Histoire de Jonvelle/Troisième époque/Chapitre II


CHAPITRE II

LA TERRE DE JONVELLE RENTRÉE MOMENTANÉMENT DANS LE DOMAINE DU SOUVERAIN


La duchesse Isabelle, dame de Jonvelle - Navigation de la Saône supérieure – Marguerite d’Angleterre, dame de Jonvelle - Guerres de Louis XI contre Charles le Téméraire - Dévastations de Georges de la Trémouille et de Charles d’Amboise – Georges II et Louis de la Trémouille, seigneurs de Jonvelle - La maison de Bourgogne rentre en possession de ce fief - La paix

(1448 – 1509)

La duchesse de Bourgogne, devenue dame de Jonvelle, signala son joyeux avènement, non par des exigences et des impôts, selon l’usage, mais par l’exemption de toutes contributions publiques[1]. Plus tard, l’empereur Maximilien, le roi Philippe Ier, l’archiduchesse Marguerite d’Autriche et Charles-Quint, confirmèrent ce privilège insigne, motivé sur le fidèle dévouement de Jonvelle et de tous les sujets de sa terre, comme sur les foules et périls auxquels cette ville et les villages dépendants étaient continuellement exposés, à cause de leur voisinage de France et de Lorraine. Nous les verrons, en 1609, exhiber tous ces précieux diplômes devant les souverains du comté, Albert et Isabelle, et obtenir d’eux une nouvelle confirmation de leurs privilèges.

En 1463, Jonvelle avait pour lieutenant du capitaine-bailli, Pierre Baulay, de cette ville, qui eut à juger la difficulté suivante, survenue entre les religieux de Clairefontaine et deux mariniers. Les débats du procès nous révèlent des détails intéressants sur le commerce par la navigation de la Saône, au moyen âge et dans les siècles suivants.

Le monastère avait reçu des anciens seigneurs de Jonvelle le moulin de la Minelle, sur la Saône, entre Corre et Ormoy. Ce moulin, détruit en 1444 par les Écorcheurs, fut relevé en 1460 par l’abbé Guillaume, qui rétablit le droit de passage par la portière de l’écluse, sur tous les bateaux-transports qui descendaient la rivière, chargés de meules, mortiers, solives, merrains et autres marchandises. Ce droit, qui était perçu par tous les moulins de la seigneurie, en amont comme en aval, était de deux engrognes par bateau (un peu plus de deux deniers). Or, en juin 1463, Jean Hugart et Jean Prevost, de Selles, firent descendre quatorze bateaux par la portière de la Minelle, sans vouloir acquitter le péage[2]. Le meunier, Jean Voulan, les fit arrêter en fourrière, et l’affaire fut portée à Jonvelle. Les demandeurs exposèrent à l’appui de leur cause, l’usage, l’entretien de la portière et le préjudice causé au moulin par l’écoulement de l’eau, quand la portière est ouverte aux bateaux. Ils concluaient en réclamant la condamnation des récalcitrants à leur payer solidairement la somme de vingt-huit engrognes, ou deux sous et demi monnaie de France. Mais, suivant les défendeurs, ce péage était de création toute récente ; jusqu’alors, depuis plus de deux siècles, on avait passé devant la Minelle sans rien payer ; car ce moulin était resté en ruine depuis cette époque ; la rivière est une propriété publique, et personne ne peut la barrer à son gré ; personne ne pouvait imposer aucun droit sur la Saône sans l’autorisation du souverain : les péages existants avaient cette consécration ; ils allaient, comme tout le monde, jusqu’à Chalon sans rien payer, par les molins, portz et passaiges de Port-sur-Saône, Conflandey, Scey, Ray, Seveux, Savoyeux, Moulin-Neuf, Vereux, Rigny, Gray, Auxonne, Saint-Jean-de-Losne, Pagny, Châtelet, Pouilly, Seurre, Chaselle, Chasnoy, Verdun, Lélyot et Chalon.

Le titre qui nous a conservé ces détails[3] s’arrête là, sans nous donner la sentence du juge ; mais on ne peut douter qu’elle n’ait été favorable aux moines, puisque le procès-verbal des débats est resté dans leurs archives. D’ailleurs, la mauvaise foi des opposants est patente. Le moulin n’était ruiné que depuis seize ans, quand l’abbaye le releva ; et par conséquent il était bien facile à constater que sa vieille écluse et son ancienne portière avaient eu le péage, comme toutes les autres de la châtellenie ; mais en refusant de payer là ce qu’ils acquittaient sans mot dire partout ailleurs, Hugart et Prevost avaient spéculé sur les impuissantes réclamations de pauvres religieux ruinés par la guerre.

