Histoire des églises et chapelles de Lyon/V

Intérieur de l’église Saint-Irénée.

CHAPITRE V

SAINT-IRÉNÉE — SAINT-JUST — LE GRAND SÉMINAIRE


D eux églises, parmi celles qui couvrent la pieuse colline de Fourvière, ont tenu dans l’histoire religieuse de la ville une place considérable, ce sont Saint-Irénée et Saint-Just. Nous les réunissons toutes deux en ce chapitre où nous introduirons aussi, à cause de la proximité des emplacements et de la similitude des dédicaces, le Grand Séminaire. Comme l’église de la rue des Macchabées, la chapelle du Séminaire, toute voisine, est placée sous le vocable du docteur chrétien : saint Irénée. Ainsi se trouveront rapprochés une fois de plus le tombeau du second évèque de Lyon et le noviciat d’où tant de prêtres sont sortis, qui furent ses continuateurs dans le sacerdoce et parfois ses successeurs dans le martyre.


SAINT-IRÉNÉE

Dans le livre À la gloire des martyrs (De Gloria Martyrum, ch. 49), Grégoire de Tours, dont les visites à Lyon furent fréquentes et prolongées, mentionne la basilique de Saint-Jean l’Évangéliste ; il rappelle que, sous son autel inférieur, saint Irénée fut enseveli avec deux martyrs de la persécution de Marc-Aurèle, Épipode et Alexandre. L’édifice, dont parle notre historien, n’a pas cessé d’occuper sa première place, et, malgré d’innombrables remaniements, il conserve à peu près les mêmes dispositions : c’est aujourd’hui l’église paroissiale de Saint-Irénée. Quelles ont été ses origines ? Par quelles mains a-t-elle été bâtie ? Il n’est pas facile de le déterminer d’une manière précise et irréfutable. Beaucoup d’obscurité, beaucoup d’incertitude enveloppe la topographie de notre cité dans les âges primitifs du christianisme et les auteurs ont donné libre carrière à leur imagination, suppléant par la fantaisie aux textes disparus, interprétant les trop rares fragments qui nous en sont parvenus, au gré d’une piété manifestement empressée à vieillir les traditions suspectes et récentes.

Pour le sujet qui nous occupe en particulier, les opinions sont aussi multipliées que discordantes entre elles ; il faut renoncer à les tirer au clair, sinon en les simplifiant, en les ramenant à l’hypothèse d’un temple unique, au lieu de quatre ou cinq que l’on espace sur la colline. L’évêque Patient nous paraît avoir eu le mérite de le bâtir et de le consacrer et, si les patrons célestes du lieu ont varié plusieurs fois jusqu’à la fin du xi" siècle, au point de faire supposer autant de monuments distincts et séparés, une bonne lecture des documents persuadera que ces noms furent associés en concurrence, ou bien se remplacèrent selon les inspirations du culte populaire, selon les décisions officielles de l’autorité ecclésiastique.

D’après ce sentiment, si on ne répugne pas trop à l’adopter à cause de sa nouveauté, qui serait cependant insuffisante pour le faire écarter, il convient d’attribuer au successeur de saint Eucher, qui occupa le siège épiscopal à peu près pendant toute la seconde moitié du ve siècle, l’initiative d’avoir élevé la basilique de la montagne et d’en avoir célébré la dédicace de 460 à 470 environ. Le célèbre évêque de Riez, Fauste, prêcha pour cette solennité : les plus célèbres poètes du temps la décrivirent en des vers gravés sur le marbre ; tour à tour ou peut-être simultanément, elle se para du patronage de Saint-Jean l’Évangéliste, des Macchabées, de Saint-Irénée et ses compagnons de martyre, de Saint-Just et des saints confesseurs : ce ne fut guère avant le déclin du xie siècle, après la constitution définitive du prieuré régulier, une partie de ses membres s’étant retirée pour former le chapitre de Saint-Just, que saint Irénée demeura le seul titulaire et il n’a plus, depuis, été supplanté.

L’endroit choisi pour la basilique, où furent creusés ses fondements, était contigu au cimetière dont la communauté chrétienne usait depuis l’édit de paix de Constantin ; là elle creusait les fosses de ses morts ; elle dressait leurs stèles funéraires auprès des tombeaux antiques, échelonnés des deux côtés de la voie d’Aquitaine. L’épitaphe d’une pieuse femme, nommée « Silentiosa », enterrée en 334, est la plus ancienne de celles qui nous sont parvenues ; la dernière de même provenance appartient au commencement du viie siècle. La nouvelle église de Patient pourrait donc être considérée comme une église cimetiérale dont on trouverait à Rome, par exemple, beaucoup de spécimens devenus des stations célèbres.

La présence d’innombrables ossements des témoins du Christ, précieux restes échappés au bûcher, aux tenailles, à la dent des fauves, la désigna mieux encore que sa somptueuse architecture « miræ magnitudinis » aux visites et aux oil’randes des pèlerins. À peine était-elle achevée qu’on s’accoutumait à la distinguer sous le titre de « Murlyrium », ainsi que l’atteste l’inscription tumulaire du jeune Domenecus, qui passa cinq ans de son enfance à y servir. En parlant du sanctuaire et de ses dépendances, on employait le plus souvent les expressions « loca sancta », « loca sanctorum », « ad sanctos », tant ce sol semblait anobli par les gages qui lui avaient été confiés. Les gens de dévotion, comme Agapus, y montaient assidûment prier ; on y entendait, pendant les veilles nocturnes, retentir les hymnes et les antiphones, grâce à des chœurs voués à cet office, dont Nonnosus fut longtemps une des plus remarquables voix. Dans les fêtes et les anniversaires qu’on y célébrait, une place exceptionnelle fut immédiatement accordée à la mémoire de l’évêque Justus, mort dans un exil que sa délicatesse de conscience lui avait imposé, au fond d’une cellule solitaire de la Thébaïde. Sidoine Appollinaire, qui nous a laissé de l’œuvre construite sous ses yeux, une description en vers, à triple trochée, trop connue pour que nous la répétions ici, dans une lettre à son ami Eriphius, a décrit aussi le pompeux appareil avec lequel peuple et clergé solennisaient l’anniversaire du jour où les cendres du pontife avaient été ramenées d’Égypte et rendues à ses concitoyens, amèrement repentant d’avoir été cause de sa fuite. Avant même les naissantes lueurs de l’aube, une interminable procession se rendait à son tombeau, entouré de prêtres, de clercs et de moines ; dans l’enceinte étincelante de lumières suffocantes, bondée d’une multitude qui se répandait au delà des portiques, l’évêque présidait à la psalmodie des matines et, après un court repos, à l’heure de tierce, il offrait le saint sacrifice ; l’homélie était confiée à un prédicateur de renom : saint Avit de Vienne la prononça plusieurs fois.

À ces splendeurs, inaugurées sous la domination des rois Burgondes, succéda trop vite une longue période de délaissement et d’oubli. Dans les âges de fer qui suivirent, au milieu des incessantes invasions, hors des remparts, la sécurité était précaire ; la population urbaine se tassait autour de la cathédrale Saint-Nizier et sur la rive opposée de la rivière de la Saône, de la Ghana à Sainte-Eulalie : la montagne déserte, ou à peu près, était abandonnée avec ses monuments aux injures du temps et aux coups des barbares. En 723, les Sarrazins achevèrent de renverser ce qui avait échappé aux envahisseurs qui les avaient précédés et la dévastation qu’ils laissèrent après eux fut telle que Leidrade, dont le zèle hardi releva tant de ruines, n’osa pas toucher à celles-là. Un autre prélat carlovingien, Remy, en chargea son chorévêque : Audinus obéit et s’appliqua à ressusciter ce passé, en réédifiant les murailles écroulées, en même temps qu’il reconstituait la communauté sacerdotale dispersée et anéantie. Les archéologues ont reconnu les traces de ses travaux, le cachet de son époque, dans quelques fragments de marbre, incrustés dans le pavé de la crypte, et dans un arc extérieur de son flanc méridional où la brique alterne avec des claveaux de pierre.

Une charte constitutionnelle, datée de 868, expose le plan de l’organisation nouvelle et enregistre plusieurs propriétés, entre autres le territoire de Briguais, destinées à l’entretien du service divin. La congrégation, qui en reçoit le soin, se composera de vingt prêtres ou clercs d’ordre inférieur : quatorze seront attachés à l’église haute, six réservés à l’église basse ; les offices se chanteront simultanément dans l’une et dans l’autre ; leurs chapelains mèneront la vie commune, un abbé les gouvernera, désigné par leurs suffrages et les places vacantes seront accordées de la même manière. Les âges postérieurs apportèrent de notables augmentations au patrimoine fraternel : deux archevêques, Anchericus et Guy Ier témoignèrent leur bienveillance, le premier, en 927, par la remise de redevances seigneuriales qui lui étaient dues, le second, en 932, par la confirmation des droits de dîme dans l’étendue du faubourg de Trion. Un prêtre, du nom de Rannuque,
L’église Saint-Irénée.
céda Saint-Just-en-Bas qu’il possédait ; Aurélien, maître en partie du Mont d’Or, offrit Albigny ; Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, fondateur de Cluny, donna Grézieu, sa chapelle récemment ouverte, ses dîmes et ses serfs. Nous sommes moins certains des faveurs octroyées par Artaud, comte de Lyon, que La Mure, historien du Forez, rattache à la première race de ses comtes ; l’acte qui les rappelle, quoique chargé de vingt signatures, est très probablement apocryphe ; mais il n’est pas contestable qu’il confia aux chanoines de la colline l’entretien de sa tombe et les prières pour son âme. Plusieurs membres de sa famille vinrent y reposer et le dernier, non le moins illustre, fut l’archevêque Renaud dont le testament du 12 octobre 1226 léguait 1.500 sols pour un anniversaire à perpétuité.

Mais à cette date, des Augustins réguliers avaient remplacé l’association fondée par Audinus et le prieuré séculier était devenu un prieuré conventuel. L’auteur de cette réforme, Hugues de Bourgogne, archevêque de Lyon et légat du Saint-Siège, l’avait introduite à la fin du xie siècle, probablement dans l’une des dix années qui le terminèrent. Elle persévéra, sans variation sensible, jusqu’à la Révolution française. Il y eut à cette occasion entre le clergé évincé et les arrivants, qui leur étaient substitués, une séparation qui ne fut pas entièrement amiable ; en obéissant et en se retirant, les dissidents se soumettaient à une mesure inévitable, mais ils réclamèrent dans la division des biens la plus grosse part ; ils conservèrent les privilèges de leur ancienne société, maintinrent ses droits et transportèrent, autant que possible, par fiction ou en réalité, à l’établissement qu’ils se proposaient de créer, les dépouilles du temple qu’ils abandonnaient, ses fonds, ses ornements, ses châsses et ses reliques, ses traditions et ses archives. La célèbre collégiale des barons féodaux de Saint-Just prit naissance de cette dislocation : revendiquer pour elle une existence antérieure de sept ou huit cents ans, c’est aller contre la matérialité des faits et substituer à l’histoire des pierres les inventions apocryphes, suggérées par des intérêts de parti.

Au cours du moyen âge, les incidents relatifs à l’église et aux bâtiments claustraux ont été de peu d’importance ou du moins la mémoire s’en est promptement effacée : selon le devoir de leur charge, les prieurs veillèrent à leur conservation ; ils les réparèrent ou les entretinrent à proportion des ressources dont ils disposaient. L’un d’entre eux, dans le xiie siècle ou plus vraisemblablement au xiiie, plaça la fameuse mosaïque du chœur dont les dernières parties ne disparurent qu’en 1824 ; Artaud, directeur du musée, a conservé le dessin de ce qu’il en avait vu : elle était formée par trois rangs de niches superposées, dans lesquelles des figures symbolisaient les sciences scholastiques, les vertus cardinales et théologiques. Dans le soubassement inférieur, on lisait l’inscription en l’honneur du chef immortel ayant conduit les dix-neuf mille compagnons de son supplice.

INGREDIENS LOCA TAM SACRA, JAM TUA PECTORA TUNDE :
POSCE GEMENS VENIAM, LACRYMAS HIC CUM PRECE FUNDE.
PRÆSULIS HIC IRENÆI TURMA JACET SOCIORUM
QUOS PER MARTYRIUM PERDUXIT AD ALTA POLORUM.
ISTORUM NUMERUM, SI NOSCE CUPIS, TIBI PANDO :
MILLIA DENA NOVEMQUE FUERUNT SUE DUCE TANTO,
HINC MULIERES ET PUERI SIMUL EXCIPIUNTUR,
QUOS TULIT ATRA MANUS, NUNC CHRISTI LUCE FRUUNTUR.

