Histoire de Servian/Chapitre17

CHAPITRE XVII



Le couvent des capucins de Servian

Les capucins, établis en France, en 1573, sous Charles ix, avec l’autorisation de Grégoire XIII, furent appelés à Béziers en 1584, sous l’épiscopat de Thomas de Bonsi, qui les approuva en 1594.

La Custodie de Béziers comprenait les couvents de Béziers, Montpellier, Lunel, Sauve, Le Vigan, Ganges, Frontignan, Agde, Pézenas, Servian, Narbonne, Lagrasse, Perpignan, Céret, Vinça, Prades (Société archéol. de Béziers, 2e  série, t. 14).

De 1622 à 1628, sous l’impulsion du P. Joseph du Tremblay, les capucins se multiplièrent en France. Le couvent de Servian remonte à 1636, voici les circonstances de sa fondation :

La peste sévissait à Béziers, les capucins s’étaient dévoués au service des pestiférés et un bon nombre d’entre eux avaient succombé. L’évêque de Béziers et le P. Gardien jugèrent sage de préserver un certain nombre de Pères en les envoyant dans les villes voisines. Ainsi, un groupe de six religieux fut dirigé sur Servian et y séjourna cinq ans. Ces bons religieux gagnèrent les sympathies de la population serviannaise. La Commune demanda aux Supérieurs l’érection d’un couvent par une délibération qui nous a été conservée :

« L’an 1631 et le 21e jour du mois de mai, dans la maison consulaire de Servian, devant M. Timon Martin, baille du roi, audit lieu, à la réquisition de M. Rivière, notaire, Pierre Mas de Fulcrand, consul, et assistant Jean Simon, procureur du roi. Le conseil général dudit lieu a été assemblé, préalablement l’avoir fait proclamer sur la place publique, coins et carrefours accoutumés, auquel conseil a été proclamé ce qui s’ensuit :

« Les Pères Capucins sont restés cinq ans dans cette paroisse, à la satisfaction générale. L’assemblée désire les y voir s’installer à demeure, elle offre un fonds pour la construction d’un couvent ».

La délibération fut approuvée et le couvent bâti. L’église fut dédiée à saint Clément, pape et martyr, du nom du cardinal Clément de Bonsi qui devait la consacrer, quand il mourut.

Le couvent comprenait une dizaine de religieux de chœur et trois frères convers. Un cloître longeait la chapelle et conduisait à la salle capitulaire, située derrière le chœur de l’église. Le bas était occupé par les lieux réguliers : réfectoire, cuisine, etc… Le premier étage comprenait les cellules des religieux.

Les Capucins firent beaucoup de bien à Servian, un grand nombre de Servianais entrèrent dans l’Ordre et s’y montrèrent à la hauteur de leur vocation. La période révolutionnaire nous édifiera sur leur compte. En attendant, qu’il suffise de signaler le P. Jean Louis de Servian, de son nom de famille Boysseau, martyrisé au couvent de Sauve, par les protestants Camisards, le 27 décembre 1702. Prévenu de l’arrivée des bandits, il avait pu se sauver, mais, craignant la perte de ses manuscrits, il était revenu au couvent où une sentinelle le tua d’un coup de fusil. Les soldats le lardèrent de leurs baïonnettes pour assouvir leur haine contre le catholicisme. Le frère Julien, de Servian, échappa au massacre. On espère qu’un jour, ces martyrs seront canonisés. Une gloire de plus pour la paroisse de Servian.