, tous deux patrons de l’église, complètent cet ensemble gracieux. Dans le porche, au-dessus de la porte d’entrée, deux anges adorent le Sacré-Cœur, tandis qu’à la voûte des chérubins émaillés se jouent sur un fond bleu au milieu de rosaces de diverses couleurs.

Vierge-Mère, par Dufraisne
(Église Saint-Vincent).

Pénétrons dans l’église, jusqu’au chœur. L’autel est de marbre blanc sans sculptures. Dans le fond, l’orgue se dresse, rompant la perspective. Des deux chapelles latérales, celle du Sacré-Cœur, par Dufraisne, d’architecture ionique, est formée de deux colonnes supportant une architrave avec inscription surmontée elle-même, dans une gloire, d’un cœur entouré d’épines. L’autel est de marbre blanc, avec le tabernacle orné d’un cœur en cuivre sur fond émaillé rose, bleu, blanc et or ; au retable l’artiste a sculpté des arabesques et des colombes, et sur le devant de l’autel un cœur blessé qui emplit une coupe vers laquelle s’élancent deux animaux ailés. Par côté de la chapelle s’élèvent deux autres autels plus petits, de marbre jaune, décorés des initiales enlacées de saint Vincent et de saint Louis. Au-dessus de chaque autel se voient des bas-reliefs de marbre blanc représentant la mort de ces deux saints, et plus haut se dressent leurs statues.

Vis-à-vis la chapelle du Sacré-Cœur se trouve celle de la Sainte-Vierge, par Fabisch, presque de même style ; l’autel de marbre est décoré, en bas-relief, du couronnement de la Mère de Dieu. À gauche et à droite, deux autels sont dédiés à saint Jean l’Évangéliste et à saint Joseph. Au fond de la grande nef se trouve, à gauche, le baptistère avec autel surmonté d’un groupe sculpté représentant le baptême du Christ, de grandeur naturelle. À droite, un autel semblable est dédié à Notre-Dame de Compassion.

L’église Saint-Vincent est surtout remarquable par les nombreux tableaux dont elle est ornée et dont plusieurs ne sont pas sans valeur ; en voici l’exacte description en commençant par le chœur. À droite, une descente de croix, d’après Jean Jouvenet ; à gauche, la vocation de saint Pierre par Jean Hestout, 1735. Dans la nef de gauche : 1° Jésus après sa résurrection donne les clés à saint Pierre ; 2° la Transfiguration, copie du tableau de Raphaël ; 3° Jésus pardonnant à la femme adultère ; 4° la Vierge présentant l’Enfant Jésus à l’adoration des pèlerins ; 5° Madeleine aux pieds de Jésus chez Simon le Pharisien ; 6° une Pietà ; 7° saint Louis dépose la couronne d’épines à la Sainte-Chapelle, toile du xixe siècle ; 8° le Mariage de la Vierge. À droite : 1° Descente de croix, copie d’un tableau de Van Djck ; 2° saint Paul terrassé sur le chemin de Damas, peinture du xviie siècle ; 3° Jésus et la Samaritaine ; 4° l’Adoration des Mages, xviie siècle ; 5° l’Adoration des bergers ; 6° la Sainte Famille, copie de l’original de Raphaël ; 7° Notre-Dame de Lorette, bonne peinture moderne ; 8° la Visitation ; 9° le Christ et la femme adultère, magnifique tableau de l’école du Poussin.

Il existe à Saint-Vincent de beaux vitraux qu’il importe de signaler. Dans les transepts, au-dessus des chapelles, l’Adoration des mages et les Disciples d’Emmaüs. Au fond de la grande nef, au-dessus de la porte d’entrée, une belle verrière, dessin de Lameire, exécution de L. Bégule : la Coopération de Marie à la rédemption. Dans la grande nef, des vitraux représentent des anges portant des inscriptions tirées des litanies.