Contrairement à cette déclaration permanente en hexamètres lapidaires, les barons de Saint-Just étaient persuadés qu’ils détenaient chez eux les corps saints qu’on vénérait jadis dans leur primitive résidence, sans en excepter les restes du grand docteur lui-même, saint Irénée, et ceux des martyrs Épipode et Alexandre, déposés auprès de lui. Deux textes épigraphiques en instruisaient le public ; l’un, gravé au-dessus d’un tombeau de la crypte, dans un latin assez barbare, débutait ainsi :

IDOLA REX VANA PLEBS ET SIMULACRA PROPHANA
YRENÆUS PULCRO JACET HIC TESTANTE SEPULCHRO :
SANCTUS ALEXANDER ET YPIPODIUS HIC REQUIESCUNT.

L’autre sur vélin, que les archives du Rhône ont recueilli, était suspendu dans un cadre à la portée des curieux.

Il s’était évidemment formé une tradition, plus ou moins avérée, plus ou moins précise, tendant à affirmer qu’à la dislocation des deux communautés, comme nous le disions plus haut, celle de Saint-Just avait revendiqué le droit de tout garder, et, pareille aux Hébreux à la sortie d’Égypte, elle s’était enrichie de tout ce qu’il lui avait été possible d’emporter.

Une enquête juridique, opérée le 29 août 1287, sur les instances de Boniface d’Aoste, vicaire général de Pierre d’Aoste, archevêque élu de Lyon, et par une délégation de Guillaume, archevêque de Vienne, avait confirmé la bonne foi de cette possession. Huit commissaires, docteurs en théologie, licenciés en droit canonique, Dominicains et Cordeliers, avaient contemplé de leurs yeux texteoculnfa fide » une tête et des ossements d’un corps humain, et sur la cuve qui les contenait, ces mots : « Hic jacet sanctus Irenæus secundus a beato Pothino. Ici repose saint Irénée, successeur du bienheureux Pothin. » On ne voit pas qu’à ce moment-là les Augustins du prieuré aient protesté. Le conflit se rouvrit seulement au début du xve siècle et il eut alors un retentissement considérable. Le cardinal Pierre de Thurey, légat a latere dans la province, commença les informations à ce sujet : il les termina par l’ouverture des sépulcres et la visitation solennelle des reliques de la crypte irénéenne. La cérémonie eut lieu le 6 avril 1410. Avec le cardinal de Sainte-Suzanne, on avait invité son frère, Philippe de Thurey, archevêque de Lyon ; Pierre de Saluées, évêque d’Amnata ; Jacques Crépignac, évêque de Damas ; les abbés de Savigny, d’Ambournay, de Saint-Ruf, de l’Île-Barbe et d’Ainay ; le doyen des comtes de Saint-Jean, Pierre de Montjeu ; Amédée de Talaru et Geoffroy de Thélis représentaient la collégiale de Saint-Just dont ils étaient membres. On trouva les cercueils de plomb aux places que la voix publique désignait ; après qu’ils furent ouverts, on plaça les restes qu’ils contenaient dans des châsses préparées à les recevoir. Le délégué du Saint-Siège confirma dans un diplôme, revêtu de sa signature et de son sceau, l’authenticité de la découverte. Les chanoines de Saint-Just désappointés réclamèrent et déposèrent une plainte contre cette déclaration au tribunal du sénéchal, Jean de Chastelus ; ceux de Saint-Irénée répliquèrent en portant l’affaire à Rome, tandis que leurs adversaires s’adressaient au Parlement de Paris pour empêcher l’effet de cet appel au pape. Jean XXII nomma néanmoins un juge et confia cet office à Henri, évêque de Sabine, membre du Sacré-Collège. Trois ans après, les doutes n’étaient pas encore tranchés, lorsque des deux côtés on convint de choisir pour arbitre un personnage que sa dignité et sa science recommandaient, autant que sa naissance et son passé le préparaient à bien connaître la cause remise entre ses mains. Il s’agit de Jean de Rochetaillée, ancien écolier de la manécanterie de la Primatiale, archevêque de Rouen et de Besançon, patriarche de Constantinople, cardinal, qui Inversait Lyon en se rendant à sa nonciature d’Espagne. Il accepta et, le 9 août 1413, dans le chœur de Saint-Jean, au milieu d’une assistance compacte, il écouta la lecture des mémoires des avocats : Jérôme de Balard plaida pour Saint-Irénée, Jean Palermi lui répondit au nom de Saint-Just. Le lendemain il rendit sa sentence ; elle maintenait le prieuré de Saint-Irénée dans une possession appuyée sur une trop haute antiquité pour n’être pas légitime ; l’autre parti s’inclina : sans cesser d’honorer un patron qui lui avait toujours été cher, il n’eut plus à se dire le gardien de sa tombe.

Ce qui avait coûté tant de zèle à revendiquer, ce que la piété de nos pères considérait à bon droit comme une céleste sauvegarde, la fureur et l’irréligion des bandes du baron des Adrets le profanèrent et l’anéantirent en quelques jours. Leur acharnement ne connut aucun frein, ne respecta aucun objet sacré, ne s’arrêta devant aucun sentiment naturel. On détruisit pour détruire, on brisa par haine ; les fanatiques préparaient la proie aux pillards. Un poète contemporain, dans son livre les Tristes de France, De tristibus Franciæ, nous dépeint l’édifice avec ses pierres arrachées, sa toiture effondrée, ses colonnes renversées, ses autels en morceaux, ses tombeaux violés, ses châsses brisées ; les vainqueurs chargés de dépouilles et pressés de confier au Rhône le butin qu’ils ont enlevé.

Sainte Biblis et Sainte Blandine (Vitrail de L. Bégule à Saint-Irénée).}}

Les saints ossements des martyrs, arrachés à la pourpre et à l’or qui les recouvraient, devinrent des jouets pour les huguenots railleurs ; ils les jetèrent pêle-mêle sur le pavé, les piétinèrent avec mépris, s’en amusèrent avec les plaisanteries les plus cyniques et les abandonnèrent à la voirie comme des objets rebutants. Trente ans après, cette désolation n était pas encore effacée ni le désastre réparé. Un procès-verbal de 1590 nous apprend en effet que le culte n’était pas rétabli : la messe se célébrait dans une salle qui menaçait ruine, au milieu d’une pauvreté extrême.

Un prieur courageux, Claude Grolier, entreprit les restaurations les plus urgentes ; le 12 juillet 1593, il eut le bonheur de faire consacrer par le suffragant, Jacques Maistret, évêque de Damas, l’autel majeur, dans le chœur à peu près nettoyé et rétabli. Plus tard, en 16.35, il tenta de déblayer la crypte et de la remettre en état, en enlevant les décombres de toutes sortes qui la remplissaient et en consolidant ses voûtes et ses murailles. Lorsque les travaux furent terminés, il suspendit, au-dessus du puits que l’on croyait avoir été comblé avec les restes des victimes de l’empereur Sévère, une lampe perpétuellement allumée, comme le symbole d’une ère nouvelle dans l’immortalité des héroïques fondateurs de l’Église lyonnaise.

À la mort de cet homme de bien et d’initiative dont la mémoire doit échapper à l’oubli, le prieuré tomba en commande, et les cinq ou six religieux, qui le composaient, perdirent le droit d’élire leur chef. Le cardinal Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon, obtint le bénéfice ; ses successeurs furent l’abbé Tallemaut, membre de l’Académie française, Joachim d’Estaing, chanoine de Saint-Jean avant d’être évêque de Saint-Flour, l’abbé Castillon, officiai de Digne, et le dernier Michel-François-Marlin Dorsin, vicaire général de Tours.

Sous le chanoine-comte d’Estaing, et avec son agrément, un changement important s’introduisit dans la communauté ; les survivants, Charles Guérin, curé, Nicolas Nivon, infirmier, Pierre Anisson, Antoine Nivon, Guichard Dufresne et Saint-Antoine se sécularisèrent et cédèrent la place à la congrégation des chanoines réguliers de France, plus communément appelés les Génovéfains. Après d’assez longs pourparlers, rendus plus épineux par l’opposition violente de M. de Saint-Antoine qui refusait de quitter les lieux, le nouveau curé et prieur claustral, M. Poussemothe de Montbriseuil, prit possession de l’église, le i mai 1704 ; un noviciat fut aussitôt inauguré, et plusieurs familles y dirigèrent leurs enfants. Ce serait cependant manquer d’impartialité que de taire que les nouveaux venus ne rencontrèrent point partout un accueil empreint d’une extrême bienveillance. On les soupçonnait, avec raison, d’être secrètement favorables aux principes jansénistes, et eux-mêmes le dissimulèrent si peu que, selon les sentiments régnants, ils furent sévèrement traités par le cardinal de Tencin, et des plus favorisés, au contraire, sous son successeur, Monseigneur de Montazet.

Ils jetèrent, bientôt après leur arrivée, les fondations d’une demeure moins incommode que le logis canonial aux exercices de la vie commune ; mais sans les libéralités complaisantes du duc d’Orléans, le fils du régent, ils n’en auraient jamais vu la fin. Elle est maintenant occupée par le refuge des repenties Saint-Michel et, de la montée de Choulans ou du quai de la Saône, dont on l’aperçoit, sa façade percée de ses hautes fenêtres se présente avec un imposant aspect, digne de Soufflot qui la dessina et de Loyer qui en dirigea la construction. Il n’est guère possible de chiffrer exactement les revenus de la maison et de ses prébendes, mais la comptabilité accuse des dettes considérables, des emprunts fréquents et par conséquent des embarras financiers qui se prolongèrent jusqu’à la dissolution de l’ordre. Pour la sacristie, les recettes casuelles ne se seraient pas élevées annuellement au-dessus de 940 livres, en y comptant les offrandes particulières, estimées 220 livres ; le produit des chaises, ne dépassant pas 200 livres, était abandonné au bâtonnier pour ses gages. Cette pénurie de ressources obligea de suspendre des distributions charitables, annoncées à jour fixe et accordées à tout venant ; ainsi, chaque samedi de carême on donnait en aumônes 250 livres de pain, une autre fois une et deux années de vin ; à d’autres dates, le samedi de la Quinquagésime par exemple, on avait à livrer 6 bichets de seigle, 32 bichets de fèves, 182 livres de pain, 91 livres de viande et 3 asnées de vin. Cet usage remontait assez loin et les fonds, qui y étaient affectés, avaient diminué de valeur ou s’étaient perdus. Les Génovéfains demandèrent d’attribuer ces rentes aux indigents du quartier qui seraient mieux secourus et avec plus de discernement. On cria beaucoup, mais la suppression des dons de la porte fut maintenue.

Nos religieux ne s’offusquèrent pas trop de la Révolution, de ses théories, de ses réformes, ni même de ses prescriptions. Un d’entre eux fut nommé curé constitutionnel de la paroisse, un autre, son frère jumeau, vicaire épiscopal de l’intrus. L’église souterraine, durant le siège, servit d’abri aux habitants contre les boulets des batteries de la Convention ; le prieuré fut transformé en hôpital militaire.

Ce fut le jour de Pâques, 18 avril 1802, que l’on chanta la messe pour la première fois dans la vénérable basilique rendue au catholicisme et à ses souvenirs sacrés. Mais hélas ! dans quel pitoyable état son nouveau pasteur, l’abbé François Déchaut, ex-perpétuel de Saint-Just, la recevait du fermier national qui l’avait convertie en fenil. Six mois après la toiture s’effondrait : la municipalité intervint et accorda 9.000 francs pour les réparations les plus indispensables. La sacristie était sans meubles, sans ornements, sans vases sacrés ; on usait d’un calice d’étain ; le clocher attendit une cloche jusqu’au 15 avril 1806, où elle fut bénite par le cardinal Fesch. Pendant toute la durée du xixe siècle, les ecclésiastiques, qui gouvernent la paroisse, plus spécialement MM. Durand, Valadier, Delaroche, Guillon, épuiseront les ressources dont ils disposent dans des remaniements, embellissements, reconstructions, agrandissements utiles, nécessaires même, dont la diversité toutefois a fini par enlever à l’œuvre tout intérêt artistique et toute trace originale du passé.