Ce procès fait remonter bien loin dans le moyen âge une industrie qui est encore aujourd’hui la richesse des pays riverains de la Saône supérieure et du Coney, son affluent, c’est-à-dire le commerce des meules et des bois. Jusqu’à ces dernières années, ces marchandises descendaient la rivière en grands bateaux, appelés size-landes, que les patrons vendaient avec leur chargement, dans les ports de Chalon, de Mâcon et de Lyon. Aujourd’hui les voies ferrées ont à peu près supprimé cette navigation : toutes les marchandises de Selles et des environs arrivent à la gare de Jussey, et sont emportées de là par la vapeur. C’est ainsi qu’est tombé, à peine commencé[4], le projet de relier la Saône à la Moselle par le Coney. Nous avons dit[5] qu’autrefois, sous le règne de Néron, L. Antistins Vetus voulut profiter de quelques moments de trêve que lui laissaient les Germains, pour occuper ses légions à cette entreprise vraiment romaine. Il avait commencé dans les Vosges le canal destiné à réunir les deux rivières, et à mettre ainsi la Méditerranée en communication avec l’Océan septentrional, lorsqu’il fut arrêté dans son travail parle préfet de la Gaule-Belgique. Il était réservé au dix-neuvième siècle d’opérer cette jonction des deux mers par le canal de Verdun à Huningue ; mais il n’eût pas empêché de leur donner une autre artère de communication, par la Saône supérieure et la Moselle, si les chemins de fer n’étaient venus arrêter l’œuvre, par la supériorité incontestable de leurs avantages.

Au lieu de canaux, les Romains construisirent ces routes monumentales qui sillonnèrent les Gaules dans toutes les directions. Mais lorsque leur domination eut fait place, dans nos contrées, à celle des Francs et des Burgondes, les routes qu’ils avaient créées, cessant d’être entretenues, ne furent plus praticables pour le roulage, et la Saône redevint, comme du temps des Gaulois, la principale voie de commerce de la Haute Bourgogne. On la prenait aussi de préférence pour voyager[6]. Cette navigation, qui commençait à [Châtillon-sur-Saône |Châtillon]]}} et à Selles, garda la même importance pendant tout le cours du moyen âge et dans les siècles suivants, jusqu’à l’établissement des routes modernes. On peut voir, dans les anciennes ordonnances de nos comtes, que la réparation " des pontz, portz, portières, deffends, combrots, chemins et passayges de la rivière de Sogne, " était classée parmi les intérêts généraux du pays, et confiée à la surveillance du bailli d’Amont. Le maitre des ports devait commencer par Selles ses deux visites annuelles du cours de la Saône[7].

Cependant Louis XI avait succédé à Charles VII (1461), et Charles le Téméraire à Philippe le Bon (1462). A la mort de celui-ci, ce fut un deuil général ; un vague et sombre pressentiment, indice presque assuré des tempêtes, pesait alors sur la Bourgogne. A Jussey, quand arriva le héraut d’armes porteur de la funeste nouvelle, la douleur publique fut telle, que les enfants mêmes interrompirent leurs jeux et se prirent à pleurer[8]. Le nouveau duc, après la mort de sa mère (1472), transporta le fief de Jonvelle dans le domaine de sa femme, Marguerite d’Angleterre[9], à qui la duchesse défunte l’avait légué par testament.

Aucune époque ne fut plus désastreuse pour notre province que le règne de Louis XI et de Charles le Téméraire, dont les noms ne rappellent que trop, l’un l’astuce, la fourberie et la lâche cruauté, le second la fièvre des armes et la bravoure aventurière, imprudente et presque toujours malheureuse. Sans reconnaissance pour l’asile et la protection que Philippe le Bon lui avait accordés (1456), alors qu’il était en querelle avec son père, le roi de France déclara la guerre au fils de son bienfaiteur, dès l’an 1470, avec le dessein bien arrêté de lui prendre ses États. Pendant qu’ils sont attaqués dans le Nord, un corps de Français, de Barrois, de Liégeois et d’autres aventuriers, se forme à Coiffy, entre dans la terre de Jonvelle, prend la ville et ravage tous les environs. Voisey, Villars, Fignévelle, Godoncourt, Ormoy, Corre et Ranzevelle]]}}, sont entièrement brûlés et leurs habitants tués ou dispersés aux quatre vents (1471). En 1473, ces villages étaient encore déserts, et le duc n’obtint le retour des fugitifs qu’en les exonérant de toute redevance[10].

Louis XI avait entraîné dans sa cause le vieux René de Lorraine, son oncle, l’ancien prisonnier de Philippe de Bourgogne, et bientôt Charles eut encore l’empereur Frédéric III sur les bras. Pendant que les Allemands, sous la conduite de Diesbach, entrent par le Montbéliard, battent une armée près d’Héricourt, emportent ensuite la place et se répandent d’un côté jusqu’à Luxeuil et de l’autre jusqu’à Pontarlier (hiver 1474-1475), en même temps arrivent de Lorraine dix mille aventuriers français, lorrains, suisses et ferettois, commandés par le prince d’Orange, Jean de Chalon-Arlay IV, devenu par vengeance traître à sa patrie et a son souverain. Ils forcent la frontière par la prise de Jonvelle et mettent tout le pays à feu et a sang[11]. Les paysans, ne trouvant plus d’asile dans les villes et les châteaux, que nulle valeur ne saurait défendre, le demandent en vain à la sainteté des églises : rien n’est respecté ; celle de Clairefontaine est inondée du sang des femmes, des enfants et des vieillards qui s’y étaient réfugiés. Les religieux avaient échappé au massacre en se réfugiant au château d’Amance[12].