À gauche, dans la petite nef, une importante inscription latine rappelle la pose de la première pierre ; en voici la traduction : « Louis, dauphin de France, fils du roi Louis XV, excellent prince, désirant favoriser le trône et l’autel, a posé la première pierre de l’église des Grands-Augustins, par la main de Marie-Eugène de Montjouvent, doyen des comtes de Lyon, en 1759. J.-B. Flachat, chevalier, était prévôt des marchands ; Pierre-Thomas Gonin de Lurieu, Camille Dareste, François-Louis Clapasson, Jacques Daudé échevins de Lyon ; Léonard Roux a été l’architecte de celle église. » Vis-à-vis, dans l’autre nef, une inscription l’appelle les restaurations de l’église ; en voici la traduction : « Sous le pape Léon XIII, et le cardinal Caverot, archevêque de Lyon, cette église des Augustins, consacrée, en 1789, par Jean Dion de Vienne, évêque de Sarept et suffragant de Lyon, a été augmentée du tiers et restaurée de fond en comble par la munificence des fidèles de cette paroisse, et de A. Coudour, curé, R. Demoustier, P. Mulsant, E. Rimaud, I. Ricard, Caillot, J. Rambaud, C. Guigou, L. Girerd, I. Finet, Et. Ravinet, fabriciens, enfin de Charles Franchet, architecte, 1882. »


BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE VI

SAINT-PAUL

De Quincarno, La fondation et les antiquités de la basilique de Saint-Paul de Lyon, dans : Collection lyonnaise. Sans date.

Mandement de monseigneur l’archevêque pour la réparation du sacrilège commis dans l’église collégiale et paroissiale de Saint-Paul. Lyon, Valfray, in-4, 4 p. — Par François de Châteauneuf de Rochebonne, et daté du 22 janvier 1737.

Réparation d’un sacrilège commis à Saint-Paul de Lyon en 1737, dans : Bulletin historique du diocèse de Lyon (1903), III, 167-8.

Adresse à l’assemblée nationale et mémoire des chanoines & autres membres de l’église collégiale & paroissiale de Saint-Paul de Lyon. Lyon, de la Roche, 1790, in-8, 31 p. — Page 6, signé : Joly Clerc, chanoine de Saint-Paul, commissaire du chapitre, au nom de tous les ecclésiastiques de cette église.

J. Bard), L’église paroissiale de Saint-Paul, publication de la Revue du Lyonnais. Lyon, Boitel, 1837, in-8, 16 p.

Jean Dubuisson, L’église Saint-Paul, dans Lyon ancien et moderne, par les collaborateurs de la Revue du Lyonnais, sous la direction de Léon Boitel… (1843), II, 407-26.

Obituarium ecclesiæ sancti Pauli Lugdunensis, ou nécrologe des bienfaiteurs de l’église Saint-Paul de Lyon, du xie au xiiie siècle, publié, pour la première fois, d’après le manuscrit original, avec notes et documents inédits, par M.-C. Guigue, ancien élève de l’école des Chartes. Bourg-en-Bresse, Gromier aîné, 1872, in-8, 4 f.-]19 p.

Polyptique de l’église collégiale de Saint-Paul de Lyon, dénombrement de ses tenanciers, possessions, cens et rentes en Lyonnais, Forez, Beaujolais, Maçonnais, Bresse, Dombes, Bugey et Dauphiné, au xiiie siècle, publié, d’après le manuscrit original, avec des documents inédits, par M.-C. Guigue, ancien élève de l’école des Chartes. Lyon, Aug. Brun, libraire. MDCCCLXXV, in-4, 2 f.-xxvi p.-l f.-283 p. — Publication de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon.

C. Savy, Les restaurations de l’église de Saint-Paul à Lyon, pour servir à l’histoire des monuments religieux de cette ville. Lyon, imp. du Salut public. 1876, in-8, 22 p.

Les abbés L. Duplaix et J. Giraud, vicaires à Saint-Paul de Lyon, Saint-Paul de Lyon, étude d’histoire lyonnaise. Lyon. Rey, 1899, in-8, 296 p., grav.

SAINT-LAURENT

Parmi les très nombreuses biographies de Gerson, avec détails sur son séjour à Lyon, on se contentera de citer les quatre ouvrages suivants :

Joannis Gersonii, doctoris et cancellarii Parisiensis, Opera noro ordine digesta, ad manuscriptos codices collata, emendata, aucta ; acccssere Henrici de Hassia, Petri de Alliaco, Joannis Brcvicoxæ, Joannis de Varenis, necnon Jacobi Almaini et Joannis Majoris tractatus varii, et monumenta ad causam Joannis Parvi pertinentia, curante Ludovico Ellies Du Pin, theologiæ doctore, qui Gersoniana præfixit. Antverpiæ, vel potius Amstelodami, sumptibus societatis, 1706, in-folio, 5 vol. — Avec bonne notice biographique et littéraire.

Jean Gerson, chancelier de Notre-Dame et de l’Université de Paris, par R. Thomassy. Paris, 1843, portr.

