Histoire de Miss Clarisse Harlove/Lettre 349

Traduction par Abbé Prévost.
Boulé (IIp. 519-520).


M Belford à M Morden.

à Londres, 4 septembre.

Monsieur,

la nature des circonstances est une apologie suffisante pour la liberté que je prends de vous écrire ; d’autant plus que, si je n’ai pas l’honneur de vous connaître personnellement, je n’en suis pas moins instruit de votre mérite. J’apprends que vous employez vos bons offices dans la famille de Miss Clarisse Harlove, pour la réconciliation de la plus vertueuse et de la plus digne de toutes les femmes. Quelque générosité qu’il y ait dans cette entreprise, nous n’avons que trop de sujet de craindre ici que vos soins ne deviennent inutiles. Tous ceux qui sont admis à la familiarité de Miss Harlove sont persuadés qu’elle ne peut vivre plus de trois jours : et si vous souhaitez de la voir avant sa mort, il ne vous reste point de tems à perdre. Elle ignore que je vous écris. Je l’aurais fait plus tôt, si je n’avais espéré, de jour en jour, qu’elle apprendrait quelque heureux effet de votre obligeante médiation. J’ai l’honneur, monsieur, d’être etc. Belford.