Le prince d’Orange s’était retiré chargé de butin. Mais après lui, voici venir un homme encore plus altéré de vengeance : c’était Georges de la Trémouille-Craon, neveu du dernier sire de Jonvelle, destiné par le sort à porter lui-même ce titre quinze ans plus tard, en attendant brutalement résolu à se faire le bourreau de la contrée, s’il ne pouvait en devenir le seigneur. Louis II de la Trémouille, son neveu, âgé de quinze ans, faisait alors sous lui ses premières armes, et devait aussi plus tard porter le nom de seigneur de Jonvelle. Georges était gouverneur de Champagne, et Louis XI l’envoyait avec un corps d’armée au secours de René d’Anjou, contre les Bourguignons que leur souverain, occupé dans les environs de Cologne au siège de Nuis, abandonnait à la merci de toutes sortes d’ennemis. Craon marche droit à Jonvelle (3 mai 1475), d’où sortaient à peine les Lorrains. Quelle résistance pouvaient offrir les places de cette frontière, sans autre garnison que leurs citoyens et quelques retrahants ? La terreur ouvre leurs portes, ou bien le canon a bientôt troué leurs faibles murailles. Le sort de Jonvelle devient celui de tout le voisinage. L’ennemi prend Jussey, Gevigney, Richecourt, Lambrey, Bougey, Conflans, Amance, Buffignécourt, Saint-Remy et Charriez tuant, pillant et brûlant tout ce qu’il rencontre. " L’abbaye et les religieux de Cherlieu passèrent par leurs mains, dit Gollut, et ils cogneurent et expérimentèrent leur avarice et cruauté[13]. " L’abbé paya douze cents livres de rançon. Les malheurs de Faverney ne furent pas moindres[14]. Partout la soldatesque brutale pillait les églises et entraînait les prêtres prisonniers, pour extorquer d’eux quelque bonne rançon. Tristes temps, qui ne rappelaient que trop les invasions barbares des premiers siècles ! La fureur des armes rendait sourd à la voix de la pitié comme à celle de la religion : tout prisonnier qui ne donnait point espoir d’une rançon convenable, était tué sur-le-champ. Les garnisons assiégées obtenaient encore, en capitulant, de sortir avec la vie et les bagues sauves. D’autrefois il fallait racheter sa vie en sortant de la place en chemise, un bâton blanc à la main, comme on le vit à Grammont et à Fallon (août 1475)[15]. Quant aux malheureux défenseurs des places forcées, ils étaient impitoyablement passés par les armes, décapités, arquebusés, pendus aux créneaux, jetés à l’eau, précipités sur la pointe des piques, écartelés. Quelle différence de ces mœurs barbares avec le droit des gens, si noblement chrétien, qui modère aujourd’hui avec tant d’humanité les sanglants débats de la guerre !

Le bailli d’Amont était alors Olivier de la Marche, retenu dans le nord auprès du prince Charles. Son lieutenant, ayant levé en toute hâte les milices de l’arrière-ban, fut assez heureux pour arrêter la marche victorieuse et dévastatrice de la Trémouille. Refoulé sur la rive gauche de la Saône, celui-ci put encore y continuer ses ravages, en forçant Montot, Gatey, Champlitte et quelques places faibles ; mais, comme on avait repris courage, ses tentatives échouèrent devant toutes les autres, comme Scey, Rupt, Ray, Savoyeux, Dampierre et Fouvent. Bientôt même la crainte de l’armée d’Antoine de Bourgogne, vicomte d’Auxerre, le fit rentrer dans le Langrois, d’où il se jeta sur le Duché. Mais il suffit au vicomte de se montrer avec ses milices, pour mettre en déroute et rejeter en Champagne ce lâche et cupide général, qui n’était fort que contre des moines et des paysans désarmés. Après avoir pourvu à la garde de la frontière de ce côté, le bâtard de Bourgogne, pour obéir au duc son frère, qui l’appelait auprès de lui sur les bords du Rhin, contre les impériaux, prit sa marche le long de la Saône, à travers les campagnes, les bourgs et les villages dévastés du bailliage d’Amont. Les ruines encore fumantes de Jussey et de Jonvelle achevèrent de monter sa colère et sa résolution de la décharger, par de sévères représailles, sur les Barrois et les Lorrains, premiers auteurs d’un tel brigandage. Après un instant de halte à Jonvelle, il écrase en passant Châtillon, Lamarche et d’autres places qu’il rencontre, et il ne quitte le pays saccagé qu’en le menaçant d’un retour plus terrible encore[16].