Derrière le chevet de l’église, sur une vaste plate-forme, s’étendant jusqu’à la brusque arête de la balme qui descend au confluent, on a érigé un calvaire, et à l’entour on a dressé de petits édicules, où sont sculptées dans la pierre les quatorze scènes du Chemin de la Croix. L’abbé de Pélissac fut l’initiateur de ce projet et on l’exécuta vers 1720. La piété populaire l’adopta promptement et, à certains jours, le jeudi et le vendredi saints principalement, on vit les fidèles remplir l’espace laissé libre. La coutume s’établit d’échelonner les stations traditionnelles du bas de la colline au sommet et de la gravir en silence et en prière. La première station était fixée à Sainte-Croix, près de la cathédrale, on passait ensuite à Saint-Pierre le Vieux, aux Trinitaires, au Verbe-Incarné, chez les P.P. Minimes, où l’on goûtait une absinthe amère fort en vogue ; de là on se rendait aux Ursulines des Bains Romains, à Saint-Just, et franchissant la porte du faubourg, on s’arrêtait encore près d’une croix qui marquait l’emplacement de l’ancienne collégiale détruite par les Calvinistes ; enfin on achevait ce saint exercice, en s’agenouillant dans une grotte, taillée dans le tuf, figurant le sépulcre du Sauveur. La congrégation des Messieurs, assemblée au collège des Jésuites de la Trinité, avait introduit ce pèlerinage dans son règlement et l’accomplissait à l’édification générale.

Abattue par les terroristes, l’image du divin Crucifié fut relevée, à la place même où tant de générations l’avaient adorée et baisée, plusieurs mois avant que Bonaparte ait livré le secret de ses projets concordataires. Précédant de la sorte tous les autres symboles religieux, étendant ses bras miséricordieux sur les ruines fumantes, entassées par les généraux et les représentants de la Convention, elle apparut à nos concitoyens comme l’emblème d’une victoire prochaine de la foi sur l’athéisme, de la liberté sur la tyrannie, de la fraternité sur les haines sociales.

L’église Saint-Irénée est vaste, mais n’a pas, tant s’en faut, le caractère architectural et la majesté de l’église gothique antérieure aux dévastations protestantes.

En pénétrant dans le chœur, le regard se porte dès l’abord sur le pavé de mosaïque dans lequel l’artiste a reproduit l’inscription rappelant le massacre des dix-neuf mille martyrs. L’autel est de marbre blanc avec des marches de marbre rouge. Le chœur a été récemment décoré de fresques par M. Couvert. Au centre, le Christ, bénissant, est entouré des symboles des quatre évangélistes. Dans la coupole, on a représenté le Saint-Esprit planant au milieu d’un semis d’étoiles. Dans les trompes de la coupole, quatre anges portent des inscriptions.

Les vitraux, œuvre de L. Bégule, sont remarquables. Le grand artiste chrétien a mis tous ses soins à décorer cette église qui est sa paroisse. Dans le chœur de gauche, à droite : 1° saint Pothin, saint Pontique et sainte Blandine enchaînés ; 2° Jésus chargé de sa croix entre la Sainte-Vierge et saint Jean ; 3° un clergé nombreux se presse pour faire la reconnaissance des reliques des saints Irénée, Alexandre, Épipode ; 4° saint Irénée bénit les sainte Alexandre, Épipode, liés et à genoux. Dans la nef de droite : 1° saint Jean donne la communion ; 2° saint Pothin présente l’image de la Sainte-Vierge ; 3° sainte Blandine ; 4° saint Alexandre ; 5° saint Jubin. Dans la nef de gauche : 1° saint Polycarpe, 2° saint Irénée, 3° sainte Biblis, 4° saint Épipode, 3° trois scènes de la vie de saint Zacharie.

Le Christ, fresque de Couvert (Église Saint-Irénée).

La chapelle du Sacré-Cœur placée dans la nef de gauche possède un autel de marbre blanc et une statue du Sacré-Cœur. Celle-ci est entourée de deux intéressantes fresques : deux anges portent des calices pleins du sang des martyrs de la première persécution lyonnaise, sous l’empereur Marc-Aurèle, en l’année 177, et de la seconde, sous l’empereur Sévère, en 202 ; touchant témoignage de la fidélité des chrétiens au Maître dont le Cœur les a tant aimés, et pour qui, en retour, ils donnent leur sang. Vis-à-vis, s’ouvre la chapelle de la Sainte-Vierge, dont l’autel en marbre blanc est décoré d’un bas-relief : le Cœur de Marie percé d’un glaive, et ornée d’une fresque : l’Annonciation avec, à la voûte, les symboles des litanies. La chapelle est éclairée par le vitrail du Rosaire. Contre les pilastres, près du chœur, deux belles statues : saint Joseph et saint Irénée, signées d’un artiste lyonnais de renom : M. Millefaut.

Au fond de l’église, la chapelle de saint Jubin mérite l’attention. Là est enseveli l’archevêque de Lyon, saint Gébouin, vulgairement appelé Jubin, 1077-1083. L’autel est surmonté de deux statues, saint Paul et saint Jubin, œuvre du sculpteur Legendre Héral, il est éclairé par un vitrail où se trouve l’inscription suivante : « Érigée par Jean-Pierre-Gaston de Pins, archevêque d’Amasie, administrateur du diocèse de Lyon, an MDCCCXXXIII », avec ses armes. C’est là que ce prélat a été enseveli, comme l’apprend une autre inscription : « Ci git I.-Paul-Gaston de Pins, archevêque d’Amasie, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, en témoignage de sa générosité envers cette église, il mourut en MDCCCL, le 30 novembre. »

Vis-à-vis, au bas de la nef gauche, le baptistère accompagné d’un autel, dédié à saint Zacharie, avec peinture de M. Borel, représentant le baptême. Signalons encore la chaire de marbre blanc, avec sculptures représentant les quatre évangélistes. Enfin deux pierres tombales, avec inscriptions gothiques, relevées contre les murs et bien conservées.

L’ensemble de l’édifice a été l’objet d’heureuses restaurations récentes, comme l’apprend une inscription placée près de la porte d’entrée : « L’église de Saint-Irénée a été restaurée et embellie en l’an 1900, grâce à la générosité et au zèle apostolique de M. l’abbé Claude Guillon, chanoine honoraire de la Primatiale, curé de cette paroisse. Les fabriciens et les paroissiens reconnaissants. »

L’église Saint-Irénée partage, avec Saint-Nizier et Ainay, le privilège d’avoir une crypte ancienne. En raconter toutefois l’histoire certaine n’est point chose aisée, ni en décrire non plus l’état ancien, parce qu’elle a été détruite, reconstruite, remaniée, quoique le plan général en ait été conservé ; si bien que Steyert pouvait écrire « qu’elle a perdu tout son caractère par suite des remaniements et embellissements qu’on lui a fait subir et qui ont achevé de défigurer ce précieux spécimen de l’architecture du ixe siècle, déjà si mutilé. Croirait-on, ajoute-t-il, qu’on a supprimé les porte-à-faux des arcs sur les colonnes ! »

Entrelacs sculptés (xe siècle) Église Saint-Irénée.

La crypte est exactement orientée ; elle occupe l’extrémité orientale supérieure de la colline. L’abside, placée en dehors du sol, reçoit le jour par trois baies ; le reste est en souterrain. M. Boué en donne une description datée de 1841, par conséquent plus fidèle que celle qu’on pourrait donner actuellement. À cette époque, on descendait dans la crypte par l’escalier situé près du calvaire ; on apercevait à droite le caveau où ont été rassemblés les ossements dispersés par les huguenots, puis on trouvait une chapelle dédiée à saint Polycarpe, d’une époque assez ancienne. On entrait alors dans la crypte par une ouverture pratiquée dans le rond-point de l’abside, à la place d’une fenêtre qui y préexistait. De nos jours, on y pénètre par une entrée latérale pratiquée sur la paroi nord de l’absidiole de gauche.

Le monument est à trois nefs, séparées par des colonnes que surmontent des chapiteaux corinthiens très simples. Ces colonnes supportent des arcs en plein cintre et délimitent ainsi cinq travées. La nef est voûtée en berceau à plein cintre ; à l’intersection de la nef et de l’abside, un arc doubleau supporté par des pilastres établit la séparation. L’abside est à cinq pans, éclairée par trois baies, bouchées en partie. Dans sa description, M. Houé marquait, sur les deux premiers pans, deux grandes fenêtres, et sur les deux autres, des niches vides de leurs statues ; mais, a-t-il soin d’ajouter, tout cela dénaturé par des moulures en stuc et par diverses mutilations. Actuellement, les trois baies occupent les pans impairs, séparés par des espaces vides. La coupole est en cul-de-four et ornée de fresques récentes. De chaque côté de l’abside, mais avec une profondeur moindre, se trouvent les deux absidioles, qui se terminent ainsi presque au niveau de la travée.

Au fond de la nef, le mur est percé d’une porte donnant issue sur les deux escaliers et corridors de sortie, dans lesquels on a placé plusieurs sarcophages chrétiens, avec inscriptions, et de nombreux fragments de sculpture provenant de l’ancienne basilique. Les arcs à plein cintre de l’abside, les arcs des travées ont été restaurés dans leurs dispositions primitives, c’est-à-dire formés de claveaux de pierre alternant avec des claveaux de briques. Un arc élevé au dehors de la crypte, sur le flanc sud de l’église elle-même, est un reste de l’édifice reconstruit au ixe siècle.

Le pavé était formé de carreaux en marbre gris et blanc qu’on attribue au ive ou ve siècle. M. Monvenoux, architecte, les a retrouvés, en 1850, dans un bas-côté gauche. Du reste, dans la dernière restauration, on a suivi le modèle du pavement ancien. Derrière l’église Saint-Irénée se trouve le calvaire, bien connu de tous nos concitoyens, et célèbre dans l’histoire lyonnaise des deux derniers siècles. La XIIe station, le Christ en croix, est d’un effet majestueux ; elle se profile sur un horizon qui s’étend à perte de vue et dont le bas est coupé par le plan de la ville entière.

SAINT-JUST

Deux églises ont été dédiées successivement à l’évêque lyonnais du ive siècle, Justus qui résigna sa dignité par une abdication volontaire et s’enfuit au désert, y mourir dans la pénitence et l’oubli. La première, rasée par les Protestants, occupait dans la rue actuelle des Macchabées l’emplacement où se voyait, il y a quelques mois, le pensionnat des religieuses de Notre-Dame des Victoires ; les travaux de la seconde, inaugurés en 1564, durèrent longtemps ; toujours debout elle sert aujourd’hui de paroisse aux habitants du coteau de Fourvière ; sa façade, diminuée de quelques marches du péristyle, s’ouvre sur la rue des Farges à une petite distance du fort et de la porte désignés sous le même nom. C’est en se retirant et en cédant les lieux à la communauté monastique, introduite par Hugues, archevêque de Lyon et légat de Grégoire VII et d’Urbain II, que le clergé de la basilique de Saint-Patient et de Saint-Remy fut amené à se bâtir une église comme centre de ses souvenirs et de ses usages, afin d’y maintenir ses traditions et ses privilèges. L’obituaire de Saint-Jean, l’unique source, croyons-nous, qui nous renseigne sur cet événement, est muet sur ses causes et ses particularités. Nous savons seulement que l’archevêque racheta de ses deniers quelques parties de l’ancien domaine qui avaient été aliénées ou usurpées par des laïques, qu’il inaugura l’ordre de choses, dont il était l’auteur, en présence d’une nombreuse assemblée d’hommes les plus recommandables et qu’il livra d’avance au glaive spirituel de l’anathème ceux qui chercheraient soit à le troubler, soit à le renverser. Chronologiquement, cette réforme se rattache aux années les plus voisines du commencement du xiie siècle.

Les chanoines de Saint-Just retinrent pour eux la seigneurie du faubourg et les paroisses dont la suzeraineté totale ou les dîmes leur appartenaient. Une bulle d’Alexandre III (9 avril 1170) confirmative d’une précédente d’Eugène III, en fournit l’énumération. Il y est aussi réglé que la charge de l’abbé sera élective et que l’administration des biens sera soumise aux délibérations communes. Quels droit de patronage ou de surveillance l’archevêque se réserva-t-il sur l’administration temporelle et sur l’ordre intérieur, il est difficile de le préciser ; en fait, la dignité abbatiale ne sortit à peu près pas de ses mains, de Bertrand de Goth (1290) à Jean de Talaru (1375), et de celui-ci à la fin des troubles du xvie siècle, mais dans cette dernière période ses pouvoirs furent plus nominatifs que réels. Auparavant on rencontre dans les listes trop incomplètes, qui nous sont parvenues, les personnages de la plus haute noblesse, attachés en même temps au chapitre de la cathédrale, tels que Hugues de Beaujeu, mort en 1127, Ilion II chamarier, qui fit don des colonnes et des peintures d’un portail de Saint-Jean, Girin de Sal, Humbert de Forez, fils du comte Gui II.