Monument de Gerson à Lyon, lettre de M. Onésime Leroy à MM. les membres de l’Institut historique sur une étrange découverte de M. T… Paris, 1845, in-8, 19 p.

A.-L. Masson, Jean Gerson, sa vie, son temps, ses œuvres, précédé d’une introduction sur le moyen âge. Lyon, Emmanuel Vitte, 1894. in-8, .i f. — 424 p., portrait et grav.

RECLUSERIES

Statuts et règlemens pour les frères Hermites du diocèse de Lyon. Lyon, 1729, in-8.

Les recluseries, par l’abbé Pavy. Lyon, librairie Briday, 1875, in-12, 2 f.-280 p.

M.-C. et G. Guigue, Les recluseries de Lyon, dans : Bibliothèque historique du Lyonnais, p. 73-117.

Recherches sur les recluseries de Lyon, leur origine, leur nombre & le genre de vie des reclus, par M.-C. Guigue, archiviste en chef du département du Rhône et de la ville de Lyon. Lyon, Georg, 1887, in-8, 45 p.

SAINT-ÉPIPODE

Les abbés L. Duplaix et J. Giraud, vicaires à Saint-Paul, Saint-Paul de Lyon, étude d’histoire lyonnaise. Lyon. Rey, 1899, in-8, 296 p., grav.

J. Giraud, vicaire à Saint-Paul de Lyon, Notice sur saint Épipode et saint Alexandre, martyrs lyonnais, leurs actes, leur culte, leurs reliques, leurs tombeaux, la fontaine et la recluserie de Saint-Épipode à Pierre-Scize. Lyon, impr. Paquet, 1900, in-8, 35 p., 1 plan et grav.

GRANDS-AUGUSTINS ET NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS-SAINT-VINCENT

Archéologie lyonnaise, les stalles et boiseries de Cluny à la cathédrale de Lyon, les chartes et la bibliothèque de Cluny, le cabinet des antiques et le médaillier du collège de la Trinité, le médaillier de l’Hôtel-de-Ville, le médaillier d’Adamoli, le médaillier des Grands-Augustins, par L. Niepce. Lyon, Georg, sans date, in-8.

Instructions et pratiques, pour la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, pour la confrérie du Sacré-Cœur dans l’église des Augustins du quai Saint-Vincent de Lyon, nouvelle édition. Lyon, A. Molin, sans date, 195 p. et table.

Instruction pour ceux de l’archiconfrérie de la ceinture de Saint-Augustin et de Sainte-Monique, instituée au couvent des R. P. Augustins réformés du port Saint-Vincent de Lyon. Lyon, 1643, in-12.

Mémoire signifié, contenant la réponse du prieur de la Platière au mémoire des RR. PP. Augustins qui lui a été signifié le 4 août 1725. Paris, Simon, 1725. in-folio, 6 p.

Mémoire signifié servant de réponse aux deux mémoires des Augustins sur leur requête civile & inscriptions de faux, pour messire pomponne de Riverie de Chalas, prêtre, bachelier en théologie, chanoine régulier de l’ordre de Saint-Ruf, pourvu par M. l’abbé, chef & supérieur général du même ordre, au lieu & place de feu messire Philippe de Riverie, son frère, du prieuré de Notre-Dame de la Platière de Lyon, défendeur et demandeur, contre les religieux Augustins du quay de Saint-Vincent de la même ville. Sans lieu ni date, (après 1735), in-folio, 56 p.

Pardon et indulgence à perpétuité à la confrérie de la Sainte-Trinité, érigée au grand autel de l’église des RR. PP. Augustins du quai Saint-Vincent de Lyon. Lyon, 1744, in-12.

Couvent et église des Augustins, aujourd’hui église Saint-Louis, par V. de Laprade, dans : Lyon ancien et moderne, par les collaborateurs de la Revue du Lyonnais, sous la direction de Léon Boitel… (1838), I, 224-42.

Statuts, avantages et prérogatives de la confrérie du Sacré-Cœur, érigée dans l’église paroissiale de Saint-Vincent de Lyon. Lyon, Jacquenod, sans date, in-18. — Autre édition : Lyon, 1764, in-12.

Notice historique sur l’origine et les privilèges de la confrérie de la Nativité dans l’église Notre-Dame-Saint-Vincent, suivie du règlement des indulgences et des titres de cette confrérie. Lyon, Pitrat, 1882, in-8, 50 p.