Ce fut le duc lui-même qui effectua la menace. Ayant conclu une paix de neuf ans avec l’Angleterre et la France (13 septembre), il tomba aussitôt sur la Lorraine, dont la conquête fut achevée en deux mois, par la prise de Nancy (30 novembre). De là il tourna contre les Suisses. En janvier suivant (1476), il dirigea son armée, avec toute son artillerie de Lorraine et des Pays-Bas, par Thon, Neufchâteau et Dombrot, sur Châtillon et Jonvelle, où-il s’arrêta quelques instants. Selon sa fastueuse coutume, il menait avec lui un train de prince et tout l’attirail de ses splendides palais. Aussi défrayait-il avec une royale générosité l’ambassadeur de Louis XI, attaché à ses pas sans nul doute pour surveiller ses démarches, épier ses desseins et lui suggérer les conseils de la perfidie. Après avoir couché et dîné au château de Jonvelle (19 et 20 janvier), gagna la Suisse par les étapes d’Amance, Vesoul, Châtillon-le-Duc, Besançon, Château-Neuf de Vuillafans, la Rivière et Jougne[17]. C’est ainsi que Jonvelle et ses environs étaient continuellement foulés par les passages des gendarmeries du souverain, quand ils n’étaient pas écrasés par les terribles colonnes des ennemis.

Mais Charles n’eut pas contre les Suisses le même succès que contre les Lorrains ; il fut vaincu à Granson (2 mars), puis à Morat (22 juin), grâce à la trahison[18]. Aussitôt René de Lorraine reprit courage, secrètement sollicité par le fourbe Louis XI, qui lui envoya Georges de la Trémouille à la tête de huit mille chevaux. Il rentre dans son duché, et bientôt il en a chassé toutes les garnisons bourguignonnes. L’occasion était belle pour la Trémouille : il part de Nancy avec ses escadrons et fond sur la terre de Jonvelle, pour en faire sa propre conquête. Mais, plus consciencieux que le roi de France et son digne lieutenant, les conservateurs de la trêve qui venait d’être jurée entre le duc et Louis XI, repoussèrent énergiquement les tentatives de Craon, et maintinrent la possession du souverain de Bourgogne[19]. Celui-ci apprend enfin que sa conquête de Lorraine est perdue ; à ces nouvelles, il lève son camp de la Rivière près de Pontarlier, où il se tenait en observation contre les Suisses (25 septembre), et il reprend le chemin de Nancy, avec les débris de son armée, par les étapes d’Usiers, Ornans, Saône, Besançon, Châtillon-le-Duc, Vesoul, Buffignécourt, Jonvelle (5 octobre), Châtillon-sur-Saône, Bulgnéville et Neufchâteau[20]. A Bulgnéville (6 octobre), il traversa, pour la seconde fois dans la même année, le champ de victoire où, quarante-cinq ans auparavant, l’armée de son père avait vaincu et fait prisonnier ce même René d’Anjou, demeuré l’adversaire du fils. Hélas ! Cette fois le téméraire Bataillard, que la fortune avait décidément abandonné, portait la revanche à ce vieux prince, en courant lui-même non pas à la captivité, mais à la mort. Depuis six semaines, il tenait assiégée la capitale de la Lorraine, lorsque son rival arriva sur lui avec une armée de quinze mille hommes, Français, Lorrains, Suisses, Allemands. Charles fut encore vaincu et périt dans la déroute (5 janvier 1477) [21].

Ce prince ne laissait qu’une fille, nommée Marie, âgée de vingt ans, réputée la plus riche héritière de son temps. Elle était à Gand avec sa belle-mère, Marguerite d’Angleterre, quand elle apprit le malheur qui la rendait orpheline et livrait son opulente succession aux projets cupides du roi de France. Déjà les intrigues du prince d’Orange, du sire de Craon, de Charles d’Amboise, sieur de Chaumont, et de quelques autres seigneurs, avaient décidé le Duché et le Comté à se remettre entre les mains du roi de France, pour être gardés par lui au profit de la princesse Marie, sa filleule. C’est à cette condition que Gray, Dole, Marnay, Pesmes, Salins et quelques autres places, avaient reçu des garnisons françaises[22]. Mais, levant bientôt le masque, Louis XI incrimine de félonie le défunt duc Charles, et, sous un tel prétexte, il confisque à son bénéfice tous ses États. A cette nouvelle, les Dolois donnent le signal de l’insurrection, en chassant les Français de leurs murs ; toutes les villes du Comté se déclarent pour Marie de Bourgogne (février 1477), quand même l’armée victorieuse devant Nancy accourt, sous les ordres de Craon, par la frontière de Jonvelle qui se trouvait presque sans défense, force la ville et le château, livre tout au pillage et à l’incendie, étend ses ravages dans la seigneurie et les poursuit jusqu’aux portes de Vesoul[23]. Pour prix de ses services, la Trémouille reçut le gouvernement des deux Bourgognes, que Louis XI avait promis au prince d’Orange. Outré de colère, celui-ci rentre pour un temps dans le devoir et revient à la duchesse, qui l’investit de ce gouvernement. La guerre était recommencée plus acharnée que jamais ; mais heureusement le roi avait confié le commandement militaire à son gouverneur général des Bourgognes, qui, au lieu de laver l’affront de ses anciens échecs dans le Comté, se fit battre partout, devant Vesoul, Besançon et Dole, par les milices de ces villes et des environs, puis à Pin-l’Emagny, par Jean de Chalon[24]. Il regagna honteusement le Duché, et son maître le destitua, pour donner ses fonctions à Charles d’Amboise, nom trois fois plus sinistre pour le Comté que celui de Georges de Craon ; car il lui était réservé de conquérir notre malheureuse province, au profit de son cruel souverain, en la noyant dans le sang d’un peuple fidèle, et en ne lui laissant plus que les débris de ses places démantelées.