Intérieur de l’église Sant-Just.

Cependant, obéissant aux idées prédominantes de l’époque, abbés et chapelains songeaient à protéger la maison de Dieu qu’ils élevaient et leur propre demeure derrière d’épais remparts : le bourg, qui sortait de terre, ressemblait à une vaste forteresse, avec ses fossés, ses ponts-levis, ses créneaux et ses vingt-deux tours, capables de soutenir le plus long siège. La juridiction civile et criminelle du prévôt y était absolue et, comme dans le cloître comtal, sa garde veillait aux deux portes fermées à la chute du jour. Cette position exceptionnelle engagea le pape Innocent l à s’y fixer pendant la tenue du concile œcuménique, convoqué dans le dessein d’excommunier et de déposer Frédéric II ; il pensa que, dans une enceinte aussi solidement munie, il échapperait à tout coup de main tenté par l’empereur. Il arriva dans la première semaine de l’Avent, en 1244, probablement le 2 décembre. Son séjour devait se prolonger jusqu’après les fêtes pascales de l’année 1251, jusqu’au 19 avril.

À aucun moment de son histoire, Saint-Just n’eut une fortune plus brillante et une réunion d’hôtes plus illustres. On vit y affluer, avec la cour pontificale, des prélats de toutes les nations et des ambassadeurs de tous les princes. La réunion préparatoire du concile, à laquelle près de 150 évêques prirent part, se tint au réfectoire capitulaire : l’empereur latin de Constantinople, Baudoin II, s’y rencontra avec Reymond VII, le puissant comte de Toulouse ; Louis IX, en descendant à Aigues-Mortes, s’y arrêta avec sa femme, la reine Marguerite et ses trois frères, Robert d’Artois, Alphonse de Poitiers, Charles d’Anjou ; Guillaume de Hollande, élu roi des Romains, s’y rendit, en 1251, et fut le convive du pape à la table de la Cène du Jeudi-Saint. Les solennités religieuses s’associaient aux entrevues et aux négociations politiques : promotion de quatorze cardinaux, sacre d’évêques, canonisation de saint Edmond de Cantorbéry, procession de la Rose d’or, le dimanche de Lætare, consécration de l’église, même avant son complet achèvement, Innocent IV se prêtait à tout avec une bonne grâce et une activité infatigables. Sa bienveillance épuisa, pour ainsi parler, les concessions de privilèges, d’immunités, d’indulgences spirituelles, d’exemptions canoniques et bénéficiales. La chancellerie ne chôma pas ; il reste plus de quarante bulles rédigées à ce propos ; quatorze au moins recommandent au bon accueil de la chrétienté les quêteurs, dispersés jusqu’en Angleterre, afin d’en rapporter des aumônes permettant de mener à leur fin les travaux de l’église trop souvent suspendus.

On eut, un demi-siècle après, le retour de ces pompes romaines pour l’intronisation de Bertrand de Goth. L’archevêque de Bordeaux, élu pape sous le nom de Clément, se fit sacrer à Saint-Just le 14 novembre 1305 ; Philippe le Bel, auquel il était redevable de la tiare, était présent ; on apercevait à leurs côtés le roi d’Aragon, Henri, comte de Luxembourg, Gaston de Foix, le duc de Bretagne qui périt si misérablement, écrasé par la chute d’un mur, quelques heures après. Une fois encore la collégiale lyonnaise avait été le centre de la catholicité.

Des jours sombres et pleins de menaces s’entremêlèrent à ce mouvement et à cette prospérité dont les résultats, pour peu qu’on ne révoque point en doute les paroles satiriques d’un cardinal familier d’Innocent IV, furent moins favorables aux bonnes mœurs que fécondes en abus et en violences. Depuis longtemps la classe bourgeoise et les gens des métiers supportaient avec une évidente impatience l’administration civile de l’archevêque et du chapitre. Ils souffraient des conflits perpétuels qui éclataient entre les mandataires de l’un et de l’autre et qui se terminaient uniformément aux dépens de leur bourse et de leur tranquillité. Ils aspiraient à traiter eux-mêmes de leurs affaires communales. Leurs réclamations n’avaient pas encore reçu de solution. Une longue vacance de siège, après la démission et le mariage de Philippe de Savoie, qui n’avait jamais pris les ordres sacrés, leur parut une occasion favorable de s’émanciper et d’arracher enfin ces libertés municipales qu’on leur refusait, en les accablant de charges. Malheureusement les passions déchaînées engendrèrent la guerre civile ; on s’arma de part et d’autre : on dressa des barricades. Les citoyens pillent et saccagent le cloître de Saint-Jean : ils montent assiéger celui de Saint-Just dont le clergé avait embrassé la cause de ses confrères d’en bas ; ils tuent quelques soldats, en blessent plusieurs autres, incendient des maisons ; trois fois ils reviennent à l’assaut, mais les portes résistent ; ils se vengent, ou sait avec quelle cruauté, en mettant à sac Cuire, Geney et Couzon, en envahissant Écully, propriété des chanoines de la colline, et en brûlant, dans l’église, le curé et une vingtaine de ses paroissiens. La paix fut longue à se rétablir ; l’autorité de Grégoire X et les ordonnances de Philippe le Bel n’y réussirent qu’en modifiant la constitution des tribunaux et le règlement de la justice, et en octroyant à la commune les franchises qu’elle revendiquait.

Sainl-Just en 1550 (d’après un plan du xvie siècle).

Il serait bien curieux de pouvoir reconstituer cette église des puissants barons de Saint-Just, qu’ils édifièrent à la plus belle époque de l’art gothique, où tant de bienfaiteurs déposèrent les marques de leur munificence et le tribut de leurs vœux. Aucun dessin ne nous est parvenu, sauf celui du plan scénographique du xvie siècle, dont l’exactitude n’est que très approximative. Les documents écrits contiennent au moins de brèves indications qu’il est bon de ne pas tenir dans l’oubli : en les rapprochant et en les comparant entre elles, on a quelque idée de ce que le marteau et le fanatisme des démolisseurs ont anéanti. Le plus connu de ces documents, publié en 1662 et réédité par M. Guigne, le savant archiviste départemental, est le verbal des informations ordonnées par Charles IX sur les dommages causés par les Prétendus Réformés dans le faubourg : deux autres pièces antérieures, que nous souhaiterions aussi vivement voir mettre au jour, compléteront nos informations : la première est l’inventaire du trésor, rédigé en 1540, vingt-deux ans avant la catastrophe, la seconde un autre inventaire auquel les officiers du baron des Adrets procédèrent le 8 mai 1562.

Voici les principaux renseignements que ces textes fournissent. La façade du monument était percée de cinq portes, flanquée de deux tours carrées à toiture plate et ornée de colonnes de marbre. La porte centrale, la plus spacieuse et la plus fouillée, présentait l’image du Christ, ayant à ses pieds l’agneau symbolique du sacrifice : six grandes statues étaient placées de chaque côté : elles représentaient à droite saint Épipoi, saint Jean l’Évangéliste et saint Irénée ; saint Alexandre, saint Jean-Baptiste et saint Just occupaient les niches de gauche. Le carillon ne possédait pas moins de huit cloches, sans compter celle réservée à l’horloge. À l’intérieur, le chœur attirait les regards par ses vastes dimensions et par ses quatre-vingt-six stalles « peintes au dos en or de ducat et représentant images d’histoire » ; le maître-autel de forme rectangulaire était en marbre blanc ; au devant ce qu’on appelait le rastellarium, énorme candélabre formé de deux pieds et d’une bande plate destinée à porter les cierges, ne pesant pas moins de trois quintaux : plus au centre, un lutrin de cuivre doré. En arrière de l’autel, sur quatre colonnes, mesurant dix pieds de hauteur, reposait la châsse de saint Just en pur albâtre ; la relévation solennelle de ces ossements vénérables avait été accomplie, le 2 septembre 1292, par l’archevêque de Vienne, entouré d’un imposant cortège d’abbés, de clercs séculiers et de moines. On comptait au moins vingt-quatre chapelles ; quatre d’entre elles étaient séparées de la nef par un treillis de fer ; la plupart des autres possédaient, avec un autel de marbre ou de pierre, des armoires pour conserver les ornements sacerdotaux, des bahuts à serrure, où les confréries et les particuliers déposaient ce qui avait le plus de valeur. Il y a eu peut-être, au cours des âges, quelques variations dans leurs titulaires ; nous tenons cependant à énumérer ces divers patrons, tels que nous les avons le plus fréquemment rencontrés : leur liste forme comme un tableau des dévotions populaires et des intercesseurs dont on invoqua plus volontiers l’assistance céleste. Après deux chapelles, baptisées l’une du Corps-Dieu et l’autre de la Croix, à peu près contemporaines, fondées l’une en 1489, l’autre peu avant, trois étaient consacrées à la Vierge Marie, sous les noms de Notre-Dame-Antique, Notre-Dame-du-Clocher, dotée par Jean de Mourateur, curé de Saint-Just, le 16 mars 1485, Notre-Dame-de-Pitié avec la prébende des Grossets ; parmi les bienheureux, une place avait été réservée à saint André, saint Pierre, saint Just, saint Cyr, saint Nicolas, saint Denis, saint Antoine et saint Laurent, saint Galmier, saint Sébastien, saint Christophe, saint Roch ; les saintes honorées étaient sainte Marie Madeleine, sainte Anne, sainte Agathe, sainte Catherine, sainte Barbe, sainte Cécile et sainte Geneviève. Mentionnons, pour finir, une chaire en bois de noyer et une cuve antique, sur un piédestal formé de trois colonnettes accouplées, servant de bénitier d’entrée.

Le trésor avec ses reliquaires, ses joyaux, ses évangéliaires, ses tapisseries, contenait des merveilles. Dans l’impossibilité de tout décrire, nous signalerons les plus fameuses pièces d’orfèvrerie : le calice, la croix de jaspe, la rose d’or d’Innocent IV, une châsse d’or, présent de Louis XI, pour enfermer le corps d’un des saints Innocents de Bethléem, une autre châsse, dite des Machabées, avec des fleurs de lis parsemées sur le couvercle et les à-côtés ; le buste de saint Just, morceau capital de la collection. Pierre de Vézelay, dorier et maître de la monnaie de l’archevêque, en était l’auteur : il avait reçu, comme matière, sept marcs et deux onces d’argent, et, par contrat du 9 avril 1330, il s’était engagé à déployer tout son savoir-faire. La mitre était couverte de pierreries, et, à la main qui tenait la crosse, brillait une superbe améthyste. De tant de richesses, il ne reste plus de trace : la Révolution a jeté au creuset ce qui avait échappé à la rapacité des protestants.

Nulle part ailleurs, en effet, autant qu’à Saint-Just, on ne souffrit des dévastations
Façade de l’église Saint-Just.

commises par les antipapistes, disciples de Calvin, et de leurs innombrables déprédations. Maîtres de Lyon dans la nuit du dernier avril au 1er mai 1562, ils se présentèrent le surlendemain, à la porte du faubourg, conduits par le prévôt de la maréchaussée et par les capitaines d’Estranges et Odefroy ; Provençaux et Genevois pour la plupart, ils entrèrent sans opposition et se logèrent chez les habitants, riant de leur terreur et vidant leurs caves. Leur fanatisme s’acharna sur l’église ; ils en brisèrent les statues et les lampes, jetèrent les livres au vent, emportèrent les brocarts et les dentelles ; ils organisèrent une procession sacrilège, traînant dans la rue, au milieu des huées et du chant des Psaumes de Marol, les saintes images et les objets du culte. L’orgie tombée, on procéda, huit jours après, à un récolement régulier, mais il suffit de le lire pour constater ce qui avait déjà disparu et à quel degré le désordre avait été porté. Toutefois, averti par sa famille et plus probablement par un de ses frères. Antoine Pupier, hôtelier de la Croix-Blanche, qui paraît avoir été un des chefs des émeutiers, l’obéancier François Pupier avait enlevé les plus précieux des reliquaires, des vases sacrés, des étoles et des chapes, et les avait emportés avec lui dans ses pérégrinations à Montrotier, à Montbrison, à Chazelles et enfin à Saint-Genis-Laval au camp du duc de Nemours.

