Histoire de la maladie des pommes de terre en 1845/Préface


Mon intention était de limiter ce travail à l’exposé de mes recherches anatomiques ; mais en y réfléchissant, j’ai cru plus utile de publier aujourd’hui une histoire de la maladie des pommes de terre et de réserver, pour un recueil spécial, une Notice accompagnée de dessins propres à éclaircir la question au point de vue purement botanique.

Aux yeux de quelques-uns de mes lecteurs, mon travail semblera peut-être brusquement termine : je ne me dissimule pas qu’il aurait bien plus de valeur si j’avais pu y ajouter un résumé indiquant l’étiologie complète de la maladie, c’est-à-dire les causes médiates et immédiates qui l’ont produite, les circonstances locales et générales qui en ont modifié si diversement les formes, les conditions extérieures qui ont favorisé la naissance de tant d’êtres différents, et enfin les moyens d’arrêter et de prévenir les altérations qui tendent à détruire le végétal le plus précieux que nous ait fourni le Nouveau Monde. Quelques-uns l’ont tenté. Mais en ce qui me concerne, je dois l’avouer franchement, dans l’état actuel de la science, il ne m’eût été possible d’établir que des hypothèses gratuites ou des données incomplètes ; je me suis donc abstenu.

L’anatomie botanique a fait, à l’aide du microscope, d’immenses progrès depuis un quart de siècle, et dans la question qui nous occupe, j’ai tâché de mettre à profit toutes ses découvertes ; mais la pathologie des végétaux est encore enveloppée dans une profonde obscurité, sans toutefois qu’on ait droit d’accuser le zèle des botanistes, puisque les deux points capitaux de la question, c’est-à-dire la non-contagion de la maladie et la conservation du principe amylacé, ont été démontrés par eux.

Pour moi, le désir d’être utile m’a soutenu dans un travail où j’ai éprouvé le chagrin d’être en dissentiment avec quelques savants que je respecte à de si justes titres ; mais je me trouverai amplement récompensé de mes efforts si je parviens à faire comprendre aux cultivateurs que toutes les sciences qui ont pour objet l’étude de la nature se tiennent pour ainsi dire par la main, et ne peuvent se passer les unes des autres, et que l’agriculture, celte base de la prospérité publique, deviendra une véritable science quand ceux qui la pratiquent sauront éclairer leur expérience des lumières de l’anatomie et de la physiologie.

J’ai placé à la fin de mon travail la liste des auteurs qui ont écrit sur la maladie des pommes de terre ; j’ai indiqué le titre de leurs Notices et le nom du journal dans lequel elles ont été insérées, de manière à faciliter plus tard toutes les recherches sur cet important sujet.