Un événement solennel, qui devait être pendant deux siècles un principe de guerres presque continuelles, venait de mettre le comble à l’irritation du roi de France. La princesse Marie, qu’il comptait faire épouser au dauphin, avait donné sa main et son brillant héritage à l’archiduc Maximilien, fils aîné de l’empereur Frédéric III (20 août). Dissimulant ses projets de vengeance et tenant endormis les jeunes époux dans une trêve perfide, il lance tout à coup son digne suppôt, le farouche d’Amboise, que soutient un corps de six mille Suisses mercenaires. La ville de Dole, surprise par la trahison la plus infâme, est ruinée presque de fond en comble. Pendant que Salins, Poligny, Arbois, Auxonne et Gray subissent le même sort, Bertrand de Livron, seigneur de Bourbonne, un des lieutenants du sire de Chaumont, entre à Vesoul, la torche, le glaive et la sape dans les mains. Jeanne d’Oiselay, malgré son héroïsme, ne peut défendre son manoir aérien. Luxeuil, Faucogney, Rougemont, Noroy-l’Archevêque, Jonvelle, enfin toutes les places du bailliage d’Amont, sont pareillement saccagées, incendiées et démolies. Le sang le plus illustre coule de toutes parts. D’Amboise avait ordre d’épouvanter les villes et les nobles demeurés fidèles aux archiducs, par la destruction des unes et le supplice des autres. Le vainqueur n’épargna que Besançon (1479-1480)[25]. Maximilien avait laissé consommer ainsi la ruine et la conquête de son Comté, sans le secourir : la guerre finit faute de défenseurs, et Louis XI prit le titre de comte de Bourgogne. Charles d’Amboise étant mort, il lui donna pour successeur Jean de Baudricourt, qui administra les deux Bourgognes avec autant de sagesse que de douceur (1480-1483). Il avait disgracié à tout jamais le lâche Craon, qui ne put même obtenir le fief de Jonvelle, objet de ses convoitises ; cette terre fut donnée à son neveu, Louis II de la Trémouille, vicomte de Thouars et prince de Talmont, surnommé le chevalier sans reproche, digne émule et compagnon d’armes de Bayard, le chevalier sans peur[26].

Louis XI mourut à Amboise (30 août 1483), après avoir fiancé le dauphin à la jeune Marguerite, fille puinée de l’archiduc Maximilien et de défunte Marie de Bourgogne. Comme le Comté devait entrer dans la dot de la princesse, Baudricourt continua de le gouverner paisiblement, au nom de Charles VIII et de sa fiancée. Sous ce nouveau règne, Georges de la Trémouille était rentré en faveur : grand maître d’hôtel et premier chambellan du roi pour le duché de Bourgogne, il obtint de succéder à Louis, son neveu, dans la seigneurie de Jonvelle, deux ou trois fois dévastée par ses armes[27]. L’intention du prince avait d’abord été de réunir au domaine tous les fiefs aliénés par son père, depuis la mort de Philippe le Bon ; cependant il donna mainlevée pour Jonvelle en faveur du sire de Craon, parce que sa famille en avait joui d’ancienneté (25 août 1484) [28]. Mais Georges ne garda pas longtemps sa possession, grâce aux événements qui survinrent. Charles VIII crut trouver un plus riche parti en épousant la princesse Anne de Bretagne, et Marguerite de Bourgogne fut laissée (1491). Alors le Comté fut attribué par l’archiduc à Philippe, son fils aîné, encore enfant ; puis il se mit en devoir d’en chasser les Français. Il arriva par Lure (27 novembre 1492), prit Faucogney, Amance, Jussey, Vesoul et à peu près tout le bailliage d’Amont. La province l’accueillit comme un sauveur[29]. Enfin le roi de France, occupé de son projet de conquête sur Naples, conclut avec Maximilien le traité de Senlis (23 mai 1493), en vertu duquel il retira ses troupes et ses officiers de notre province, et abandonna toutes ses prétentions sur les comtés de Bourgogne et d’Artois et sur le Charolais. Dès lors la Franche-Comté fut libre de la domination française, jusqu’à la conquête de Louis XIV, excepté cependant quelques places, telles que Jonvelle, que les ennemis gardèrent jusqu’en 1495. Peut-être cette occupation prolongée fut-elle motivée par les rigueurs de Maximilien ; car, moins généreux que Charles VIII, malgré les clauses du traité de Senlis, il confisqua tous les biens des nobles qui avaient été contre lui[30], à commencer par la terre de Jonvelle, qui fut reprise à Georges de Craon et rentra dans le domaine du souverain, pour n’en plus sortir. Les sires de la Trémouille l’avaient possédée depuis 1378, à part vingt-neuf ans d’interruption (1451-1480). Dix-sept ans plus tard, leur expulsion de cette seigneurie fut justifiée par une sentence juridique, dont nous parlerons en son lieu ; toutefois ils continuèrent longtemps encore de porter le titre de Jonvelle[31], ainsi qu’avaient fait les Beauffremont pendant un siècle.