On se mit ensuite à la démolition des remparts, et les soldats contraignirent la population à exécuter la corvée avec eux. Dans l’intervalle on procédait au déménagement et à la vente du mobilier de l’église, des bois, des ferrures, des marbres ; il est certain que plusieurs des beaux sarcophages antiques, les hachasses, épars dans le cimetière, disparurent à ce moment-là. On descendit les cloches vers le 24 juin ; la plus grosse fut cédée à Saint-Nizier ; Poncel et Chanouvrier achetèrent le beffroi, Pierre Manasset les bancs du chœur. À la fin de septembre, d’Estranges proposa à deux charpentiers, Jean Bilerne et Jean Duerne, en leur abandonnant les matériaux pour salaire, de saper l’église ; le jour de Saint-Michel, ils enfoncèrent le premier coup de pioche et allumèrent la première mine ; bientôt il ne resta ])as pierre sur pierre de l’édifice ; la vengeance contre les chanoines, qui avaient refusé aux protestants d’ouvrir un prêche dans leur juridiction, était complète.

Lorsque l’ordre fut rétabli et l’autorité royale exercée par le maréchal de Vieilleville, les chanoines de retour constatèrent l’étendue de leurs pertes : ils étaient sans église, sans domicile, sans argent. Leurs actes capitulaires marquent une première assemblée au mardi 6 juillet 1563 ; ils s’étaient installés provisoirement chez les Minimes absents, dont ils avaient rouvert la chapelle, et ils tenaient séance dans une salle haute de l’auberge attenante de Laurent Thévenet.

Leur plus grave souci fut d’écarter la réunion que le maréchal gouverneur voulait leur imposer avec le Chapitre de Saint-Paul ; pour refuser ils s’appuyèrent sur le comte de Tournon, premier chanoine d’honneur de leur compagnie, ainsi que sur sa mère, et ils n’épargnèrent pas à cet effet leurs voyages à Roussillon. Après l’abandon de ce projet d’association, ils se demandèrent à quel endroit se fixer. Fourvière leur parut trop écarté ; le couvent de la Croix de Colle aurait plu, mais les religieux réclamaient leur propriété et soutenaient leur droit de n’être pas délogés, même avec indemnité. Rebâtir sur l’emplacement primitif et sur le plan d’autrefois ne souriait à personne ; on manquait de ressources et le lieu n’offrait plus assez de sécurité. Près du corps de garde, en avant de la porte communiquant avec le faubourg, plusieurs tènements avec des maisons sans importance se trouvaient disponibles : les tènements Bodet, Langlois, Crotte-Bérelle, la maison de Jésus. Cette dernière eut la préférence : elle était alors louée au prix de 90 livres à un hôtelier nommé Guyot, catholique assez tiède, qui avait cependant conservé l’enseigne de Jésus. L’acquisition coûta 2.000 livres ; on calcula que sur ce terrain l’église neuve pourrait avoir 137 pieds de longueur sur une largeur de 40 ; la hauteur irait à 80 pieds et, en employant les matériaux des ruines, on estima la dépense totale à 24.000 livres tournois. Immédiatement on creusa les fondations et on entreprit le déblaiement. Les capitulants de la collégiale n’auront pas désormais de préoccupation plus constante, dans leurs délibérations, que de conduire le monument à son plein achèvement, à sa perfection. La Révolution les surprendra dans leurs perpétuelles combinaisons d’embellissement ou d’agrandissement : leur corps sera dissous, mais en disparaissant il léguera à la paroisse concordataire le fruit de son zèle et de ses épargnes. Il nous reste à raconter rapidement les principaux incidents de ces travaux et de ces transformations intermittentes.

Le plan de la bâtisse fut dressé par M. du Chaffault, ingénieur du roi : Pierre Faure eut la maçonnerie, la charpente échut à Étienne Garin : Nicolas Durand posa les deux verrières du fond, mesurant 17 pieds et demi de haut et dix deux tiers de large ; Jean Decourtel les quatre autres de la nef et une cinquième au-dessus de l’entrée. Trois chanoines acceptèrent la mission de veiller à l’exécution de tout et de régler les ouvriers, Jean Laurencin, le futur obéancier, Michel Gautrelet et le sacristain Antoine Bellièvre. Les ressources vinrent de divers côtés ; on proposa le rachat de nombreuses redevances et servis ; on vendit les droits de justice du faubourg ; on reçut du Consulat une notable subvention ; on emprunta et un marchand lucquois par exemple, Paulin Benedicti, souscrivit 1.000 livres ; on sacrifia des joyaux et des pierreries ; la châsse du saint Innocent en particulier fut confiée à M. Thomas, garde de la monnaie, qui l’estima et la transforma en ducatons. Un accord avec les Frères Minimes, que nous avons publié dans l’histoire de leur couvent, laissait entendre que la collégiale quitterait la Croix de Colle à Noël 1565 ; elle entra donc à cette époque dans l’église neuve, assez avancée pour y célébrer les offices. La consécration solennelle en fut cependant retardée jusqu’au lundi-saint, 8 avril 1391 ; Mgr d’Épinac, qui s’était chargé des fonctions pontificales, choisit ce jour-là, parce qu’il était l’anniversaire de la dédicace célébrée, trois siècles et demi auparavant, par Innocent IV.

A. de La Croix, obéancier de Saint-Just (xviiie siècle).

On attendit 70 ans sans toucher aux constructions, quoiqu’elles fussent très imparfaites, privées de façade et de chevet ; on éleva alors un chœur dont le prolongement ajoutait près d’un tiers à la superficie totale de l’édifice. Les chanoines le réclamaient depuis longtemps, humiliés, disaient-ils, d’avoir à chasser des femmes agenouillées jusque dans leurs stalles, faute de place ailleurs. Le prévôt des marchands et ses collègues de l’échevinage posèrent la première pierre, le 5 avril 1662, et l’archevêque Mgr Camille de Neuville, le 23 décembre de l’année suivante, procéda à une seconde consécration générale. Les mémoires des entrepreneurs, vérifiés par Antoine du Soleil, montèrent à 24.000 livres. Pour la plus grosse part, moins le don de 3.000 livres des échevins, ils furent soldés grâce aux libéralités de l’obéancier, Mathieu Gayot. Ce prêtre de mérite et de vertu, ancien trésorier de France, protonotaire apostolique, ex-prieur de Serrières, qui s’associa à la compagnie des catéchistes-missionnaires de Saint-Michel, réserva les revenus de sa charge à cette intention et même, après son décès, survenu le 3 janvier 1664. Louis et Jacques Gayot de la Bussière, ses deux frères et ses exécuteurs testamentaires, versèrent au syndic les pensions en retard, à mesure que les débiteurs les acquittaient.

Après le chœur on entreprit le jubé, en 1666, et, après le jubé, on songea au portail en 1704. La tradition attribue la paternité de cette façade aussi élégante que correcte, à Ferdinand Delamonce, architecte célèbre dont Lyon conserve plus d’une création qui honore ses talents. Cependant c’est avec son père que le chapitre traita, le 20 août 1704, et le contrat porte en toutes lettres qu’il fournira tous les dessins jugés nécessaires et qu’il ne sera suppléé par son fils que dans le cas de maladie.. Les honoraires furent arrêtés à 200 francs, payables par versement de 25. Le cours des travaux fut interrompu par une ennuyeuse déception. Claude Vitet, un maître charpentier de la montée du Griffon, responsable de l’entreprise, après dix mois de chantier, quand il était à peine au quart de sa besogne, cessa tout à coup de paraître et, une nuit, il enleva les échafaudages et s’enfuit. Les gens de justice le découvrirent à Annecy, où il prétendit être venu pour des affaires de famille. On le condamna, mais le trésorier de Saint-Just, trop docile à ses fréquents appels de fonds, eut à se repentir d’une naïve confiance. Le monument toutefois serait demeuré imparfait, si quelque part, en évidence, on n’avait pas réservé une place aux armoiries des fondateurs, emblème héraldique de leur baronnie, sceau de leur propriété, aide-mémoire pour les feudataires. L’assemblée du 23 janvier 1708 désigna le sieur Tourton « sculpteur en pierre » pour l’exécution de ce morceau capital et on désira qu’il servît de fronton à la grande entrée. Le même artiste compléta l’ornementation par deux bas-reliefs au-dessus des portes latérales ; du même coup on régularisa et on acheva le perron ; on demanda ensuite au Père de Colonia de consacrer par une inscription lapidaire l’heureux terme d’une si longue et si coûteuse restauration. Le lettré jésuite proposa le texte suivant, qui, me semble-t-il, est encore inédit :

D. O. M.
Hæc ædes antiqua modo renovata coruscat
Sancto pontifici Justo sacrata patrono ;
Sumptibus hanc propriis minitantem pene ruinam
Nobilis hic clerus, populo mirante, refecit
Anno Domini 1711.

« Au Dieu très bon et très grand. Cette église antique a été récemment restaurée ; elle est dédiée à l’évêque Justus. Le noble clergé de l’église, aux applaudissements des fidèles, a réparé, à ses frais, la basilique qui menaçait ruine, l’an 1711. »

Un des premiers actes du vandalisme révolutionnaire fut d’abattre les armoiries du chapitre, qui ornaient le portail, elles fameuses licornes leur servant de support. Le conseil général du district ordonna de rétablir ces sculptures ; mais la municipalité déclara que le blason des ci-devant barons de Saint-Just représentait « un monument monstrueux de la féodalité » et son refus dénonça, une fois de plus, le conflit latent soulevé entre les deux assemblées, qui fut si funeste à la paix et à l’ordre public.

Cette stupide destruction avait coïncidé avec la suppression du chapitre lui-même, dissout par la loi sur la Constitution civile du clergé. La dernière délibération, dont les registres contiennent le procès-verbal, fut tenue le 22 septembre 1790 ; la déclaration des biens conformément aux décrets avait été déposée, le 20 février précédent, et, le 22 juin, on avait procédé officiellement à l’inventaire général. L’église, en cessant d’être la première des collégiales de la ville, était maintenue comme paroissiale, et on y joignait, à titre d’annexés, le sanctuaire de Notre-Dame de Fourvière et la chapelle Saint-Roch à Choulans. Le curé, David Bottin, de Normandie, installé le 26 février 1789, prêta serment afin de n’être pas congédié ; malheureusement on le vit donner le spectacle le plus scandaleux des passions jacobines, associées à des mœurs licencieuses, qui le menèrent à l’abdication de son sacerdoce et au mariage civil.

À la reprise du culte public, après la publication du Concordat, le prêtre, chargé de ressusciter et de gouverner la paroisse, fut un ex-vicaire épiscopal de Lamourette, Antoine Désiré Lemontey, lyonnais de naissance, d’un âge trop avancé et, en 1789, cordelier du couvent de Dôle en Franche-Comté. M. Claude Frangin, vicaire de la Primatiale et son futur curé, lui succéda en 1806 ; il fut à son tour remplacé par l’abbé Honoré Greppo, savant épigraphiste, correspondant de l’Institut, dont l’érudition et les œuvres recommandent la mémoire. Il appartenait à M. Jean Boue, homme de goût et de zèle, bibliophile distingué, écrivain comme son prédécesseur, d’attacher son nom aux plus importantes restaurations de la vieille église, exécutées au siècle dernier. M. Gay, architecte, en eut la direction ; elles furent couronnées par la consécration de l’autel majeur, sévère et imposante œuvre de marbre, un peu lourde peut-être, que Mgr de Pins, administrateur apostolique du diocèse et archevêque d’Amasie, inaugura le 3 janvier 1831. Vers la même époque, M. Legendre-Héral livrait les statues de saint Irénée et de saint Just, placées sur la façade. Ainsi le temps, si puissant qu’il soit pour détruire, sert à rajeunir et à éterniser les pieux édifices que la religion protège, qu’une vigilance attentive et dévouée conserve, que les arts et la foi persévèrent à embellir.

Comme il a été dit, l’église Saint-Just, vaste construction des xvie et xviie siècles, est loin d’offrir à l’œil un aspect imposant. Sur la façade, on remarque les statues de saint Just et de saint Irénée au-dessus de deux bas-reliefs de Legendre-Héral représentant l’un l’adoration de la croix et l’autre une scène de martyre.

