Histoire de Jonvelle/Troisième époque/Chapitre IV


CHAPITRE IV

LA SEIGNEURIE DE JONVELLE DÉFINITIVEMENT RENTRÉE DANS LE DOMAINE DES SOUVERAINS


Le pont de Jonvelle - Le prieuré aux Jésuites - Invasion de Tremblecourt - La Villeneuve, capitaine - Stratagème de Thierry la Valeur - Claude de Vergy, gouverneur du Comté - La trahison livre Jonvelle et les places voisines - Villeneuve remplacé par Fauquier de Chauvirey - Traité de Lyon - Jonvelle recouvré - Réclamations de Biron - Désordres des gendarmeries - Paix de Vervins - Albert et Isabelle - Miracle de Faverney - Autres franchises de Jonvelle - Milices de la seigneurie - Réunion de la châtellenie au bailliage.

(1570 – 1631)

Quand la terre de Jonvelle eut été retirée aux d’Andelot, elle eut pour châtelain Henri d’Oiselay, baron de la Villeneuve, qui descendait d’Agnés, fille de Philippe, le dernier seigneur indigène de Jonvelle[1], Ainsi était-il entre comme serviteur à gages dans la seigneurie de ses aïeux. En même temps, Ambroise de Raincourt devint receveur ou fermier amodiataire de la châtellenie (1570-1575), et après lui, Jacques Ogier, de Fontenoy-lez Montbozon (1575-1590) ; puis Jean Dorey. Tous les trois, en prenant possession de leur charge, engagèrent en caution leurs biens, leurs personnes et celles de leurs familles[2].

Ogier remplissait encore ses fonctions en 1586, lorsque fut décidée la reconstruction du pont de Jonvelle, ruiné depuis quelque temps par les grandes eaux. Le pont détruit était très élégant et devait remonter au treizième ou au quatorzième siècle. Sur chacune des six piles qui le soutenaient, se trouvaient établies deux boutiques, formant ainsi sur les côtés un double rang de jolis pavillons carrés. Au milieu de l’un des côtés, une gracieuse niche à jour présentait une statue de la Vierge à la vénération des passants. Dès l’an 1580, les habitants avaient obtenu du roi des lettres-patentes qui les autorisaient à relever leur pont et leur promettaient pour cela trois mille livres, à charge pour eux de faire les charrois[3]. Mais la chambre des comptes ne donna suite au projet que le 9 janvier 1585. Après avoir été publié et affiché, aux jours de foire ou de marché, sur les places publiques de Vesoul, Faverney, Jussey, Purgerot, Luxeuil, Port-sur-Saône, Fontenoy-le-Château, Mirecourt, Bourbonne et Jonvelle, et même publié en chaire par le curé de Saint-Pierre[4], le devis estimatif fut mis en monte à ravalement (rabais), le samedi 9 février, jour de marché, heure de midi, sous le cloître de l’église paroissiale, par-devant les officiers de la seigneurie, Jacques Ogier, receveur, Etienne Dujardin et Antoine Rousselet[5], procureurs licenciés. Ce devis n’oubliait pas un détail qui fait honneur à la piété des habitants : « Et au milieu dudit pont, dit-il, il y aura une chappelle pour y apposer une ymaige de la Vierge Marie, comme il estoit au vielz pont. » Du reste, cette démonstration pieuse ne nous surprend pas, à une époque où la guerre fanatique des nouveaux iconoclastes, contre la Mère de Dieu en particulier, ne fit qu’affermir son culte et multiplier ses images dans tous les lieux de la catholique Franche-Comté.

Cependant les travaux ne furent pas concédés dans cette enchère du 9 février, dont la chambre des comptes trouva le chiffre trop élevé. Le 26 avril de l’année suivante, elle aima mieux traiter avec l’échevin Antoine Vautrin, qui s’engagea, au nom de la communauté, à faire et à entretenir le pont, moyennant une somme de treize cents francs de Comté[6], fournis par le roi. Le 4 mai suivant, la communauté elle-même, réunie sous le cloître, au nombre de cent trente-trois de ses membres, chefs de famille, représentant la majorité, fut requise de ratifier le traité passé par son échevin : ce qu’ils firent, en prêtant serment sur les saints Évangiles, et en donnant hypothèque, non-seulement sur leurs biens meubles et immeubles, mais encore sur ceux de leurs héritiers et descendants[7]. Les travaux du pont furent donc commencés, puis menés à bonne fin, avec l’aide des habitants de Corre[8]. Mais l’exécution, faite sans doute avec une parcimonie forcée, fut aussi lourde que celle de l’ancien pont était riche et gracieuse. La maçonnerie coûta trois mille livres. Les boutiques furent faites en bois. Les margelles, hautes de cinq pieds, étaient crénelées en haut et percées en bas de regards cintrés, « pour entre les iceulx veoir soubs ledit pont. » C’était donc un ouvrage de défense, destiné à commander la rivière et ses abords. Ce pont a été encore refait depuis ; mais il porte toujours la petite chapelle et son image vénérée.

La même année, Jonvelle perdit son prieuré, dont les biens, après la mort du titulaire dom Claude d’Andelot, de la famille des anciens seigneurs du lieu, formèrent la dotation du collège des jésuites de Dole, avec ceux des prieurés de Voisey, de Saint-Vivant et de Jouhe. La réunion, sollicitée par le magistrat de Dole, fut autorisée par Philippe II (14 mars 1586), «  dans le but de favoriser de plus en plus les hautes études, la piété et les bonnes mœurs, dans son cher comté de Bourgogne, en augmentant le bien-être matériel des révérends pères, » dont le nouveau collège existait depuis deux ans. Ce transfert, décrété par la cour souveraine de parlement, le 7 novembre 1588, fut confirmé par une bulle de Sixte-Quint, datée du 9 octobre 1589. Toutefois la prise de possession n’eut lieu que l’année suivante, après un nouvel arrêt du parlement (14 avril 1590)[9].

A cette époque, la Franche-Comté se reposait de ses derniers désastres, grâce au traité de neutralité, qui, renouvelé sept fois depuis sa première conclusion, venait encore de recevoir une nouvelle consécration par un traité passé avec la Ligue, en 1580[10] ; ce qui n’empêcha pas le duc de Guise et le marquis de Pont, son neveu, d’entrer en Comté avec une armée de ligueurs, à la poursuite des Allemands luthériens et des huguenots français, commandés par François de Coligny. Pendant deux ans (1587-1588), une partie de la province, surtout la frontière de Jonvelle, fut en proie aux dévastations de ces corps de gendarmerie, neutres ou ennemis. Peu de temps après, Jonvelle subit encore le pas des ligueurs (1591)[11].

