Dezobry & Magdeleine (p. 99-101).

CHAPITRE XI.


Réaction contre le pouvoir royal. — Les grands vassaux se vengent sur les légistes de l’appui que ceux-ci ont prêté à la royauté pour combattre la noblesse.

Louis X, dit le Hutin, 1314-1316. — Philippe V, dit le Long, 1316-1322. — Charles IV, dit le Bel, 1322-1328.

179. louis-le-hutin. — affranchissement des serfs. — Les trois fils de Philippe-le-Bel régnèrent successivement après lui sur la France et la Navarre. Louis X, l’aîné, avait mérité pendant son enfance le surnom de Hutin ou mutin ; il monta sur le trône à l’âge de vingt ans. Aussi avide d’argent que l’êtait son père, il commença par piller les Juifs et les marchands italiens ou lombards, qui étaient répandus en grand nombre dans le midi de la France. Puis, à l’exemple de ses prédécesseurs, il favorisa les progrès des villes en leur vendant des privilèges. Enfin, par un édit publié en 1315, il affranchit tous les serfs de ses domaines, sous prétexte que le roi des Francs ne devait avoir pour sujets que des hommes libres ; mais il leur fit payer cet affranchissement, qu’il ne leur fut pas permis de refuser. Ainsi le roi faisait argent de tout, et les besoins de la cour tournaient au profit du peuple.

180. réaction féodale contre les légistes. — Cependant une violente réaction s’opérait contre les excès du pouvoir royal. Les grands vassaux avaient à cœur de se venger sur les légistes de l’appui qu’ils avaient prêté à la royauté. L’oncle des jeunes princes, Charles de Valois, devenu premier ministre, fut le principal agent de cette réaction. Non-seulement il rendit à la noblesse une grande partie de ses prérogatives ; mais il lui sacrifia le surintendant des finances Enguerrand de Marigny, qu’il accusa d’avoir pillé le trésor. Enguerrand fût condamné sans preuve, et pendu le premier au gibet de Montfaucon, qu’il avait fait construire.

Une cruelle famine et une inutile expédition en Flandre sont les seuls faits importants du reste de ce règne. Louis X mourut en 1316.

181. première application de la loi salique à la succession royale. règne de philippe-le-long. — Sa veuve, la reine Clémence de Hongrie, ayant mis au monde quatre mois après un fils qui ne vécut que huit jours, Philippe, comte de Poitiers, dit le Long à cause de sa taille élevée, se fit proclamer roi à l’exclusion de la fille que Louis X, son frère, laissait de son premier mariage avec Marguerite de Bourgogne. Il invoqua contre sa nièce l’article de la loi salique en vertu duquel aucune portion de la terre salique ne peut appartenir aux femmes. Une assemblée de barons, d’évèques et de bourgeois sanctionna cette interprétation donnée à la loi, et déclara en principe que les femmes étaient exclues de la succession royale. De sages règlements sur l’administration des finances et de la justice, le projet d’établir dans toute la France l’uniformité des poids et des mesures, une nouvelle persécution des lépreux et des Juifs, enfin des troubles excités par les Pastoureaux, sont les seuls événements remarquables du règne de Philippe V, qui mourut en 1322.

182. seconde application de la loi salique. règne de charles-le-bel. — Le feu roi ne laissant que des filles, la loi salique fut appliquée de nouveau à la succession royale, et Charles IV, 3e fils de Philippe-le-Bel, fut appelé au trône. Il fut surnommé le Bel, comme son pere, à cause de sa beauté remarquable. Quelques hostilités contre les Anglais en Guienne amenèrent la conquête de l’Agenois, qui fut suivie d’un traité de paix. Le roi de France avait trouvé un utile allié dans sa sœur Isabelle, qui avait épousé Edouard II, roi d’Angleterre, et qui détestait son mari. Edouard consentit à prêter serment de fidélité et hommage comme vassal de la France. Les Anglais ne lui pardonnèrent pas cette faiblesse, et Isabelle profita de leur mécontentement pour allumer une guerre civile, qui se termina par la déposition et la mort d’Edouard II en 1327.

183. mort de charles-le-bel, 1328. — Charles-le-Bel, comme ses deux frères, mourut sans laisser d’héritier mâle. Avec lui s’éteignit la famille des Capétiens directs, qui avait donné quatorze rois à la France depuis Hugues-Capet. Elle fut remplacée par la famille des Valois (v. tabl. généal. III et IV), que l’on partage en trois branches : la première, celle des Valois directs, a donné sept rois à la France (1328-1498) ; la seconde, celle des Valois-Orléans, ne compte qu’un seul roi (1498-1515) ; la troisième, celle des Valois-Angoulême, a fourni cinq rois (1515-1589).

184. Duché-pairie de Bourbon, 1327. — C’est sous ce règne que la baronnle de Bourbon fut érigée en duché-pairie en faveur de Louis Ier, comte de Clermont, fils de Robert, qui était le quatrième fils de saint Louis et qui fut la tige de la maison royale des Bourbons (v. tabl. généal. III et V).


Synchronisme. — Les Turcs Ottomans s’établissent dans l’Asie-Mineure, en face de l’empire grec.