sur la production des tubercules.
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Les données transmises de différents départements ou de diverses provinces de la Belgique et de la Hollande ne s’accordent point, relativement à l’évaluation approximative des pertes éprouvées cette année.
Ainsi, vers le commencement de septembre, on regardait la récolte comme entièrement perdue dans les provinces de Gueldre, d’Utrecht, de Zélande, etc. Nous avons malheureusement vu la même panique se reproduire sur quelques points de la France. Aujourd’hui, en Belgique, quelques propriétaires espèrent conserver les deux tiers de leur récolte, d’autres l’estiment au tiers d’un rendement ordinaire, les plus maltraités la portent au quart, au cinquième et même au sixième. Les membres de la commission du conseil de salubrité publique à Bruxelles réduisent la récolte à un dixième. Il est plus difficile encore d’arriver aujourd’hui même à une approximation quelconque pour la France. D’après mes observations aux environs de Paris, j’adopte l’opinion de M. Royer, qui évalue à 5 ou 6 p. 100 de la récolte totale la proportion des tubercules avariés ; 10 p. 100 me paraissent également une exagération, sauf les exceptions que présentent les bas-fonds, quelques cultures isolées et sur lesquelles on ne peut rien statuer.
Dans le cas où les tiges ont seules été détruites, cette destruction, comme on devait s’y attendre, a entraîné une diminution plus ou moins considérable dans la production des tubercules. A l’égard des variétés tardives surtout, la récolte a été complétement nulle dans une foule de localités en Hollande et en Belgique, et même en France. Aux environs de Paris, malgré l’entière destruction des tiges, la récolte des mêmes variétés est loin d’être anéantie. Les tubercules, sans être ni abondants ni volumineux, sont en général de bonne qualité dans les terrains perméables et légers ; ceux qui proviennent d’un sol compacte, reposant sur un sous-sol perméable, sont à peu près dans le même cas. Néanmoins on peut établir que les tubercules sont aqueux et n’ont même pas atteint leur état de maturité parfaite à cette époque de l’année. Ils sont en général gorgés de sucs et verdissent promptement au contact de l’air. M. Philippar a vu en effet des pommes de terre arrachées le matin, laissées sur place pendant la journée et présenter le lendemain une teinte verte très prononcée.
Cependant si le dommage n’a pas été aussi étendu en France que dans les pays limitrophes, et si la récolte a été plus abondante qu’on n’était pour ainsi dire en droit de l’espérer, il ne faut pas en conclure, comme certains esprits, que le mal a été exagéré en Belgique et en Hollande. Dans ces deux pays la perte a été énorme, et à cet égard on ne verra peut-être pas sans intérêt le tableau statistique de la culture des pommes de terre dans le royaume des Pays-Bas où ce tubercule peut être considéré aujourd’hui comme la base de la nourriture non pas seulement des classes pauvres, mais encore des classes moyennes de la société.
En voici le produit pendant les deux dernières années dans les différentes provinces du royaume :
1843. | 1844. | |
hectol. | hectol. | |
Brabant septentrional |
2,333,793 | 1,993,197 |
Gueldre |
2,897,701 | 2,504,527 |
Hollande méridionale |
1,681,196 | 1,536,967 |
Hollande septentrionale |
275,975 | 533,250 |
Zélande |
805,464 | 764,888 |
Utrecht |
453,841 | 344,792 |
Frise |
2,126,157 | 1,830,006 |
Overyssel |
1,116,390 | 1,348,830 |
Groningue |
1,395,247 | 1,349,533 |
Drenthe |
622,957 | 650,777 |
Limbourg |
753,850 | 695,263 |
La diminution observée entre les produits de 1843 à 1844 reconnaît plusieurs causes, en tête desquelles on doit placer l’immense développement qu’a pris à Java la culture du riz qui entre aujourd’hui pour une part considérable dans l’alimentation de la population hollandaise ; puis les bonnes relations existant entre la Belgique et le royaume néerlandais qui permet l’importation des grains étrangers ; enfin le nouveau développement que prend aujourd’hui en Zélande la culture de la garance.
Quant aux dégâts causés sur les tubercules dans les différentes provinces de la Hollande, on les évalue comme suit :
hectares. | atteints de la maladie. | |
Brabant septentrional |
10,671 | 10,661 |
Hollande septentrionale |
2,287 | 1,121 |
Hollande méridionale |
12,310 | 10,943 |
Zélande |
4,686 | 3,748 |
Frise |
10,816 | 7,998 |
Overyssel |
7,326 | 4,461 |
Limbourg |
7,113 | 2,254 |
Ces documents officiels nous donnent une idée de l’affreuse étendue des dégâts, puisque, d’après ce relevé, on peut en conclure que les deux tiers, sinon les trois quarts du produit ont été frappés.
On estime en France la récolte annuelle des pommes de terre à 4,800,000 hectolitres représentant 31,000,000 de quintaux métriques ; mais jusqu’à ce jour il est impossible d’évaluer les pertes.
En Belgique, d’après le rapport présenté aux chambres législatives, on porte à 12,000,000 d’hectolitres la consommation annuelle des pommes de terre, qui sont, surtout pour les habitants des campagnes, la base principale de l’alimentation.
Dans quelques provinces, ainsi qu’en Hollande, on évalue également la perte aux deux tiers de la récolte.