Henri IV régnait en France depuis 1589. Après avoir désarmé la Ligue par son abjuration (1593), qui lui ouvrit les portes de Paris (1594), il tourna ses forces contre l’Espagne, qui l’avait peu ménagé dans les discordes civiles et l’un de ses projets fut de lui enlever la Franche-Comté. Du reste, il était poussé à cette conquête par une femme trop célèbre pour l’honneur du monarque, Gabrielle d’Estrées, qui voulait faire de cette province un [apanage |apanage]]}} à l’un de ses bâtards[12]. Un capitaine lorrain, parent du roi, fut chargé par lui d’entrer en avant-coureur dans le Comté, pour le ravager, en forcer les places et préparer ainsi la conquête projetée. C’était Louis de Beauveau, seigneur de Tremblecourt, nom d’aussi funeste mémoire pour notre pays que ceux des Louis XI, des Georges de Craon, des Charles d’Amboise et des Wolfgang. Deux autres officiers lorrains, non moins farouches, Loupy et d’Aussonville, baron de Saint-Georges, devaient l’appuyer de leurs corps d’armée. Dès l’année précédente, Aussonville avait formé le sien, fort de trois ou quatre mille hommes, aux environs de Deuilly en Vosges, et de Fontenoy-le-Château, que les Lorrains venaient d’usurper. Le péril était imminent. Déjà l’ennemi avait fait reconnaître la place de Jonvelle par deux espions déguisés en mendiants, qui la visitèrent à leur aise. A leur retour, une femme qui travaillait à la campagne, entendit l’un d’eux dire à l’autre : « Tu prétendois qu’on ne fesoit garde ici ; mais il ne faut s’y fier que bien à poinct. » Ils avaient caché leurs uniformes et leurs arquebuses dans un buisson, où ils les reprirent, en y jetant leurs drilles. C’est le comte de Champagney-Granvelle, baron de Renaix, qui donnait cet avis au ministre Laloo, à Madrid. « L’espion disoit vrai, ajoute-t-il ; car si la place est en mauvais état, je ne pense pas qu’il y ait capitaine meilleur et plus aguerry que le sien. C’est mon neveu, Monsieur de Villeneuve, qui a déjà rembarré l’ennemi plusieurs fois dans ces parages, et qui en est tellement redoubté, que les Lorrains se plaignent de ne pouvoir rien faire de bon sur le Comté[13], » Ce gouverneur de Jonvelle était Antoine d’Oiselay, baron de la Villeneuve, qui avait succédé dans cette charge à Henri, son père.

Mais les renseignements donnés au cabinet de Madrid par le sieur de Champagney, sur les pensées de l’ennemi, étaient malheureusement trompeurs, et le comte, en y croyant lui-même, endormait le pays dans la plus fatale sécurité. D’ailleurs, nous allons voir bientôt que le népotisme lui faisait un peu trop compter sur la vigueur et la vigilance du capitaine de Jonvelle. Pendant que d’Aussonville stationnait à Fontenoy avec sa colonne, Tremblecourt, de son côté, à la tête d’un corps de six mille hommes, occupait Neufchâteau, à une étape de Jonvelle ; et les deux chefs se tenaient prêts à opérer leur jonction pour fondre sur le [Comté de Bourgogne |Comté]]}}. Les mémoires du temps placent leur première attaque en janvier 1595 ; mais une tradition locale nous porte à croire qu’elle eut lieu auparavant, lorsque le capitaine Thierry, de Jonvelle, surnommé la Valeur, sauva son pays par un stratagème curieux. L’ennemi comptait surprendre la ville, qu’il croyait sans défense. A son apparition soudaine, la Valeur se mit à sonner de la trompette sur les murailles de ceinture et dans les forts, en se portant rapidement d’un point à un autre, de manière à se faire entendre partout presque en même temps. Cette ruse de guerre persuada aux assaillants qu’ils avaient à faire à une garnison nombreuse, et ils s’éloignèrent, sans rien entreprendre de plus contre la place. Depuis, on célébra dans l’église de Jonvelle, en mémoire du libérateur, un service annuel, qui a subsisté jusqu’à la fin du siècle dernier[14].

François de Vergy, ce gouverneur si cher à la province, n’était plus depuis quatre ans. Claude II, son fils, comte de Champlitte[15], homme de table et d’un caractère emporté, si nous en croyons Champagney, n’avait ni la valeur, ni la sagesse, ni la popularité de son père, quoi qu’en dise son panégyriste Duchesne[16]. Ennemi secret du parlement, époux d’une Française dont la famille était vendue à Henri IV[17], il était également suspect à la nation, parce qu’il avait sa mère, Claudine de Pontaillier, à la cour de France, et qu’il entretenait des correspondances avec le chancelier de Chiverny et d’autres Français. Les provisions abondaient à Champlitte, qui lui appartenait, et à Pesmes, qui était à son ami, le comte Antoine de la Baume-Montrevel ; mais elles manquaient partout ailleurs[18], Jonvelle se voyait dépourvu de défenseurs, de vivres, de canon, de munitions. Les murailles étaient en mauvais état, malgré la sollicitude et les réclamations souvent réitérées des députés de la province. Une poignée d’élus à peine exercés, aux ordres du sieur de Villers, formaient toute la garnison de la ville ; Antonio gardait le château avec une compagnie d’Italiens. Ces deux capitaines sont fort maltraités dans les lettres du sieur de Champagney, qui les appelle des hommes indignes, surtout Antonio, que la table seule aurait fait ami du comte de Champlitte. Du reste, cet étranger n’est guère signalé dans les Mémoires du temps que par les violences et les déprédations qu’il exerça sur le pays. Au lieu de se borner à le défendre, tout récemment il avait porté ses courses en Lorraine ; provocation fatale, dont l’ennemi fut heureux de profiter pour tomber sur le Comté, et d’abord sur Jonvelle. Tremblecourt et d’Aussonville s’ébranlent à la fois, en plein hiver (24 janvier 1595) ; ils paraissent le même jour aux portes de cette ville, du côté de Châtillon, avec dix mille hommes, infanterie et cavalerie, et la somment de se rendre. Le commandant de Villers fut assez lâche et assez traître pour obéir à cette première injonction, sans avoir entendu ni tiré un seul coup d’arquebuse, et pour subir une honteuse capitulation, qui devait livrer l’entrée du pays, épouvanter les autres villes, et coûter aux bourgeois de Jonvelle une rançon de quatre mille écus. Du moins, c’est à cet officier que le baron de Renaix, sur les plaintes de Villeneuve, reproche toute la honte de cette reddition précipitée[19]. Quant au gouverneur de la place, dont la bonne garde et la vaillance étaient tant vantées par son bon oncle, trois mois auparavant, vit-il dans cette circonstance ses ordres méconnus, ou bien l’humanité lui fit-elle un devoir de céder à la force et de ne pas exposer la ville et les citoyens aux horreurs inévitables d’un assaut ? On peut supposer l’un et l’autre. Quoi qu’il en soit, Antonio fit d’abord assez bonne contenance dans le château, défendu du côté de la ville par la double fortification de ses murailles et de la Saône, Mais Tremblecourt force le pont, pénètre dans le faubourg Sainte-Croix, qui est livré aux flammes, porte ses batteries au midi et les pointe contre les antiques et épais remparts de la forteresse. Le douzième coup de canon vit tomber la vaillance du capitaine, qui se rendit après deux jours de siège, et put se retirer vie et bagues sauves, comme le commandant de la ville. Le vainqueur laissa dans la place une garnison et du canon, que le maréchal de Biron lui fit passer ; car il importait d’assurer une place qui était la clef du pays. Puis il poursuivit sa marche en avant. La première digue était rompue : le flot de l’invasion allait envahir la contrée, comme un torrent furieux, sans rencontrer nulle part une barrière capable de l’arrêter.