Lamourette, évêque constitutionnel de Rhône-et-Loire.

En pénétrant dans l’église, on est surtout frappé par la largeur (douze mètres) de la grande nef en comparaison de sa hauteur. Le maître-autel en marbre blanc est orné du monogramme du Christ. Dans la nef de droite, la chapelle de la Sainte-Vierge possède un autel de marbre blanc avec un bas-relief de l’Annonciation, une statue de la Vierge Mère, à la voûte des peintures relatives aux litanies de Lorette ; un peu plus loin on rencontre la chapelle Saint-Joseph, dotée d’un joli autel de marbre, avec au centre un bas-relief représentant la mort du saint patriarche, enfin, dans une niche supérieure, sa statue.

Dans la nef de gauche, faisant pendant à la chapelle de la Sainte-Vierge, s’ouvre celle de Saint-Just, patron de l’église, avec une toile représentant ce saint par Lacuria. L’autel est de marbre blanc et porte le monogramme de cet évêque. Un peu plus bas, on a dédié au Sacré-Cœur un autel de marbre blanc dont le devant est enrichi de deux anges adorant le Cœur de Jésus ; au-dessus de l’autel, une statue représentant le Sacré-Cœur.

L’église Saint-Just offre au visiteur quelques peintures qui ne sont pas sans intérêt. À gauche de la porte principale, au-dessus du bénitier, la Samaritaine par Genod ; à droite, surmontant le baptistère, le baptême du Christ, xviiie siècle. Au chœur, à droite : 1o la Vierge, refuge des pécheurs, dans le goût d’Ary Scheffer ; 2o la Naissance de Jésus ; 3o l’Annonciation, très belle peinture ; à gauche, 1o la Trinité ; 2o la Descente de croix ; 3o l’Adoration des mages, par Boullogne l’aîné. Près du pilastre, à gauche, bonne peinture : le Sacré-Cœur adoré par les anges ; autour de l’arc triomphal, dans sept médaillons, le Christ entouré des quatre évangélistes et des saints Just et Alexandre.

Les vitraux ne sont pas tous d’égale valeur ; en voici cependant la description complète. Au chœur, la sainte Trinité, les quatre évangélistes, la Déposition de la croix, saint Jean penché sur le Cœur du Sauveur. Dans la chapelle de la Sainte-Vierge, l’Assomption, la Naissance du Christ, la Proclamation du dogme de l’ImmaculéeConception, la Vierge Marie, Ressource des infirmes, Consolatrice des affligés. Secours des chrétiens, la Sainte-Famille, le Rosaire, enfin le couronnement de la mère de Dieu.

Près de l’autel Saint-Joseph : saint Joseph portant l’Enfant Jésus, sainte Anne, la Sainte Famille au désert, saint Pothin devant ses juges, la mort de saint Joseph.

Chapelle Saint-Just : scène de la vie du saint, martyre des frères Machabées, jugement de saint Alexandre, Jésus donnant les clefs à saint Pierre, les disciples d’Emmaüs, le Sacré-Cœur et la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, le martyre de sainte Blandine.

Contre le pilastre de droite, statue de sainte Philomène, contre celui de gauche, saint Antoine de Padoue. La chaire est de marbre rouge et jaune, sans caractère. Dans la chapelle de la sainte Vierge, pierre tombale de l’avocat Joseph Berthois ; dans la chapelle Saint-Just, autre pierre sépulcrale gothique, en partie illisible ayant couvert la dépouille de Jean Masson, sacristain du lieu, mort le 12 janvier 1465.

La sacristie possède quatre bons tableaux ; 1° Jésus chassant les vendeurs du temple, copie réduite de l’original du musée de Lyon ou de celui du Louvre ; 2° la Résurrection de Lazare, copie réduite de l’original de Jouvenet, du musée de Lille ou de celui du Louvre ; 3° grand paysage de l’école de Poussin, sur lequel on a peint après coup la Fuite en Égypte ; 4° Jésus bénissant les enfants, toile plutôt médiocre.

Dans la chapelle Saint-Just, près du pilastre de gauche, intéressante inscription dont voici le texte :

« L’abbé Lacroix de Laval, obéancier de Saint-Just, a fondé à perpétuité deux messes, l’une qui sera chantée le 17 janvier, et l’autre, messe basse, se dira le 26 janvier. Pour l’acquittement de cette fondation, il crée une rente de 70 francs le 10 septembre 1824. »

Sous le premier vitrail de la nef gauche, autre inscription par laquelle on apprend que Jean-Pierre Garcin, décédé à l’âge de 92 ans, fabricien de la paroisse Saint-Just, de 1803 à 1867. a fondé à perpétuité deux messes : l’une pour le repos de l’âme de Marie Pupier son épouse, décédée le 13 octobre 1847, l’autre pour le salut de son âme.


GRAND SÉMINAIRE

Après une location de sept ans à l’hôtel Gondy, montée Saint-Barthélémy, le séminaire Saint-Irénée se transporta, sur la rive droite du Rhône, à l’angle de la Croix-Pâquet et de la côte Saint-Sébastien, le long du chemin conduisant du Griffon à la recluserie de Saint-Clair. L’immeuble fut acheté des héritiers de Guillaume Deschamps, par adjudication du 22 juin 1670, au prix de 45.500 livres. Maîtres et étudiants s’y trouvaient installés déjà depuis douze ou treize mois. L’établissement de cette institution, dont les avantages et la nécessité n’échappaient à personne, fut cependant long et laborieux, entravé par des difficultés dont on n’a pas encore pénétré la nature. M. d’Hurtevent, disciple cher à M. Olier, le fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice, y consacra tout ce que le zèle a de patience, la sainteté d’abnégation, l’éloquence de poids : il y mourut à la peine. Grâce à une somme importante, envoyée par M. de Bretonvilliers, supérieur général de Saint-Sulpice, et à une contribution à peu près égale de l’archevêque, Mgr de Neuville de Villeroy, on put entreprendre les bâtiments el en accommoder de suite une partie considérable ; le surplus fut repris en 1708, sous M. Rigoley, et, en 1741, sous M. de Vaugimois, supérieurs.

Plan du Séminaire de la Croix-Paquet.

La Croix-Paquet. — 2. Terrasse extérieure. — 3. Entrée. — 4. Galerie couverte. — 5. Chapelle. — 6. Pas-perdus. — 7. Cimetière. — 8. Marronniers. — 9. Cuisine. — 10. Salle et escalier. — 11. Salle d’oraison. — 12. Salle et escalier. — 13. Réfectoire. — 11. Lavoir et escalier. — 12. Partie réservée à l’archevêque. — 16. Allée supérieure. — 17. Terrasse intérieure. — 18. Grande salle avec vestibule. — 19. Escalier. — 20. Allée intérieure.
Les nos 9, 12, 13, 11, 18, construits par le supérieur Maillard 1678-1682 ; 17 et 19 en 1683 ; n° 15, sous M. Rigoley 1708-1709 ; nos 2, 3, sous M. de Vaugimois 1726-1727 ; nos 10, 11 sous le même 1710-1741.

Mais la chapelle demeura le bâtiment qu’on avait, — faute de mieux évidemment et avec plus ou moins de commodité, — adapté à cet usage sacré. Ce provisoire dura à peu près tel quel jusqu’en 1859 ; c’était une ancienne fonderie de canons, occupée par un sieur Emery qui mit quelque résistance à déloger. On y entra au printemps de 1672 et une des premières cérémonies, qui s’y accomplit, fut d’y déposer les restes vénérés de M. d’Hurtevent, pieusement endormi dans le Seigneur, le 30 décembre 1671.

La description du lieu manquerait d’intérêt. Nous savons que les dépenses d’appropriation montèrent à 4.972 livres. Il présentait la forme d’un rectangle allongé, avec un fond à pan coupé droit et une tribune ménagée au-dessus de l’entrée. Une porte donnait sur la rue ; surmontée d’un petit clocher, juste assez haut pour l’unique cloche qu’il contenait. Elle s’ouvrait à peu près à l’endroit des tourniquets du funiculaire de la Croix-Rousse et elle était orientée du midi au nord.

Un peu moins d’un siècle plus tard, M. Guichard, un directeur qui passa 40 ans à Saint-Irénée et en géra l’économat avec une habileté peu ordinaire, entreprit une réparation complète de l’édifice très délabré par le temps. De sa part, le projet fut hardi, un vrai coup d’audace, car Mgr de Montazet, archevêque, ne cachait pas des dispositions moins que tièdes à l’égard des Sulpiciens, et il recommandait sans cesse d’épargner des finances dont il prétendait disposer à son gré. Nous croyons que l’on se déroba à sa surveillance inquisitoriale pendant l’un de ses fréquents et longs séjours à Paris pour s’entendre avec M. Loyer, architecte, embaucher les ouvriers et les mettre en chantier.

Le Saint Sacrement fut transporté, le lendemain de l’octave de la Fête-Dieu 1763, dans la seconde salle du pavillon, désigné sous le nom de l’archevêché ; aussitôt on enleva toute la boiserie de l’église, les stalles qui n’étaient que de sapin pourri, la tribune et son escalier, le plafond en entier, composé de minces planchettes fusées. Le sol de la nef, plus bas que le chœur de cinq marches, fut relevé de quatre pieds ; toute la façade, donnant sur la place, fut plâtrée en stuc ; un perron de six marches posé, et deux grandes fenêtres, percées de chaque côté de l’entrée. La porte fui refaite à deux battants, en chêne, avec des motifs sculptés, ornée d’une ferrure magnifique et accompagnée d’un tambour de treize pieds de haut. Sur la façade on posa un fronton, surmonté d’une croix dorée de cinq pieds ; on regratta la statue de Saint-Irénée, qui en ornait la niche centrale. Au dedans, on procéda à un remaniement aussi complet, du pavé jusqu’à la voûte ; on revêtit les murs d’une boiserie, chargée de bas-reliefs et de rosaces ; dans le sanctuaire on employa le chêne. Dessart, sculpteur, multiplia les trophées et les guirlandes ; les stalles furent renouvelées, dans le chœur séparé de la nef par un grillage d’un beau travail ; elles étaient doubles, hautes et basses, et comprenaient 48 places de chaque côté.

Après avoir procédé à la réfection du couvert, tuiles et charpente, on exécuta la voûte carrée, en plâtre, avec des emblèmes aux bas-côtés, des panneaux et des bordures.

Le sanctuaire reçut un pavé de pierre blanche et noire, un autel de choin rouge, avec ses gradins et son tabernacle, orné de motifs en cuivre doré, et, par derrière, un grand crucifix dans un beau cadre, surmonté d’une gloire.

La piété de M. Guichard lui suggéra d’ériger une chapelle à saint Irénée, l’illustre docteur, second évêque de Lyon ; il y vit un double avantage : consacrer d’abord le culte du patron titulaire de la maison et introduire de la symétrie dans sa restauration, en donnant à la chapelle de la Vierge l’édicule correspondant qui lui manquait.

On pratiqua un enfoncement dans le mur de gauche que l’on ferma en cul-de-four, et, du haut en bas, sur les panneaux et les pilastres, on revêtit cette surface de mosaïques brillantes, exécutées par un ecclésiastique M. Bally, qui demanda 1.600 fr. pour salaire.

Des placards dans la sacristie, une cloche neuve, une grille de fer forgé de quatre pieds de haut et de plus de cinquante de long, entre le chœur et le sanctuaire, des vitres et des rideaux brochés aux fenêtres complétèrent une transformation dont tout le monde vanta le goût et l’opportunité. La dépense s’éleva à 63.636 livres ; l’économe et le supérieur, M. Denavit, se chargèrent de solder les entrepreneurs, sans que leur modestie consentît à avouer leur intervention personnelle aussi nécessaire que dissimulée.

La chapelle, qui était principalement à l’usage des jeunes aspirants au sacerdoce, admettait aussi, les dimanches et les fêtes solennelles, les fidèles du dehors ; on y faisait un catéchisme public, chaque semaine. Elle était ouverte et assignée comme station pour les principaux jubilés ; rarement, et seulement un peu avant 1789, on y conféra les saints ordres.

Chapelle du Grand Séminaire actuel.