Il était temps pour notre province que la Providence lui rendit un peu de paix. A partir de l’an 1370 jusqu’à l’avènement de Charles le Téméraire, elle avait vu, dans moins d’un siècle, après trois règnes heureux, sa population s’élever du chiffre de moins de cent mille habitants à celui de quatre cent mille. Mais les malheurs que ce prince attira sur elle rouvrirent l’abîme, plus profond encore qu’il n’avait été sous le règne de la comtesse Marguerite. La peste et la famine avaient tellement aidé la guerre à dépeupler le pays, que plus de dix mille Picards ou Normands y furent accueillis, dans le commencement du seizième siècle, pour en repeupler et en cultiver les campagnes, sous la condition d’une mainmorte très mitigée[32]. En effet, nous verrons qu’en 1537 les habitants de la terre de Jonvelle étaient presque tous étrangers. Après quelques années de répit, un siècle plus tard, la même désolation attendait encore notre infortunée patrie, qui perdit ainsi trois fois sa population en deux siècles et demi.

Marguerite d’Angleterre continua de porter jusqu’à sa mort (1502), le titre de dame de Jonvelle, qui n’avait point cessé de faire partie de son douaire, malgré l’usurpation momentanée des sires de la Trémouille. Le premier acte de la duchesse dans ce domaine, après la paix de Senlis, fut de le donner à réméré, pour quatre mille écus de Florence[33], à don Ladron de Ghénarraz, gentilhomme espagnol, en considération de ses grands services. Le roi confirma la donation (1493) [34]. Ensuite elle nomma un bailli pour la ville et un capitaine pour le château, et ce fut à Claude-François d’Occors, seigneur de Gevigney, que cette double charge fut confiée. Premier pannetier de Maximilien et capitaine de Saint-Omer (1479), prévôt de Gray (1483) bailli de Dole (1487), capitaine du château de Vesoul (1492), inspecteur des troupes du capitaine de la Gaudenière (1493), conseiller de Maximilien (1494), cet officier distingué avait donné dans ces différents emplois des preuves de courage et d’habileté qui lui méritèrent son nouveau titre. « En considération de ses bons, loyaux et agréables services, dit la princesse, et nous confiant en plain de ses sens, vaillance, lealté et prudhomie, nous lui donnons plein pouvoir d’administrer la seigneurie, d’y soutenir nos droits, d’y rendre la justice à nos sujets, de veiller à la garde et préservation de nostre ville et chasteau de Jonvelle, d’y faire monter guet et garde jour et nuit s’il est besoin, et d’y contraindre tous ceux et celles qui en ont le devoir. » Antoine Conroy, conseiller de Marguerite et son procureur dans le Charolais, fut commis pour recevoir le serment du nouveau châtelain et procéder à son installation, en lui faisant livrer les clefs de la place, avec l’inventaire de son artillerie et de ses munitions (21 novembre 1493)[35]. Il ne parait pas cependant que cette installation put se faire incontinent. C’est en 1495 seulement que le traité de Senlis fut entièrement exécuté pour notre province ; car les gendarmeries françaises continuaient de l’occuper, sur diverses positions que les armes de Maximilien n’avaient pas visitées ou qui n’avaient pu chasser l’ennemi. Par une convention supplémentaire, le Comté, tout épuisé qu’il était, dut acheter son affranchissement complet, moyennant une contribution de cent mille francs. Or, il donna volontiers jusqu’à son dernier florin pour obtenir l’éloignement définitif des armes étrangères : c’est une charte de Jonvelle qui nous apprend ce détail important, dont nos historiens n’ont pas parlé. La frontière de Jonvelle était du nombre des pays encore tenus par l’ennemi ; les habitants de la seigneurie payèrent d’un grand cœur les cent cinquante francs que leur dame et souveraine demanda, pour leur part de contribution générale ; moyennant quoi ils furent confirmés pour toujours dans l’exemption qu’ils avaient reçue d’Isabelle de Portugal, vers l’an 1453, « de toutes aydes, tailles et impôts, pour quelle occasion ou nécessité qui se pourroit jecter sur la généralité du comté de Bourgoigne (1495). » En même temps, la duchesse et l’archiduc firent commandement au sieur de Montaigu, procureur d’Amont, de respecter en conséquence les franchises de leurs sujets de Jonvelle[36]. Enfin l’étranger se retira ; la province fut libre, et le jeune archiduc Philippe le Beau, investi par son père, qui était devenu l’empereur Maximilien, du gouvernement des États de Marie de Bourgogne, sa mère, délégua le prince d’Orange pour recevoir en son nom l’hommage et la foi de ses vassaux du Comté[37].