Ce fut par une dépêche du baron de Villeneuve que le comte de Champlitte apprit, vers le 5 février, l’attaque inopinée des Lorrains et la prise de Jonvelle. Il se montra très affecté de ce premier échec ; mais en l’annonçant au prince infant, il en rejeta la faute sur le parlement, qu’il ne consultait jamais. C’est alors seulement qu’il s’occupa de faire de nouvelles levées, en convoquant les élus et l’arrière-ban des bailliages d’Amont et d’Aval, et en demandant des troupes aux Suisses et au duc de Savoie[20]. Mais déjà, descendant librement les deux rives de la Saône, étendant partout le pillage, l’incendie et la mort, Tremblecourt à droite, Aussonville à gauche, s’étaient donné rendez-vous à Vesoul, au cœur du bailliage. Toutes les places durent être emportées sur leur passage. Les manuscrits contemporains signalent en particulier, comme ayant été la proie de la force et du brigandage, d’un côté Jussey, malgré ses deux cents élus, Chauvirey, Mercey, Scey-sur-Saône, Traves, la Charité, Port-sur-Saône, Charriez ; d’un autre côté Demangevelle, Richecourt, Vauvillers, Luxeuil, Amance, Baulay, Polaincourt, Clairefontaine[21] et Faverney. Aussonville ne trouva de résistance sérieuse que devant Amance, qui, après plusieurs semaines d’une défense héroïque, ne laissa entrer l’ennemi que par la brèche du canon[22]. Partout régnaient l’épouvante et le désespoir : l’antique énergie des Franc-Comtois, qui s’étaient si bien montrés sous François de Vergy, avait fait place sous Claude, son fils dégénéré, à une terreur universelle, qui dépeuplait les villes et les villages. La plus grande partie des habitants, emportant ce qu’ils avaient de plus précieux, fuyaient au fond des bois et des cavernes retirées, pour y trouver un asile contre la violence et la rapacité du soldat[23]. D’ailleurs, on croyait le gouverneur vendu au roi de France et complice de l’invasion. Champagney n’hésite pas à dire que Jonvelle fut livré par trahison, ainsi que Chauvirey et d’autres places. Ses accusations répétées sur ce point dénoncent le comte de Champlitte et ceux qu’il appelle ses créatures, Fauquier de Chauvirey, Philippe d’Anglure, sieur de Guyonvelle et frère utérin de Fauquier, enfin le président Richardot de Morey, aussi parent du sieur de Chauvirey. Guyonvelle, gentilhomme du duché, était un ardent ligueur, homme remuant, tour à tour vendu au service de l’Espagne et de la France[24]. Quoi qu’il en soit, le capitaine de Villeneuve fut arrêté par les ordres du gouverneur, peu après la prise de Jonvelle, puis relâché sans jugement, mais néanmoins destitué. Fauquier obtint sa charge (14 décembre 1595) ; il était alors en fonctions à la cour de Bruxelles, et il parut peu à Jonvelle[25].

Pendant que Vergy commandait ses levées et annonçait à la province les divers secours qu’il venait de solliciter, les ennemis, maîtres de Port-sur-Saône (9 février), se présentaient devant Vesoul, dont les murailles étaient ouvertes, et qui n’était gardé que par deux compagnies d’élus, jeunes conscrits venus depuis trois jours des prévôtés de Montjustin et de Cromary. La place capitula, comme Jonvelle, sans coup férir, en payant douze mille écus et en livrant tout ce que les étrangers et les retrahants y avaient apporté en dépôt ; puis, malgré le traité, la ville fut encore livrée au pillage (18 février). Gy eut le même sort, neuf jours après ; mais il coûta plus cher à Tremblecourt. Le sieur de Villers, qui commandait la petite garnison de cette place, brûlant de laver sa honteuse conduite de Jonvelle dans le sang de l’ennemi, résista vigoureusement aux Lorrains et leur tua bien du monde, quand ils se présentèrent à la porte de Bourg-Dessus. A ses côtés combattait un brave officier de Jonvelle, que nous avons déjà signalé, le capitaine Thierry la Valeur. Quelques jours auparavant, il était allé reconnaître les ennemis jusqu’aux environs de Fretigney, où il leur avait tué douze hommes et fait trois prisonniers[26]. Au 3 mars, Champagney informait la cour d’Espagne que les gens de Tremblecourt avaient déjà tenu toute la province, jusqu’à Besançon et même jusqu’à Salins, forçant ou affrontant toutes les forteresses, ruinant le pays et faisant un immense butin, qu’il estime à plus de trois cent mille écus, sans parler des rançons extorquées[27].

Enfin les secours demandés arrivèrent et rendirent un peu de courage au pays. Ferdinand de Velasco, gouverneur de Milan et connétable de Castille, envoyé par le roi, à la tête de vingt mille hommes, Espagnols et Italiens, entra le 7 mars à Besançon, et commença les opérations par le recouvrement de Marnay, ensuite de Gy (11 avril) ; les capitaines seuls de ces places eurent la vie sauve, moyennant deux mille écus de rançon : tous leurs soldats furent pendus aux fenêtres ou aux créneaux. Vesoul fut repris le 2 mai suivant ; mais Tremblecourt, retiré au château de la Motte, avec quatre cents hommes, se défendit jusqu’au 23 et ne se rendit que faute d’eau. Sorti avec armes et butin, il fut conduit à Jussey ainsi que ses gens, et de là il regagna la Lorraine par Jonvelle, que les siens tenaient encore. Quant au connétable, il prit le chemin du Duché avec le duc de Mayenne ; mais ce fut pour se faire battre à Fontaine-Française par Henri IV (5 juin). Dès lors, loin de pouvoir poursuivre l’offensive, retiré sous les murs de Gray, il ne sut pas même empêcher Biron de passer la Saône, avec huit mille hommes de pied et treize cents chevaux, qui parcoururent les bailliages d’Aval et de Baume, avec autant de dégâts que les Lorrains en avaient causés dans le reste du Comté[28]. Et pourtant ils n’étaient que l’avant-garde de l’armée royale, qui devait bientôt les suivre. Dans cette terrible expectative, le comte de Vergy ne songea qu’à ses intérêts personnels : il eut soin de mettre ses terres et châteaux de Champlitte, Autrey, Fouvent, Morey, la Rochelle, Amance et autres, à l’abri de toute hostilité, par un traité de neutralité qu’il sut obtenir du roi de France (12 juillet), comme déjà Henri III l’avait octroyé à son père[29]. Vu les circonstances du temps et des personnes, ce traité était une véritable trahison, qui liait les mains au gouverneur. Il avait été connu plusieurs jours avant sa signature ; car on le trouve mentionné dans une lettre du 10 juillet, que nous allons citer.