Les supérieurs, dont la carrière s’acheva au séminaire, y reçurent la sépulture ; des pierres tombales marquaient l’endroit où reposaient MM. d’Hurtevent, Maillard, Higoley, de Vaugimois et Visse ; plusieurs professeurs, et notamment le savant M. Josse Le Clerc, y furent également enterrés. M. Charles Démia, ecclésiastique de haute vertu, fondateur des Petites Écoles et de la congrégation des sœurs Saint-Charles, demanda par testament qu’on y creusât sa fosse, aux pieds de M. d’Hurtevent, son confesseur et son ami.

Après le Concordat et l’organisation du diocèse par le cardinal Fesch, le séminaire fut rétabli dans son ancien local, mais les ressources n’étant pas proportionnées aux besoins, on dut attendre jusqu’en 1844 pour accommoder la chapelle. Transformée en corps de garde pendant la Révolution, affectée depuis à un dépôt de charpente, il avait été jusque-là impossible de la rendre à sa destination passée. Les Sulpiciens, qui étaient rentrés dès
Intérieur de la Chapelle du Grand Séminaire.

1796 et avaient repris les cours de théologie, commencèrent l’exécution du projet, sans en voir la fin ; dissous par un décret impérial, ils se dispersèrent après les fêtes de Noël de cette même année 1811. Leurs successeurs, prêtres séculiers diocésains, avaient à leur tête M. Gardette. Il eut la joie d’introduire la communauté dans la maison de Dieu, remise à neuf. Mais quoi qu’il tentât, il ne parvint pas à la transformer en un monument intéressant, elle s’enrichit cependant de quelques restes des boiseries de l’abbaye de Cluny, qui n’avaient pas toutes été employées dans le chœur de la Primatiale. Un don de 900 fr. de M. Courbon, vicaire général, permit des améliorations urgentes et l’achat d’un maître-autel en marbre blanc. En 1834, M. Groboz, chanoine et secrétaire général de l’archevêché, offrit des panneaux, merveilleux d’ornementation, qu’il avait achetés 5.000 fr. et qui provenaient de la cathédrale Saint-Maurice, de Vienne ; il avait eu l’intention de les adapter au chœur de Saint-Jean, mais comme ils étaient de style renaissance, l’architecte les refusa. Le séminaire Saint-Irénée en profita ; ils furent sa plus décorative parure, tant qu’il subsista au faubourg Saint-Clair.

Depuis deux siècles en effet que les générations cléricales abritaient dans ces murs leurs études et leur préparation au ministère sacré, la ruche avait résisté aux injures du temps, et la construction, du rez-de-chaussée au quatrième étage de ses mansardes, conservait sa solidité, mais tout autour, quelle métamorphose dans les habitations et les mœurs du quartier ! Autrefois l’enclos était environné par une ceinture de couvents silencieux : Feuillants, Ursulines, Oratoriens, Bernardines, Colinettes, étaient des voisins aussi exemplaires que peu turbulents. Depuis leur disparition, on avait abattu et percé leurs enclos, tracé de nouvelles rues, élevé d’immenses maisons qui interceptaient l’air et le jour. Ce coin, l’un des plus frais de l’ancien Lyon, avait été transformé en une espèce de cirque en contre bas, humide, sombre et découvert.

Vierge-Mère, par Bonnassieux (au Grand Séminaire).

Un déplacement, par raison de morale et d’hygiène, s’imposait à court délai ; on commença à en délibérer sous l’administration de Mgr de Pins, qui avait ramené à Saint-Irénée, Messieurs de Saint-Sulpice ; on visita plusieurs propriétés, on enquêta, on désira l’École vétérinaire ; on ouvrit des pourparlers avec le propriétaire de la Sara, on acheta même dans ce dessein de vastes jardins maraîchers, situés le long du chemin qui conduit de l’église Saint-Pierre de Vaise au cimetière de Loyasse ; une ordonnance royale du 9 octobre 1825 intervint pour légaliser le contrat et on demanda des plans à M. Chenavard. L’affaire cependant n’alla pas plus loin ; on objecta que la situation n’était peut-être pas très salubre et que la distance de ce point à la cathédrale causerait plus d’un embarras. Sur les indications d’un aimable et pieux chanoine M. Combe, on découvrit beaucoup mieux sur le coteau de Saint-Just, près de la Croix de Colle, à l’ombre de Notre-Dame de Fourvière. Là, derrière la rangée des premières maisons qui bordent le côté est de la place des Minimes et amorcent le Gourguillon à la rue des Farges, à l’endroit dit les Bains Romains, successivement occupé par un monastère d’Ursulines et une maison de santé, on trouvait un emplacement assez vaste, facilement dégageable des masures qui l’encombraient, soustrait à des proximités indiscrètes et ouvrant sur un des plus magnifiques panoramas de la chaîne des Alpes.

Il n’entre pas dans le sujet de celle notice de raconter en détail l’histoire de la construction nouvelle, une des œuvres les plus importantes, pour ne pas dire la plus importante, du long épiscopal de Mgr Maurice de Bonald. Il sera utile toutefois d’en rappeler les principales dates, afin de guider le lecteur jusqu’au jour de l’inauguration de la chapelle qui en couronna l’achèvement.

Ce fut au cours d’une de ses visites à Saint-Irénée qu’on entretint M. Carrière, délégué du supérieur général de Saint-Sulpice, de l’emplacement préféré ; il monta l’examiner le 26 juillet 1843 ; un mois après, paraît-il, l’acquisition des Bains romains était réalisée ; on poursuivit les négociations pour étendre le périmètre et reculer des abords gênants. Les directeurs agissaient encore en leur nom privé ; toutes leurs instances auprès des pouvoirs publics échouaient et toutes les combinaisons qu’ils proposaient, soit à la ville, soit au gouvernement, pour la vente de l’immeuble de la Croix-Paquet et la constitution du capital nécessaire à l’entreprise projetée, rencontraient d’invincibles retards.

Un décret de Napoléon III, signé le 8 janvier 1854, régla que les fonds nécessaires seraient avancés par le trésor public et que l’ancienne maison deviendrait purement et simplement bien de l’État. M. Tony Desjardins, architecte diocésain, préféré à M. Chenavard, ouvrit les premières tranchées au printemps de 1855.

La pose et la bénédiction de la première pierre furent célébrées au milieu d’une grande pompe, le samedi 14 juillet ; le cardinal la scella de ses mains ; il était entouré de ses vicaires généraux, de la plupart des curés de la ville ; le supérieur de la maison était alors M. Louis Duplay ; les directeurs se nommaient MM. Denavit, Wavrin, Vincent, Sergeot, Thibault, Durieu et Ferry. Par ses fonctions de procureur, M. Durieu était appelé à prendre dans cette œuvre une part considérable ; son dévouement et sa peine ne sauraient être oubliés.

L’édifice reçut ses hôtes à la rentrée de l’année scolaire 1839, la veille de la Toussaint ; l’État avait supporté une dépense atteignant en chiffres ronds dix-sept cent mille francs. Cependant, malgré le total élevé des crédits alloués, il avait été impossible de s’occuper immédiatement de la chapelle ; la salle des exercices était destinée à la remplacer jusqu’à la venue de ressources providentielles ; on se réduisait au provisoire comme jadis dans la fondation primitive du xviie siècle. Heureusement, on en sortit plus vite. Au cours de la retraite pastorale de 1862, l’archevêque et son clergé se concertèrent à ce sujet et résolurent d’ouvrir une souscription. Elle fut annoncée par une lettre pastorale du 18 novembre, et son Éminence s’inscrivit le premier pour une somme de 12.000 francs ; la collecte, dans le diocèse, rendit près de 60.000 francs. Il n’y a qu’édification à révéler que les dons personnels du cardinal archevêque de Lyon atteignirent la somme de 72.000 francs. Entre les autres, deux offrandes sont à mentionner, elles vinrent d’Amérique et partaient de cœurs lyonnais : Mgr Odin, archevêque de la Nouvelle-Orléans, élève de Saint-Irénée, envoya 800 francs, et Mgr Dubuis, évêque du Texas, s’engagea pour 1.500 honoraires de messes à dire.

Après une décision favorable de M. Baroche, ministre de la justice et des cultes, accordée le 19 août 1863, on creusa les fondations sur le prolongement de l’aile nord, dans l’axe du levant au couchant. À l’issue de la retraite pastorale, qui fut close le 7 octobre, on procéda solennellement à la bénédiction de la première pierre et on pria le prédicateur, Mgr Chalandon, archevêque d’Aix, lyonnais de naissance, de remplir cette fonction liturgique. Mais les premiers fonds, bientôt absorbés, quoique Mgr de Bonald eut renouvelé six fois au moins son premier don, obligèrent de suspendre la construction après la campagne d’été de 1864. Vainement on alla jusqu’au cabinet du ministre présenter une demande d’allocation nouvelle ; une pétition remise à l’empereur, lors de son passage en 1865, eut le même sort ; il parut bien que le gouvernement avait irrévocablement décidé qu’il n’interviendrait plus. À quelle bourse avoir recours ? On sollicita de Rome une faveur pour laquelle il existait des précédents, permettant sans appauvrir personne de constituer des revenus courants, jusqu’à la couverture des dépenses occasionnées par l’achèvement de la bâtisse. La perception de cette contribution, approuvée par un bref de Pie IX, ne demandait de la part des curés qu’un peu de bonne volonté ; aucun d’eux n la refusa. Voici sur quoi elle reposait. Chaque curé est tenu par sa charge d’âmes de célébrer la messe pour ses fidèles tous les dimanches et fêtes d’obligation, sans qu’il ait la liberté, ces jours-là, de substituer une intention privée à l’intention paroissiale et de toucher un honoraire. Depuis le Concordat, on s’en tenait en France à la lettre précise de la loi et on considérait l’obligation, comme étant seulement imposée les cinquante-deux dimanches et les quatre fêtes chômées. La congrégation des Rites décréta que cette interprétation n’était pas licite, et elle rétablit la célébration du Saint Sacrifice pro populo aux anciennes fêtes supprimées, dont le nombre varie de 27 à 30 annuellement.
Mgr Dufêtre, évêque de Nevers. (Élève du Grand Séminaire).
Le pape, dans sa souveraine bienveillance, accorda la suspension temporaire de ce décret, pour une période de dix ans, avec clause que la taxe de la messe rétribuée serait intégralement versée à Saint-Irénée. En possession de ce rescrit, on reprit les travaux et le temple fut prêt à être livré au culte pendant les vacances de 1867. On choisit, en novembre, le dimanche anniversaire de la Dédicace des églises de France pour en solenniser la consécration. Le cardinal de Bonald, malgré son grand âge et ses fatigues, vint la présider ; il fut assisté de Mgr de Charbonel, de l’ordre des Capucins, ancien évêque de Toronto, jadis, avant de passer aux États-Unis, professeur et économe du séminaire de 1826 à 1833.

Les chants de la grand’messe furent pour la première fois exécutés en faux-bourdon. Peu à peu ce qui manquait à l’ornementation et à la décoration prit la place qui lui avait été préparée, sans rien introduire dans les détails qui changeât l’ensemble et ses harmonieuses lignes. Nous citerons les grandes orgues, composées de quatorze jeux, des facteurs Merklin et Cie, inaugurées le 19 septembre 1869 ; un tabernacle portatif, belle œuvre d’orfèvrerie d’Armand-Caillat, chargé d’émaux et de pierreries ; le cancel autour du maître-autel et les lustres en bronze doré ; les boiseries sorties des ateliers de MM. Bernard et Perrin ; la statue de la Mère de Dieu, bénite par le cardinal Caverot le 21 novembre 1878, réplique par l’artiste lui-même de l’œuvre que possède Notre-Dame de Feurs, une des plus touchantes productions du ciseau si chrétien de Bonnassieux, don de M. Captier, directeur de Saint-Irénée, plus tard procureur de sa Compagnie à Rome et successeur de M. Icard dans la supériorité générale ; les peintures décoratives, exécutées par M. Tolet, avec un coloris brillant ; enfin l’installation de la lumière électrique.

Sans passer en compte la plus grande partie de l’ornementation, provenant de libéralités privées, ledépenses, véifiées au ministère des Cultes, en octobre 1873, se sont élevées à 253.039 fr. 41 ; les recettes, souscriptions et honoraires de messes, étaient montées à 203.372 fr. 71. L’État consentit à solder la différence, sous le ministère de M. Jules Simon et après une demande de Mgr Ginoulhiac : il versa la somme de 49.666 fr. 70. M. Fourton, ministre des Cultes, successeur de M. Jules Simon, en prévînt l’archevêque par une lettre du 29 novembre 1873.