C’est alors que Claude d’Occors prit possession de sa charge. Le premier objet de son mandat et de sa sollicitude fut de remplacer les titres seigneuriaux qui avaient péri à Jonvelle, par des copies que l’on prit à Grimont sur Poligny, on se trouvaient les chartes domaniales de la maison de Bourgogne[38]. En même temps le gouverneur se hâta de réparer et de fortifier les murailles de la ville et de son château ; car, malgré la paix, elles pouvaient à chaque instant voir reparaître l’ennemi. En effet, dès l’an 1498, le bruit des armes retentissait de nouveau sur cette frontière. L’empereur se trouvait en Comté : le maréchal Guillaume de Vergy, gouverneur de Bourgogne, quittant le prince Villersexel, arrive à Jonvelle, par Vesoul et Faverney, entre dans le Bassigny et s’empare de Bourbonne, Coiffy, Aigremont et Montsaujeon. Mais les Français reprennent bientôt toutes ces places, portent leur vengeance offensive sur Fouvent, qui appartenait au maréchal, et livrent ce village aux flammes[39].

Après Marguerite d’Angleterre et Philippe le Beau, le gouvernement de Marguerite d’Autriche-Savoie fut une halte de repos pour notre malheureux pays. Toute dévouée au bonheur de ses sujets, elle s’efforça, dès les premières années de son règne, de procurer la paix à son poure conté de Bourgogne, par un traité de neutralité avec les pays voisins. Ce traité, déjà négocié en 1509 avec les commissaires du lieutenant général du Duché, Louis de la Trémouille, ci-devant seigneur de Jonvelle, fut définitivement conclu en 1522, à Saint-Jean-de-Losne. Il y était stipulé que les sujets du duché de Bourgogne, des comtés de Champagne et de Bar et des lieux adjacents, ne feraient aucune entreprise contre ceux du Comté, ni ceux-ci contre leurs voisins, et qu’aucune des parties contractantes ne donnerait passage aux troupes ennemies qui voudraient faire la guerre à l’autre. Ce traité, renouvelé seize fois jusqu’à la conquête de Louis XIV, et toujours avec l’intervention des cantons suisses, assura presque un siècle de tranquillité à notre province[40]. Cependant elle ne commença bien à se relever de ses ruines qu’après la peste et la famine, qui la désolèrent encore deux fois, l’une de 1525 à 1527, et l’autre de 1529 à 1531[41].