Vergy avait donné ordre à son lieutenant, Marc de Bye, baron de Dissey, de visiter la frontière de Vesoul à Jonvelle et de déloger l’ennemi des positions qu’il y occupait encore. De son côté, le parlement avait délégué le conseiller Thomassin, autant pour surveiller les opérations que pour les activer ; car le gouverneur et son lieutenant montraient la même insouciance ; ou bien, s’il leur arrivait quelquefois d’entreprendre sur les Français, leurs soldats causaient plus de mal aux lieux secourus que les ennemis eux-mêmes[30]. Thomassin et Rye étaient donc à Vesoul, d’où le premier écrivait au sieur de Champagney, le 10 juillet :

« Monseigneur… M. de Discey et moy sousmes venus en ceste ville dès jeudy dernier, n’y ayant négotié aulcune chose, pour ce que ledict signour a envoie M. de Raincourt à Son Excellence (le connétable) et à M. le comte (de Champlitte), pour leur donner à entendre que, s’il ne lui donne des forces, il est du tout inutile en ces lizières. Il n’est encore de retour : nous verrons ce qu’il rapportera, que sera un beau rien tout neuf, si je ne me trompe… Nous avons advis que les soldats de Jonvelle se diminuent fort, pour ce qu’ils sont mal traittés, et que facilement on leur feroit quitter le bourg. Mais par défaut d’infanterie, l’on n’y peut rien entreprendre. Ils publient audict Jonvelle que le roy de Navarre se veult emparer de tout ce pays, voire disent que les Bourguignons se sont vendus. Je ne crois ny l’un ny l’aultre article. La composition de Champlite apporte grand subiect à ceulx de cette ville pour défendre leur cause. Ils joindront ce poinct aux aultres semblables… Nous sousmes sur le poinct de passer à Scey-sur-Saône et de costoier la rivière, si n’en sousmes dissuadés au retour du sieur de Raincourt. Si nous y faisons quelque exploit, Votre Seigneurie en sera reservie[31]. »

Les Lorrains de Jonvelle n’étaient que trop bien informés sur les desseins de Henri IV. Il rejoignit son maréchal quelques jours après, et la province eut vingt-cinq mille hommes sur les bras, sans compter les troupes de Tremblecourt et d’Aussonville, revenues à la curée de notre malheureux pays. Les manœuvres du roi de France se concentrèrent dans les environs de Baume, de Besançon, de Pesmes et dans le bailliage d’Aval, qu’il ravagea lui-même sans succès, pendant plus d’un mois, saccageant ou rançonnant plusieurs villes, gagnant beaucoup d’argent, mais peu de gloire, et ne laissant derrière lui qu’un souvenir détesté. Heureusement pour le Comté, la maladie de Gabrielle d’Estrées, qui se trouvait alors à Lyon, et que l’on disait morte en couches[32], fit lâcher prise à son royal amant, qui avait entrepris cette conquête en grande partie pour lui être agréable (août). Renonçant donc à ce projet ambitieux pour le moment, il donna volontiers les mains au traité de neutralité que les ambassadeurs suisses négocièrent en faveur de notre province. Il fut conclu sur les mêmes bases qu’en 1580, et signé à Lyon le 23 septembre 1595[33]. Un des articles portait que Jonvelle, Jussey et Faucogney ne seraient rendus que quatre semaines après la signature. Le second article stipulait que les pièces, les munitions et les équipages d’artillerie mis dans ces places par le roi de France, lui seraient rendus.

Mais pendant que le traité se débattait encore, don Bernardin de Velasco, frère du connétable, était arrivé par la Bresse, avec un renfort de dix-huit cents Allemands et de mille Italiens, plus quatre cents chevaux[34]. Le 3 septembre, Thomassin écrivait que ce général était parti de Dole ce jour-là même, devant être suivi par son frère. Le parlement, qui n’était pas dans le secret des mouvements militaires, désirait vivement que celui-ci fût dirigé contre Lons-le-Saunier ou contre Jonvelle. Mais les deux Velasco se jetèrent sur le Duché, dont ils prirent plusieurs places, laissant les opérations sur Jonvelle à la charge du comte de Champlitte[35]. Celui-ci, sortant enfin de sa torpeur, prit le chemin de cette ville, que les Lorrains occupaient depuis le 24 janvier. Le baron de Dissey lui ayant amené des troupes de Besançon, ils marchèrent droit à Jonvelle, en tournant Jussey, où l’ennemi fut laissé en repos pour le moment. Ils s’adressèrent d’abord au château, car ils arrivaient de ce côté. Nous ignorons à quelle date précise ils commencèrent le siège. Tremblecourt d’abord et Biron ensuite avaient réparé la place et l’avaient pourvue d’un excellent canon, avec d’abondantes munitions, tant ils attachaient d’importance à tenir ce passage de la Saône et ce boulevard du Comté. Néanmoins le château, vivement battu par l’artillerie du gouverneur, ouvrit ses portes le 24 septembre, et sa garnison se retira dans la ville. Dès lors celle-ci était dominée par les assiégeants ; mais pour accélérer le succès contre un ennemi bien monté et bien résolu, Vergy passa la Saône, afin de menacer la place du côté du nord, en même temps que la citadelle prendrait les défenseurs en écharpe, enfilant leurs batteries presque à bout portant. Cependant ils ne se rendirent que le 4 octobre ; ce qui donne à croire que ceux du château n’avaient pas offert une moins longue résistance. La capitulation conservait l’artillerie sur les remparts et toutes les munitions de guerre[36]. Richecourt et Demangevelle furent également repris quelques jours après. Pendant ces opérations, les soldats bourguignons, passant la frontière, avaient exercé de sanglantes représailles sur quelques villages de France.

Il fallait moins que ces courses et la reprise de ces positions, pour provoquer les récriminations du maréchal. Posté sur les bords de la Vingeanne, aux environs de Montigny et du fort de la Romagine, il se tenait prêt à rentrer en Franche-Comté, et d’abord à tomber sur Gray, qui, toujours par la faute du gouverneur de la province, était sans vivres ni munitions de guerre. Pour cette nouvelle invasion, Biron n’attendait que l’expiration du temps accordé au roi d’Espagne pour la ratification du traité de Lyon. Sur la première nouvelle qu’il eut des exploits du comte de Champlitte, il lui dépêcha le grand prieur de Champagne, Charneson, gouverneur de la Romagne, chargé de ses réclamations. L’envoyé arrivait à Jonvelle huit jours après l’expulsion des Lorrains. Il s’aboucha immédiatement avec le comte, et ils dressèrent ensemble (13 octobre) le procès-verbal de leur conférence, en forme de dialogue, dont voici le résumé :

Le grand prieur. Jonvelle a été repris par une violation flagrante de l’accord du 23 septembre, stipulant que cette place, ainsi que Jussey et Faucogney, ne serait rendue que quatre semaines après cette date. Je demande en conséquence qu’elle soit remise entre les mains de Tremblecourt, pour quatre semaines.

Le comte de Champlitte. Je n’ai point agi sciemment contre le traité de Lyon, puisque je ne l’ai connu que le 6 octobre, deux jours après la capitulation finale de Jonvelle. Du reste, je ne puis rendre cette place sans l’autorisation de mon souverain, de qui je ne puis avoir de réponse avant l’expiration des quatre semaines fixées par le traité. D’ailleurs, je n’aurais de lui qu’une réponse négative.

Le prieur. Au moins, conformément à l’article 2 du traité, rendez au maréchal le canon, les munitions et les trains d"artillerie que vous avez trouvés à Jonvelle et qui sont au roi de France.

Le comte. Tout ce butin m’a été cédé par la capitulation. Cependant, je soumettrai la chose à mes augustes maîtres ; et si leurs députés, avec ceux du roi de France et ceux des cantons suisses, conviennent de cette restitution, je la ferai.

Le prieur Qu’il soit fait justice des incendies, violences et assassinats commis en France par les Comtois, au mépris de l’accord.

Le comte. J’ai toujours défendu ces excès et je suis prêt à les punir, mais en vous demandant la réciprocité ; car, pour un village brûlé en France, les vôtres en ont brûlé dix en Comté.

Le prieur. Qu’il soit permis à Tremblecourt de lever les tailles qui lui sont dues pour le passé et pour les quatre semaines fixées dans le traité.