Telle qu’elle se présente dans son achèvement et avec les embellissements qu’elle doit à ses bienfaiteurs, l’œuvre de l’éminent architecte du séminaire satisfait l’œil par son aspect monumental, l’harmonie de ses proportions, la pureté de ses lignes sévères, en même temps que d’une façon commode elle se prête aux usages liturgiques et au déploiement des pompeuses cérémonies du culte, fréquentes dans la communauté irénéenne.

Elle accuse le style roman du xiie siècle : une nef principale, sans transept, flanquée d’étroits collatéraux et une abside, entourée de cinq absidioles rayonnantes, formant autant de petites chapelles, en constituent le plan développé. La nef est divisée en deux parties d’inégale grandeur : l’une se compose de trois travées, que des contreforts saillants et droits jusqu’à la voûte accusent et séparent, que de hautes fenêtres cintrées échurent de chaque côté, et l’autre, plus large que les précédentes, remplit la quatrième travée, ornée d’une rosace à six lobes et portant un triforium dont l’élégance se dessine dans la courbure de ses lignes et la richesse de ses colonnettes. Cinq autres fenêtres sont percées dans autant de baies de l’abside et, à l’étage inférieur, la galerie du pourtour se continue avec ses ouvertures correspondantes qui brisent avantageusement la surface plane du sanctuaire.

Tout serait à admirer, tout serait à louer, sans restriction, dans le plan et l’exécution de l’édifice, si le visiteur, en pénétrant du dehors au dedans, n’éprouvait comme de l’étonnement et une certaine déception de ne pas apercevoir ce qu’il avait soupçonné exister d’après l’aspect extérieur. Les murailles de la grande nef forment masse compacte et isolent tout le reste de la chapelle, sans qu’on puisse en deviner la présence, l’utilité et l’harmonie : les collatéraux passent au rang de couloirs et les autels rayonnants sont dérobés à la vue. Peut-être la commodité a-t-elle imposé cette ordonnance : il me semble qu’elle n’est pas très heureuse.

Il paraît qu’avant sa mort, M. Tony Desjardins avait préparé une monographie complète de son œuvre de prédilection : notes, dessins, photographies, graphiques de Saint-Irénée étaient prêts à être remis à l’éditeur : il est vivement à désirer que l’héritier de ses talents professionnels et de son nom, M. Desjardins fils, ne renonce point à ce projet et publie les études paternelles, qui oserait prévoir à quels usages ces bâtiments et cette chapelle seront affectés dans quelques années, quelles transformations ils auront subies ? Qu’ils demeurent au moins, dans un beau livre, tels qu’ils furent conçus, tels qu’ils furent réalisés par le labeur, le talent et la charité.

Il faut espérer aussi qu’un ouvrage historique complet et détaillé redira en détail les gloires des deux séminaires successifs, rappellera la biographie des personnages illustres qui en sont sortis à toute époque, tels le cardinal Donnet, les évêques Debelay, Cœur, Dufêtre, Loras, Lyonnet, les vicaires généraux Courbon, Lajout et une multitude d’autres, l’honneur et la gloire du diocèse.

BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE V

SAINT-IRÉNÉE

Notice sur les martyrs de Lyon et la crypte de Saint-Irénée. Lyon, Vitte & Perrosset s. d., in-16, 16 p.

Adrien péladan, De l’église romaine de Saint-Irénée à Lyon, dans La France littéraire, VIII, 475.

Abrégé de l’histoire des martyrs et des saints de la ville de Lyon, avec les statuts et règlemens de l’ancienne confrérie de saint Irénée et des martyrs de Lyon, rétablie de nouveau en l’église dudit saint Irénée à Lyon ; par le sieur Jean Guérin, chamarier de l’église de saint Irénée. À Lyon, chez Estienne Perrin, 1668, in-18, xiv-234 p.

Autre édition : À Lyon, chez la vefve de Gvill. Barbier, imprimeur ordinaire du roy, M.DC.LXVIII, avec approbation & permission, in-16, 8 f.-221 p.

Mémoire pour les chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin, congrégation de France, établis au quartier de Saint-Irénée de la ville de Lyon, et les bourgeois habitans des paroisses de Saint-Just & Saint-Irénée de la même ville, contre Claude Allain, fermier des anciens & nouveaux octrois de la ville et fauxbourgs de Lyon et les prévôt des marchands & échevins de la même ville. [À la fin :] De l’imprimerie de P.-G. Le Mercier fils, 1731, in-folio, 30 p.

Voyage du saint Calvaire sur la montagne des martyrs de Lyon, à S. Irénée, avec l’instruction pour pratiquer avec fruit cette dévotion, enrichi d’onze planches en taille-douce, qui représentent les mystères de la passion du Sauveur et d’un abrégé historique de l’antiquité & sainteté des églises de S. Just & S. Irénée, où un très grand nombre de chrétiens ont été martyrisez & inhumez, par M. Nicolas Nivon, chanoine et infirmier de Saint-Irénée. Lyon, Léonard de la Roche, 1731, in-12, 16 f.-39-180-113 p.-7 f., gravures. — Autre édition : Lyon, Jacquenod et Rusand, 1764, in-12.

Manuel à l’usage des associés de la confrérie des saints martyrs de Lyon, contenant un abrégé historique des martyrs de Lyon, de s. Pothin, de s. Irénée, etc., avec la lettre des fidèles de Vienne et de Lyon aux églises d’Asie, les statuts de la confrérie des saints martyrs, avec les indulgences qui lui ont été accordées, les offices des fêtes des saints martyrs, avec des prières en leur honneur, le chemin de la croix et l’ordinaire de la messe avec les prières pour la confession et la communion. Lyon, Rusand, ISIS, in-18, 2 f.- 476 p.

Fleury La serve. L’église de Saint-Irénée, dans Lyon ancien et moderne, par les collaborateurs de la Revue du Lyonnais, sous la direction de Léon Boitel… (1843), II, 259.

Notice sur la confrérie des Saints-Martyrs de Lyon, [à Saint-Irénée]. Lyon, 1853.

[D. Meynis], Mémorial de la confrérie instituée en l’honneur des Saints-Martyrs de Lyon. Lyon-Paris, Pélagaud, 1855, in-18, 2 f.-201 p., 1 plan. — Autre édition en 1863.

Procès-verbal des fouilles faites dans le chœur de l’église souterraine de Saint-Irénée, 1856.

[D. Meynis], Des reliques des saints martyrs de Lyon, conservées à l’entrée de la crypte de Saint-Irénée. Lyon, Pélagaud, 1874, in-8, 8 p.

Les anciennes églises paroissiales de Lyon, par D. Meynis, auteur des Grands souvenirs de L’Église de Lyon, etc. Lyon, P.-N. Josserand, libraire-éditeur, 1872, in-18, VIII-172 p.-1 f.

Notice sur la réouverture de l’église de Saint-Irénée à Lyon, et sur la chapelle du Saint-Sépulcre par D. Meynis, auteur du Mémorial de la confrérie des saints martyrs, etc. Lyon, Pélagaud, 1879, in-8.16 p.

D. Meynis, Date de la crypte de Saint-Irénée, réponse à M. Steyert. Extrait de la Revue du Lyonnais. Lyon, Mougin-Rusand, 1880, in-8, 1 f.-6 p.

La montagne sainte, mémorial de la confrérie des Saints-Martyrs de Lyon, par D. Meynis, commandeur de l’ordre de Saint-Sylvestre, auteur de divers ouvrages sur l’histoire lyonnaise. [À la fin :] Lyon, imprimerie catholique, J.-E. Albert, 1880, in-8, 3 f.-VIII - 231 p., gravures, plans.

Date de la crypte de Saint-Irénée ; réponse à M. Steyert par D. Meynis, commandeur de l’ordre de Saint-Sylvestre, auteur du livre La montagne sainte. Lyon, imp. Albert, 1883, in-8, 20 p.

Revue d’études critiques sur différents sujets, [par A. Steyert], n° 1, mai 1883. Lyon, Waltener et Cie, 1883, in-8.

J. Birot, La crypte Saint-Irénée de Lyon, dans Bulletin historique du diocèse de Lyon (1903), III, 150-4.

SAINT-JUST

La reception de monsievr Ivste de Tovrnon en l’esglise sainct Iust de Lyon, l’an 1542. À Lyon, on les vend en la rue du Plat, à l’enseigne de la Providence, par Louis Brun, avec permission. [À la fin :] Nouvellement imprimé pour E. Longin, le mardy iour de sainct Iehan l’évangéliste, uingt septiesme décembre mil neuf cens quatre, à Lyon, par Paul Legendre, en rue Belle-Cordière. [2e partie :] Receptio domini Tvrnonensis in ecclesia sancti Ivsti Lvgduni, anno Domini millesimo quingentesimo quadragesimo secundo. Lvgdvni, apud Lvdovievm Brvn, cum privilegio, petit in-8, 2 parties 6 et 6 fnc.

Verbal et information faite par l’authorité du roy Charles IX de la ruine de l’église, cloistre, maisons canoniales & du chasteau des seigneurs chanoines & chapitre de S. Iust de Lyon, démolis par ceux de la religion prétendue réformée, l’année mille cinq cens soixante-deux, après la prise de la ville de Lyon. À Lyon, chez Gvillavme Barbier, imprimeur ordinaire du roy, à la place de Confort, M.DC.LXII, in-4, 32 p.

Écrits importans pour le chapitre de l’église collégiale de Saint-Just de Lyon, et pour tous les chapitres et toutes les communautés ecclésiastiques. À Lyon, de l’imprimerie, de la ville, M.DCC.LXXXV1I, in-4, 76 p.

Notice sur saint Jubin, archevêque de Lyon, avec une dissertation sur l’authenticité de son corps et de son tombeau, quelques-unes des guérisons obtenues par son intercession

une neuvaine de méditations et prières, la messe et les vêpres à l’honneur de ce saint pontife et le chemin de la croix ; par J.-B. Durand, curé de S. Irénée à Lyon. À Lyon et Paris, chez M. P. Rusand, 1826, in-12, 1 f.-279 p.

N.-F. Cochard, Notice historique sur le bourg de Saint-Just-lès-Lyon. Lyon, imp. M.-P. Rusand, 1830, in-8, xxij p.

F.-Z. Collombet, La basilique des Macchabées, dans les Saints du diocèse de Lyon, p. 407.

A. Roussillac, L’église de Saint-Just, dans Lyon ancien et moderne, par les collaborateurs de la Revue du Lyonnais, sous la direction de Léon Boitel… (1843), II, 449-73.

De l’église des Macchabées de Saint-Just, dans Revue du Lyonnais, 2e série (1852), IV, 368.

Collection lyonnaise, n° 2. Destruction de l’église de Saint-Just, du cloître et de partie du faubourg par les protestants, en 1562, enquête et procès-verbaux. Lyon, Henry Georg, 1878, in-16, XVII-74 p.

M.-C Guigue, Visite des corps saints de l’église Saint-Just de Lyon, en 1288, dans Bulletin de la Société des antiquaires de France, (1879) p. 115.

Les Macchabées et Saint-Just, par l’abbé C. Comte. Lyon, Vitte, 1893, in-16, 94 p., grav.

C. Comte, Une relique insigne de l’église Saint-Just de Lyon : la main de saint Alexandre, dans Bulletin historique du diocèse de Lyon (1901), I, 225-38. — Tiré à part : Lyon. E. Vitte, 1901, 16 p.

GRAND SÉMINAIRE

Notes historiques sur le séminaire Saint-Irénée : 1er supérieur, M. d’Hurtevent (1659-1671). — 2e fascicule : 2e supérieur, M. Maillard (1672-1696) ; 3e supérieur, M. Rigoley (1696-1721) ; 4e supérieur, M. de Vauginois (1721-1758). — 3e fascicule : les prieurés de Firminy et de Chandieu (Champdieu, Loire). — 4e fascicule : 5e supérieur, M. Visse (1758-1762) ; 6e supérieur, M. Denavil (1762-1782) ; 7e supérieur, M. de la Garde (1782-1784) ; 8e supérieur, M. Gazaniol (1784-1791) ; interruption du séminaire (1791-1801). Lyon, imp. A. Waltener et Cie (le 4e fascicule : Emmanuel Vitte), 1882-91, in-8, 2 vol. en 4 fascicules, XXIII- 401 p.-l f., le 3e fascicule à part, 46 p.