  1. « Exemptions et franchises de contribuer aux tailles, aydes et impôts mis et accordés sur le comté de Bourgoigne, qu’auscune chose leur pust estre demandée. » (Voir aux Preuves, année 1609.)
  2. Jean Dubois, du Magny, N. Grart, d’Alaincourt, et Jean Maire, de Selles, acquittaient le droit sans difficulté.
  3. Archives de la Haute-Saône, cartul. de Clairefontaine.
  4. Les travaux de canalisation de la Saône ont été poussés jusqu’à Scey.
  5. Page 26.
  6. En 1093, Etienne, abbé de Bèze, revenant de Luxeuil, prit la Saône à Conflandey pour faire son retour : " Stephanus abbas, dum remigando per Segunnam ad ecclesian Besuensera remearet, ab Hermuino domino, in villà Sivoïo (Seveux) hospitio susceptus est. " (Spicilége d’Achery, II, 345.)
  7. Un règlement de la cour de Dole (1613) s’exprime ainsi : ,, Commenterez la première visite au port de Selles, aux frais des basteliers dudit lieu, aucuns desquels y assisteront, pour faire voir audit maistre des portz les ernpeschements qui sont jusques au port de C, ray, etc. · ((Cité par M. Longchamp, dans ses Glanures.)
  8. Essai sur l’histoire de Franche-Comté, II, 54. t,
  9. Marguerite d’Angleterre, par la grâce de Dieu, duchesse de Bourgogne, de Brabant, de Hambourg, de Luxembourg et de Gheldres, comtesse de Flandres, d’Artois, de Bourgogne, de Haynau, de Hollande, de Zélande, de Namur et de Zugterhen, marquise du Saint-Empire, dame de Frise, de Salyns, de Malynes, et dame douairière de Jonvelle. Tels sont les titres que cette princesse prend dans ses diplômes.
  10. Gollut, col. 1231. Archives de la Côte-d’Or, B, 4978, fol. I et 2
  11. « Honorable homme maistre Olivier de Rezelle, secrétaire de nostre souveraine dame (Marguerite d’Autriche), âgé de soixante-trois ans et se souvenant de cinquante-trois, se souvient que feu monseigneur le prince d’Orange se partit de monseigneur le duc Charles, pour nier au service du roy de France, et vint courir la seigneurie de Jonvelle, brusler villes, chasteaulx et villaiges, y faisant de grants dommaiges, et la laissa en toute désertion et ruynes. » (Enquête de 1510, mentionnée plus loin.)
  12. Mémoire sur Clairefontaine, p. 212.
  13. Gollut, col. 1290.
  14. D. Grappin.
  15. Gollut, Col. 1290.
  16. Gollut, C01. 1290, 1291.
  17. Additions aux Mémoires de Commines, p. 412.
  18. Gollut, col. 1300 et 1305.
  19. Enquête de 1510, faite à Bruges par les ordres de l’empereur, de l’archiduc et de l’archiduchesse, contre les réclamations de la maison de la Trémouille au sujet de Jonvelle. (V. plus loin, page 159.)
  20. Additions aux Mémoires de Commines, p. 415
  21. Gollut, col. 1310. Simon de Cendrecourt et plusieurs autres seigneurs du pays accompagnaient Charles le Téméraire dans cette funèbre expédition.
  22. Dunod, Nobiliaire, p. 396 et suiv.
  23. Gollut col. 1363. Nous lisons dans l’enquête de 1510 : " Messire Georges de la Trémouille, seigneur de Cran, comme lieutenant du roy de France, tout après le trespas de mondit seigneur le duc Charles, envahit ledit comté de Bourgoigne, à force de genz d’armes, où il fit de grants et innombrables maux… La seigneurie de Jonvelle n’avait guères de deffense… Entr’autres villes, les François pillarent et bruslarent tant les ville et chasteau de Jonvelle que tout le territoire et seigneurie. (Dépositions du troisième et du quatrième témoin.)
  24. Dunod, Nobiliaire, p. 405 ; Histoire de Gray, pag. 100 à 108.
  25. Dunod, Nobiliaire, p. 403 ; D. Grappin, Guerres du seizième siècle, p. 13 ; Histoire de Gray, pages 111 et 112.
  26. Le 15 juillet 1484, Jean de Raincourt, écuyer, seigneur dudit lieu, de Bourbévelle, Blondefontaine, Betaucourt, Gevigney, Mercey, etc., reprend en fief la seigneurie de Raincourt, de Louis de la Trémouille, comme seigneur de Jonvelle. (Archives de la Haute-Saône, E, 8l, c. 33)
  27. Georges II de la Trémouille nomma pour son capitaine et bailli de Jonvelle, Pierre de Rabustel, seigneur de Losne et de Mailly, et pour lieutenant de celui-ci, Nicolas de Matz. Dans ses assises illec tenues (3 mai 1490), le sieur de Matz eut à juger une contestation entre les moines de Clairefontaine et les habitants d’Ormoy, pour la paisson, des bois. (Archives de la Haute-Saône, H, 363.) La même année, Georges de la Trémouille donna une charte de confirmation et de protection à l’abbaye. (Mémoires sur Clairefontaine, p. 219.)
  28. Archives de la Côte-d’Or, B, 1061.
  29. Gollut, col. 1415 et 1416 ; Dunod, Nobiliaire, p. 412.
  30. Gollut, col. 1420.
  31. Gollut, Col. 1565.
  32. Dunod, Traité de la mainmorte, p. 11 et 12 ; Gollut, Col. 1677, note 1. C’est ainsi que le village de Saponcourt a été peuplé. Mgr de Nicey, abbé de Cherlieu, qui en était le décimateur, obtint du pape Paul III une bulle qui l’autorisait à l’ériger en paroisse (11 avril 1543).
  33. Cet écu était de trente-quatre sou et le sou de deux gros.
  34. Enquête de 1510 ; témoignage de dame Isabeau, veuve d’Olivier de la Marche.
  35. Aux Preuves.
  36. Chambre des comptes, cote 1
  37. Gollut, col. 1421, note.
  38. Chambre des comptes, J, 3.
  39. Gollut, Col. 1422 et suiv.
  40. Gollut, 1519, 1563 et suiv. ; Dunod, Nobil., 426 et suiv.
  41. Gollut, 1606, note.