Le comte. Le traité interdit toute violence, et il ne mentionne ni tailles ni contributions à lever par Tremblecourt.

Le prieur. Faites évacuer Fouvent, Richecourt, Chaussin et autres forteresses de France tenues par vos gens.

Le comte. Je le ferai[37] quand vous serez disposés vous-mêmes à rendre les places que vous tenez dans notre province. En attendant, j’ordonnerai, sous des peines sévères, à nos garnisons logées en France de respecter votre territoire.

Le prieur. Envoyez des commis à Dijon pour approuver le traité de paix.

Le comte. Ils y seront au jour que fixera le maréchal ; mais il faut aussi que la France envoie les siens à Dole.

Le prieur. Rendez les canons et autres meubles qui se trouvaient dans le château de Richecourt. Renvoyez à Tremblecourt les chevaux de l’un de ses officiers resté à Jonvelle par suite de blessures, et ensuite mis à mort au mépris du droit des gens. Enfin restituez à qui de droit tous les prisonniers, meubles et bétail saisis par vous dans les forts et châteaux que vous avez recouvrés depuis le 23 septembre.

Le comte. Tout le mobilier de Richecourt a été rendu au sieur dAigremont, héritier du sieur de Meuse. Aucun officier ennemi n’est resté à Jonvelle ; ils en sont tous sortis avec chevaux, armes et bagages. Je mettrai tous mes soins pour faire rendre tout ce qui vous a été pris depuis le 6 octobre, à condition que le maréchal en usera de même envers nous, et dorénavant je punirai tous les violateurs de la paix[38].

Charneson repartit aussitôt avec ces réponses, accompagné du sieur de Montot, que Vergy députait auprès de Biron et de Tremblecourt, au camp de la Romagne. Le maréchal accepta les explications données par le comte de Champlitte, et signa la neutralité que Montot lui proposa de sa part, et dont un article portait que les garnisons étrangères de Jussey et de Faucogney évacueraient ces deux villes dans six jours, à compter du 15 octobre. Tremblecourt cependant fit encore des bravades et des menaces : « Bon gré malgré vous, dit-il à l’envoyé du comte, je tiendrai Jussey et Faucogney jusqu’au paiement des dépenses que j’ai faites pour les fortifier, et même jusqu’au remboursement de tous mes frais de guerre, depuis la neutralité de Lyon. — Si nous n’avons sur les bras que vous et vos troupes, lui répondit Montot, nous n’aurons guère peur[39]. "

Cette affaire terminée, Vergy s’occupa de donner satisfaction aux plaintes universelles, en remédiant aux désordres des gendarmeries, qui, faute de recevoir des munitions régulières, vivaient sur le bonhomme avec la dernière brutalité. Il fit à ce sujet une circulaire, datée de Jonvelle, 22 octobre, qui fut adressée aux officiers de Vesoul, Gray, Baume et Luxeuil. On leur commandait des réquisitions de vivres pour quinze jours. Les quatre prévôtés d’Amont, Vesoul, Montjustin, Cromary et Jussey, devaient fournir, pour chaque jour de cette quinzaine, une queue de vin, 1,600 livres de pain bis bien panneté, 800 livres de chair de bœuf, 850 bottes de foin de quatre livres chacune, 200 bottes de paille de huit livres chacune, 200 rations d’avoine chacune de quatre picotins, faisant le douzième du boisseau de Port-sur-Saône[40]. Les contributions de la terre de Jonvelle étaient réservées pour la garnison de cette place[41].

Le comte de Champlitte quitta Jonvelle les jours suivants, en y laissant son lieutenant, le sieur de Rye, avec ordre de faire tenir ses commandements à leur adresse. Mais celui-ci, aussi négligent que son chef dans une mesure qui demandait tant de célérité, ne fit partir les circulaires que le 2 novembre, dix jours après leur date. Leur exécution fut dirigée avec la même incurie : elles restèrent lettres mortes, comme tous les actes administratifs du gouverneur ; ou du moins, malgré les vivres fournis, les compagnies continuèrent de plus belle leurs excès demeurés impunis.

Pendant l’hiver suivant, la restitution du canon français resté à Jonvelle avait été réglée entre les deux puissances. Néanmoins Biron ne l’avait pas encore reçu à la fin d’avril (1596), et il menaçait la Franche-Comté de ses armes, si on ne lui faisait pas justice sur ce point, si on ne lui rendait pas Seurre, et si on l’empêchait de tirer des munitions de la province. On savait au reste que la guerre était dans sa pensée ; de plus, on n’ignorait pas que le roi de France y était poussé par son conseil[42]. Les vrais patriotes étaient donc vivement alarmés surtout quand ils considéraient que le pays, désolé par la famine, se trouvait sans argent et sans provisions, comme il était sans discipline ; quand ils voyaient que les troupes étrangères, appelées pour le défendre voire même les compagnies indigènes, ne songeaient qu’au pillage, et que le gouverneur lui-même semblait devenu le plus grand ennemi de la province, par son administration déplorable, par ses concussions scandaleuses et ses intelligences avec les Français. Qu’on juge de l’état des choses et des esprits par les doléances du sieur de Champagney, qui pourtant semblent trop amères et trop passionnées pour ne pas être suspectes de quelque exagération. Selon lui le capitaine Antonio, depuis sa sortie de Jonvelle, s’était comporté dans le bailliage d’Amont avec les mêmes excès que les Routiers, les Écorcheurs et les Tard-Venus d’autrefois. Amance, Faverney, Flagy, Noroy-l’Archevèque, les environs de Luxeuil, avaient subi ses rançonnements et les ravages de ses soldats[43], sous prétexte que la province ne le payait pas. Et pourtant il était bien venu auprès du gouverneur[44]. Du reste, les compagnies de Vergy, qui formaient les garnisons de Jonvelle et de Jussey[45]’ ne se comportaient pas mieux que les étrangers ; et le comte, loin de punir ou de réprimer ces violences, passait pour en tirer son profit. Il y joignait ses dilapidations personnelles, par exemple en se faisant donner par le trésor des sommes énormes pour monter des recrues qu’il ne levait pas. Il s’était fait payer douze cents écus pour avoir battu la place de Jonvelle, contre laquelle le baron de Renaix prétend qu’on ne tira « oncques cinquante coups de canon. » Celuici va jusqu’à lui reprocher de s’entendre avec Nicolas de Watteville pour s’accommoder ensemble des calamités du pays, et d’avoir assez gagné, dans la dernière guerre, pour acquitter ses dettes et acheter une seigneurie[46].

