OIGNEY


Dans les anciennes chartes, le nom de ce village est Ogneium, Oigne, Oignez, Ougney, Ogney. Ce fief, comme celui de Bougey, appartenait primitivement aux seigneurs de Pesmes.

1131. Guillaume Ier de Pesmes, sire de Rupt, Bougey, Oigney, etc., donne au monastère de Cherlieu un meix et un pré sur le territoire d’Oigney. Sur la fin de sa vie (1150), il lui cède tout son avoir au même lieu.

1244. Jacques Ier de Rupt reconnaît que Cherlieu possède à Oigney le meix et la dîme appartenant à Foulques, de Rupt, sujet de Clémence de Fouvent.

1279. Jean Ier-de Rupt, petit-fils du précédent, abandonne aux religieux tous ses droits sur la forêt de Charlemagne, au même lieu. La charte fut scellée par Jean de Vergy, sénéchal de Bourgogne, et par Poinsard de Pesmes, sire de Valay.

1287. Guillaume de Ray, coseigneur de Rupt par sa femme, Isabelle de Rupt, acquiert à Oigney l’avoir de Jacquette de Fondremand.

1349. Jacques II de Rupt fonde son anniversaire à Cherlieu par une rente de dix sous et de deux bichets de blé à Oigney, sur le moulin des Taquois.

1370. Gauthier de Rupt, fils du précèdent, remplace les deux bichets de blé par une rente de quarante sous estevenants.

1386. Jean II de Rupt fait hommage à Marguerite de Pesmes, veuve de Jacques de Granson, pour le fief que Guy de Demangevelle tient de lui à Oigney[1].

Au dix-septième siècle, Oigney, comme la châtellenie de Rupt, était au marquis de Saint-Georges, de la maison de Clermont. En 1644, il comptait 51 ménages ; en 1789, il en avait 80 et 350 habitants ; aujourd’hui il a 80 feux et 260 habitants.

La voie romaine de Jussey au camp de Morey[2] passe le long des bois d’Oigney. On y voit beaucoup de ruines antiques, notamment près des fontaines de Boguet, de Sarrazin et d’Argillères, et l’on y a trouvé des débris de sarcophages, en pierre de Fédry, ainsi que plusieurs médailles des Antonins, de Dioclétien, de Constantin, etc.

L’église d’Oigney, dédiée à saint Martin, située près de la maison seigneuriale et, orientée, était autrefois paroissiale. Dans sa visite du 13 septembre 1654, Jean Millet, procureur général et fiscal de l’archevêque, reconnut que cette église avait conservé les insignes de paroisse, qui sont le cimetière et les fonts baptismaux[3].

Sur la fin du treizième siècle et dans les premières années du quatorzième, les sires de Rupt abandonnèrent leurs droits sur cette cure aux moines de Cherlieu. En 1308, l’official de Besançon constata cette juridiction acquise par eux sur les deux églises de Bougey et d’Oigney, qui furent réunies un peu plus tard.

En 1793, les chefs de la commune d’Oigney achetèrent à Jussey, pour quatre cents francs, l’autel des capucins de cette ville, le retable avec son tableau, les boiseries du chœur et deux autres tableaux ; ils placèrent le tout dans leur église, dont les ornements et les vases sacrés furent préservés de la profanation, et dont la cloche ne cessa de sonner l’Angélus, pendant les mauvais jours de la persécution religieuse. Ce retable est d’ordre composite et riche en sculptures. Son tableau représente l’Assomption. La beauté du dessin et du coloris atteste que c’est un ouvrage de maître. La pose de la Vierge, au milieu des anges qui la soulèvent sur les nues, ou qui saluent son passage, est pleine de grâce et de majesté. Au bas de la toile se trouvent saint François d’Assise et saint François Régis. Le devant du tabernacle présente en relief le Sauveur agonisant au Jardin des Olives, et un peu plus bas un Ecce Homo. De chaque côté du tabernacle se prolongent des appendices également ornés de riches sculptures. A droite, c’est le sacrifice d’Isaac ; à gauche, c’est la manne tombant du ciel et recueillie par les Hébreux. L’autel et le tableau du retable ont été faits à Gray, en 1747. Les boiseries ont été sculptées en 1703, par Aubert, de Purgerot, pour trois cents francs, qui servirent à payer la prise d’habit et la dot de son fils reçu chez les capucins.

On conserve l’ancienne cuve baptismale, mise hors d’usage depuis longtemps par une fracture : c’est un bloc de grès arrondi et couvert de bas-reliefs, qui présentent, en assez mauvaise exécution, 1° une espèce de griffon se mordant la queue, au milieu de feuillages et d’arabesques ; 2° un personnage qui donne le baptême à un enfant par immersion. Tous ces détails indiquent certainement une époque reculée du moyen âge.

La croix du cimetière est une belle colonne en pierre, ornée de tous les insignes de la Passion. Pendant la Terreur, deux ou trois sacrilèges iconoclastes voulurent la renverser ; mais ils furent mis en fuite par les femmes du quartier, accourues à sa défense avec leurs tabliers pleins de pierres, et la croix resta debout.

Parmi les tombes anciennes qui pavent l’église, on distingue celle dont nous avons parlé dans la Notice sur [Bourbévelle |Bourbévelle]]}}. Son inscription gothique est ainsi conçue :

« Cy gist honorable Marc Rondot, natif de Vellexon. Pauvre, il soldat pour la miliçe, en la garnison à Gray : qui retornant de son voïage de dévotion à sainct Genais, décéda en ce lieu le vingt-troisième de juin 1580. Dieu ayt son âme. Amen. »

  1. Cartulaire de Cherlieu ; Histoire des sires de Salins, notes sur les maisons de Pesmes et de Rupt
  2. V. page 22
  3. Pouillé du diocèse de Besançon