Cependant la guerre contre la Franche-Comté avait été résolue à Paris, dans le mois de février 1597, et la province se préparait à la soutenir. Déjà les troupes ennemies se formaient en Bassigny et en Lorraine, aux portes de Jonvelle, qui toujours était le point de mire de ce côté. Tremblecourt avait été assassiné par un des siens, à Remiremont, l’année précédente ; mais Aussonville était encore là prêt à une seconde invasion. Un gentilhomme français lui donnait la main ; c’était le sieur de Guyonvelle, acheté par Henri IV et devenu traître à la Franche-Comté pour se venger d’avoir été disgracié par l’archiduc et mis hors de Jussey dont il commandait la garnison. Il avait offert aux Français de leur ouvrir le Comté, en leur livrant, avec la plus grande facilité, la place de Jonvelle. En effet, à ce moment, cette ville se trouvait sans garnison et sans chef militaire, Fauquier de Chauvirey, son gouverneur, étant toujours à Bruxelles. « Aussi ajoute Champagney les habitants de ceste place ceulx de Vesoul Luxeuil et les alentours, se réfugient-ils avec ce qu’ils peuvent de leurs biens, à Montbéliard, terre hérétique. Il y a un tel effroi dans tout le bailliage d’Amont, que cela seul est un appel à l’ennemi… Quant à Monsieur de Champlite, il ne sçait que vendre nos secrets aux Français, qui le pipent, et ruiner le pays… Il ne sçait que mépriser les advis de la cour et donner sa confiance à des hommes indignes, notamment au sieur de Villers, qui a rendu Jonvelle et Gy aux ennemis[47]. » Mais dans ses quotidiennes philippiques, le comte de Champagney poursuivait avec le même acharnement le président Richardot de Morey, et surtout le sieur de Chauvirey, qui avait supplanté son neveu de Villeneuve dans le gouvernement de Jonvelle. Ces plaintes et ces cris d’alarme étaient du 5 mars 1597. Cinq jours après, les troupes de Philippe II surprirent Amiens, événement trois fois heureux pour la Franche-Comté, qu’il sauva des malheurs d’une nouvelle guerre, en obligeant Henri IV à tourner ses efforts du côté de la Picardie.

Le traité de Vervins (2 mai 1598) rétablit la paix entre l’Espagne et la France. Philippe II s’empressa d’en profiter pour mettre ordre au gouvernement des Pays-Bas et de la Franche-Comté qu’il donna en souveraineté à son neveu, l’archiduc Albert, destiné à devenir son gendre par son mariage avec l’infante Isabelle. Le vieux roi mourut la même année, sans voir cette union, qui ne fut célébrée que l’année suivante. Fidèles aux recommandations testamentaires adressées par leur père à {{noir|Philippe__PAGESEPARATOR__III}} son fils et successeur[48], Albert et Isabelle mirent tout leur zèle à maintenir leurs États en paix avec la France et à les préserver de l’hérésie. Dans le premier but, ils renouvelèrent, en 1600 avec Henri IV, et en 1610 et 1611 avec Louis XIII, la neutralité de la Franche-Comté. Pour atteindre le second but, qui leur tenait encore plus au cœur, ils surveillèrent avec la plus grande sollicitude les agressions menaçantes des hérétiques, dont la province était assiégée au nord et à l’est, et se crurent même obligés de réveiller sur ce point l’attention de l’archevêque Ferdinand de Rye. Il fut prié de visiter les paroisses de son diocèse, qui, pour la plupart, n’avaient pas vu leur premier pasteur depuis mémoire d’hommes vivants, et qui cependant en avaient un besoin des plus urgents, dans les circonstances périlleuses du moment[49]. Cette pieuse sollicitude fut couronnée d’un plein succès. Ce digne prélat, qui gouverna le diocèse pendant cinquante ans avec autant de zèle que de vigilance, y fit revivre la discipline affaiblie par les malheurs de la guerre. Prieur de Saint-Marcel (1580) et abbé de Cherlieu (1586), il rendit à ces monastères, sinon leur ancienne splendeur du moins leurs titres et leurs biens. Il érigea en paroisse l’église de Vauvillers démembrée de celle de Montdoré (1605), et fonda des familiarités régulières dans les églises de Jonvelle (1607) et de Jussey. Son épiscopat eut l’honneur et la consolation d’être le témoin, dans notre pays, du plus grand des miracles. Les fidèles accouraient en foule, pendant les fêtes de la Pentecôte, à l’église abbatiale de Faverney, si célèbre par l’invocation et les faveurs de la Mère de Dieu. Tandis qu’ils satisfaisaient leur dévotion en vénérant le très saint Sacrement exposé et en communiant pour gagner les indulgences annoncées, une troupe de libertins et d’hérétiques, rassemblés à Passavant, dans la maison d’un riche huguenot nommé Barrey, tournait en dérision la piété catholique et vomissait le blasphème contre la divine Eucharistie, contre les indulgences et le culte rendu à la Vierge Marie. Dieu prit en main sa cause et l’impiété se vit confondue de la manière la plus éclatante (1608). Le miracle de Faverney, dont l’authenticité, établie par Ferdinand de Rye, vient d’être solennellement consacrée par un décret de Pie IX (8 décembre 1862), affermit les peuples dans la foi au dogme de l’Eucharistie, en même temps que leur dévotion pour Notre-Dame se signalait dans les environs par l’établissement des confréries de l’Immaculée-Conception, et dans toute la province par l’érection de la sainte Madone sur les grands chemins et au frontispice des maisons.

Albert et Isabelle étaient des maîtres trop paternels pour que les habitants de Jonvelle et de son ressort n’obtinssent rien de leur générosité. D’après leur humble requête, les Altesses Sérénissimes visèrent les chartes qu’ils avaient reçues de différents souverains, depuis cent quarante ans, et qui les dispensaient entièrement de contribuer aux tailles, subsides et impôts du Comté. Considérant que ce privilège leur avait été accordé en récompense de leur courageuse fidélité « ayans maintes fois résisté aux sièges des ennemis, pour se trouver limitrophes de France et de Lorraine de sorte que, par telle résistance, ils ont perdu la plus grande partie de leurs biens, tel que récemment dans les guerres de l’année 1595 » les archiducs confirmèrent les suppliants dans toutes leurs franchises et immunités, par un titre solennel donné à Bruxelles le 22 septembre 1609[50].

La date du 13 décembre 1611 nous signale des lettres-patentes du roi d’Espagne accordant pour quarante ans, moyennant un rendement annuel de trois cents francs l’acensement des bois royaux de la terre de Jonvelle, en faveur des habitants de Jonvelle, Voisey, Ormoy, Corre, Fignévelle, Godoncourt, Villars-Saint-Marcellin, Selles et Montdoré. Cet acensement est suivi de la suppression complète de la gruerie, ou affermage de la garde et des amendes[51].

L’année suivante, Leurs Altesses firent renouveler la reconnaissance des droits seigneuriaux pour Jonvelle, Voisey, Selles, Godoncourt, Fignévelle, Corre, Ranzevelle, Ormoy, Villars-Saint-Marcellin, Ameuvelle, Raincourt, Bousseraucourt, Moncourt et Montdoré. Cette reconnaissance se fit à peu près comme en 1537. Les droits seigneuriaux constatés consistent en tailles cens d’argent, d’avoine, de lin, de cire, de poules ou chapons, droits de pêche, corvées, épaves et fermes diverses. Dans la cote de Selles, le premier sujet nommé est Jean du Houx pour la verrerie. Le seigneur avait des forges à Godoncourt et dix-huit sujets à Villars. Les habitants d’Ameuvelle ne lui payaient d’autre droit qu’un penaut d’avoine pour droit de pâturage sur Jonvelle, au lieu dit en Revillon[52].

L’année précédente (1610), les archiducs, informés qu’il se commettait des abus dans les levées de l’arrière-ban destiné à la garde et au service du comté de Bourgogne ordonnèrent au parlement et au gouverneur, Clériadus de Vergy, d’y porter remède. En conséquence, ils nommèrent chacun deux commissaires, qui dressèrent une nouvelle répartition des contingents militaires, avec toute la justice possible (1614). En vertu de cet état la terre de Jonvelle dut fournir deux chevaux légers, deux arquebusiers à cheval, sept hallebardes, vingt-cinq piqueurs, vingt mousquets et trente-deux arquebusiers, non compris la moitié du contingent de la terre de Vauvillers, qui donnait l’autre moitié à Luxeuil. De plus, les domaines tenus dans la châtellenie par des seigneurs particuliers, étaient imposés en argent et en hommes, suivant leurs revenus. Ces règlements sont surtout intéressants parce qu’ils donnent la population de chaque village. Les communautés les plus considérables de la seigneurie de Jonvelle étaient Voisey, renfermant 230 feux, Jonvelle 189, Ormoy 131, et Godoncourt 127[53].

Humbert-Claude de Fauquier-Chauvirey, capitaine ou châtelain de Jonvelle, fut remplacé dans cette charge par Sébastien Perrot (1605) ensuite par Guillaume Bourgeois, de Dole, qui la fit exercer par Valentin Sujet, son lieutenant (1610). Il paraît que l’administration de celui-ci fit jeter les hauts cris, pour ses abus étranges, et l’on sentit plus que jamais l’inconvénient de deux tribunaux séparés, celui du capitaine et celui du bailli ; car la multiplication des officiers n’enfantait que divisions scandaleuses, sans compter que les appels indispensables d’un tribunal à l’autre amenaient instances sur instances, frais sur frais, et causaient immortalité de procès ; au lieu qu’auparavant le bailli connaissait de toutes les causes non privilégiées en première instance et non ressortissant, au siège de Vesoul, de la justice immédiate du souverain. Après la mort du châtelain titulaire, Leurs Altesses Sérénissimes, déterminées par ces considérations et faisant droit à la supplique des bourgeois de Jonvelle et des villages de la seigneurie, supprimèrent la châtellenie et la déclarèrent de rechef réunie au bailliage, comme les choses étaient anciennement. Ce décret, rendu en conseil privé à Bruxelles le 7 avril 1618, reçut sa fulmination de la cour de Dole le 17 septembre 1620[54]. Ainsi furent de nouveau cumulées deux fonctions, qui se trouvaient séparées depuis la mort de Claude-François d’Occors. Elles furent confiées au baron de Chauvirey, que nous avons déjà vu capitaine de Jonvelle (1595-1605). Il fut investi de cette charge, sous le titre de gouverneur, et il l’exerça jusqu’à sa mort (1625). Il fut inhumé dans l’église de Chauvirey. Son successeur fut Humbert-Claude-François Orillard de Fauquier, son fils, qualifié, comme son père, seigneur de Chauvirey-Dessous, de Chauvirey-Dessus en partie, d’Aboncourt, Gesincourt, Ouge, la Quarte, Vitrey, Nervezain, Vadans, etc. Il se faisait appeler Monsieur d’Aboncourt. Clériadus de Vergy mourut la même année, et l’archiduchesse, veuve du prince Albert depuis quatre ans, commit l’archevêque et le parlement au gouvernement du Comté.

  1. Henri d’Oiselay, seigneur de Champvans, Saint-Loup, Ranzevelle, etc. En 1584, il fait reprise de quelques fiefs mouvants de Jonvelle, entre les mains de François de Vergy, gouverneur du Comté, délégué ad hoc. (Chambre des comptes, reg. 13.)
  2. Chambre des comptes, J, 10, no 3, fol. 106-118, et n° 4, fol. 285.
  3. Ibid., fol. 322.
  4. C’était Hugues Gérard d’Autrey, qui avait obtenu cette cure au concours, selon les prescriptions du concile de Trente (11 mars 1583). A cette époque, le prieur de Jonvelle était Claude d’Andelot, et le curé de Sainte-Croix, dans le faubourg, Félix Dubois, commis par la cour au temporel du prieuré. (Archives du greffe de la cour de Besançon.)
  5. Antoine Rousselet, de Port-sur-Saône, bailli de Jonvelle, savant antiquaire, composa la généalogie des ducs de Lorraine, que dom Calmet a mise à profit pour son histoire. Il devint tabellion général de Bourgogne. C’est à ce titre que Pierre d’Andelot, abbé de Bellevaux, prieur de Jouhe et de Jonvelle, lui acense une place vacante appartenant au prieuré, prés de la Porte-Haute ou Porte-Arnoul (11 février 4565). (Chambre des comptes, J, 22.)
  6. Le franc de Comté valait 13 sols 4 deniers de France.
  7. Chambre des comptes, J, 10.
  8. Le 9 décembre 1608, le roi accorde, sur les revenus de Jonvelle, 150 francs à la communauté de Corre, en reconnaissance et dédommagement de ce qu’elle a fait pour le pont de cette ville. (chambre des comptes, J, 10, n° 5, fol. 157.)
  9. Archives de Dole, cartulaire de Jonvelle, fol. 877 à 388.
  10. Cette négociation avait été obtenue, comme les précédentes, par la médiation des Suisses. Dès l’an 1575, le parlement avait envoyé le sieur Pierre d’Augicourt, avec l’écuyer Benoît, à la diète des cantons séant à Baden, pour obtenir leur pressante intervention dans cette affaire. Les états de 1579 votèrent au sieur d’Augicourt une somme de 103 francs 11 gros, pour les frais de ce voyage. Dans ces états, qui avaient été convoqués pour aviser aux moyens de remédier aux dégâts des Français, figurèrent les sieurs de Chauvirey, d’Augicourt, de Richecourt, de Vitrey, de Raincourt et les échevins de Jussey. (Recez des états, fol. 200-201.)
  11. Mémoires de Champagney, IV 307 ; D. Grappin, Guerres du seizième siècle, p 103 à 115.
  12. D. Grappin, ibid., p. 182, 183, et Preuves, p. 42.
  13. Mémoires ou correspondance de Frédérit Perrenot de Granvelle, comte de Champagney, tome III, fol. 123 ; Dole, 6 octobre 1594
  14. La retraite est sonnée tout l’hiver, à Jonvelle, et l’on tinte trois coups à la fin de la volée. C’était, dans le principe, en mémoire de Thierry la Valeur, et afin d’inviter les habitants à prier pour le repos de son âme. Il y a peu d’années, les vieillards récitaient encore le De profundis à cette intention. Au rétablissement du culte, en 1800, M. Laillet, curé de Jonvelle, annonça et célébra fréquemment des messes pour Thierry la Valeur. (Témoignage de M. Degenne, propriétaire des ruines du château.)
  15. Baron d’Autrey, seigneur de Fouvent, Flagy, Morey, la Rochelle, etc., chevalier de la Toison d’or. Philippe Il avait érigé la baronnie de Champlitte en comté, en faveur de François de Vergy. (Dunod, Nobiliaire, p. 518.)
  16. Histoire des sires de Vergy, p. 353.
  17. Mémoires de Champagney, tome III, lettre du 9 janvier 1595. Le comte de Champlitte était marié à Catherine Chabot, fille de Léonor Chabot, comte de Charny, lieutenant général au duché de Bourgogne, et de Françoise de Bye, dame de Neuchatel, Amancey, Montrond, Bourguignon, Renaucourt, Lavoncourt, Choye, Poinson, etc. (Duchesne, ibid.)
  18. A ce moment nos pays sortaient d’une peste qui en avait horriblement maltraité les populations : Vesoul avait perdu les deux tiers de ses habitants,
  19. Mémoires de Champagney, VI, 1.
  20. Mémoires de Champagney, IV, 73, 79 ; Dole, 6 février 1595.
  21. Le curé de Polaincourt, l’abbé et le prieur de Clairefontaine, furent emmenés prisonniers et traînés de village en village, avec toutes sortes d’avanies. Cependant le général finit par les mettre en liberté. (Mémoire sur Clairefontaine, p. 227-228.) Baulay en particulier fut tellement ruiné et dépeuplé, que ses registres de baptêmes n’offrent aucun acte pendant deux ans (1595-1596).
  22. " Amance a fait le saut, " écrit Champagney, à la date du 3 mars. (Mém., IV, 92 à 106.) Cette ville était environnée de bons remparts de quatre mètres d’épaisseur. Son château, bâti par la comtesse Alix, au treizième siècle, avait des murs non moins solides, flanqués de dix tours élancées et ceints de fossés profonds. (Annuaire de la Haute-Saône, 1845 )
  23. D. Grappin, ibid., 132.
  24. Mémoires de Champagney, VI, fol. 61, lettre à Son Altesse l’archiduc Albert, texte espagnol ; Mém. de Guill. de Tavannes, cités dans les Mémoires de l’hist. de France, 1ère série, tome XXXV, p. 361, 366, 367 ; Chronique novénaire de Palma-Cayez, citée ibid., tome XL, p. 211.
  25. Chambre des comptes, 5e regist., fol. 33 ; Mém. de Champ., VI, I et suiv. ; 5 mars 1597, lettre à du Faing ; 5 juillet, id., lettre à l’archiduc, texte espagnol, fol. 59 ; 10 août, id., lettre à du Faing, fol. 93 verso.
  26. D. Grappin, ibid., 128, lit, et aux Preuves,p. 31 ; Mém. de Champ., IV, 16 février.
  27. « L’ennemi a jà faict butin, sans qu’il fera, de plus de deux cent mille, voire je pourroy dire trois cent mille escus vaillant, etdavantage, en bled, vin, chevaulx et bestial…, sans les rançonnements… Le pays se ressentira du fléau actuel pendant quelques générations… Mais pendant qu’on nous paist de belles parolles, nous perdons tout, et le roy pourroit tant perdre, pour petit que le pays soit, qu’il s’en sentiroit plus avant qu’il semble… L’on attend le secours de don George Manricque, qui jà n’a tardé que trop, n’estant qu’à journée ou journée et demye de ce pays (en Bresse). Et cependant je ne voy point qu’on ait délibéré de rien faire que l’attendre les bras croisés… On parle de résolutions à prendre bientôt… Mais on nous pourroit bien faire de la bouillie quand nous serons morts. » (Mém. de Champagney,, IV, 92 à 106 ; Dole, 8 mars, lettre à Laloo.)
  28. D. Grappin, ibid., 185 à 159.
  29. Archives de la ville de Langres.
  30. D. Grappin, ibid., 167.
  31. Mémoires de Champagney, IV, 833.
  32. Ibid., lettre du conseiller Mercerey au comte ; Salins, 25 août 1595).
  33. D. Grappin, ibid., 191 et suiv. La ratification du roi d’Espagne ne fut apportée que l’année suivante au mois d’avril. (Ibid., 199.)
  34. Archives du Doubs, correspondance du parlement, B, 653, liasse 53.
  35. D. Grappin, ibid., 198, 199.
  36. « Le conte de Champlite a battu Jonvelle, qui a ouvert ses portes et où il a pris un meilleur canon que ceulx trouvés par le connétable au château de Vesoul. Il seroit bon que toutes ces pièces de conquestes demeurassent dans les places fortes, du moins jusqu’à ce que le roy eust pourveu le pays d’artillerie, dont on a si grant besoin. » (Mémoires de Champagney, IV, 272 ; lettre de Champagney à son parent, le sieur de Mercey, Claude de Cicon, seigneur de Richecourt, Gevigney Purgerot, etc. ; Dole, 11 octobre 1595.)
  37. Le connétable fit rendre ces places aux Français le 18 octobre suivant. (D. Grappin, ibid., 199.)
  38. Pièce communiquée par M. Laboulaye, bibliothécaire-archiviste de la ville de Langres.
  39. D. Grappin, ibid., p. 149, et aux Preuves, p. 44.
  40. Les ordonnances de 1587 et 1594 avaient déterrniné pour mesure légale des liquides la queue de Beaune, contenant 365 pintes de Dole (la pinte, un peu plus du litre). Le boisseau de Port-sur-Saône (30 livres) était la mesure légale pour les grains. (D. Grappin, Recherches sur les monnaies, poids et mesures, p. 180 et 189.)
  41. Corresp. du parlem., ibid.
  42. Mém. de Champagney, V. lettre à du Faing, 30 avril 1596.
  43. Tellement que Champagney ne put aller aux bains de Luxeuil. (Ibid., V, 254. Lettre à du Faing, 16 décembre 1596. Voir aussi lettre à l’amiral d’Aragon, texte espagnol, 20 janvier 1596.)
  44. « Le conte de Champlite n’a cessé d’yvrongner avec le capitaine Antonio, et Dieu veuille qu’ils ne s’entendent avec les François, par le moyen du prieur de Champaigne, commandeur de la Romagne, que fust encore l’autre jour avec luy à Autrey, à faire grande chère. » (Ibid., 30 avril 1596, lettre à du Faing.)
  45. Jusqu’à l’été (1596), le château de Jussey avait été confié au sieur de Guyonvelle. Le comte de Champlitte l’en fit sortir par les ordres de l’archiduc, et Guyonvelle se retira au château de Vaivre, près de Vesoul, qu’il avait acheté, et dans lequel il fit transporter son mobilier de Beaujeu. (Mémoires de Champagney, V, 272 lettre à du Faing, 21 décembre 1596.)
  46. Mém. de Champ. 27 avril. 15 mars 1598, fol. 115, et tome VI, 55, 16 décembre 1596, lettres à du Faing.
  47. lbid., VI, fol. 1, lettre au même ; Dole, 5 mars 1597.
  48. Mémoires de Champagney, VI, 170, lettre du cardinal de la Baume au comte de Champagney.
  49. Corresp. du parlem., B, 653, liasse 180, Dole, 8 mars 1604 ; lettres du comte de Champlitte et du parlement à l’archevêque de Besançon. Claude II de Vergy était mort en 1603, sans enfants, laissant son héritage à Clériadus de Vergy, son frère cadet, baron et seigneur de Vaudrey, Arc, Mantoche, Leffond, Morey, la Rochelle, etc., marié à Madeleine de Beauffremont, fille de Claude de Beauffremont, lieutenant général du duché de Bourgogne. Leurs Altesses Sérénissimes, trouvant en Clériadus un gentilhomme plein d’honneur et de vertus, furent heureux de lui confier le gouvernement des comtés de Bourgogne et du Charolais (1602), qu’il garda vingt-trois ans. (Hist. des sires de Vergy, p. 337.)
  50. Voir aux Preuves.
  51. Archives du Doubs, B, 115 ; Cour des comptes, J, 17.
  52. Chambre des comptes, J, 16. En 1612, le 31 décembre, acensement pour 29 ans du moulin de la Mugnelle (Minelle) à Jacques Pelletier, moyennant 4,0 sols estevenants de rente annuelle.
  53. Labbey De Billy, Histoire de l’université de Bourgogne II, p. 149, et aux Preuves.
  54. Archives de la Haute-Saône, bailliage de Jonvelle. B, 2818.